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Madame Hayat

Une lecture pénible et qui a réussi à me mettre très mal à l'aise. Oui l'envie de "pardonner" à ce roman sa bassesse est forte au vu de son écriture en détention mais quand même, il y a, à mon goût trop de choses à ne pas laisser passer.

En premier lieu, le titre "madame Hayat", madame vie, comme nous l'apprenons plus tard, pour notre culture. Non ce n'est pas l'objet du roman, bien qu'élevée plusieurs fois au rang de déesse et de dieu, madame Hayat reste une part du triptyque. Bien sûr la métaphore qu'elle incarne sur la vie, la liberté malgré la répression etc. donnent envie d'en faire le personnage centrale et l'objet du livre. Mais non, c'est loupé, car dès la première page et la quatrième de couverture, on sait qu'un imperturbable, proéminent personnage masculin prendra toute la place.

Ensuite pour les personnages, qui sonnent tous plus faux les uns que les autres, c'est simple je les ai tous détesté.
Commençons par Fazil, qui est le narrateur, omniprésent, oppressant, malaisant. On sent une pointe d'autobriographie qui met d'autant plus mal à l'aise. Tous ses jugements sont fait à l'emporte pièce, sa manie de citer des extraits de livre est vraiment agaçant, car personne ne fait ça, même épris de littérature. Son rapport aux femmes est dégoûtant, dégradant, révoltant. D'une part une femme qu'il connaît et apprécié pour son esprit mais méprise car il la connaît vraiment et que sa manière de baiser lui va pas. De l'autre une femme dont il ne connaît même pas le prénom mais dont il qualifie la relation de "merveilleusement naturelle" qui lui plaît parce qu'elle baise bien et répond plus à ses critères de beauté mais qu'il ne connaît pas.
Ces femmes ne sont vraisemblablement pas des personnages qui existent, plutôt des fantômes, des fantasmes même de l'auteur en prison. Le rapport au sexe, à la baise, qui n'est jamais un rapport amoureux est omniprésent mais les scènes sont nulles, on voit clairement s'exprimer que le plaisir de Fazil jamais un mot sur le ressenti des deux femmes. Malsain et ça sonne creux. Les autres personnages sont là pour le décor, il sont tous très clichés et vides.

Enfin pour l'écriture générale de ce court roman, la plume est saluée partout, j'ai trouvé que c'était pathétique. Il est vrai que faire autant de fautes de goûts en si peu de lignes relève de l'exploit.
Je vais commencer par le rapport cartésien à la richesse, à la vie, au bonheur, et aux femmes, entre autres qui est omniprésent. Les riches sont tous des cons malheureux qui ne connaissent rien à la vie. Les pauvres sont obsédés par l'argent mais ce sont eux qui ont les clefs du bonheur. Les femmes sont soit belles et sans histoire, sans esprit et font bien l'amour, soit jolies avec de l'esprit, mais ne font pas bien l'amour.
Noir et blanc. Absolument cliché.

AAAAH mais attendez, je n'ai pas fini, les clichés revenons y. Et oui car l'auteur pour légitimer que son roman est une œuvre de pur génie, un chef d'œuvre, nous donne, à nous lecteur, par l'intermédiaire de Fazil des petits cours de littérature. Très malin car on y apprend que pour faire un bon roman il faut parler de choses banales à pleurer, qu'il faut composer avec les clichés en y ajoutant une pointe de hasard et que des parties doivent être mal écrites. J'ai trouvé que c'était super pédant et présomptueux.

Bref, je n'ai pas du tout aimé ce livre.
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Et pourtant, le bonheur est là, tome 2 : Le b..

"Et pourtant le bonheur est là" m'avait suffisamment convaincue pour que j'ai envie d'emprunter sa suite en la voyant dans les rayons de la bibliothèque.
On retrouve les éléments essentiels du premier tome : étrange relation amoureuse entre Gioia et Lo, discussions avec monsieur Bove (génial prof de philo qui gagne ici en profondeur et en nuances) et surtout ces mots intraduisibles dont Gioia fait la collection.

