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EAN : 9781091447899
Ring (08/11/2018)
3.67/5   183 notes
Résumé :


ARMELLE CARBONEL

SINESTRA

Suisse. 1942. Le Val Sinestra, refuge isolé au cœur de la vallée des Grisons entouré de monumentales montagnes, accueille un convoi de réfugiés fuyant les horreurs de la guerre. Des mères brisées au bras de leur progéniture, des orphelins meurtris et atteints de désordres psychiques. Mais là où ils croyaient avoir trouvé la paix, les résidents vont réaliser que le mal a franchi la frontière avec... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (87) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 183 notes

Les maisons ont une âme.
Et elles parlent.
La preuve, mon appartement m'adresse souvent la parole.
En pleine nuit, quand j'entends mon plancher qui grince, je traduis immédiatement ses mots :
- Anty, il commence à y avoir beaucoup de poussière en dessous du lit, tu ne pourrais pas donner un petit coup de balai ?
Quand il émane une vague odeur nauséabonde, je comprends :
- Tu devrais ouvrir un peu la fenêtre, ça commence à sentir le fauve chez toi.
Et quand je sors chercher le courrier et qu'un coup de vent reclaque brusquement la porte d'entrée, j'arrive à percevoir son petit ton ironique :
- Ah, tu as encore oublié tes clefs à l'intérieur ? Bon ben il ne te
reste plus qu'à appeler un serrurier.

Oui, les demeures parlent. Et ça n'est pas le refuge du Val Sinestra qui prétendra le contraire.
"Mes murs soutenaient les maux du monde et leurs fissures n'étaient que les cicatrices de mes échecs."

La dernière fois que je suis allé en Suisse, je me suis contenté de me promener dans Lausanne, découvrant en charmante compagnie ses différents quartiers, deux de ses restaurants, ses centres universitaires hospitaliers et bien sûr les abords du lac Léman.
Tout à l'Est, encore aujourd'hui, dans les Grisons ( le plus grand canton de Suisse, tout en relief montagneux ), le Val Sinestra est, comme son nom l'indique, un endroit des plus bucoliques abritant un hôtel homonyme.
La bâtisse existait déjà en 1942, l'année durant laquelle se déroule le roman, alors que la seconde guerre mondiale sévissait dans les pays alentours.
Considéré comme un refuge, quatre nouveaux pensionnaires échappant aux Allemands vont quitter la France pour y trouver un abri. Ils y seront accueillis par Signur Guillon, leur hôte et maître des lieux, et par son bras droit, El Docter ( de nombreux mots sont écrits en romanche par souci
d'authenticité ).
Et oui, l'histoire d'Armelle Carbonel va multiplier les narrateurs, donnant tour à tour la version de ces nouveaux arrivants et des pensionnaires plus anciens de l'immense manoir aux décors féériques.
"Perché dans les hauteurs, le Val Sinestra déchirait les lambeaux de brume flottant comme des étendards funestes."
"Les meurtrières côtoyaient de larges vantaux, percés de manière anarchique par le doigt affûté d'un architecte fou."

Les résidents sont répartis par catégories : Les dames au premier étage, les homme au second, et les nombreux enfants - séparés de leur mère lorsqu'ils ne sont pas déjà orphelins - au troisième étage.
Beaucoup prendront la parole tour à tour, au même titre que la monstrueuse forteresse, considérée comme personnage à part entière et narrateur omniscient.
"Car ma nature n'épargnait pas les âmes innocentes. Elle les détruisait."

Rapidement, le lecteur se rendra compte que le Val Sinestra n'est pas le havre de paix dont pouvaient rêver les réfugiés.
Mais quel est en réalité le rôle de ce macabre refuge isolé ? A quelles expériences s'adonne le fameux El Docter avec la bénédiction du Signor Guillon ?
La présence d'eaux curatives à proximité pourrait faire penser à une station de cure thermale, mais les traitements infligés aux pensionnaires semblent se rapprocher davantage de la torture.
Pourrait - il s'agir d'un hôpital hanté et désaffecté ?
Comment ne pas penser, en ces temps troublés, à un centre d'expérimentation nazi ?
Notamment avec le sort réservé à Arthur, jeune juif au nez crochu, à qui l'on propose d'inhaler des semaines durant une nouvelle sorte de gaz pour le guérir de son hypersomnie.
"Tous les enfants envoyés ici sont malades, d'une manière ou d'une autre."

