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Alzir Hella (Autre)
EAN : 9782246320029
246 pages
Grasset (30/11/-1)
3.83/5   85 notes
Résumé :
Les trois nouvelles de ce recueil procèdent de l'inspiration mystique, qu'elle provienne de la tradition juive ("le Chandelier enterré," "Rachel contre Dieu") ou des légendes hindoues ("Virata"). Zweig, conteur, historien et penseur a écrit une apologie de l'humilité.
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Lundi, je suis allé chez Zweig. On a mangé des viennoiseries. Après on est allés dans sa bibliothèque et on a lu "Le chandelier enterré". Une certaine réticence à toute religion m'empêchait d'apprécier pleinement la quête de ce chandelier en l'an 455 par Benjamin, un héros du peuple juif. Mais, quelle belle journée !

Mardi, je suis allé chez sa bibliothèque. On a mangé Zweig. Après, on est allés viennoiser et on a lu « Rachel contre Dieu ». Une certaine réticence à toute religion m'empêchait d'apprécier pleinement la révolte de Rachel contre les injustices de Dieu . Mais finalement Rachel, une femme de caractère, me plaît beaucoup. Quelle belle journée !

Mercredi, je suis allé à la boulangerie. On a dévoré « Virata »,un conte sur un guerrier hindoue qui évolue, non pas avec l'âge mais avec les événements, et dont un seul souci occupe son âme, celui de vivre sur la terre loin de toute mauvaise action directe ou indirecte envers son prochain. Après, on est allés chez Zweig et on a lu « viennoiseries à emporter ». On s 'est régalé. Quelle belle journée !

