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Jean-Michel Alamagny (Traducteur)
EAN : 9782253118619
985 pages
Le Livre de Poche (29/08/2007)
4.17/5   145 notes
Résumé :
Auteur pilier "Du Masque", depuis 1927, Agatha Christie est toujours considérée comme la reine du crime. Cette "Autobiographie"indisponible depuis 15 ans, a fait l'objet d'une nouvelle traduction et a été enrichie par deux cahiers photos inédits.

"Je suis censée m'atteler à un roman policier mais, succombant à la tentation naturelle de l'écrivain d'écrire tout sauf ce dont il est convenu, me voilà prise du désir inattendu de rédiger mon autobiographie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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« Ce que je me propose donc, c'est de m'adonner aux joies du souvenir, sans hâte, à petits pas, en n'écrivant que quelques pages de temps à autre. C'est là une tâche qui me prendra sans doute des années. Mais pourquoi appeler cela une tâche ? C'est un plaisir que je me fais. »

Et ce faisant, c'est un plaisir qu'elle nous fait. Pour moi, en tout cas, ce fut un immense plaisir de parcourir les 650 pages que compte ce récit foisonnant, pétillant d'intelligence et bourré d'humour. Je préviens à cet égard que le billet qui va suivre risque de voir son objectivité entachée de nombreuses irrégularités. Je suis en effet confite en dévotion devant « la reine du crime », sa vie, son oeuvre, son ahurissante postérité, depuis ma plus tendre enfance. J'ai lu mon premier Agatha Christie, « L'homme au complet marron », à la fin de l'école primaire, quelque part entre les souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol et le Comte de Monte-Christo, et ce fut un véritable coup de foudre, une déflagration dont les secousses se ressentent encore aujourd'hui, près de quarante ans plus tard.

Par ailleurs, ainsi que le souligne cette auteure vénérée dans son avant-propos, ce qu'elle nous offre ici est davantage une promenade au gré de ses souvenirs qu'une rigoureuse autobiographie, qu'elle a rédigée « sans hâte » durant quinze ans, de 1950 à 1965, l'achevant à l'âge de 75 ans.
Par ailleurs toujours, si la grande dame du suspense évoque son travail d'écriture et nous livre de savoureuses anecdotes sur quelques uns de ses livres, elle en préserve tout le mystère.
Par ailleurs enfin, que ceux qui espèrent lire une confession qui lèverait le voile sur certains des épisodes les plus mystérieux de la vie de la « Duchesse de la mort » (François Rivière), comme sa fameuse disparition le 3 décembre 1926, passent leur chemin. Agatha, née Miller en 1890 ayant reçu une éducation victorienne, est une femme très pudique qui dévoile peu ses sentiments. Si elle ne tait pas les malheurs qui l'ont parfois accablée, elle préfère ne pas s'appesantir dessus et nous parler de ses joies qui furent variées et nombreuses.

« J'aime la vie. Il m'est arrivé d'être profondément malheureuse, éperdue de chagrin, au comble du désespoir, mais, en dépit de tout, je maintiens que le simple fait de vivre est merveilleux. »

Et rien que pour cela, ce livre mérite d'être lu. Si le thème n'était pas aussi galvaudé, je parlerais de « feel good book » tant son auteure parvient à nous transmettre, via la narration d'une vie incroyablement romanesque et riche en aventures, sa joie de vivre.
La vie, à l'en croire, fut prodigue à son égard, elle l'aima donc avec passion, avec avidité, privilégiant systématiquement la prise de risque sur le confort et la sécurité. Ainsi lorsque Archie, son premier mari, se voit proposer un travail provisoire qui implique de faire un quasi tour du monde qu'il n'envisage pas sans elle, alors que les obstacles et les difficultés sont innombrables, qu'ils ont une adorable petite fille dont il va falloir se séparer durant de longs mois, la décision ne tarde pas à s'imposer :

« C'est une chance unique. Si nous la laissons passer, nous le regretterons toujours. Comme tu dis, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue si on n'ose pas sauter sur une occasion quand elle se présente. »