Je vous dirais bien que ce roman va vous permettre de retrouver votre âme d'enfant, mais la plongée dans l'horreur est telle que je ne souhaite pas à vos souvenirs de refaire surface.
Atteints de boulimie, d'onirophobie, de surdité ou d'hystérie, quels remèdes va nous concocter le savant fou pour soigner ses différents patients ?
"Il pénétrait dans le monde incongru et malsain d'une science inexacte."
Comment venir à bout de l'homosexualité perverse de Valère, l'un des principaux protagonistes âgé d'à peine douze ans ?
"Vous remarquerez son penchant abject pour les enfants de même sexe …"
Comment faire recouvrer la vue à la jeune Ana, victime de cécité de conversion ( comme Gabriel pour ceux qui ont lu La prunelle de ses yeux d'Ingrid Desjours ) depuis le choc psychologique provoqué par l'exécution de son père par un soldat du Reich ?
"Le destin emprisonné dans sa coquille de noir absolu, dérobant les formes et les nuances, au profit d'un vide cruel."
Quant à la petite Colette, elle n'a aucune maîtrise sur ce qu'exerce sa main gauche ... Euh, sa main senestre pardon. Capable des pires atrocités.
"Gauche" n'appartient pas au vocabulaire d'Armelle Carbonel qui préfère multiplier l'adjectif vieillot "senestre".
"Colette mordait, encore et encore, cette main qui, dans son esprit malade, n'était pas la sienne."
Qui pourra leur venir en aide ?
Et qui est ce mystérieux vieillard malade, à la fois discret et omniprésent ? Dont les intentions semblent on ne peut plus ambiguës ?
"Avare de mots, le vieil homme ne parlait jamais, ce qui le rendait plus énigmatique depuis son cocon d'obscurité."
Combien de cadavres devront s'empiler avant que quelqu'un ne mette un terme à cette folie ?

Comme dans chacun des romans d'Armelle Carbonel, celui-ci se déroule en huis-clos.
Il ne se cantonne cependant pas à l'enceinte du manoir de Val Sinestra. de nombreuses scènes se déroulent en extérieur.
Et pourtant, nous sommes bien en vase clos.
Si un résident cherche à s'éloigner un peu trop, il sera immanquablement dévoré par les fauves de Sent que l'on entend rugir dès qu'on s'aventure un peu trop loin.
"Ces grands loups légendaires aux gueules féroces dévorant de leurs dents longues et pointues le quidam s'aventurant sur leur territoire."
Aucune issue n'est possible.

Davantage que l'auteure de Criminal Loft, on reconnaît ici la nécromancière qui avait écrit Majestic Murder un an et demi auparavant. Ni tout à fait thriller, ni réellement roman d'horreur, Sinestra est à la croisée des genres. Atmosphère macabre à souhait, gothique, inquiétante, on est très proches de l'ambiance d'une saison d'American Horror Story ou d'une version très moderne d'un roman comme Frankenstein.
L'ambiguïté des personnages, leur folie apparente, la difficulté à distinguer les motivations de chacun, tous ces éléments contribuent à créer un climat de méfiance qui confine au chaos.

Mais à l'instar de Majestic Murder, l'apparente complexité psychologique des personnages est à double tranchant. On ne s'attache à aucun d'entre eux. Les pires sévices peuvent être infligés à ces jeunes adolescents ou à leurs mères, pourtant l'on reste de marbre devant ce qui devrait nous apparaître comme cruel et révoltant.

Et puis même si la nécromancière n'est pas réputée pour les bienfaits qu'elle procure à ses personnages, je suis vite arrivé à saturation des scènes de viols, de tortures ou de pédophilie.
Qui deviennent inutiles et gratuites passé le premier choc.
Est-ce une volonté éditoriale de Ring qui souhaite que leurs auteurs aillent toujours plus loin dans la provocation ?
Je n'aime pas les happy ends, j'apprécie les histoires malsaines qui me remuent. Mais ici ça n'a pas vraiment fonctionné pour cause de gratuité et de surenchère.