Point commun de ces trois histoires : s'élever dans sa spiritualité est un chemin semé de viennoiseries. Zweig n'a pas son pareil pour les embûches.
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Pour moi qui suis une boulimique de Zweig et une admiratrice inconditionnelle de sa plume, sa finesse d'analyse et de l'évocation de "son" siècle, découvrir une nouvelle facette de l'auteur en conteur de fables religieuses est une vraie surprise, bien qu'à la réflexion il n'est pas si étonnant que l'expression d'une spiritualité orientée sur la divine misère des hommes trouve sa part dans l'oeuvre littéraire de Zweig, dont la judéité est aussi consubstantielle à sa personne que son humanisme mélancoliquement désespéré.
J'ai particulièrement apprécié la première des trois nouvelles qui donne son titre au recueil, parabole de la destinée tragique du peuple juif dont Zweig magnifie l'âme collective par la profondeur de ses mots. On sent à travers les lignes la souffrance de l'auteur en exil qui, en 1937, voit la persécution s'abattre de nouveau. Sous cette lumière, la troisième nouvelle dans laquelle Virata se dépouille de tout sauf de la douleur fait presque figure de testament.
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« le Chandelier enterré », la première et la plus longue de ces trois nouvelles, est un récit assez fascinant (d'un grand intérêt historique et religieux), construit autour de la « menorah », le chandelier juif à sept branches. Il ne s'agit pas tant ici de la figuration emblématique du peuple juif, ou de l'État d'Israël aujourd'hui, mais de l'objet sacré par excellence, à savoir la véritable (ou supposée telle pour les besoins de cette fiction) « Menorah », celle que Dieu aurait commandée à Moïse dans le Livre de l'Exode, et qui aurait ensuite trôné dans le Temple construit par Salomon à Jérusalem. Tellement sacrée même qu'on ne peut la toucher ou l'approcher qu'au péril de sa vie, et que les fidèles du monde entier dépérissent d'en être séparés, comme ils sont prêts à tous les sacrifices pour la sauver.
Attention pourtant à ne pas tomber dans l'idolâtrie des païens ! Car l'honneur et l'orgueil du peuple juif, c'est de ne jamais confondre le divin avec ses vaines images, de ne jamais le ramener à notre niveau comme font les autres peuples, de le tenir toujours caché, au contraire, hors de portée de nos sens et de notre intelligence, au-delà de toutes nos catégories humaines. Stefan Zweig nous en avertit brillamment dès le début :
« Cette foi en l'immatériel accompagna nos pères et nos ancêtres à travers le monde, et pour s'attester à eux-mêmes qu'ils croyaient en un Dieu invisible, qui ne se montre jamais et qu'aucune image ne saurait représenter, nos aïeux créèrent un symbole. Car notre esprit est étroit et ne peut concevoir L Infini… Aussi pour que notre coeur ne se détourne jamais de notre devoir qui est de servir l'invisible, c'est-à-dire la Justice et la Grâce, nous avons fabriqué des objets dont l'entretien demandait des soins incessants : un chandelier appelé la menorah dont les cierges brûlaient éternellement, un autel sur lequel on exposait des pains constamment renouvelés. Ces objets sacrés — retiens bien ceci — n'étaient pas des représentations de L'Être divin comme les autres peuples furent assez impies pour en exécuter, mais des témoignages de l'assiduité de notre foi. »
En somme, parce que le peuple juif ne saurait confondre la matière et l'Esprit, le visible et l'Invisible, l'humain et le Divin, il ne voit aucun inconvénient, du coup, à symboliser ceux-ci dans des formes empruntées à ceux-là. Car le sacré témoigne plus, en fait, de l'attachement et de la fidélité des hommes que de la réalité ou de la nature de Dieu. La menorah est comme le souffle, la lumière et la vie même du peuple juif. Pas seulement un signe d'appartenance ou de reconnaissance ; mais une ancre de salut, une balise de détresse, un kit de survie.
La nouvelle de Stefan Zweig nous entraîne dans toutes les tribulations qu'elle va connaître, le temps d'une vie d'homme (celle de Benjamin, le héros de l'histoire et le gardien de sa mémoire), dans ce chaos historique qui accompagne la décadence et l'effondrement de l'empire romain au VIe siècle. Mais, s'il n'y a guère à attendre quelque lueur théologique de cette histoire de chandelier sacré, elle éclaire intimement en revanche (pour ceux qui lui sont étrangers) l'idiosyncrasie du peuple juif. On comprend mieux en effet la résistance opiniâtre de ce petit peuple depuis toujours dispersé et persécuté ; la force résiliente avec laquelle il manifeste sa solidarité et son identité de tous les points du globe où il s'est fait jeter ; sa revendication paradoxale de l'Éternel au milieu de toutes les bourrasques du temps et de l'histoire, lesquelles l'emportent cependant plus souvent qu'à son tour. Et, par-dessus tout, cette foi obstinée et insensée en un Dieu, non seulement lointain, invisible et inaccessible, mais qui reste sourd aux cris, aux malheurs et aux prières de ses enfants…
« Et Dieu ? Pourquoi tolère-t-il ce vol ? Pourquoi ne nous secourt-il pas ? Tu l'as appelé le Juste et le Tout-Puissant. Pourquoi est-il avec les bandits et non avec les justes ? » demande à sept ans le petit Benjamin de l'histoire. Et, des siècles ou des années après, en se référant explicitement à Auschwitz, « Quel est ce Dieu qui a pu laisser faire ? » demande le philosophe juif Hans Jonas. L'homme étant ce qu'il est, ces questions sont aussi inévitables qu'irrecevables, et pour la même raison : à savoir que l'homme n'est qu'un homme et que le divin, pour lui, est hors champ. La vérité de Dieu est à sa place dans le mystère et le secret, comme la menorah est à la sienne enfouie sous terre, « ignorée et intacte dans son tombeau ».