J'ai parfois eu un peu de mal à suivre la chronologie des chapitres. La lecture du premier tome remonte certes à plus de 2 ans, mais j'ai eu le sentiment que l'auteur mélangeait les temporalités uniquement pour compliquer artificiellement son intrigue. Ce n'est d'ailleurs pas la seule "facilité" de ce roman, qui lorgne du côté du feel-good avec ses expériences et leçons de vie signifiantes.

Il ne me semblait pas que les "défauts" étaient si gênant dans le tome précédent. Les personnages cheminent, c'est appréciable, mais les rebondissements (disputes, mea culpa...) sont très attendus.
Pour moi le premier tome se suffisait à lui même et cette suite n'était pas nécessaire. Heureusement, Gioia est une héroïne charmante et l'on s'y attache suffisamment pour l'accompagner au long de ces 538 pages. Mais si Enrico Galiano décide de poursuivre l'aventure avec un troisième tome, je ne le lirai pas.
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L'attrape-coeurs

Je n’ai pas accroché tant sur le fond que sur la forme.
Le style d’écriture (langage parlé) utilisé n’est pas ma tasse de thé.
Et ces trois jours d’errance du jeune Holden Caulfield ne m’ont pas transportés.
Bref je suis déçue de ne pas avoir été touché par ce classique de la littérature jeunesse américaine.
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La sacrifiée du Vercors

L’élucidation d’un crime sordide, sur le plateau du Vercors, juste après la libération, alors que la région est encore contrôlée par les FFI.
Un style râpeux, entrechoqué, violent, fait de phrases courtes, sans mots de liaison, dans une langue triviale, qui rend sans doute bien compte de l’atmosphère particulière de ces journées, mais que j’ai trouvé désagréable. Et beaucoup d’elipses qui rendent la compréhension parfois malaisée.
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Elfes, tome 21 : Renaissance

Alors, me voilà bien ennuyée. J'ai lu Nains, Mages et j'avance dans Elfes au rythme des trouvailles en bibliothèque. Sauf que les personnages s'accumulent, que les tomes s'entremêlent et que certains s'amusent à sauter d'une série à l'autre !
Primo, j'ai bien compris que Turuk, hautement attachant et complexe, vient du tome 1 de Orcs et Gobelins, que je n'ai pas encore attaqué. Secundo, autant je situe parfaitement Lanawyn autant il m'a fallu une petite plongée en arrière pour comprendre la place et le rôle de Belthoran. Quant à Naa'yn, enfer et damnation, je comprends l'enjeu mais d'où sort-il diantre ?!
Bref, s'il existe un abécédaire avec tous les personnages des quatre séries, leurs apparitions et leurs spécificités, genre carte Pokémon, je prends ! Ou je m'associe avec qui veut pour le créer et on fait fortune :-)
Trêve de râlerie, j'ai adoré cet album. Même si j'ai toujours un peu de mal avec les récits en parallèle (j'ai vérifié que je n'avais pas sauté une page quand subitement sont apparus les raykenn) j'ai beaucoup aimé les moult rebondissements, les noeuds de l'intrigue pour relancer le récit, l'apparition de nouveaux personnages surprenants et admirablement dessinés et colonisés. Sans parler des plongées dans l'océan, et de la finesse des dégradés de couleurs.
Alors, pourquoi gâcher son plaisir ? Pour moi, entre la destinée des elfes rouges, le devenir de Lanawyn et l'existence d'Alyana la série retrouve un nouveau souffle.
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Seyvoz

Une petite pépite OLNI (objet de lecture non identifié) autour de l'histoire et de l'ambiance d'un barrage hydraulique, à deux voix. Les deux plumes des autrices talentueuses sont différenciées par la couleur de l'encre, noire ou bleue, et les périodes décrites : la construction du barrage et la destruction du village condamné à la noyage d'une part dans les années 1950, et une inspection technique contemporaine qui se heurte à une certaine hostilité (magique ?) des éléments et de l'environnement.
J'ai beaucoup aimé ce très court livre (106 pages) pour la précision des textes, l'ambiance rendue par petites touches, rien n'est en trop et tout est nécessaire dans ces descriptions de détails qui n'en sont pas vraiment - le malaise qu'on peut ressentir devant les barrages artificiels, la procédure administrative de déplacement d'un cimetière.
Il y a un peu de vaudou ou de chamanisme dans l'expérience étrange et le malaise de l'inspecteur du barrage par ailleurs obsédé par une statuette bantoue, mais ce pont culturel un peu étiré et inattendu a tenu bon finalement.
J'ai trouvé le procédé de double écriture original et très réussi.
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La Meute

