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EAN : 9782246827368
240 pages
Grasset (17/01/2024)
3.95/5   22 notes
Résumé :
Un magnifique récit personnel, par l'un de nos grands sociologues.

« On me demande souvent d’où vient mon intérêt puissant, comme sociologue, pour les croyances collectives. Cette passion prend ses racines secrètes dans mon adolescence. Pendant une dizaine d’années, j’ai été un croyant fiévreux et presque fanatique. Nous sommes dans les années 1980, j’ai quinze ans et je crois que Nancy est le centre de monde. Le plus grand événement de tous les temps... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Prophétie.

Gérald Bronner raconte sa période mystique débutée à l'adolescence et prolongée durant ses études supérieures.

Gérald Bronner est un sociologue spécialisé dans les croyances. Ce sujet de recherche n'est pas un hasard, Gérald Bronner a été croyant pendant une dizaine d'années. Enfant d'une famille modeste de Nancy, l'auteur va se détourner progressivement de la petite délinquance et se transformer en prophète.

L'Apocalypse serait proche et Nancy serait son déclencheur. Fasciné par l'ésotérisme, influencé par diverses légendes urbaines et intrigué par des coïncidences, Gérald Bronner va fonder un mouvement religieux comptant une centaine d'adeptes à son apogée.

Suivre les tribulations du prophète et de ses disciples a quelque chose de fascinant. Les complots et les mystères s'enchaînent. Certains passages sont également très amusants à lire. le mélange d'enthousiasme et de naïveté de l'auteur rend la lecture très agréable.

Gérald Bronner rend également un bel hommage à Nancy, ainsi qu'à ses proches. J'ai ressenti beaucoup de tendresse pour eux, tous plus fantasques les uns que les autres. Ce livre est également l'histoire d'une ascension sociale, celle de l'auteur. Ses croyances l'ont d'une certaine façon sauvé et permis de viser haut.

Bref, un excellent témoignage, à la fois d'un système de croyance, et du milieu d'origine de l'auteur.

Je remercie les éditions Grasset et Babelio pour l'envoi de ce livre.

MASSE CRITIQUE FEVRIER 2024.



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Je ne sais pas trop quoi penser de ce livre de Gérald Bronner.
C'est une autobiographie, mais je me demande à quel point elle est romancée puisqu'il a changé certains prénoms.
Il se livre beaucoup et de manière très personnelle, mais en refermant le livre il me reste beaucoup de questions que j'aurais aimé pouvoir lui poser.
Ce n'est pas un roman, mais il se lit comme tel et j'y ai pris beaucoup de plaisir car son histoire personnelle est assez incroyable.
Je crois que le plus juste serait de parler de récit d'initiation. J'ai notamment beaucoup aimé le passage où il explique comment ce qui s'est passé pendant son adolescence nancéienne l'a conduit vers des études de sociologie et a nourri son sujet de recherches sur les croyances.
Comme toujours chez Gérald Bronner, j'ai été sensible aux aspects de son parcours qui se rapprochent du mien (mêmes origines géographiques et sociales) et un peu moins à d'autres (n'ayant aucun intérêt pour la magie et l'occultisme, j'ai préféré la partie desenvoutement à la partie envoûtement).
Ce livre est un OVNI au contenu foisonnant qu'il faut lire pour se faire sa propre idée, moi il m'a plu mais j'aurais du mal à le conseiller à quelqu'un que je ne connais pas car il est trop particulier.
Je remercie les éditions Grasset et l'équipe de Babelio de m'avoir offert l'opportunité de me faire ma propre opinion sur ce livre après en avoir entendu parler à la radio.
Et pour finir sur un petit clin d'oeil, je signale que l'auteur cite Babelio à la page 230!
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Le dernier livre de Gérald Bronner tranche sur le reste de son oeuvre(*), et il lui est pourtant étroitement rattaché.
Il s'agit au premier abord d'une autobiographie partielle, portant sur ses années de formation ,son Bildungsroman personnel. Né à Nancy dans un milieu très modeste, il y a passé son enfance et son adolescence, a manqué de peu tomber dans la délinquance à laquelle il a échappé grâce à une passion soudaine pour l'ésotérisme, où il s'est jété à corps perdu ; et il n'est pas seul à y avoir trouvé sa rédemption, puisqu'il a réussi à « convertir » un certain nobre de ses camarades, pour la plupart aussi mal partis que lui, pour lesquels il est devenu une sorte de guide spirituel, et avec lesquels il est souvent resté en contact. Ils ont élaboré ensemble un mythe collectif autour de la ville de Nancy, et y cherchant les signes de prodiges...qu'ils trouvent bien entendu. Ce mythe rappelle un peu celui que les personnages du Pendule de Foucaul (peut-être le meilleur livre d'Umberto Eco) ont élaboré autour de la ville de Provins.
Bronner n'a pas pour autant négligé ses études ; il s'est engagé dans la sociologie, où il pense d'ailleurs approfondir ses recherches ésotériques. Mais lorsqu'il quitte Nancy pour Grenoble, il subit un nouveau changement de paradigme, et abandonne ses croyances irrationnelles pour se consacrer à leur étude scientifique et aux mécanismes de la croyance.
Mais l'histoire de sa formation intellectuelle n'est pas le seul intérêt de cet ouvrage, loin de là. Car c'est aussi une biographie beaucoup plus personnelle ; l'auteur nous parle de sa famille, de ses amis, de son quartier, de sa ville, de ses petites amies, même de son premier chagrin d'amour, avec beaucoup de tendresse.
Et c'est cette tendresse que j'ai aimée, attitude beaucoup plus noble que celles d' autres « transfuges de classe » (je déteste cette expression, injuste et blessante pour celui qui en est l'objet, pour ses milieux de départ et d'arrivée, et pour le système de méritocratie républicaine qui a permis de tels parcours ; peut-être faudrait-il dire « passagers de l'ascenseur social » (de plus en plus souvent en dérangement hélas) mais l'expression est un peu baroque), qui, tels Edouard Louis, Annie Ernaux, Didier Eribon, même lorsqu'ils prétendent se faire les défenseurs et hérauts de leur milieu d'origine, suent le mépris qu'il leur inspire, et qui passe de beaucoup celui qu'on peut trouver dans leur milieu d'arrivée.