Par là aussi se comprend la situation paradoxale de la seconde nouvelle du recueil, « Rachel contre Dieu ». Alors que le courroux et la vengeance de Dieu s'abattent sur le peuple de Jérusalem qui s'est détourné de Lui, Rachel, n'écoutant que son coeur maternel pour protéger ses enfants et toute sa descendance, ose s'adresser directement à Dieu. Sa foi est aussi ardente que son amour pour les siens mais, se heurtant au silence, très vite sa prière prend des airs de blasphème et son plaidoyer pour les hommes tourne au réquisitoire contre Dieu. Plus hardie même que Job dans une posture assez voisine, elle pousse l'impudeur jusqu'à se donner elle-même en exemple et à défier Dieu de l'imiter. « Il ne se peut pas, Dieu, que devant tes anges une créature te fasse honte et qu'on puisse dire : il y avait une fois sur terre une femme, une faible mortelle, appelée Rachel, qui sut dompter son ressentiment, alors que Dieu, qui est le maître de tout et de tous, obéissait à sa colère comme un valet. Non, Dieu, cela n'est pas possible, car ta miséricorde ne serait pas infinie et toi-même tu ne serais pas infini, – alors – tu –ne – serais – pas – Dieu. » L'impudente va-t-elle se voir foudroyée sur place ? Non pas. Comme à Job avant elle et contre toute attente (humaine), Dieu lui donne finalement raison et satisfaction.
Pourquoi ? Parce que, dit Zweig, « Dieu aimait mieux celle qui niait la parole divine, dans la démesure et l'impatience de sa foi, que ceux qui la servaient pieusement par docilité. » Psychologie un peu courte, et encore trop humaine… En fait, comme il l'a dit précédemment, « les hommes sont toujours ignorants des choses divines et ne peuvent pas deviner ce qui se passe dans les cieux ». Aussi, en se contentant d'être une femme, et en lui parlant comme une femme, Rachel ne préjuge et ne méjuge en rien de Celui qui dépasse toute mesure humaine ; contrairement à ceux qui prétendent savoir ce qui lui convient. Consciente de la distance irréductible qui sépare l'ici-bas de l'au-delà, elle s'en tient aux modalités de l'ici-bas (même quand elle se tourne vers l'au-delà) ; elle n'imagine même pas la moindre accointance avec cet au-delà, qui lui permettrait de savoir au moins les formes dans lesquelles il faudrait l'aborder.
Où l'on voit que, comme pour les objets sacrés (et, en général, tout ce qui relève du sacré), l'anthropomorphisme assumé est encore la meilleure façon de respecter la transcendance et la meilleure garantie contre le risque d'idolâtrie !

Apparemment c'est un changement complet de style, de thème et de contexte religieux et culturel qui nous attend avec la troisième et dernière nouvelle du recueil. « Virata » est en effet une sorte de conte philosophique sur le principe spirituel du « non agir », qui nous emmène sur les terres de l'hindouisme et du bouddhisme et qui n'est pas sans rappeler le « Siddhartha » d'Hermann Hesse, publié quelque vingt ans plus tôt. Ici, plus de confrontation terrible à la transcendance, mais au contraire un doux abandon à l'immanence de « la divinité aux mille formes » qui s'incarne partout et en tout. Mais il s'agit bien, encore et toujours, de l'impossibilité de sortir des limites de notre humaine condition.
Virata est un homme intègre et vertueux, pieux et juste, animé du seul désir d'accomplir en lui la perfection humaine et de pouvoir, à l'heure de sa mort, réintégrer « le Devenir universel », purifié et sans faute. Ce désir intransigeant va le conduire, tout au long de sa vie et de métamorphose en métamorphose, à la perfection de la vertu guerrière, puis à celle de la justice, à celle de la sagesse, et enfin à celle de la vie contemplative et solitaire. Il aura ainsi mérité, au cours de son évolution et aux différents âges de sa vie, « les Quatre Noms de la Vertu » : « l'Éclair du Glaive », « la Source de la Justice », « le Champ du Conseil » et, pour finir, « l'Étoile de la Solitude ». Mais dans chacune de ces perfections, il finit par découvrir, tapie au fond de sa bonne conscience comme un méchant regard, le vivant reproche d'une tierce souffrance et la preuve indiscutable de sa propre malfaisance. Car, dans l'enchaînement universel, « tout acte a sa répercussion et est lié à la chaîne des autres » et « même celui qui n'agit pas commet une action qui le rend responsable sur cette terre ». « La chaîne monstrueuse de la Destruction, cette déesse hostile enlacée autour du monde, lui devenait manifeste, comme une loi que l'on ne pouvait pas refuser de reconnaître. »
Alors, renonçant à ses rêves de pureté et d'absolu, il consent à n'être qu'un homme (n'importe lequel, et presque le dernier des derniers), il consent à n'être qu'un rouage dans la mécanique universelle, à abdiquer toute volonté propre pour faire, tout simplement ce qu'il a à faire… Enfin réconcilié avec lui-même et avec le grand Tout ! « Ma voie n'était pas la bonne. J'ai tourné dans un cercle… Je voulais être exempt de faute et je m'abstins de toute action ; mais moi aussi, j'étais pris dans le filet que les divinités tendent aux êtres terrestres… Nos pieds sont enchaînés à la terre et nos actes soumis aux Lois Éternelles. L'inaction, c'est encore l'action. L'homme libre de tout n'est pas libre, de même que celui qui n'agit pas n'est pas exempt de faute. »
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Quel beau voyage dans le monde juif! Un court voyage mais indéniablement fabuleux! Le chandelier enterré nous fait côtoyer le peuple élu de Dieu dont les épreuves, les errances, le calvaire, les tourments, les afflictions qui, ayant traversé des siècles, sont autant rudes que leur croyance, qui reste à jamais irréversible. Cette fervente croyance à ce Dieu à la fois invisible et présent, sourd et agissant, Amour et Exigence, distingue certains hommes destinés à accomplir un devoir divin. Si la bible parle de Moïse ou encore de Joseph, Zweig, lui, nous parle de Benjamin Marnefesch, l'homme au bras brisé par le chandelier, dont son destin sera à jamais lier au sort de cet objet sacré. Ces sortes d'hommes tuent presque la nature humaine en eux et laissent place au divin, de les pénétrer, de leur parler et de les conduire! Et cet art de nous la conter, O Zweig, est ingénieusement enchanteur!