"La meute" m'a d'abord appâter par son 4e de couverture, le piège à loups m'a ensuite harponné avec un prologue vif et agressif pour ensuite me clouer, emprisonné dans ces pages.
Le classique deux enquêtes qui s'entrechoquent est bien maîtrisé ici, avec en même temps une double temporalité qui rythme la narration pour accorder aucune pause, nous maintiens en haleine. Tu as du béhourd, un groupuscule d'extrême droite et un tueur énigmatique, des thèmes qui m'ont mis l'eau à la bouche et le romancier a traité cela avec précision, il blinde le récit de détails qui nous enfonce dans ces milieux méconnus.

Derrière l'histoire, il y a la question de l'immigration, de la haine et des liens familiaux, des sujets amenés par des personnages forts aux passés tumultueux. La narration à un suspense omniprésent avec une fin inattendue qui éclaire le récit d'un nouvel œil.
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Ça ira

Eva … une fille comme une autre ?
Non pas vraiment … elle vit bien avec les autres et … subitement à la suite d’une chose insignifiante pour nous … elle dérive vers l’enfer !
Que faire ?
Elle se décide à suivre les recommandations des uns ou des autres …
Le sport pourrait te faire du bien …
Le millepertuis pourrait t’aider …
Essaie de maintenir toujours le même emploi du temps …
Essaie d’endurcir ton corps pour pouvoir supporter la douleur sans pleurer …
Essaie de faire un séjour dans un centre bouddhiste …
Essaie … essaie … essaie … elle n’en peut plus de suivre les conseils des uns ou des autres !
Un album étrange, un scénario qui nous parle de la difficulté de s’accepter soi même.
Le trait est très sobre, plutôt élégant, les couleurs sont douces, toute l’agressivité est dans les situations qu’Eva subit.
Un roman graphique novateur à découvrir.
Une masse critique qui m’a permis de lire la première œuvre d’une dessinatrice suisse dont j’apprécierai de suivre les albums suivants.
PS
Je vous rassure Eva trouvera toute seule la médication qui lui permettra d’affronter sa vie et ses choix !
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Dina Demille, tome 4.5 : Catastrophe à l'Aube..

Une petite novella bien sympathique pour nous remettre doucement dans le bain après que la sœur de Dina, Maud, ait pris les rênes dans le tome 4. Bien que ne faisant qu’une centaine de pages je l’ai trouvé complet à souhait et il permet aussi de mettre à plat certains « bouleversements » qui s’étaient déroulés dans Une visite inattendue.

Plusieurs points sont abordés dans ce tome de Dina Demille. Déjà la presque mort de Dina lorsqu’elle a dû s’éloigner de l’auberge pour sauver cette dernière. On sent qu’un déséquilibre est né de cet événement, et Dina a du mal à s’en remettre. Elle doute de ses capacités, de ses choix et de sa relation avec Gertrude Hunt. Elle a agi comme il le fallait mais elle se rend aussi compte des conséquences. En faisant passer les autres avant elle, notre héroïne les a aussi fait souffrir. Il n’y avait pas de bonne ou de mauvaise solution pourtant. Ce n’est pas évident à lire, mais Dina est ce genre de personnage plein d’émotions qui la rend très humaine et c’est une des raisons qui fait que je l’adore.

Son choix a aussi mis son poste d’aubergiste sur la sellette tout comme le choix d’avoir pris Sean comme co-aubergiste. Une tension supplémentaire qui s’ajoute à tout ce que doit gérer notre aubergiste, à savoir trois groupes d’invités encore une fois des plus problématiques. J’avoue que sur ce coup-là, je suis du côté de Sean. Je comprends que l’Assemblée doit protéger les secrets sur Terre, mais ils n’ont jamais levé le petit doigt pour aider Dina. Et je pense que les relations doivent aller dans les deux sens pour qu’elles fonctionnent. Un point qui je l’espère sera abordé dans le dernier tome, même s’il y a encore beaucoup de choses à traiter… Heureusement notre héroïne est très bien entourée ce qui compense cela !