Il n'en demeure pas moins que Sinestra est un thriller horrifique ( et sûrement pas psychologique comme indiqué en quatrième de couverture ) qui se lit sans accroc, et qui réserve son lot de rebondissements et de révélations permettant au lecteur de vouloir connaître la suite.
La galerie de personnages extravagants donne également un certain relief à cette histoire ( même si on n'y croit jamais vraiment ).
Et autre point positif : L'écriture.
Peut-être parfois un peu pompeuse, d'autres fois un peu désuette, il n'en reste pas moins qu'Armelle Carbonel affirme de plus en plus un style qui lui est propre et qui frôle parfois la perfection poétique sous forme de métaphores aussi riches qu'originales.
"En ces temps troublés, les cauchemars et les larmes s'enfilaient comme des grains à un chapelet."

J'espère que dans un futur proche la nécromancière osera quitter sa zone de confort pour nous proposer des oeuvres tout aussi magistralement écrite mais dans un registre moins répétitif et plus accessible à un large public.

D'ici là, je me ferai un plaisir de la rencontrer à Noeux - les - Mines le 10 février prochain lors du salon des mines noires.

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J'ai vu passer dans la blogosphère une ou deux critiques du nouvel Armelle Carbonel, et j'ai dans ma PAL « Sinestra » depuis sa sortie en Poche en Avril dernier. En fait la 4 e de couverture, lue finalement en entier, ne m'inspirait pas. du tout. Mais cette nuit, insomnie, j'ai pioché le bouquin. Hé bé. Quelle horreur. Pire que ce que je pensais.

D‘abord le résumé, je vous épargne les critiques élogieuses qui suivent ces quelques lignes sur la couverture. : » Suisse. 1942. le Val Sinestra, refuge isolé au coeur de la vallée des Grisons entouré de monumentales montagnes, accueille un convoi de réfugiés fuyant les horreurs de la guerre. Des mères brisées au bras de leur progéniture, des orphelins meurtris et atteints de désordres psychiques. Mais là où ils croyaient avoir trouvé la paix, les résidents vont réaliser que le mal a franchi la frontière avec eux. «

Voilà voilà. En fait ces pauvres gens semblent venir d'Allemagne, mais ce n'est pas précisé. Il y a des français. En fait ce « convoi », c'est juste quatre personnes. Une mère, sa fille Ana, qui est devenue aveugle après avoir vu son père tué en pleine rue par un officier Nazi, il y a Valère, 12 ans, et un « vieux mourant »(sic).

En fait dans cet ancien… hôtel, puis sanatorium, puis clinique (on ne sait pas bien) il y a, avec ces 4 là, une douzaine d'enfants, quatre ou cinq mères, un docteur et un directeur. D'après ce que l'auteure décrit, les enfants emplissent de rires les bâtiments et les jardins, et ont des goûters énormes pleins de sucreries (Ce qui me pose question car en pleine guerre, ils ont du mal à se ravitailler, alors les sucreries, gâteaux et limonades..)..

Et on rentre directement dans le glauque avec le jeune Valère, qui est attiré par Arthur, et qui le traite de monstre au nez crochu et autres horreurs parce qu'il est juif. Ensuite le docteur, ou le directeur (j'ai toujours pas compris qui est qui) amène la jeune Ana dans son bureau pour la « guérir » de sa cécité, en l'agressant sexuellement (Ana a 10 ans) et ces séances se répètent, de pire en pire, pour notre plus grand bonheur (surtout pour les envies de vomir, de ma part).

Les réserves alimentaires sont vite à sec (les sucreries non ?) alors chaque semaine un chariot conduit par quatre rustres de la campagne environnante (je cite, ou presque) amènent des provisions, et se payent en violant en groupe une des mères. Et les descriptions ne nous sont absolument pas épargnées.

Les medecin et directeur font des « expériences » sur les enfants par des actes de torture au-delà du supportable pour le lecteur car complaisamment écrites et longuement par l'auteure, les barbaries sexuelles, les enfants qui se torturent entre eux (longues descriptions) et se tuent entre eux, et l'excuse que se donne l'auteure c'est que le bâtiment Val Sinestra, c'est lui qui est mauvais.

