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EAN : 9782290336441
187 pages
J'ai lu (30/05/2006)
3.32/5   11 notes
Résumé :
Georgie, jeune fille intelligente mais fantasque et égoïste, décide un jour d'évincer son fiancé, trop oisif, pour un vieux lord immensément riche... Mais a-t-elle vraiment fait le bon choix ? Edith Wharton, malgré son jeune âge à l'époque où elle rédige ce roman, dénonce les intrigues de la société aristocrate anglaise de la fin du XIXe siècle : l'hypocrisie des mariages intéressés, les inégalités sociales et le peu de liberté des femmes face aux privilèges masculi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'admets un cruel réflexe de misogynie à l'abord d'une oeuvre écrite par une femme : je la rejoins toujours avec une prévention de douceur ou de condescendance. Je sais pourtant bien que c'est un vice contre lequel je dois lutter, mais c'est rétrospectivement en vain que je me le reproche, parce que je trouve alors toujours de sérieuses raisons de blâmes contre lesquelles ma méthode critique refuse de se battre. Pour ma défense, on aura remarqué que je ne m'abstiens pas de lire des oeuvres d'auteure, et que ce que je déteste en général n'est pas tant l'expression d'un sexe que la mauvaise expression dans la plupart de la littérature, de sorte que, comme je le répète, je suis plutôt misanthrope, et la misanthropie inclut logiquement la misogynie ! Pour autant, je reconnais que ma méfiance procède de défauts littéraires que j'ai souvent constatés chez elles, et qui se résument à deux tentatives également affectées : ou bien l'écrivaine « fait la femme », c'est-à-dire qu'exposant le caractère typique qu'on prête à son genre, elle minaude à l'excès et verse notamment dans l'inanité romantique et fade, ou bien au contraire elle pousse ses efforts à faire ressembler sa prose à quelque « style mâle et important», et l'on y découvre alors toutes les atroces componctions de sérieux froid et alambiqué qui étaient déjà insupportables chez les hommes quand elles leur étaient naturelles ou parce qu'ils voulaient passer pour des savants honorables. C'est peut-être exagéré, mais je prétends que longtemps une femme qui se mêlait d'écrire ne pouvait s'atteler à cet art de la littérature sans penser à son image de représentante parce qu'elle était rare, ou bien en marquant manifestement le caractère d'une féminité « aimable », ou bien en se bornant à imiter la plume la plus docte et universitaire – pour moi, il est vrai, je n'apprécie pas davantage les platitudes tendres de Maugham que les absconseries viriles de Spinoza, et je ne me représente pas pourquoi je les devrais tolérer encore chez des femmes. C'est en ce sens qu'en dépit de leurs idiosyncrasies, je n'ai jamais pu lire par exemple Labé ou Sand d'un côté, ou bien Sarraute ou Arendt aux antipodes, sans poser sur leur oeuvre le prisme peut-être déformant de cette volonté d'image d'où naît d'emblée chez moi cette variété si particulière « d'indulgence méprisante ».
Je suis à la recherche d'un talent, voilà tout, c'est-à-dire d'un regard juste et d'un style efficace à le rendre, et toutes les poses m'agacent : les hommes en ont aussi évidemment, mais elles sont en quelque sorte plus variées, quoiqu'impatientantes tout autant. Ainsi, je n'excuse pas davantage Mme de Sévigné d'avoir écrit ses âneries bleues que M. Prudhomme pour ses incommodités de poésie stéréotypée. du reste, qu'on ne s'imagine pas que quand j'achète un livre, j'espère défouler un réquisitoire : c'est assez que de dépenser cinq ou vingt euros – sans parler du temps à y consacrer – pour se complaire uniquement à des éreintements. J'acquiers toujours des ouvrages sélectionnés dans l'attente d'une réussite, et je me figure avoir mis le maximum de chances de mon côté avant de me les procurer ; je ne lis pas à dessein des échecs ou de me moquer. Les critiques auxquels je m'efforce ne sont jamais, dans un sens ou dans l'autre, la raison de mes curiosités, autrement dit je ne choisis pas mes oeuvres à dessein d'étaler mon humeur bonne ou mauvaise. Ces travaux-ci me sont des exercices tout personnels pour exprimer à partir d'un ouvrage ma continue et évolutive poétique.