Ce tour du monde dans l'immédiat après-guerre fut, de son propre aveu, l'une des expériences les plus palpitantes de son existence. Archie travaillait comme un damné sous le joug d'un employeur tyrannique et soupe-au-lait, mais ils visitèrent un nombre impressionnant de pays, de l'Afrique du Sud au Canada en passant par La Nouvelle-Zélande, et purent même s'offrir quelques semaines de vacances à Honolulu où ils s'adonnèrent frénétiquement aux joies du surf (!). À cet égard, je tiens à souligner l'un des immenses charmes de ce récit. Agatha Christie a une façon de présenter les choses, d'un ton faussement détaché et tendrement ironique, avec un naturel si confondant qu'on en oublierait presque que sa vie, sa personnalité, ses succès sont tout sauf ordinaires. Maniant l'auto-dérision avec un plaisir non dissimulé, elle préfère insister sur ses ridicules plutôt que sur ses actes de bravoure. Il ne lui viendrait pas à l'idée de se considérer comme une personne originale et audacieuse. Je crois même qu'elle trouverait ces qualificatifs de fort mauvais goût.
Et pourtant…
Une jeune femme qui fait du surf comme une forcenée au début des années 20, engoncée dans un costume de bain en soie la couvrant des épaules aux chevilles, ce n'est pas ordinaire.
Une femme qui, quelques années plus tard, choisit d'investir l'importante somme d'argent reçue pour la parution en feuilleton de L'homme au complet marron, rebaptisé pour l'occasion Anna l'aventurière (tiens, tiens) dans l'achat d'une automobile, une Morris Cowley, luxe parfaitement inconcevable à l'époque, ce n'est pas non plus très ordinaire.
Une femme qui, à la fin des années 20 et à l'aube de la quarantaine, alors qu'elle traverse la période la plus douloureuse de sa vie, décide de s'embarquer seule ( seule!) pour un long voyage au Proche-Orient à bord du mythique Orient-Express, ce n'est définitivement pas ordinaire.

« J'avais de la difficulté à me remettre de ce choc, mais je savais que mon seul espoir de recouvrer un jour une certaine sérénité consistait à m'éloigner de tout ce qui avait contribué au naufrage de mon existence. Il ne pouvait plus y avoir de paix pour moi en Angleterre après tout ce que j'avais subi. »

Affrontant avec un stoïcisme et un humour à toute épreuve les importuns, les punaises de lit, une traversée de quarante-huit heures dans le désert à bord d'un improbable mini-bus tanguant autant qu'un voilier en pleine mer, et diverses tempêtes de sable, elle s'émerveille de tout ce qu'elle voit : le col des portes de Silicie, Alep, Damas, Baalbek, Bagdad, Felujah…
Mais surtout, elle va y faire une découverte déterminante pour la suite de son existence : l'archéologie. Lorsqu'elle visite pour la première fois le site de fouilles d'Ur, elle est loin de s'imaginer qu'un jour c'est elle qui fera visiter son propre site archéologique à des dames enchapeautées qui lui feront perdre son précieux temps. J'ignore si elle fit perdre le leur au couple qui dirigeait les fouilles à Ur, Leonard et surtout, Katharine Woolley, un « personnage extraordinaire » qu'on aimait ou qu'on détestait, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle fut traitée comme un hôte de marque. Car Katharine était enthousiasmée par le meurtre de Roger Ackroyd.

Elle n'était pas la seule. Ce livre fut longtemps le plus grand succès d'Agatha Christie, qui confesse : « Là, j'avais trouvé une bonne formule » (c'est le moins que l'on puisse dire), s'empressant d'ajouter :
« Je la dois en partie à mon beau-frère James qui avait dit d'un air maussade, quelques années auparavant : – Maintenant, tout le monde peut se révéler coupable, dans un roman policier, même le détective. Moi, ce que j'aimerais, c'est un Watson coupable. »
Loué soit le beau-frère James.
Loué soit également Lord Mountbatten qui lui écrivit un jour pour lui demander si elle pourrait envisager une histoire dont le narrateur serait l'assassin.