(*) Notons cependant que Bronner est aussi l'auteur de deux ouvrages de fiction, à mi-chemin entre la SF et conte philosopie, Comme des Dieux, et comment je suis devenu super-hétos
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C'est drôle, je ne m'attendais pas à lire une autobiographie aussi étrange! Dérangeante mais aussi intéressante. Si le début de son histoire s'attache à créer un univers mystique dans sa ville natale, Nancy, avec la découverte de croyances pour s'attacher au merveilleux qui a peuplé notre enfance, l'apprentissage de l'amitié, de la force du groupe jusqu'à l'envoutement d'un mystérieux personnage, la lente progression de l'auteur dans sa quête encore nébuleuse nous invite patiemment. Il est vrai que je retrouve des traits communs à ce que j'ai expérimenté dans cette recherche de l'irréel dans les années 80, par le biais en autre des librairies ésotériques qui nous offraient du rêve à leur manière, remplacé aujourd'hui par le développement personnel plus individuel et égocentré. Avant on recherchait le merveilleux par l'inexpliqué, aujourd'hui on illustre chaque point de détail.
Bref, au fur et à mesure l'auteur est rejoint par la réalité et se trouve confronté à des choix qui ouvrent des portes nouvelles, avec de nouveaux savoirs qui l'éloigneront de sa magie intérieure, peut-être pas entièrement. Car il reste toujours au rêveur une étincelle de cette croyance merveilleuse que tout peut encore se produire, et que l'on peut encore plier le monde grâce à son imagination.
Un témoignage surprenant qui me laisse un sourire rêveur et nostalgique malgré tout.
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Aujourd'hui je vais évoquer Exorcisme autobiographie du sociologue Gérald Bronner. Ce texte est très intéressant car à travers son parcours personnel il interroge son rapport à son principal sujet de recherche (les croyances) et met en lumière ce qui explique la motivation de ce choix. La forme littéraire de cet essai avec la modification de certains prénoms (Jean-Luc, Nahil) confère un aspect romancé au récit égo réaliste.
Exorcisme est un texte accessible organisé en deux parties qui correspondent à deux périodes avec un regard radicalement différent sur les croyances, possible uniquement après l'analyse et la prise de distance. Gérald Bronner rend public des parties de sa vie jusque-là passées sous le radar de ses interventions médiatiques et de ses précédents essais. Il ne s'agit pas de se dévoiler impudiquement mais d'analyser sous l'angle sociologique ses choix, ses convictions et ses positions. Durant son adolescence nancéienne (la ville joue un rôle important) l'auteur issu d'une famille modeste frôle la délinquance et même l'incarcération. Il raconte des scènes de vols et surtout comment il ne franchit pas le cap, retenu par une force mystique, qui l'aurait conduit vers la prison. Ce transfuge de classe est alors imprégné au contact de ses pairs d'une virilité que l'on qualifierait aujourd'hui de toxique et doit prouver par ses actes son appartenance au groupe. Il écrit lucide : « lorsque nous sommes arrivés à l'âge de vingt ans et que ces histoires de délinquance étaient loin derrière moi, certains de mes amis avaient déjà passé un tiers de leur vie en détention. » Alors que la socialisation du garçon s'effectue au sein de son groupe d'appartenance populaire il est intéressé par les croyances et surtout les visions borderline portées sur le satanisme et autres marges. Il fréquente beaucoup Jean-Luc son oncle vieux garçon féru d'occultisme et d'ésotérisme qui l'initie et lui transmet sa passion. L'auteur est quelque peu tiraillé, il n'a pas exactement le profil de ses congénères : « parmi nous, des bêtes féroces. Pas moi. J'aurais bien voulu, un temps. Lorsque je rentrais le soir, je portais le secret de mon hypocrisie. Être un voyou, c'était une façon de survivre pour un jeune homme blanc aux yeux bleus qui n'a pas eu la chance de naître dans une famille de médecins. » C'est donc à l'adolescence que remonte la construction de sa personnalité nimbée de foi et de croyance. Il explore cette période où les croyances sont au coeur de sa vie avec distance et un peu de nostalgie. Force est de constater que son appétit de nourritures intellectuelles est précoce. Il souffre du manque de livres et se plonge dans les écrits proposés par son oncle. Il se voit gourou d'une secte sans trop de fidèles. Avec ses amis les plus proches (Christian et Nahil) il fonde le C.E.R.F qui réunit quelques illuminés. Il précise : « en quelques mois, et pas un de plus, j'étais passé du statut de minable petit délinquant, à celui d'homme-Dieu. » Et puis la lecture et quelques rencontres permettent à l'auteur de bifurquer et de s'orienter vers la sociologie. Dès lors il va s'attacher à comprendre la question des croyances dont il affirme : « la croyance est cette machinerie extraordinaire qui transforme le désir en prémonition, puis cette prémonition en savoir. » Avec sa petite amie il part à Grenoble pour sa maitrise puis peu à peu il s'éloigne de ses attachements spirituels de jeunesse même si le processus est long et exigeant puisque : « les croyances collectives était chevillé à mon être. Ce thème que j'avais choisi pour mes recherches plongeait au plus profond de moi. » Mais le plus important reste qu'il : « (a) compris progressivement que l'on pouvait croire à des choses folles sans être fou soi-même. »