Dans Libre et légère, Edith Wharton nous raconte les itinéraires de deux jeunes fiancés anglais que sépare d'emblée la cupidité de l'aimée, Georgie, qui juge soudain plus avantageux d'épouser un vieillard riche dont la perspective de fortune lui paraît après tout plus divertissante – château, mondanités, séductions. L'amant salement éconduit (bien qu'il ne s'en défende pas fort), nommé Guy Hastings, se morfond un moment comme il le doit au lieu de s'impatienter d'une pareille salope dont il devrait sentir concomitamment l'opportunité de se débarrasser, puis il découvre, en l'espèce d'un cynique de ses amis, des projets nouveaux, d'art et de voyage surtout, et l'on suit ainsi parallèlement les vies de ces deux-là. L'héroïne, qui semblait une fille pleine de fantaisie, d'audace et, on le voudrait bien, de sensualité, s'avère en fin de compte une midinette décevante et sans imagination, et même une sentimentale plutôt naïve et convenue, quand notre Guy est une incarnation fort peu originale de tout ce que le romantisme compte de plus éploré et théâtralement exaspéré. Évidemment, ils se retrouvent au dénouement pour faire le point, et c'est une morale saturée de clichés qu'on tire alors de ce conte insipide où, à l'instar du romantisme typique et « par principe », on ne discerne pas une once de vraisemblance et de cohérence – sans parler de mâle profondeur – dans les diverses peintures psychologiques : tout l'argument du livre est dilapidé dès après l'introduction – une partie d'échecs qui tourne à la lassitude et au dépit amoureux –, on serait en peine ensuite de chercher en Georgie quelque chose de la nature cruellement jouisseuse et divertissante, d'une surprenante hauteur autant que d'une étourdissante inconséquence qu'on croit avoir heureusement débusquée : elle retombe en ennui comme en enfance, ne connaît pas de frasques tapageuses et subversives, tout son prétexte au mariage paraît oublié, bien qu'elle néglige certes ses devoirs d'épouse (donnant l'occasion d'un autre déchirement intéressant autour d'une deuxième partie d'échecs) mais sans se figurer apparemment de moyens astucieux d'en tirer profit. Guy, dégoûté par le refoulement de la Miss, n'en trouve pas moins une consolation plutôt rapide dans la fréquentation d'autres femmes qui, évidemment, sont toutes des modèles de pureté pittoresque importés des pays représentatifs à réaliser de tels viviers. Toutes sortes de péripéties émotionnantes surviendront dans toutes sortes de contrées enchanteresses, avec ou sans foulure de la cheville, et puis, sans qu'il soit jamais question, bien entendu, d'une moindre idée de frôlement de chair, tout sera résolu de la façon la plus pudique qu'on puisse imaginer, moyennant évidemment bien des tourments pour chacun, comme il se doit et dans les formes en usage. Une telle intrigue, qui n'a pas même assez de tissu pour avoir des coutures, ne vaut que pour quelques intuitions hélas insuffisamment tenues, comme ce personnage de Jack qui oublie, et c'est dommage, de rester truculent, et les enchaînements, trop peu logiques pour être prévisibles, ne servent qu'à exposer des affres qu'on a déjà vu mille fois mieux écrites chez des Austen ou des Brontë, bien qu'ici le style ne soit pas à redire, encore que sans génie, sans éclair ni audace, assez mondain et prude en somme, en cette façon victorienne qui court au symbole et à la distinction sans beaucoup de patience. Les scènes de jeux d'échecs semblent les seules préméditées du récit ainsi que les seules capables de soutenir les intentions initiales de l'auteur et de justifier le titre original, Fast and loose, qui signifierait plus ou moins « dépravée » : je crois deviner que tout est parti de ces deux fortes représentations, en quoi l'ouvrage, écrit par une jeune Wharton de quatorze ans qui n'a pas su en élaborer davantage, tient fort mal ses promesses, consistant en une tentative brodée sur une vision inaccomplie, ce qu'on peut attribuer à une naïveté et une erreur de débutante.