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Recueil de trois nouvelles dont la première donne le titre du livre.

Dans le chandelier enterré, le peuple juif de Rome voit en 455 la menorah volée et emmenée par les Vandales. Un groupe de vieillards décide de suivre cet objet sacré comme son peuple a suivi autrefois l'Arche d'Alliance. Accompagné par un enfant Benjamin qui devra témoigner lorsqu'ils seront morts.
Toute sa vie Benjamin songera à la menorah et se demandera comment le peuple juif pourra honorer à nouveau cet objet sacré, jusqu'au moment où il apprend qu'il a été à nouveau objet d'une razzia par les Byzantins cette fois. Il est vieux à son tour mais c'est peut être un signe de Dieu.
Le récit va évidemment bien au-delà de la simple poursuite d'un objet fut il sacré. C'est la question de la survie du peuple juif toujours exilé comme à Babylone ou contraint de fuir comme il l'a été tout au long de son histoire. du destin d'un peuple dit élu et pourtant toujours persécuté. Et de celle posée par le petit Benjamin dans son innocence « – Et Dieu ? Pourquoi tolère-t-il ce vol ? Pourquoi ne nous secourt-il pas ? Tu l'as appelé le Juste et le Tout-Puissant. Pourquoi est-il avec les bandits et non avec les justes ? »
Ce texte m'a plu et je dirais presque consolée.
Le peuple juif de ce récit ne reste pas sans agir, mais il ne choisit pas la violence et soumet ses actes à Dieu, ce pourrait être laïquement à une morale.




La seconde histoire s'intitule Rachel contre Dieu. Ceux qui ont fréquenté le catéchisme se rappelleront que Jacob a du épouser Léa fille de Laban dont personne n'avait voulu avant d'épouser Rachel sa bien aimée et qu'ils durent s'attendre 14 ans.
Dieu ayant déployé Sa colère contre les habitants de Jérusalem qui se sont détournés de Lui pour sacrifier à d'autres dieux y compris dans Son temple, les morts sortent de leurs tombes dans l'effroi tandis que Rachel ose se révolter contre sa décision.
De la poésie à l'état pur.
J'aime beaucoup tous ces textes où l'homme pieux et généralement soumis s'adresse soudain à Dieu pour remettre en question Sa parole. Ce peut être dans d'humour : poème de Mathurin Régnier par exemple O Dieu, si mes péchés irritent ta fureur. Je dis humour sans être absolument certaine qu'il l'ait écrit dans cet esprit mais je trouve qu'il faut un certain culot pour dire Oui j'ai beaucoup péché mais Tu n'en as que plus de mérite à me pardonner.


Troisième texte Virata, d'inspiration hindoue.