Comment celle qui fut profondément marquée, dans son enfance, par la lecture de Sherlock Holmes, de Arsène Lupin et du « Mystère de la chambre jaune » (et moi, donc), décida un jour d'écrire un roman policier ? Comment est né Hercule Poirot, « petit homme tiré à quatre épingles, aimant les choses qui vont par paires, carrées plutôt que rondes, très intelligent, qui ferait travailler ses petites cellules grises », puis Miss Marple et son « don de double vue »? Vous le découvrirez en lisant ce livre, et bien d'autres choses encore. Ne comptez pas sur elle, en revanche, pour vous parler du vif et précoce succès remporté par ses livres. Sans doute serait-elle extrêmement surprise par l'incroyable postérité de son oeuvre, abasourdie d'apprendre qu'aujourd'hui, elle est l'écrivain de fiction le plus lu au monde, avec plus de 2 milliards de livres vendus (!). Ce dont je suis à peu près sûre, c'est qu'elle n'en retirerait aucune espèce de fierté. Celle qui aurait rêvé d'avoir la plume d'Elizabeth Bowen ou de Graham Greene, était bien trop lucide pour tirer fierté de quoi que ce soit.

« « Sois bon mécanicien si tu ne sais pas conduire le train. » Il n'y a jamais eu meilleure devise de vie et je crois que je l'ai faite mienne. »
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Cela fait quinze jours que nous avons rendez-vous, toutes les deux à divers moments de la journée, je le sais, tu aurais sûrement préféré que je te consacre plus de temps mais que veux-tu: c'est charrette en ce moment, il faut boucler l'année mais je n'ai pas ton talent, je ne sais pas finir mon travail comme toi tu aurais bouclé tes valises en deux coups de cuillère à pot.
Agatha, tu es une coquine car en toi a toujours survécu la petite fille que tu fus et dont tu nous parles si bien dans ton autobiographie.
Tu n'as jamais mis les pieds dans une école et pourtant tu as su lire avant six ans toute seule car ta mère ne s'était pas empressée de t'instruire comme tes deux aînés: elle a voulu te laisser du temps et moralité, toi qui t'es toujours plainte de ta lenteur on peut dire que dans ce domaine tu fus précoce.
Qu'est-ce qui t'a décidée à écrire des romans policiers?
L'exemple de tes prédécesseurs, tu parles de Gaston Leroux et de son Rouletabille,d'Arsène Lupin mais sous ta plume naîtront un gros détective belge d'un certain âge Hercule Poirot et une vieille fille pleine de sagacité LA Miss Marple.
Tu invoques aussi la nécessité de gagner ta vie après que ton Archie Christie t'ait fait faux bond. Mais celui-ci t'a laissé un beau fruit: la petite Rosalind prunelle de tes yeux que tu laisseras pourtant en pension pour faire tes beaux voyages à bord de l'orient express.
Ces voyages vers l'orient te permettront de trouver ton chevalier servant le beau Max qui fut séduit par ta capacité à t'endormir dans les pires circonstances et à te pas te laisser abattre même par le "coup de la panne" en plein désert! En tous cas entre vous pas besoin de recoller les bouts, les fouilles, la céramique, l'amour de l'archéologie seront le ciment de votre amour.
Ton histoire s'achève bien avant la fin de ta vie, tu avais la conviction que plus rien ne se passerait après tes 75 ans tu dis que maintenant tu vis "en sursis"!
Élégante amie je vais reprendre tes mots pour finir: "J'ai toujours admiré les Esquimaux. Un jour arrive où l'on prépare un délicieux repas pour la vieille maman, puis elle s'en va sur la banquise- et ne revient jamais..." Nous sommes en 1965 et tu ne le sais pas, il te reste plus de dix ans à vivre et à écrire, écrire écrire... pour quitter la scène peu après ton cher Hercule Poirot!
Un ouvrage qui donne envie de lire ou de relire l'oeuvre de cette grande Dame!
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"On se demande d'où viennent ces élans - ceux qui s'imposent à vous. Je me dis parfois que c'est dans ces moments qu'on se sent le plus près de Dieu, car il vous est donné d'éprouver un peu de la joie de la création pure, de faire quelque chose qui n'est pas vous-même. Vous êtes un peu à l'image du Tout-Puissant au septième jour, lorsque vous constatez que ce que vous avez fait est bien. (p609)"

Qui était vraiment Agatha Christie ? La reine du mystère se dévoile dans cette autobiographie écrite de 1950 à 1965 et publiée en 1977, après son décès en Janvier 1976, enfin elle se dévoile je devrai plutôt dire qu'elle ne dit que ce qu'elle a envie de porter à notre connaissance car elle gardera pour elle au moins une réponse : celle de la raison de sa disparition après la mort de sa mère, Clara, et la trahison de son premier mari, Archie. Mais ne faisons pas la fine bouche, elle nous offre, dans cette autobiographie qui se lit comme un roman, beaucoup et je dois avouer que j'ai découvert une femme particulièrement sympathique.