Les dernières pages du livre présentent le double avantage de proposer, en plus d'une nouvelle de bien meilleure facture publiée en 1903 (nettement plus professionnelle, composée, incisive et spirituelle), trois extraits de critiques littéraires anglaises de l'époque, quoique non datées, sur ce court roman de moins de 140 pages, où l'on voit, en dépit de la défense obligée d'une « Mme de Margerie » en introduction (mais les éditeurs y tiennent), combien alors on était à la fois lucide, impartial et exigeant sur l'art : ces coupures de presse, toutes cassantes et sans complaisance, révèlent combien la critique s'est abâtardie en un siècle, et démontrent, par la richesse littéraire des tournures et l'exactitude des remarques, la façon dont on concevait scientifiquement l'analyse textuelle, et non comme aujourd'hui sous la sollicitation des éditeurs qui réclament tout d'abord quelque éloge, du moins la garantie inconditionnelle d'une bonne publicité, avant que de permettre à leurs célébrités d'accepter des invitations. Ces trois critiques sont parfaitement justes, au moins une d'entre elles semble avoir deviné l'identité sexuelle de l'auteure pourtant cachée sous un pseudonyme masculin, et une autre son âge ; chacune traite cette oeuvre avec la hauteur qui sied à des savants de la littérature, sans désir de déchirement particulier, sauf pour l'une d'entre elles qui use de la certaine « indulgence méprisante » dont j'ai déjà parlé.
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Libre et légère – La jeune et très jolie Georgie est une demoiselle capricieuse parfaitement au fait de ses défauts. « Moi, Georgie Rivers, une petite pauvresse et dépravée… une coquette lascive et paresseuse. » (p. 29) Amoureuse de Guy Hastings, son cousin, elle rompt pourtant leurs fiançailles et accorde sa main au vieux et riche Lord Benton. La raison financière l'emporte sur celle du coeur et Georgie sait imposer ses désirs. « J'ai tellement l'habitude d'agir à ma guise qu'il serait périlleux de vouloir m'en empêcher. » (p. 38) Rapidement, Lady Benton devient la coqueluche de Londres : jeune, jolie, riche, impertinente, elle impose partout son caractère frivole. « Georgie possédait à la perfection le don d'être « légère ». Elle n'était jamais brutale, jamais bruyante, jamais désagréablement masculine ; mais elle avait une sorte d'impertinence irrésistible qui débordait les limites admises pour le comportement d'une Lady. » (p. 57) On aurait pu croire qu'elle serait heureuse, mais le calcul financier se révèle moins lucratif que prévu et la lassitude et le remords l'emportent sur le devoir conjugal.
L'amant évincé fuit Londres sur les conseils d'un ami et se réfugie en Italie où il s'adonne à la peinture, l'autre passion de son existence. « À quoi vivre, sinon pour l'art ! » (p. 53) Il y rencontre les Graham dont la fille, Madeline, apaise la douleur de son coeur brisé. Un décès et une maladie le rapproche in extremis de Georgie. Mais les retrouvailles ne sont que celles de deux coeurs brisés qui ont laissé passer le bonheur.
Edith Wharton m'avait enchantée avec Chez les heureux du monde. Même effet avec ce très court roman, dont le sous-titre indique qu'il s'agit d'un « conte moral », qui traite de « l'autorité des maris et la soumission des épouses » (p. 59) dans l'aristocratie londonienne du début du XX° siècle. Les relations homme/femme ne sont pas le principal ressort de ce texte : on assiste aussi au combat d'une âme qui s'est perdue en faisant taire son coeur. Georgie, bien qu'enchanteresse et ensorcelante, est profondément agaçante. Sa frivolité et la légèreté avec laquelle elle traite les choses du coeur sont directement opposables à la fraîcheur candide et pure de la jeune Madeline Graham, amoureuse des fleurs. Mais Georgie gagne en humanité à mesure que l'écorce de futilité dont elle avait entouré ses actes se craquèle. L'on découvre alors une jeune femme plus sensible que libre et plus grave que légère.