Alors moi, le suspense et l'horreur, d'habitude je n'ai rien contre. L'épouvante à la Stephen King, j'adore. Mais le glauquissime, avec en plus des enfants, non ! C'est nauséeux au possible. D'ailleurs je ne l'ai pas terminé. Sur 340 pages j'ai arrêté page 298, parce qu'à un moment donné, ça devient impossible même d'aller jusqu'au bout. Et encore, le pire. le pire :

LE STYLE ! Mais alors quelle horreur ! Phrases bourrées d'adjectifs, et comme si il fallait d'une manière ou d'une autre rajouter des épithètes, il y a constamment des phrases avec « comme ». Page 28 : » le regard insistant du petit nouveau pesait encore sur ses épaules comme la honte jetée sur des paillasses à boches ». (!!!) et ces parties « comme » sont toujours une sorte de comparaison absolument distordue ou incompréhensible, à chaque fois. On dirait, dès le début, un texte trop travaillé, retravaillé, repris, avec des « idées littéraires genre « trouvailles qui vont faire GENRE ». C'est littéralement horrifiant. La lecture est plombée par ces comparaisons sur lesquelles on bloque, en se demandant d'où ça sort, pourquoi, où est le rapport, mais je crois bien que Mâme Armelle Carbonel a cru que ça ferait poétique…

D'où ma rage et mon dégoût qui m'ont poussée à faire très vite cette chronique, pour me débarrasser l'esprit de ce livre glauque et gluant. Maintenant, il doit y en avoir qui aiment ce genre de « degu**********sserie » puisqu'il se vend.

Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Un roman qui ne m'aura pas emballé plus que ça, mais non dénué de grandes qualités. L'écriture est remarquable - et le vocabulaire employé très riche - déstabilisante au début mais délectable une fois apprivoisée. L'ambiance est également un point fort. Il s'agit d'un huis clos très sombre et malfaisant dans lequel le lecteur, tout comme les protagonistes, ne verront comme seul lumière, que l'espoir d'un meilleur lendemain. le gros bémol, et pour ma part, pas des moindres, est le manque de profondeur dans la psy des personnages pour lesquels j'ai ressenti peu d'empathie malgré leur calvaire quotidien.
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L'histoire :

1942 - Une poignée d'exilés fuit les horreurs de la guerre et la France pour trouver refuge en Suisse, au coeur des Grisons.
A l'arrivée, il restera, du convoi initial, un vieil homme au bout de sa vie, secoué par des quintes de toux, Valère l'orphelin, Ana la jeune aveugle et sa mère Klara.
Extrait page 14 :
« Elle se figura un paradis rempli de rires, de réglisses fondantes et de pommes d'amour, jusqu'à ce que l'haleine démoniaque du Val Sinestra effleurât sa nuque délicate tel un tisonnier labourant les cendres de l'innocence perdue.
Alors, Ana sut que maman s'était trompée.
Le Mal ne connaissait pas la frontière.
Il était la frontière. »

Dix-neuf résidents occupent déjà le Val, ainsi que Guillon, leur hôte, et le docteur.
Valère, au fil du voyage, est devenu les yeux d'Ana.
De Guillon il lui dira : « C'est un drôle de bonhomme. Il a le sourire dans les yeux et la fringale sur l'menton. »
Du Val Sinestra, il indiquera : « On dirait plutôt un vieux château hanté… »
D'Arthur, l'un des résidents, il murmurera, à la question « à quoi il ressemble » : « A un bon garçon qu'a le vice au mauvais endroit. »

- Ana a perdu la vue lorsque son père a été assassiné sous ses yeux par un soldat allemand. le choc sans doute. Klara est surprotectrice avec sa fille. Ana doit garder leur lourd secret. Sinon elles finiront au bûcher. C'est maman qui l'a dit !
- Valère est le seul survivant de sa famille qu'il a retrouvé assassinée car sa mère a refusé de dénoncer des juifs. Sa survie il la doit à un soldat ennemi. Sa haine, profonde, va à tous les juifs qu'il tient pour responsables de son malheur.
- le vieil homme est mutique. Personne ne connaît son nom.

Les voilà eux aussi dans les murs du Val Sinestra. Un lieu qui a une âme, qui se nourrit de la souffrance qui imbibe ses murs depuis si longtemps.
Extrait page 36 :
« Il suffisait de substituer une seule lettre pour me révéler tel que le monde m'avait forgé.
J'étais le Mal Sinestra. »

A peine arrivés, voilà que la violence qu'ils fuyaient les rattrape. La mère de Colette, l'une des fillettes qui vit là, est retrouvée morte. Rose n'est plus. Elle semble s'être suicidée. Mais si Colette, fillette violente et bizarre avait tué sa mère ?