Dans ce conte un homme favorisé par le sort cherche à être juste. Il change ainsi de rôle jusqu'à celui qui enfin le satisfait.
Tout être, dans l'action ou l'inaction est lié aux autres, on ne peut échapper au Bien et au Mal.
A lire et à méditer.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
LE CHANDELIER ENTERRÉ
« Nous l’accompagnerons ! C’est notre devoir. Rappelez-vous les commandements de la Loi. Quand l’arche se déplaçait, nous la suivions ; nous n’avions le droit de nous reposer que lorsqu’elle s’arrêtait. Quand les objets de sainteté voyagent, nous devons les suivre ! – Mais comment traverser la mer ? Nous n’avons pas de navire ! – Eh bien, nous n’irons que jusqu’à la mer. C’est l’affaire d’une nuit.


RACHEL CONTRE DIEU
Je le sais, mes enfants sont un peuple à la nuque raide et ils se révoltent souvent contre le joug sacré que tu leur as imposé, mais puisque tu es Dieu et le maître de toute mesure, ta longanimité ne doit-elle pas être plus grande que leur orgueil, et ta miséricorde dépasser leurs fautes ? Il ne se peut pas, Dieu, que devant tes anges une créature te fasse honte et qu’on puisse dire : il y avait une fois sur terre une femme, une faible mortelle, appelée Rachel, qui sut dompter son ressentiment, alors que Dieu, qui est le maître de tout et de tous, obéissait à sa colère comme un valet. Non, Dieu, cela n’est pas possible, car ta miséricorde ne serait pas infinie et toi-même tu ne serais pas infini, – alors – tu – ne – serais – pas – Dieu. Tu ne serais pas le Dieu que je me suis représenté dans mes larmes, celui dont j’ai entendu la voix dans le cri angoissé de ma sœur – tu serais un Dieu étranger, un Dieu de colère, un Dieu de punition, un Dieu de vengeance, et moi, Rachel, moi qui n’ai aimé qu’un Dieu d’amour et de bonté, moi, Rachel, je te maudirais à la face de tes anges !


VIRATA
– J’ai mesuré ta peine avec justice…
– Mesuré avec justice ? Mais où donc, juge, est ta mesure ? Qui t’a flagellé, pour que tu connaisses les verges, et comment comptes-tu les années sur tes doigts, en un jeu, comme si les heures passées à la lumière du jour et celles qui sont ensevelies dans l’ombre de la terre étaient semblables ? As-tu croupi dans un cachot, pour que tu saches combien de printemps tu retranches de mes jours ? Tu es un ignorant et non un juste, car celui-là seul qui est frappé connaît le coup, et non pas celui qui le donne. Seul celui qui a souffert peut mesurer la souffrance. Ton orgueil s’arroge la prétention de punir les coupables, alors que c’est toi-même le plus coupable de tous, car j’ai tué dans la colère, sous l’empire de la passion, mais toi tu m’ôtes la vie de sang-froid et tu m’appliques une mesure que ta main n’a pas pesée et dont elle n’a jamais éprouvé la lourdeur. Ôte-toi du siège de justice, ô juge, de peur que tu ne roules au bas de l’escalier. Malheur à celui qui mesure avec une mesure arbitraire, malheur à l’ignorant qui pense qu’il connaît le droit ! Quitte ton siège, juge ignorant, et ne juge pas les hommes vivants avec des paroles mortes.
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Demain, après-demain la troupe des pillards serait aux portes de Rome, et rien n’était prêt pour la défense. (...)
Les riches et les hauts personnages faisaient apprêter en grande hâte mules et chariots pour sauver avec leur vie tout au moins une partie de leurs biens. Mais il était déjà trop tard. Le peuple ne souffrit pas que les grands le pressurent
dans la prospérité pour l’abandonner dans l’adversité.
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Mieux vaut pour l’homme de questionner qu’ignorer ! Seul celui qui a beaucoup questionné peut comprendre beaucoup de choses. Et n’est juste que celui qui comprend beaucoup de choses.
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Comment pourrions-nous apprendre à attendre, quand chaque jour qui s’écoule nous vieillit, à patienter quand notre vie s’éteint chaque nuit, à ne pas brûler quand un feu dévorant consume le temps, à ne point nous hâter quand le pas de la mort nous poursuit ?

Légende : Rachel contre Dieu.
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Mieux vaut pour l'homme questionner qu' ignorer ! Seul celui qui a beaucoup questionné peut comprendre beaucoup de choses. Et n'est juste que celui qui comprend beaucoup de choses.
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