Le texte a des airs de pièce de théâtre, c'est un drama-in-progress pourrait-on dire à l'anglaise. Les effets d'annonce, les entrées et les sorties et certaines descriptions aux allures de didascalies font du roman une belle matière à représentation. C'est toute la petite scène de l'aristocratie londonienne qui s'agite et, finalement, ce roman est une autre fable du monde. Les passions y sont violentes mais bien éphémères. Qu'une femme soit libre et légère, n'est-ce pas ce qui peut lui arriver de mieux, à condition que le bon compagnon suive ses pas ?
Expiation – Mrs Fetherel a publié son premier roman. le titre, Libre et légère, fait jaser. Mais aux dires des critiques, le contenu est loin d'être sulfureux. Pourtant son auteur se targue d'avoir fait un portrait au vitriol d'une certaine tranche de la société. « Je n'ai pas pris de gants pour traiter le sujet. J'ai appelé un chat un chat. » (p. 158) Mrs Fetherel se flatte même d'être « un auteur qui a eu l'audace de dénoncer le vide des conventions sociales. » (p. 159) Qu'est-ce donc qui passe pour une bluette dans ce roman qui se voulait si féroce ? L'oncle de Mrs Fetherel, l'évêque d'Ossining, a également des ambitions littéraires et il estime que le scandale lui apportera la reconnaissance : « ma meilleure chance pour un succès populaire serait que mon livre soit attaqué par la presse. » (p. 164) Et cet oncle bienveillant a d'autres tours dans sa manche pour aider son propre livre, quitte à nuire à celui de sa nièce.
Mais Mrs Fetherel ne cherchait pas tant le succès populaire qu'une réaction de son époux, béat d'admiration devant tous ses talents. Lassée d'être le centre de toutes les meilleures attentions de son mari, elle cherchait dans l'acte d'écriture un moyen de scandaliser son époux et de faire amende honorable. « Elle éprouvait un certain plaisir à la perspective d'une situation qui justifierait la plus sévère des expiations. » (p. 170) Même ce plaisir lui est refusé et l'auteure qui se voulait sulfureuse n'est en fait qu'une femme abonnée aux bonnes oeuvres.
J'apprécie déjà sans réserve Edith Wharton, mais quand elle cite Huysmans, elle ne peut que gagner les plus hautes places de l'estime que je porte aux meilleurs auteurs ! Pour parler spécifiquement de ce second texte, pas de doute, l'auteure s'y connaît pour manier le cynisme. C'est ici la petite bourgeoisie new-yorkaise qui est tournée en ridicule. Et plus précisément, Edith Wharton s'en prend à ceux que le désir d'écrire chatouille à un tel point qu'ils sont prêts à tout pour s'imposer au détriment des autres aspirants écrivains.
Que le titre du roman publié par Mrs Fetherel soit exactement celui du texte qui précède n'a rien d'un hasard. Edith Wharton règle ses comptes avec les critiques et consorts. Mais elle dresse également un portrait assez misérable des écrivains débutants, en particulier des femmes qui prennent la plume. La postérité et les années l'ont suffisamment prouvé : Edith Wharton avait du talent. Dommage que ses contemporains n'en aient pas tous été convaincus.
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"Libre et légère" est un court roman écrit par Edith Wharton à l'âge de quinze ans. On en reste ahurie, car il semble qu'elle ne l'ait pas retouché (ou pas beaucoup) plus tard. C'est une oeuvre accomplie. Les personnages n'ont pas une psychologie et une présence comparables à celles de ses grands romans (Le temps de l'innocence et Chez les heureux du monde), mais il y a là tout le monde de Wharton déjà au complet.