Le Val renferme tant de secrets.
Lui qui avant la guerre servait d'abri aux couples illégitimes dont les relations avaient des conséquences. Des enfants naissaient. Des enfants mourraient. de plus en plus. Et Guillon et ses pinceaux immortalisaient ces enfants morts. Les murs supportaient un nombre important de ces tableaux morbides. le Val Sinestra était fier de ses parures.
Aujourd'hui il y a tous ces enfants avec leurs failles qui vivent dans ses murs.
Ana et sa cécité, Valère qui préfère les garçons, Arthur qui n'arrive pas à dormir, Colette dont l'une de ses mains, en toute autonomie, ne sait délivrer que de la souffrance. Ces quatre-là vont devenir amis. Une amitié improbable. Les autres enfants ont eux aussi des pathologies diverses.
Guillon et le Docteur sont là pour les aider. A leur façon.

Mais la violence est omniprésente au Val. Les quatre ravitailleurs dont ils dépendent pour se nourrir réclament leur dû à chaque visite. Ils sont la terreur des femmes. Une d'elle sert systématiquement de paiement. Elle n'est plus qu'un morceau de viande à leur merci, dont ils usent et abusent avec violence.
L'explication au suicide de Rose ?

Guillon laisse faire. Il n'a pas d'autres choix. Ce qui importe ce sont les expériences tentées sur les enfants avec ce bon Docteur. Tant mieux si elles les soignent. Sinon… ça n'a pas grande importance. Arthur va faire les frais de leurs délires et vivre un calvaire sans nom dans ces sous-sols où les foetus flottent dans des bocaux, leurs organes prélevés au nom de la science, de la folie.
Puis il y a Ana. Si belle, si douce, Guillon ne peut s'empêcher de la toucher…
Le vieil homme, pas si mutique, pas si mourant, tente de veiller au mieux sur les enfants, telle une ombre. Mais que peut-il, seul, face au Mal qui rôde ?
Le Val Sinestra l'exprime mieux que moi.
Extrait page 119 :
« J'aurais dû les dissuader, pauvres petits !
Oui, j'aurais pu. Par quelques courants d'air plus effrayants que les précédents ou les craquements sinistres de ma charpente.
Mais j'aurais vécu dans le déni de ma nature véritable.
Car ma nature n'épargnait pas les âmes innocentes.
Elle les détruisait. »

Les mères vont tenter de fuir ces lieux où on leur a pris leur dignité en menaçant leurs enfants pour qu'elles plient. Quittent à abandonner les orphelins. Leurs priorités ce sont leurs enfants.
Hélas on n'échappe pas à son destin.
On n'abandonne pas le Val Sinestra.
Le bûcher tant redouté va flamboyer dans la nuit.
On n'abandonne pas le fantôme malveillant qui rôde.
Valère se souviendra de ce visage aperçu. Trop tard.
Le monstre les aura rattrapés et avalés…


Une fois encore Armelle nous offre un récit d'une noirceur étouffante.
Le folie humaine y galope à loisir et détruit tout.
Point d'innocence ici.
Juste les plus bas instincts qui s'expriment dans un lieu anxiogène, personnage à part entière, qui se nourrit du malheur qui suinte de chacune de ses pierres.
Du grand Armelle ! A lire sans faute.
En revanche âmes sensibles s'abstenir.



