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Véronique Patte (Traducteur)
EAN : 9782259202527
300 pages
Plon (22/03/2006)
3.98/5   109 notes
Résumé :
Ce livre est un extraordinaire voyage où Kapuscinski nous restitue le souvenir de ses premiers périples en relisant Hérodote, cet historien grec considéré comme le " père de l'histoire ". Pologne, Inde, Chine, Soudan, Iran, Congo, autant de pays traversés sur lesquels le journaliste pose un regard acéré mais empreint d'une grande tendresse. Souvenirs du reporter et commentaires sur Hérodote s'entrecroisent pour former une profonde réflexion sur le statut de journali... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Kapuscinsky, jeune journaliste, veut partir, franchir des frontières, s'évader, peu importe où, puisque nous sommes en 1954, quand dans son pays tout est sujet à caution, tout est suspect, toute phrase peut être équivoque.
Les « histoires » d'Hérodote furent publiées en Pologne en 1955. Quand le journaliste est envoyé en Inde, son supérieur lui offre le livre du grec. Il débarque avec un costume style «  pacte de Varsovie cuvée 56 », dit-il avec humour…
Le propos de ces «  Voyages »  n'est évidemment pas d'aller sur les traces d'Hérodote, qui ne connaissait que le monde connu autour de la Grèce en l'an 450 : l'Égypte, la Syrie, l'empire perse avec Babylone (dans l'actuel Irak) l'Ukraine actuelle et la Macédoine.

Car Kapuscinsky ne peut choisir où il va aller et il lit le livre là où il est envoyé par son journal, avec des comparaisons et des références, des retours sur l'enfance et les difficultés rencontrées par Hérodote.
« Les voyages avec Hérodote » est donc plutôt l'histoire de la vie et des coutumes en général à Athènes, où seuls les citoyens dont les deux parents sont nés en Attique peuvent bénéficier des droits politiques. Or Hérodote est né en terre d'Asie, l'actuelle Turquie, il n'a donc aucun droit.
Ce n'est pas une recherche « sur les pas de », un voyage reprenant les découvertes de ce premier géographe, le « père de l'histoire » selon Cicéron, que nous présente l'auteur. Ce sont ses réflexions personnelles, le choc qu'il a eu en Inde, où il découvre la pauvreté et le mysticisme : « Individuellement, en groupes, par clans entiers. Des colonnes de pèlerins. Des estropiés avec leurs béquilles. Des squelettes de vieillards portés sur les épaules de jeunes gens. Des êtres tordus et mutilés rampant avec peine sur l'asphalte éventré et défoncé. Des vaches, des chèvres ainsi que des hordes de chiens faméliques escortant »
L'auteur passe d'un relatif paradis polonais à un enfer absolu. Et en profite pour remonter dans l'histoire, non pas d'Hérodote, mais par exemple la pensée de Confucius lorsqu'il est envoyé en Chine : « Le confucianisme est une philosophie de pouvoir, de fonctionnaires, de structure, d'ordre, de garde-à-vous ; le taoïsme est la sagesse de ceux qui refusent de jouer le jeu et veulent rester ».
Il se sent en même temps attiré par ces civilisations si lointaines de la sienne, et pourtant pas intégré :
« Me sentais-je en sécurité ? Oui. Étranger ? Non. Bizarre ? Oui, mais j'aurais été incapable de définir cette sensation qui pourtant ne tarda pas à se préciser lorsqu'un homme aux pieds nus est entré dans ma chambre avec une théière et quelques biscuits. C'était la première fois de ma vie qu'il m'arrivait une chose pareille ».
Très érudit, reprenant les guerres médiques par le menu, la guerre de Troie, R K médite bien entendu sur les guerres, le pourquoi des guerres et le désir de vengeance. Il imagine aussi la manière de voyager d'Hérodote en Égypte, et nous livre ses propres aventures vécues dans le même pays. Enfin, au Congo, il lit Mary Kingsley et Balandier, sans oublier le livre d'Hérodote.
Finalement, que ce soit en Éthiopie, ou dans tous les autres pays d'Afrique qu'il doit chroniquer en tant que journaliste, R K est tellement obsédé par Hérodote qu'il en oublie, nous confie-t-il, le temps et les lieux.