Une enfance heureuse, choyée voire privilégiée auprès de ses parents, Frédérick (américain) et Clara (britannique) Miller, ayant un amour immense pour son père qu'elle perdra à l'âge de 11 ans et qui marquera la fin d'une époque, celle où l'argent ne se comptait pas. Elle était la cadette des trois enfants : l'ont précédés Madge et Monty. La maison de son enfance, Ashfield, restera son lieu privilégié de résidence et de coeur et elle gardera toute sa vie le goût des maisons, des déménagements et de la décoration.

Elle s'étend longuement sur son enfance et l'on ressent tout le bonheur de celle-ci, égrainant de nombreux souvenirs liés à ses jeux, son éducation, ses lectures, le personnel employé à l'entretien de la demeure. Puis elle évoque ses deux mariages : le premier avec Archie Christie, rencontré alors qu'elle n'était qu'une enfant et dont elle eut une fille, Rosalind, le second avec Max Mallowan, archéologue avec lequel elle participa à de nombreuses campagnes de fouilles principalement au Moyen-Orient qui lui permettaient d'assouvir son attrait pour les voyages mais également pour le dépaysement que lui offraient les paysages et civilisations.

Je dois avouer que j'ai été surprise par la qualité de la narration, alternant dialogues et souvenirs, la multitude de détails
donnés mais également sur certaines prises de position ou réflexions que ce soit sur son travail d'écriture mais également sur l'amitié, les femmes ou même son opinion sur sa vision du traitement à appliquer aux criminels.

"Sans férocité, sans cruauté, sans une totale absence de pitié, l'homme aurait peut-être cessé d'exister : il aurait été rapidement balayé de la surface de la Terre. L'homme mauvais d'aujourd'hui est peut-être le héros du passé. Seulement s'il était nécessaire à l'époque, il ne l'est plus de nos jours : il est maintenant devenu un danger pour l'humanité. (p535)"

Elle se révèle comme une femme à la fois sensible mais déterminée, ironique, sélective et fidèle dans ses amitiés, observatrice de ce qui l'entoure, relevant de détails (noms, lieux etc....) pour s'en servir afin de construire ses romans, pièces de théâtre et nouvelles. Une femme curieuse de tout et en particulier des arts : elle adorait chanter, jouer du piano, à tenter le dessin et la sculpture mais avoue n'avoir que peu d'aptitudes dans ces domaines. Son poste d'infirmière durant la première guerre mondiale lui permit de manipuler des substances pouvant se révéler des poisons, devenant une spécialiste de celles-ci et que l'on retrouvera dans nombre de ses romans.

Bien sûr elle évoque son travail d'écrivaine, les règles qu'elle s'imposait pour la rédaction de ses romans, la vitesse à laquelle elle les rédigeait  (mais la présence de bonnes, nurse etc... aide), ses lieux d'écriture (n'importe où du moment qu'il y avait une table, une chaise) sans oublier de glisser ici ou là ses conseils pour devenir un écrivain à succès :

"Le seul reproche que je saurais faire à un écrivain en herbe serait de ne pas avoir calibré son produit en fonction du marché (...) Si vous étiez menuisier, il serait ridicule de fabriquer une chaise dont le siège se trouverait à un mètre cinquante du sol : ce n'est pas ce que les gens veulent pour s'asseoir. (p404)"

Mais elle ne s'est pas contentée d'une vie de femme, de mère, d'écrivaine : elle fut également une voyageuse infatigable, exploratrice-archéologue  se passionnant dans les fouilles au Moyen-Orient, passion dont qu'elle partageait avec Max.

Une autobiographie qui se lit comme un roman, certes un peu long (650 grandes pages) mais mon attention ne s'est jamais relâchée (à la différence de mes bras qui pliaient parfois sous le poids du livre) tellement elle possède l'art de la narration, restituant les dialogues et anecdotes amenant parfois des pensées plus intimes ou réflexions personnelles parfois teintées d'humour.