Et on en vient à Sean, notamment. J’aime que leur relation se soit stabilisée et qu’elle fonctionne. Dina a encore peur, mais son homme parvient à la rassurer petit à petit. C’est un travail que l’on voit tout au long du tome et qui vient avec d’autres choses. Dina a besoin d’avoir confiance en elle, et aussi en ses proches. Son petit groupe hétéroclite lui prouve d’ailleurs qu’elle n’est pas seule, bien qu’elle sache totalement gérer les situations délicates et elle nous le prouve encore une fois avec brio. Son calme olympien me fait pâlir de jalousie d’ailleurs !

Court, certes, mais ce tome 4.5 de Dina Demille n’en reste pas moins efficace. De l’action, de la romance, un travail psychologique toujours aussi intéressant, et une mise à plat de pas mal de choses qui, je pense, va permettre à la suite de se concentrer sur d’autres points plus essentiels à l’intrigue principale !
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Au-delà des sommets

Kilian Jornet est incontestablement l'un des sportifs les plus fascinants de notre époque. Sa performance, sa relation à la montagne mais aussi à la vie... font de lui une sorte de monstre ou en tout cas de curiosité. C'est ce qui m'a poussée vers ce livre alors que le genre "autobiographie de personnalité" n'est pas vraiment ma tasse de thé en général.

Le premier chapitre est percutant, poétique, glaçant, il prend aux tripes et nous pousse vers le sommet. On y lit les adieux qu'il fait à sa compagne avant de partir pour l'ascension de l'Everest, conscient qu'il pourrait ne pas revenir.
Malheureusement, la suite n'est pas au rendez-vous. Après cette courte introduction, le livre navigue entre passé et... passé de façon erratique. Les personnages et les courses ne sont pas identifiés très clairement, les thématiques annoncées par les têtes de chapitre ne sont pas vraiment traitées. Ca part dans tous les sens , il n'y a aucune ligne directrice, aucun scénario et au fond, on n'apprend rien car il ne nous donne pas suffisamment d'éléments sur chaque anecdote qu'il aborde et part en digression dès qu'il a réussi à nous accrocher.

Bref, j'hésite entre "ennuyeux" et "illisible". Il me semblait pourtant que ce genre de livre était le fruit d'une collaboration avec un·e professionnel·le de l'écriture. Si c'est le cas, c'est assez raté, mais je suppose que ça n'empêche pas que le livre se vende. Symptôme caractéristique de l'édition actuelle, qui ne cherche qu'à remplir des pages de caractères imprimés à l'intérieur d'un produit purement commercial. Comme une boîte de céréales qu'on ne finira jamais.
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Tant que le café est encore chaud

J'ai beaucoup entendu parlé de ce roman et de l'histoire de ce café, le fameux Funiculi Funicula qui permet de remonter brièvement dans le temps, le temps que le café reste chaud, les clients peuvent retourner dans ce même café à un autre moment du passé.
Le roman nous montre quatre personnages qui souhaitent remonter dans le temps pour voir un être cher à qui ils n'ont pas dit ce qu'ils auraient dû ou voulu.

Pour sûr, c'est un scénario sympa pour un drama asiatique qu'on regarde pour se détendre, mais en roman, je n'ai pas été conquise. J'ai trouvé les personnages bien trop superficiels et la narration assez creuse car en dehors des bons sentiments autour de cette thématique qu'est notre rapport au temps et des regrets, une grande part du roman est basé sur la répétition.
J'en ressors pas vraiment convaincue. Au moins, j'ai essayé.
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La liste 2 mes envies

Je n'ai malheureusement pas vraiment adhéré à ce roman, alors que j'avais beaucoup aimé le 1er opus. Je l'ai trouvé plutôt fade, linéaire, insipide....bref, sans intérêt pour moi. Je l'ai terminé, car je n'abandonne jamais un livre, mais la lecture fut fastidieuse, et il me tardait vraiment de passer à autre chose ! Next :)
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L'incendie

Des feux errants

Dans ce livre crépusculaire (et surtout nocturne), Tarjei Vesaas nous plonge droit au coeur de "l'incendie" qui couve en chaque être humain. Dès le début de ce récit brûlant, le personnage de Jon se jette en errance, car une voix au téléphone lui a fait comprendre que quelque chose n'allait pas, et il lui a fallu répondre à cet appel.