Étrange manière de voyager, étrange livre, et pourtant bon voyage nous est offert dans l'histoire en général.
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Autoportrait avec historien ?
J'ai adoré ce livre atypique d'un grand journaliste polonais que je ne connaissais pas. Il y a là une très grande richesse car le parcours personnel de cet auteur est passionnant. de la Pologne communiste, directement parachuté en Inde, puis en Chine puis en Afrique en pleine décolonisation, en Algérie....Je retiens une magnifique et bouleversante scène de concert de jazz avec Louis Armstrong à Khartoum...
Maus surtout, l'auteur évoque son compagnonnage sur des décennies avec Hérodote et intercale les passages sur lui et les récits d'Hérodote qui sont parfois proprement stupéfiants. Ce qui est très beau c'est que l'auteur se pose bien plus de questions qu'il n'apporte de réponses sur les récits du grand historien grec et c'est là que l'on glisse vers un aspect passionnant du livre, une réflexion fine sur le métier de journalisme, sur les horreurs des temps et même peut-être (mais l'auteur est trop modeste pour le dire ouvertement) une forme d'autoportrait déguisé en Hérodote.
Pour moi qui (bien que prof d'histoire, j'ai honte) ne suis pas un grand passionné d'histoire antique, le livre m'a vraiment passionné car il met le doigt sur le problème que nous avons avec les sources antiques, c'est que souvent il est bien difficile de démêler le vrai du faux...
Si le sujet peut faire peur (un truc compliqué sur l'histoire Antique), il faut bien au contraire se laisser porter par ce très très beau livre que je ne suis pas prêt d'oublier !
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Ryszard Kapuscinski était polonais, journaliste et grand voyageur.
Si vous ne l'avez jamais lu je vous envie cette découverte et je vous souhaite de prolonger cette lecture par l'autre grand succès du journaliste : Ebène, une vision de l'Afrique que le temps n'a fait que confirmer, un réquisitoire sans concession.

Dans ce livre c'est le monde qui est son terrain de jeux, l'Inde, la Chine, le Congo, l'Iran, Kapuscinski livre ses souvenirs de reporter, ses débuts modestes et marqué du sceau de la chance.

Dans les années cinquante le rideau de fer s'entrouvre et les journalistes sont invités à aller " voir ailleurs "
Destination l'Inde de Nehru, dans sa valise le jeune journaliste emporte un gros livre qui sera le compagnon fidèle de tous ses voyages : Hérodote le grec, le fameux Père de l'Histoire ( et tout ça avec des majuscules).
Les voyages de Ryszard Kapuscinski assouvissent son envie de " territoires inconnus", de voir " derrière la frontière". La pensée de Kapuscinski est riche, subtile, et toujours empreinte de tendresse pour les pays explorés, pour les personnes rencontrées.
Son ami grec lui est un modèle car dit-il

"Hérodote et les hommes qu'il rencontre m'intriguent dans la mesure où le contenu de nos reportages provient essentiellement des hommes, la qualité de notre texte est tributaire de notre relation à autrui, de la nature et de la température de cette relation."

Sa lecture permanente d'Hérodote a aiguisé sa réflexion, acéré son regard, lui qui connut la Guerre froide, sait aussi bien expliquer, commenter, s'interroger sur les relations entre l'Europe et l'Asie aujourd'hui.
Hérodote voulait comprendre le monde qui l'entourait, déceler les raisons des guerres, connaître les peuples, il s'étonne de ce qu'il voit, s'émerveille devant les contrées traversées et répond au travail de Kapuscinski dans ses reportages.
Les commentaires du livre d'Hérodote s'accompagnent de remarques sur son métier, pour lui le Grec est avant tout un précurseur de l'enquête journalistique, il veut savoir, raconter, comparer et témoigner.
Le reporter d'aujourd'hui se reconnaît en lui au point d'entremêler ses souvenirs au texte d' Hérodote et de faire en sa compagnie une belle réflexion sur la quête des informations, sur la validité des récits, et plus généralement le statut du journaliste.
Quand l'antiquité vient éclairer les événements contemporains et ainsi dévoiler "l'art du reportage" c'est un grand plaisir pour le lecteur.
L'auteur nous communique en sus sa passion et ses propos sur son vieil ami donnent envie d'ouvrir ses fameuses Enquêtes
Cette complicité à plus de deux mille ans de distance m'a séduite, je l'ai lu avec à mes côtés les trois volumes d'Hérodote et je suis revenue plus riche de ce voyage
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Après Ébène, lecture marquante car éloignée de la vision de l'Afrique un peu idéalisée généralement diffusée, je m'étais précipité sur les autres ouvrages de ce journaliste polonais qui a eu l'occasion de se balader un peu partout dans le monde.
J'avais donc enchaîné avec ces Voyages avec Hérodote, qui promettaient de mêler textes antique et analyse contemporaines. Déception. Si la volonté d'avoir un regard critique sur le monde est rappelée sans cesse, le contenu final est très limité.
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Voilà un très beau livre pour ceux qui aiment les voyages dans le temps, la géographie et l'Histoire, ainsi que nos rapports à la lecture. Ryszard Kapuscinski était (1932-2007) un grand reporter polonais, son récit commence dans les années 50, quand il n'est encore qu'un jeune journaliste, il est envoyé en reportage en Inde alors qu'il ne rêvait que de franchir la frontière tchécoslovaque. Ce premier voyage est un choc pour lui. Dans ses bagages il emporte un livre, « Les Histoires » d'Hérodote. Hérodote est considéré comme le premier historien mais Kapuscinski le voit aussi comme le premier grand reporter (La traduction d' « histoire » en grec ancien est plus proche du mot « enquête »). Il emportera ce livre partout ensuite dans ses voyages en Chine, puis en Iran, et au Soudan, au Congo, au Sénégal ... Dans son récit, Kapuscinski, entremêle ses propres témoignages et les « histoires » d'Hérodote, il nous montre les similitudes entre le travail du grec et le sien à 2500 ans d'intervalle. Il nous dit aussi la subjectivité de ce travail, il se pose plus de questions (qu'il nous pose aussi d'ailleurs) qu'il n'a de réponse. Mais tout comme Hérodote, il reste curieux et ouvert au monde et à sa diversité. le ton du livre est plutôt léger, plaisant. L'auteur aborde des sujets variés : les spiritualités indiennes et chinoises, la fin du colonialisme, le problème de la mémoire historique, de l'art dans la culture ... Bien sûr on revisite une partie de notre Histoire récente, des années 50 aux années 70, et on replonge en même temps dans l'Histoire de l'antiquité grecque. Un bouquin facile à lire, enrichissant et dépaysant qui vaut 5*. Allez salut.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Provincialisme temporel