"Il n'est pas bon de se prendre dès le départ pour un génie-né - ils sont très rares -. Non, nous sommes des artisans, les artisans d'un commerce fort honorable. Il faut apprendre les techniques, et là, dans le cadre de ce commerce, vous pourrez appliquer vos propres idées créatrices. Tout en vous soumettant à la disciple de la forme. (p404")

Certes c'est une autobiographie et elle s'est peut-être dresser un portrait flatteur mais finalement j'ai beaucoup aimé cette dame, so british, très moderne, n'écoutant que son goût dès l'enfance pour l'aventure, courant parfois après l'argent et trouvant la solution en écrivant vite fait un roman pour le faire entrer, aimant sa fille mais n'hésitant pas à l'abandonner entre des mains familiales ou domestiques pour courir le monde. Elle s'est servi de toutes ses passions pour bâtir ses romans : ses voyages dans l'Orient-Express, le Moyen-Orient, les poisons, les maisons. J'ai aimé ce ton, sans fard, vivant, abordant toutes les facettes de sa vie, avouant sa timidité dont elle n'a jamais pu se libérer et qui rendait ses prises de parole en public difficiles.

J'ai lu nombre de ses romans dans mon adolescence, les enchaînant les uns après les autres, étant à chaque fois admirative de la manière dont elle avait retenue mon attention, avait fait frissonner n'ayant parfois qu'une envie la retrouver, elle et la fluidité de son écriture sans parler de la résolution des énigmes qui me laissait sans voix.... Je pensais à chaque fois avoir trouvé la solution et à chaque fois c'était elle qui détenait le trousseau des clés. 

J'ai beaucoup aimé et j'ai ressorti ma collection de recueils de ses romans achetés dans une brocante et comme pour d'autres auteur(e)s (Jane Austen par exemple) je les lirai dans l'ordre de leur écriture maintenant que je connais pour certains la petite "cuisine" de la reine du mystère et des énigmes.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Le mot “une” voudrait-il indiquer qu'Agatha Christie aurait pu choisir de relater d'autres pans de sa vie ? Le doute me reste à l'esprit, parvenu à la fin de cette vaste autobiographie bien composée, maîtrisée mais un peu terne, où l'auteure reste trop souvent à la surface de choses.

Je me réjouissais d'en apprendre un peu plus sur elle car je dois dire que j'ignorais tout de sa vie, à l'exception de sa fameuse fugue sur laquelle tant d'articles de journaux, et même des fictions, ont été écrits. Les spéculations ont pu continuer car elle n'aborde même pas cet épisode !
Pour autant elle a rempli tout à fait le contrat implicite avec un lecteur de biographie : faire un retour sur son existence, plus ou moins chronologique. Elle a eu visiblement beaucoup de réticences ou de difficultés à dater précisément les événements qu'elle a choisi de raconter, ce qui est compréhensible au moins pour ses années d'enfance, sur lesquelles elle se révèle prolixe.

Pour quelques pages où elle se livre un peu (ses détestations et ses préférences, son goût pour les voyages, sa francophilie, son expérience d'infirmière pendant la première guerre mondiale) beaucoup d'autres abordent dans le détail des sujets que je juge moins intéressants, et dont pour tout dire je me serais bien passé (au fil du temps la liste complète de ses employés de maison, les bons comme les mauvais, l'énumération elle aussi quasi exhaustive des appartements et maisons qu'elle a occupé avec leur décorations et commodités).

Il lui a fallu beaucoup de temps pour se reconnaître comme écrivaine professionnelle. Alors que le succès était au rendez-vous depuis des années elle préférait encore se définir comme mère au foyer. L'échec de son premier mariage a sûrement été un traumatisme majeur dans sa vie, mais elle ne s'appesantit guère sur ces années difficiles.

Elle semble avoir rencontré plus de satisfactions dans son second mariage, qui l'a amené à se prendre de passion pour les fouilles archéologiques de son mari en Mésopotamie. Il y a dans cette autobiographie de très belles pages sur les voyages et les campagnes de fouille qu'ils ont fait ensemble.

J'attendais aussi des révélations sur son oeuvre. Et là aussi je reste sur ma faim. le lecteur potentiel de cette autobiographie doit savoir que les anecdotes amusantes y sont rares, ses rapports avec ses concurrent(e)s écrivain(e)s carrément ignorés. Elle est plus diserte sur ses rapports avec les comédiens, notamment ceux qui ont joué dans ses pièces de théâtre.