Ainsi se retrouve-t-il par les chemins, à rencontrer des frères et soeurs en humanité tous atteints par un mal qui les ronge, que ce soit la fureur de détruire, la folie ou encore le désespoir.

À plusieurs reprises, épuisé, Jon voudrait pouvoir se coucher n'importe où, mais il lui faut aller, aller toujours, faire connaissance avec le mal et essayer de ne pas sombrer pour autant.

Roman de la déréliction, mais aussi de la rencontre, "L'incendie" est une véritable expérience dont on ressort avec l'âme en proie aux flammes. Il y a dans ce livre des échos de Kafka et de Peter Handke. La traduction de Régis Boyer est de toute beauté pour décrire ces paquets de chair emplis d'obscurité que sont les êtres humains. Sans jamais juger, Tarjei Vesaas raconte le feu noir qui s'allume en chacun de nous dès que la raison prend la tangente. Et c'est inoubliable comme une brûlure dont la morsure ne vous quitte plus.

Thibault Marconnet
© Le 9 mai 2024
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Des hommes

Laurent MAUVIGNIER. Des hommes.

Après-midi, soir, matin, trois séquences rythment ce récit. Solange, fête, avec sa famille et ses amis son anniversaire. Son frère Bernard, dit Feu-de-Bois est présent, ayant été invité. Bernard n’est cependant pas le bienvenu, mais Solange aime ce frère, différent des autres membres de la fratrie. Il a quitté, la ferme, la région, s’est marié, a eu deux enfants. Il est revenu, il y a une dizaine d’années vivre près de la ferme familiale, dans une vieille masure héritée d’un oncle. Il a abandonné, femme, enfants et travail ; c’est un homme brisé qui a sombré dans l’alcoolism. Il vit d’expédients, de petits boulots, de services rendus aux uns et aux autres. Il faut dire qu’il a fait la guerre d’Algérie. Comme des centaines, des milliers de jeunes gens, dans les années 1960, il a participé à ce douloureux épisode…

Aussi lorsqu’il remet à sa sœur, une broche en or, son cadeau, tous les invités sont surpris. D’où provient l’argent ? Les langues se délient et chacun y va de son couplet. De plus il y a un homme d’origine algérienne parmi les convives, Saïd Chefraoui, qui a participé, aux côtés des français à la guerre . Une altercation a lieu. Bernard est très agressif. Il va se rendre au domicile de cet algérien, effrayant femme et enfants, blessant le chien. Saïd va-t-il porter plainte pour cette intrusion à son domicile ? Puis Bernard s’enfuit et va vraisemblablement se terrer dans sa masure. Cet homme, comme beaucoup a souffert de son passage dans l’armée. Rabut, son cousin narre les évènements tragiques qu’ils ont traversé lors de leur incorporation et de leur temps d’armée, sur le sol algérien, plus de deux années pour certains.

Non, ce n’est pas avec stupeur que nous découvrons tous les sévices, les exactions tant commises par les français que par leurs adversaires en Algérie. Oui, depuis la fin de combats, les incidents, les tueries, les traques, les vengeances, de nombreux écrits nous ont informés. Ici, Laurent MAUVIGNIER endosse le rôle de narrateur. La description de ces combats, des opérations coup de choc menées, les horreurs vues, les raids, les pillages, les viols, les actes qu’il a fallu accomplir pour gagner, non perdre cette guerre inutile. Les retours au camp, retrouver ses compagnons de galère massacrés, les villages entiers brûlés, les hommes, les femmes et les enfants, tous morts, y compris le bétail, les chiens, etc… Quelle désolation ! Cette tuerie qui a privé les deux pays de leur jeunesse ! Quelle honte pour tous. Malheureusement, tous ces hommes, blessés, pas seulement physiquement mais surtout psychologiquement, sont rentrés, bourrés de remords, perturbés et sujet à des syndromes post-traumatiques. Et au retour à la vie civile, il leur a fallu se taire, ne rien avouer, conserver ses images à jamais figés dans leur mémoire. Nul suivi psychologique à l’époque. Je pense que même si les personnes vivant de tels faits, acteurs ou spectateurs, ayant un suivi médical, de tels évènements ne peuvent s’effacer, imprimés à jamais dans le subconscient. Peut-être peut-il à la limite offrir un petit soulagement et encore. Les outrages subis , imposés ne peuvent être gommés.