Rimbaud, Wharton, Radiguet, des gens à vous dégoûter de tenter d'exprimer quelque chose au crépuscule de votre vie alors qu'eux n'en étaient qu'à l'aurore.....

Rimbaud et Radiguet n'étaient pas des "dames", empêchées par les codes stricts de la haute société new-yorkaise ; ils divaguèrent un peu et connurent le monde ; mais Wharton, élevée dans la contrainte et le puritanisme, enserrée de l'étroit corset des convenances sociales qui étouffa la plupart de ses contemporaines, comment a-t-elle fait ?

En quelques mots : une jeune fille, par amour de la liberté que confère l'aisance matérielle, contracte un mariage avec un vieux lord de trois fois son âge, lui sacrifiant ainsi l'homme qu'elle aime ; autant dire l'Amour.

Je vous laisse découvrir si elle eut à se féliciter de ce choix.
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Georgina Rivers surprend tout le monde en décidant d'accepter la demande en mariage de Lord Breton. Elle a bien réfléchi : plutôt qu'une vie de bohème avec son cousin Guy Hastings, jeune peintre sans ressource, elle préfère la liberté que lui offre ce mariage avec un vieil homme digne mais irritable, qui lui ouvrira les portes de la meilleure société londonienne. Guy, réellement épris de sa cousine, s'effondre après cette nouvelle et part à Rome pour améliorer sa peinture. Alors qu'elle est devenue la “femme la plus fascinante de Londres” et qu'elle s'étourdit de bals en soirées, Georgina prend un jour conscience du mal qu'elle a fait à son cousin. En un instant, elle perd toute sa joie de vivre. Ces deux-là se retrouveront-ils un jour ?

Dans un style efficace, Edith Wharton raconte l'histoire de cette héroïne qui va voir sa vie considérablement transformée en deux ans. La jeune fille pétillante et capricieuse est frappée de plein fouet par la force de ses sentiments, alors même qu'elle pensait les contrôler en décidant seule de son destin. Elle fait une parfaite Lady Breton, attire les hommes autour d'elle et fait la fierté de son mari. Mais petit à petit, la vacuité de cette vie lui apparaît et elle se laisse aller à la mélancolie. Comme un miroir inversé, le trajet de son cousin est tout le contraire : après plusieurs mois de tristesse, il reprend goût à la vie lors de longues promenades alpines auprès de la jeune Madeline Graham. Sans sentimentalisme, ce roman montre à quel point le destin de la femme est irrémédiablement marqué par le poids de la société. En tant que lady Breton, Georgina ne trouve pas le bonheur, malgré le faste et le confort que lui apporte ce mariage. Mais eût-elle été vraiment plus heureuse, si elle avait épousé Guy Hastings ? Elle le dit elle-même : “Ce ne serait que radinerie, rapiéçage et famine… pudiquement couverts sous le nom d'économies… Je deviendrai mauvaise, Guy deviendrait mauvais, et nous nous disputerions tout le temps, tout le temps !” Et pourtant, Georgina aurait bien pu trouver une forme de sérénité auprès de son mari, comme le laissent entrevoir les dernières pages et j'avoue que ce revirement me toucha beaucoup.
Lien : http://passionlectures.wordp..
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C'est à travers une galerie de personnages évolutifs qu'Edith Wharton distille sa critique de la société aristocrate anglaise du XIX ème siècle. Tour à tour critique, libertaire et cruelle, elle montre à travers cette courte nouvelle, son profond sens de l'autodérision. La nouvelle Expiation qui suit le roman et le complète devient une critique acerbe de la condition féminine dans l'écriture et de sa perception par la société du XIXème. Edith Wharton ne manque ici pas d'audace en créant des personnages féminins détestables, égoïstes voire manipulateurs mais qui s'accordent avec des personnages masculins souvent légers et oisifs...
Une écriture fine et ciselée qui montre un talent certain pour la critique et l'autodérision. Un bon moment de lecture.