p. 279 Je craignais de tomber dans le piège du provincialisme. La notion de provincialisme est souvent associée à l’espace, le provincial étant une personne dont la pensée se réduit à un espace marginal auquel il attribue un importance excessive, universelle. Mais T. S. Eliot nous met en garde contre un autre type de provincialisme, celui du temps. «  A notre époque, écrit-il dans son essai sur Virgile en 1944, où les hommes sont plus que jamais enclins à confondre sagesse avec savoir, savoir avec information, où ils tentent de régler leurs problèmes par la technique, on voit apparaître une nouvelle sorte de provincialisme non pas de l’espace, mais du temps ; l’histoire n’est plus un qu’une chronique d’inventions humaines qui ont fait leur temps et on été mises au panier ; le monde est devenu la propriété exclusive de vivants, de laquelle les morts sont rejetés. Le danger de ce type de provincialisme est que nous tous, hommes de la planète, risquons de devenir des provinciaux, quant aux récalcitrants, il ne leur reste qu’à devenir des ermites. »
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Pour la défense de leur langue, ils étaient prêts à donner leur vie (...) l'identité passe par la langue que l'on parle. Par exemple, un Bengali est un individu dont la langue maternelle est le bengali. La langue est même plus qu'une identité, c'est un visage, une âme. Les conflits sociaux, religieux, nationaux peuvent aussi dégénérer en guerres linguistiques.
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En un mot, pour Hérodote le multiculturalisme du monde est un phénomène vivant, un tissu palpitant, ou rien n'est donné ni défini une fois pour toutes, mais se transforme constamment, change, trame de nouvelles relations, établit de nouveaux contacts.
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Cette langue basée sur des expressions du visage et des gestes subtils est beaucoup plus sincère et vraie que la langue écrite ou parlée, car elle tolère difficilement le mensonge et l'hypocrisie. La culture chinoise a sans doute élaboré l'art du visage immobile, du masque impénétrable et du regard vide afin que l'homme puisse dissimuler des pensées dangereuses et se mettre à l'abri derrière ce rempart.
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L’Inde a été ma première rencontre avec l’altérité. Cette découverte exceptionnelle et fascinante a par ailleurs été pour moi une immense leçon d’humilité. Je suis revenu de ce voyage honteux de mon ignorance, de mon manque de culture et de savoir. Cette expérience m’a fait prendre conscience qu’une autre culture ne dévoile pas ses mystères d’un simple coup de baguette et que la connaissance d’autrui nécessite une longue et solide initiation.
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Videos de Ryszard Kapuscinski (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ryszard Kapuscinski
25 octobre 2013
Quand Ryszard Kapuscinski arrive comme journaliste en 1958 à Accra, la capitale du Ghana, il ne peut soupçonner que ce voyage sera le début d'une passion qui ne le quittera plus jamais. Pendant des années, ce grand reporter doublé d'un écrivain sillonne le continent noir, habite les quartiers des Africains, s'expose à des conditions de vie qu'aucun correspondant occidental n'aurait acceptées. Observateur exceptionnel, il croise des potentats comme Nkrumah, Kenyatta ou Idi Amin, témoigne de coups d'Etat et de guerres civiles ; il essuie des fusillades, affronte des tempêtes de sable et supporte l'indescriptible chaleur africaine. Mais Kapuscinski s'intéresse surtout aux gens et sait gagner leur confiance. le tumulte de la vie quotidienne africaine le passionne davantage que les corruptions, les épidémies et les guerres meurtrières. Ce livre majeur, attendu depuis longtemps, a reçu en 2000 le prestigieux prix littéraire italien Viareggio. "(...) un chef-d'oeuvre hybride et bouleversant ; peu de livres ont fait sentir l'Afrique d'aussi près." Jacques Meunier - "Le Monde"
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