Avec brio, Laurent MAUVIGNIER retrace ici une page douloureuse de cette guerre fratricide. Nul ne peut être insensible à la douleur subie par nos vaillants jeunes soldats. Ces derniers, blessés, handicapés à vie, et pour ceux qui ont sont rentrés au pays, complètement « déboussolés ». Ils sont condamnés à vivre avec leurs démons. Toutes les guerres, quel que soit le lieu, sont des pilleuses de vie. Toutes, elles déciment des populations, des vies brisées, stoppées en pleine jeunesse, des enfants sans père, des femmes sans époux, des ruines jonchent le passage des troupes…. Et ce drame se perpétue et se perpétuera dans la nuit des temps. Nous ne sommes pas capables de tirer des leçons du passé. Je vous recommande la lecture de cet hommage rendu par Laurent dans son récit bouleversant. Bonne journée et belles lectures.
( 08/05/2024).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Moi, ce que j'aime, c'est les monstres

Tout le monde n’a pas les mêmes capacités avec un stylo-bille quatre couleurs : quand moi je trace péniblement deux zigouigouis, Emil Ferris, elle, dessine son chef d’œuvre « Moi, ce que j’aime, c’est les monstres ».

Dans ce roman graphique original et passionnant, qui se déroule à Chicago à la fin des années 1970, Karen est une petite fille à part : trop différente des autres, avec son goût immodéré pour les films d’horreur, elle vit dans un monde peuplé de monstres bienveillants, et retranscrit ce quotidien étrange dans son journal intime graphique. C’est sa manière d’extérioriser ses difficultés à s’intégrer, de vivre pleinement sa singularité et de prendre de la distance face aux brimades dont elle est l’objet à l’école.

Sensible, Karen est aussi une petite fille curieuse et observatrice de ce qui l’entoure, notamment de son immeuble des bas quartiers de Chicago, avec ses habitants hauts en couleur. Jusqu’au jour où sa voisine Anka Silverberg est assassinée dans d’étranges circonstances. Qui était cette voisine allemande si torturée qu’elle en semblait dérangée ? Karen mènera l’enquête à sa manière, et son journal, d’intime, deviendra la transcription d’un parcours vers une vérité qui dépassera celle du seul meurtre de sa voisine.

« Moi, ce que j’aime, c’est les monstres » est magistral, tant les dessins sont impressionnants de réalisme et de maîtrise. Il mériterait d’être lu rien que pour eux !
Mais il n’est pas qu’un bijou de graphisme, c’est aussi une leçon d’analyse artistique et picturale assez passionnante et intellectuelle : Karen nous explique ce qu’elle a compris de la composition technique des tableaux lors d’une visite au musée avec son frère Deeze, mais aussi parce qu’elle vit et voit les choses par synesthésie artistique : « Si, en général, les sous-sols sentent le surréalisme, les cuisines et les jardins, eux, sentent toujours l’impressionnisme. Alors, comme notre cuisine est dans un appartement en sous-sol, ça sent un peu l’impressionnisme des débuts, celui de Van Gogh, terre d’ombre et ocre, une odeur poivrée et graisseuse qui dit « je t’aime ». Toutes ces années, alors qu’Anka dansait et chantait là-haut, mes oeufs n’avaient pas vraiment un goût d’œuf mais plutôt celui de La nuit étoilée. Ces airs de valse triste avaient une saveur de bleu et de jaune, comme un mélange de myrtilles et de jonquilles. »

C’est un roman vraiment foisonnant, parce qu’outre l’enquête et l’art, il est dédié à Chicago, et particulièrement au quartier d’Uptown, dont tous les habitants ont pour point commun d’être arrivés par « l’express de ceux qui en chient » (les latinos, les noirs, les indiens, les blancs des Appalaches). Le roman graphique se double alors d’une critique politique et sociale, l’action se passant au moment de l’assassin de Martin Luther King.