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Chère Armelle,
Puisque tu t'es adressé à moi de manière si intime, si forte, j'ai décidé de ne pas véritablement faire de chronique mais plutôt de t'écrire ces quelques lignes intimement même si d'autres pourront lire.
J'ai bien entendu été ravie de voir ton récit se dérouler dans mon beau pays, qui plus est dans cet incroyable canton qu'est les Grisons. Un canton empli de mysticisme et plus que propice à une histoire comme celle-là. Well done Armelle ! le choix est excellent !
Tu m'as d'ailleurs bien bluffée de pousser jusqu'à l'utilisation du Romanche alors que la plupart des étrangers ne savent même pas que nous parlons quatre langues dans notre petite Suisse.
Dès le début, tu m'as littéralement transportée dans une autre dimension. Une autre époque forcément, mais aussi et surtout dans un lieu subjuguant qui s'est très vite imposé à moi comme le personnage principal. Je me suis d'ailleurs délectée des chapitres où ce lieu prend, à lui seul, la parole. Ce lieu qui s'exprime avec autant d'émotions m'a subjuguée mais aussi bouleversée.
Une atmosphère absolument incroyable: glauque, sombre, sombre et encore sombre. L'atmosphère est au Val Sinestra ce que le Val Sinestra est à l'atmosphère.
Tu as su, à merveille, créer un lieu perdu, exclu de tout où pourtant les événements, la guerre sont omniprésents. Un lieu où tous sont venus se réfugier, se soigner. Un lieu qui semblait un havre de paix mais qui n'en a que les apparences. Un lieu où les soins revêtent une connotation toute particulière.
Avoir choisi des enfants en personnages quasi principaux s'avère audacieux. Des enfants, c'est toujours un peu dangereux. On a l'habitude de les voir innocents et souvent, les auteurs n'aiment pas y toucher mais tu l'as fait, là, avec brio. Tu as su leur donner la douceur, tu as su les rendre lumineux mais aussi dangereux et subtils. La survie fait évoluer, fait grandir et fait faire des choses que l'on ne ferait pas en temps normal. C'est clairement une évidence dans ton récit qui pointe du doigt une réalité.
Ta plume puissante, complexe, travaillée, obscure et douce à la fois. Ton style direct et pourtant poétique. Tes mots, tes phrases ont résonnés en moi comme un carillon géant laissant derrière lui un écho étourdissant. J'ai eu, par moment l'envie de prendre mes jambes à mon cou et de m'échapper de ce lieu sinistre, alors qu'à l'inverse je me sentais incapable de le quitter. J'avoue même avoir eu une grosse crainte à un certain moment mais qui s'est finalement dissipée. Je pourrai t'expliquer quand et pourquoi mais si d'autres que toi me lisent, ils en sauront trop et ce serait fort dommage.
Tu as su mettre dans ce récit des sentiments puissants, certes parfois, contradictoires mais c'est ce qui en fait toute la force. J'ai été ballotée, remuée, étouffée par cette noirceur qui a semblé vouloir m'avaler goulument. J'ai été plus forte et en suis ressortie...Pas indemne, je dois le reconnaître.
J'ai presque rêvé de ce lieu, au milieu des beautés de la nature, qui enferme pourtant les pires horreurs et je ne peux qu'inviter ceux qui me liraient en dehors de toi, à y séjourner sans tarder.
Je te remercie du fond du coeur, Armelle, pour cette fabuleuse aventure et espère te revoir très bientôt pour pouvoir en parler avec toi de vive voix.
Amicalement
Valérie
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
C’etait cela, le paradoxe de la haine, enduire sa terreur de fiel dans l’espoir insensé qu’elle disparaisse.
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Je portais en mon sein les reliques de l’innocence. J’étais à la fois le témoin privilégié de leurs espérances et le complice de leurs souffrances incompressibles. Il suffisait de substituer une seule lettre pour me révéler tel que le monde m’avait forgé.
J’étais le Mal Sinestra.
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Elle se figura un paradis rempli de rires, de réglisses fondantes et de pommes d'amour, jusqu'à ce que l'haleine démoniaque du Val Sinestra effleurât sa nuque délicate tel un tisonnier labourant les cendres de l'innocence perdue.
Alors, Ana sut que maman s'était trompée.
Le Mal ne connaissait pas la frontière.
Il était la frontière.
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Elle se figura un paradis rempli de rires, de réglisses fondantes et de pommes d'amour, jusqu'au ce que l'haleine démoniaque du Val Sinestra effleurât sa nuque délicate tel un tisonnier labourant les cendres de l'innocence perdue. Alors, Ana sut que maman s'était trompée. Le mal ne connaissait pas de frontière. Il était la frontière.
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J’aurais dû les dissuader, pauvres petits !
Oui, j’aurais pu. Par quelques courants d’air plus effrayants que les précédents ou les craquements sinistres de ma charpente.
Mais j’aurais vécu dans le déni de ma nature véritable.
Car ma nature n’épargnait pas les âmes innocentes.
Elle les détruisait.
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