Agatha Christie ne m'a pas donné l'image d'avoir été une femme timorée, ou hésitante, dans bien des domaines (elle a été une des premières à voler dans un aéroplane, à une époque où ils s'écrasaient souvent). Je ne peux donc que regretter que son autobiographie reste si corsetée.
En filigrane s'y révèlent ses préjugés, fruits d'une éducation victorienne. Certaines considérations donnent d'elle l'image d'une femme fort peu sympathique…

Mais cette autobiographie reste l'unique référence de sa main puis qu'elle ne semble pas avoir tenu de journal. Achevée en 1965 elle n'a pourtant été publiée qu'en 1977, un an après sa mort. Pour cela elle mérite amplement d'être lue.

#UneAutobiographie #NetGalleyFrance
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L'envie lui est venue un jour de raconter sa vie, au fil de ses souvenirs, sans contrainte de dates et au gré de ses envies.

A la lecture de cette autobiographie, j'ai pris conscience de qui était Agatha : une petite fille née à l'époque victorienne, dans une famille fortunée, libre de ses mouvements et libre de laisser cours à son imagination déjà trépidante. C'est une femme qui a également connu les deux guerres, la perte d'êtres chers très tôt. Une femme qui a aussi connu l'amour et le divorce, une femme qui a su, enfin, rester libre.
Elle nous fait part de ses souvenirs, mais aussi de ses réflexions et de ses convictions. L'écriture de ses romans y tient finalement peu de place dans le récit : elle s'attache plus à sa vie personnelle, à ses voyages et ses rencontres, même si elle nous parle avec bonheur de la naissance d'Hercule Poirot ou de Miss Marple.

C'est un récit très intéressant, plein de tendresse et d'humour, que nous livre Agatha Christie. Une belle relecture
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Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
Il y a des gens qui se produisent mieux en public qu'en privé. Et puis il y en a pour lesquels c'est exactement le contraire. J'appartenais à cette dernière catégorie. Il est évident que j'ai choisi la bonne carrière. Ce qui est merveilleux, quand on est écrivain, c'est qu'on peut travailler chez soi et au moment qui vous convient. Même si c'est parfois un véritable casse-tête, si vous devenez folle à force d'essayer de donner à votre intrigue une direction où vous savez qu'elle peut et doit aller, au moins n'avez-vous pas à vous montrer et à vous rendre ridicule devant tout le monde.
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Il m'a toujours été difficile de trouver les mots pour m'exprimer. "Agatha est tellement lente! " s'écriait toute la famille. Ce n'est que vers 20 ans que je compris que les exigences de la famille en la matière étaient très élevées, et que, en fait, j'étais tout aussi vive sinon plus que la moyenne.
Les difficultés à parler, je les aurais néanmoins toujours. C'est sans doute l'une des raisons qui m'ont fait devenir écrivain .
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J'aurais dû savoir à ce moment-là , que, quand un homme prend des airs de mouton dépressif, qu'il paraît complètement dans la lune, ahuri et incapable de comprendre ce que vous lui dites, c'est, pour parler vulgairement, qu'il en pince pour vous.
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Agatha Christie évoque la maison de son enfance à Ashfield:
Je ne pouvais même pas retrouver l'emplacement exact où la maison s'était dressée. C'est alors que je vis le seul indice : les restes insolents d'un araucaria qui luttait pour subsister au fond d'une cour encombrée.
-Brave araucaria lui dis-je avant de tourner les talons.
Petit clin d'oeil à notre chère Araucaria...
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Il y a des gens qui se produisent mieux en public qu'en privé. Et puis il y en a pour lesquels c'est exactement le contraire. J'appartenais à cette dernière catégorie. Il est évident que j'ai choisi la bonne carrière. Ce qui est merveilleux, quand on est écrivain, c'est qu'on peut travailler chez soi et au moment qui vous convient. Même si c'est parfois un véritable casse-tête, si vous devenez folle à force d'essayer de donner à votre intrigue une direction où vous savez qu'elle peut et doit aller, au moins n'avez-vous pas à vous montrer et à vous rendre ridicule devant tout le monde.
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