Ce mélange des genres permet ainsi d’explorer avec nuance la question de la monstruosité qui se cache en chacun, et d’aboutir à une question vertigineuse : est-ce que les monstres réels ne sont finalement pas plus effrayants que ceux de fiction ?
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Le Triomphe des émotions : La géopolitique entr..

Lu après avoir adoré, il y a quinze ans, « géopolitique des émotions » et entendu une interview de Dominique Moïsi sur Radio Classique.
Une revue ordonnée des relations internationales au cours des quinze dernières années (y compris la guerre en Ukraine), émaillée de nombreuses anecdotes tirées des rencontres de l’auteur avec les dirigeants du monde.
Un livre sans concessions, qui renvoie l’Occident et particulièrement la France à ses contradictions passées et présentes ; mais en même temps porteur d’espoir sur l’avenir de l’Occident, confronté à un « Sud global » animé par le ressentiment et à un « Orient global » où dominent la colère, pourvu qu’il demeure fidèle à ses valeurs et les mette en pratique.
Un peu déçu néanmoins par ce « tome 2 » de la géopolitique des émotions : la grille d’analyse (quelles sont les émotions dominantes dans un pays ou groupe de pays), a perdu l’attrait de la nouveauté et paraît en même temps moins claire, ce qui nuit à la démonstration de son intérêt.
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Entre mes doigts coule le sable

Marie-Lou et Matthieu poursuivent leurs études de médecine ont les retrouve dans le quotidien.

Mon avis: j’ai beaucoup aimé retrouver ces deux héros et me replonger dans leur quotidien de médecine. Entre vie pro et vie perso parfois compliqué de mettre des barrières. Leur relation évolue et on découvre le point de vue de Matthieu pas toujours simple.
Je vais sortir le tome 3 de cette saga sans trop tarder car j’ai vraiment apprécié ce tome 2 et on reste sur des interrogations je trouve.
Un très bon moment de lecture pour moi 😊
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Le Monde véritable

Jim,
J’ai lu avec attention ton dernier ouvrage, pleine de confiance, sous caution de May Dodd. Tu as su me surprendre, encore, même après tout ce temps. Tu as bouleversé la représentation que je me faisais de ce monde véritable, duquel May est repartie en laissant derrière Molly et les autres.
Les Femmes et la Nature ne font qu’Une. C’est d’une beauté insolente tant c’est fluide et évident. Elles sont alliées sans distinction dans cet espace temps hors norme. L’ensemble communique sans heurt, avec poésie, en communion.
Ici et maintenant, hier et demain, ces pages parlent de nous, d’elles, de tous. C’est l’écho du cri intérieur de notre nature profonde. Il faut entendre avec le cœur. Les Femmes. La Nature. Ce livre est une fable, un testament et une prophétie.
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The Curse of Saints

Un nouveau label, un livre objet vraiment magnifique (le jaspage est très bien réussi), et la hype autour ont fait que ...

J'ai passé une agréable lecture dans l'ensemble, mais ce n'est pas un coup de cœur pour moi. L'univers est original mais manque de développement, c'est dommage, car certains éléments passent un peu à la trappe.

On parle ici d'un slow burn, ce qui est chouette pour ceux qui aiment. En revanche, le "enemies-to-lovers" est bien présent, mais le switch est un peu trop facile à mon goût.

J'ai tout même envie de lire le tome 2, rien que pour voir l'évolution de l'histoire et de nos deux protagonistes.
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L'art de voyager léger et autres nouvelles

Ce petit livre de poche est une pépite, pleine de poésie. Les nouvelles courtes qui se succèdent font émerger la vie d'une femme solitaire, à la très riche vie intérieure, en osmose avec la mer et la nature qui l'entourent. La sensibilité d'artiste peintre, sculptrice, dessinatrice de l'autrice, confère à son style la pureté de la poésie. Elle perçoit le sur - naturel dans cette nature d'une île du golfe de Finlande, qui ne fait qu'un avec elle, habituée de cette maison de vacances depuis sa prime enfance.
Plus que des histoires, ce livre nous révèle l'intensité des liens de l'homme avec son environnement naturel, quand il sait être modestement et respectueusement à son observation et à son écoute.
cette lecture a été pour moi un vrai bonheur et une découverte
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