Et nous voilà au mois d'avril.
Avril 2021, le mois de parution
du bruit dans la nuit, le petit dernier de
Linwood Barclay, un auteur que j'aime beaucoup.
Mais avril, ce sont aussi les farces en début de mois, des occasions de rire et de s'éclater. Imaginez-vous, muni d'un haut-parleur, au pied d'un HLM. Vous déclenchez l'alarme-incendie avant de vous époumoner pour demander aux habitants d'évacuer de toute urgence avant que leur immeuble ne soit totalement encerclé par les flammes. Bien sûr il n'y en n'a aucune puisque c'est juste un jeu.
Vous pouvez aussi appeler l'époux dont la femme est hospitalisée pout une appendicite et prendre votre voix sérieuse de gastro-entérologue pour lui dire que l'état de sa conjointe s'est brusquement dégradé et qu'il doit se dépêcher s'il veut avoir une chance de lui dire au-revoir.
C'est typiquement le genre d'humour qu'affectionne Gavin
Hitchens, un farceur inspiré, suivi par la psychologue Anna White. Selon elle, et selon les autorités, l'humour d'un jeune homme appelant un père en se faisant passer pour son fils mort quelques années plus tôt en Irak n'est pas du meilleur goût.
"Il semblerait qu'il prenne son pied en exploitant le désespoir des gens."
Mais
Linwood Barclay excelle dans l'humour noir et avec ce personnage d'une originale cruauté
Et puis avril c'est aussi Pâques, les cloches, les oeufs en chocolat avec des cadeaux à l'intérieur.
C'est ce que découvrira le professeur de lettres
Paul Davis en suivant le véhicule de son collègue Kenneth Hoffman zigzaguant dangereusement sur la route. S'il a bu, n'est-il pas de son devoir de s'assurer qu'il rentre à bon port ? Mais parfois il faut s'abstenir de vouloir jouer au bon samaritain.
Parce qu'en guise de surprises Kinder ce sont deux femmes mortes dans des bâches que Paul va apercevoir dans le véhicule de son mentor.
Ses deux maîtresses, Jill et Catherine. Rappelons pourtant que la Saint Fidèle se célèbre le 24 avril.
Et c'est la pelle de Kenneth qui va faire office de cloche. Il ne peut laisser aucun témoin.
Pour ceux qui l'ignorent, le 07 avril c'est la journée de la santé. Et Paul va mettre un certain temps à recouvrer ses facultés. Physiques d'abord, psychologiques essentiellement.
"Je crois souffrir de stress post-traumatique."
Si Kenneth fait un grand tour par la case prison, Paul lui a besoin d'un suivi psychologique.
Huit mois après les évènements qui auraient pu l'envoyer ad patres, il est hanté par son ancien collègue, il fait d'épouvantables cauchemars, et il perd même un peu la tête.
"Ca m'inquiète quand je n'arrive pas à me rappeler certaines choses."
"Est-ce que vous me considérez comme quelqu'un susceptible de sombrer dans la démence ?"
Amnésie, somnambulisme, hallucinations, obsessions. Pour s'en sortir il envisage d'interroger les proches ou les victimes collatérales de Kenneth. Pour lui comprendre comment son ami en est arrivé à devenir un meurtrier, à essayer de le tuer, est la seule possibilité de s'en libérer.
Avril c'est aussi le mois des anniversaires. Enfin peut-être pas le votre mais celui de ma soeur, de mon beau-frère, de feu ma grand-mère. C'est aussi le mois de mon second anniversaire mais c'est une longue histoire. Tout ça pour dire qu'on se fait des cadeaux. D'ailleurs je remercie Alex qui m'a offert ce roman en ce mois d'avril, un cadeau qui ne bouge pas et ne fait pas de bruit suspect la nuit.
La seconde épouse de Paul, Charlotte, offrira quant à elle une machine à écrire à son époux. Une belle antiquité qui va ravir Paul. Pas pour son anniversaire mais comme symbole de leurs retrouvailles. En effet le couple battait de l'aile mais la tentative de meurtre aura au moins eu pour mérite de les rapprocher, d'être de nouveau là l'un pour l'autre.
Sauf que cette machine à écrire écrit toute seule avec ses petites toutouches, et se déplace toute seule avec ses petites papattes.
Ne laissant d'autre choix à Paul que de croire au surnaturel ou d'admettre qu'il a définitivement perdu la boule.
Du bruit dans la nuit est un roman dont j'ai dévoré les cent premières pages et les cent dernières, mais avec parfois une impression de flottement et de longueurs entre les deux.
Disons que j'ai trouvé l'auteur un peu lourd parfois à trop insister sur cet aspect irrationnel qui ne pouvait pas avoir d'autre explication qu'une intervention de l'au-delà, alors que le lecteur n'est pas idiot et qu'il sait très bien qu'il ne lit pas un roman fantastique. Difficile par conséquent de s'identifier à Paul et à ses superstitions même si par ailleurs le personnage nous fait vivre des moments grandioses.
Ce sont les seuls reproches que j'ai à faire au livre, mais ils ne sont pas anodins. J'ai pensé tenir un petit bijou entre les mains, au final il s'agit juste d'un bon roman très bien ficelé.
Alors absolument rien à voir avec
Gillian Flynn ( au fait quelqu'un a des nouvelles ? Elle compte écrire un quatrième livre un jour ?
Les apparences c'était en 2012 ... ) contrairement à ce que l'éditeur déclare sur la quatrième de couverture, mais le roman est très riche en retournements de situations. Particulièrement dans son dernier quart. Une des surprises donne l'effet d'un pétard mouillé tant elle était attendue mais pour les autres, elles m'ont toujours pris en traître. Quand on pense avoir deviné et qu'on lit en attendant que ça se termine,
Linwood Barclay sait comment relancer la machine ( pas celle à écrire hein ) et regagner tout notre intérêt et toute notre concentration.
Donc malgré quelques réserves, je dois quand même avouer avoir passé un très bon moment dans l'ensemble grâce à l'humour de l'auteur, à certaines situations totalement décalées qu'il nous propose, et aux rebondissements inattendus qui redonnent du rythme très régulièrement.
Barclay n'est peut-être pas au sommet de son art, mais il est quand même toujours très en forme.
Un bon moment de détente assuré, avec quelques sourires et quelques sursauts.