Exorcisme est un récit de jeunesse où le mystique se prend pour un gourou auprès d'illuminés prêts à le suivre. Gérald Bronner retrace en sociologue son parcours singulier qui prend alors valeur d'idiosyncrasie transposable aux autres. C'est également un joli témoignage d'un transfuge de classe (on pense à Edouard Louis) qui sans rien renier s'est émancipé et grâce à la sociologie s'est accompli professionnellement.
Voilà, je vous ai donc parlé d'Exorcisme de Gérald Bronner paru aux éditions Grasset.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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critiques presse (2)
NonFiction
14 février 2024
Le nouveau livre du sociologue Gérald Bronner est cette fois un récit autobiographique, parfois amusant, souvent émouvant. Gérald Bronner est connu comme un pourfendeur des croyances fausses. Ce récit éclaire les raisons de son intérêt pour cette question.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LeMonde
05 février 2024
Le sociologue, ­démonteur des biais cognitifs et des fantasmagories, a longtemps cru à des choses bien fantastiques. C'est cette jeunesse-là qu'il raconte dans son nouveau livre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Lorsque vous cherchez à raconter un rêve incroyable, par exemple. A mesure que vous le fixez par le langage, les traits qui s en dégagent deviennent banals. La poussière de fée disparaît et immédiatement vous vous demandez si elle a jamais été là. Il faudrait rester muet et suspendu devant le merveilleux auquel ne conviennent que l immobilité et le silence.
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La croyance est cette machinerie extraordinaire qui transforme le désir en prémonition, puis cette prémonition en savoir. Il ne restait plus au réel qu'à se soumettre...
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Je me souviens surtout des terribles insomnies de cette période qui était pourtant heureuse. C'était comme si je pressentais, non pas que quelque chose allait arriver, mais que, justement, rien n'allait venir.
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Je suis persuadé aujourd'hui que Jean-Yves n'a jamais cru un traître mot de tout cela mais je l'ai obligé d'une certaine façon à faire semblant. Chaque semaine, nous échangions un cahier - que je possède toujours - que chacun devait remplir en faisant des recherches pour répondre à la question :
- Nom de Dieu, où sont passés les elfes ?
Jean-Yves, qui devait me trouver dingue, n'osait pas non plus me le dire franchement, alors il griffonnait quelques lignes sans inspiration pour me suggérer qu'on pourrait peut-être fouiller dans les grottes. Il m'est arrivé plusieurs fois - oui - de l'engueuler parce qu'il n'avait pas assez bien travaillé. Je me disais : Partis comme ça, on n'est pas près de les retrouver les elfes !
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La veille, Farid m’avait proposé de monter sur un casse. La moindre de nos aventures délinquantes bénéficiait dans nos échanges d’une promotion indue dans la hiérarchie du crime. Une droite posée sur la mâchoire d’un type qui n’avait pas demandé son reste devenait une bataille titanesque, une barrette vendue dans une cour de lycée faisait de vous un trafiquant et s’introduire dans une maison déserte pour voler un magnétoscope était donc un casse.
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Videos de Gérald Bronner (43) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gérald Bronner
Conférence de Gérald Bronner
Nos décisions quotidiennes, nos jugements moraux et nos actions sont largement influencés par nos croyances religieuses, politiques ou éthiques. Avec une saisonconsacrée à la croyance, ce cycle de conférences interroge cette notion complexe et en examine les enjeux.
Lors de cette séance, le sociologue Gérald Bronner propose d'analyser l'émergence de nouvelles formes de crédulité dans le monde contemporain. Celles-ci seront présentées comme la conséquence du fonctionnement ancestral de notre cerveau rencontrant la modernité informationnelle.
Conférence enregistrée le 3 avril 2024 à la BnF I François-Mitterrand.
+ Lire la suite
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