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Georgie replia la lettre, et reprit ses réflexions de la manière suivante : « Je suppose que j’aurais dû l’informer que j’étais fiancée avec Guy. Mais c’était tellement amusant de me faire courtiser par un vieux lord transi d’amour et de le voir tomber moralement à genoux… ses genoux nobles et goutteux… chaque fois que j’entrais. Et je n’imaginais pas du tout que cela atteindrait si vite un pareil paroxysme ! Je me suis montrée aimable avec lui, vraiment ? Il lui en faut peu pour perdre la tête, à ce pauvre vieux, comme une mouche qui s’enivre d’une larme de sirop. Il est vraiment amoureux de moi. moi, Georgie Rivers, une petite pauvresse méchante et dépravée… une coquette lascive et paresseuse ! Oh, Guy, Guy !... je veux dire, oh, lord Breton, lord Breton !... ah, qu’est-ce qui me prend ? »
Quelque chose venait de tomber sur la bague de Georgie, qui, à la lueur du feu, brillait autant que ses diamants. « Je pleure ! Je pleure ! Et je croyais ne pas avoir de cœur. C’est ce qu’on m’a toujours dit. Ah, quelle horreur ! » Elle essuya cette goutte brillante qui n’était pas un diamant, mais au même moment deux autres perlèrent à ses yeux, qu’elle sécha avec son mouchoir tout en continuant de parler : « C’est trop ridicule ! Voilà que Georgie devient sentimentale ! Qu’elle geint à cause d’un amoureux, alors qu’elle a à ses pieds un vrai lord, en chair et en os, avec un terrain de chasse, une maison à Londres, et d’énormes revenus ! Ai-je jamais désiré autre chose ? Allons, il faut que j’y réfléchisse calmement. Disons que je suis amoureuse de Guy… si je n’ai pas de cœur, comment pourrais-je aimer ?... mais disons que je suis amoureuse de lui. Il est pauvre, plutôt dépensier, et aussi lascif et paresseux que moi. Alors, de quoi vivrions-nous ? il faudrait que je reprise mes robes, que je fasse moi-même les courses… Je ne pourrais pas aller au bal, ni faire de cheval, ni plus rien de ce qui est intéressant dans le vie. Ce ne serait que radinerie, rapiéçage et famine… pudiquement couverts sous le nom d’économies… Je deviendrais mauvais, Guy deviendrait mauvais, et nous nous disputerions tout le temps, tout le temps ! Maintenant… considérons l’autre aspect de l’affaire. Premièrement, lord Breton est véritablement amoureux de moi. Deuxièmement, il est vénérable, endormi et attaché à ses habitudes… il me laisserait deux fois plus de liberté que ne le ferait un jeune homme. Troisièmement, j’aurais trois belles demeures, un tas de chevaux et autant de robes que je pourrais en porter… et je suis très douée en ce domaine !... et je n’aurais rien d’autre à faire qu’à jouer les coquettes avec tous les beaux garçons à qui j’aurais décidé de faire tourner la tête. Quatrièmement, je serais lady Breton de Lowood, et la première dame du pays. Chic !
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« Georgie possédait à la perfection le don d’être « légère ». Elle n’était jamais brutale, jamais bruyante, jamais désagréablement masculine ; mais elle avait une sorte d’impertinence irrésistible qui débordait les limites admises pour le comportement d’une Lady. » (p. 57)
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Et Georgie possédait à la perfection le don d'être "légère". Elle n'était jamais brutale, jamais bruyante, jamais désagréablement masculine ; mais elle aviat une sorte d'impertinence irrésistible qui débordait les limites admises pour le comportement d'une lady.
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« J’ai tellement l’habitude d’agir à ma guise qu’il serait périlleux de vouloir m’en empêcher. » (p. 38)
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« C’était déjà bien assez dur, pensait-elle, d’être prisonnière à jamais de ses propres chagrins et de ses propres remords. Il ne lui venait pas à l’idée que, quels que fussent les tourments de son cœur, elle avait des devoirs envers son mari. » (p. 127)
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Videos de Edith Wharton (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edith Wharton
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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