Une vision de l'homme, voilà ce que propose Gary dans ce recueil. Un homme courageux, un surhumain dans le sens le plus noble de la vision Nietzschéenne (j'écris ça n'importe comment).
Pour ceux que l'idéal n'effraie pas, même s'il se combine parfois à une misanthropie pour le troupeau humain.
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superbe livre qui semble ecrit aujourd hui tant il est d actualite.A lire et a relire pour mieux comprendre notre monde de fous. Tres camusien.
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Romain Gary : le rebelle indomptable.
Je suis a priori contre tous ceux qui croient avoir absolument raison. […] Je suis contre tous les systèmes politiques qui croient détenir le monopole de la vérité. Je suis contre tous les monopoles idéologiques. […] Je vomis toutes les vérités absolues et leurs applications totales. Prenez une vérité, levez-la prudemment à hauteur d'homme, voyez qui elle frappe, qui elle tue, qu'est-ce qu'elle épargne, qu'est-ce qu'elle rejette, sentez-la longuement, voyez si ça ne sent pas le cadavre, goûtez en gardant un bon moment sur la langue – mais soyez toujours prêts à recracher immédiatement. C'est cela, la démocratie. C'est le droit de recracher.
L'Affaire homme de Romain Gary.
La clé de l'affaire, c'est la contradiction constante, quotidienne entre les aspirations des peuples et ce qu'elles deviennent lorsqu'elles sont évoquées aux Nations Unies. Tout devient discours. Tout devient mots. Tout devient figure de style. Je l'ai dit dans la pièce : "Les larmes elles-mêmes, la faim, la souffrance deviennent de la rhétorique, et il faut avoir une dose de cynisme extraordinaire pour pouvoir assister à ces exercices de voltige sans être profondément écœuré.
Je n'ai pas besoin de souligner la contradiction flagrante et légèrement monstrueuse qui existe entre les principes les plus élevés évoqués à l'ONU, cette espèce, si je puis m'exprimer ainsi, de coursier tout blanc de l'idéalisme que n'importe quel délégué enfourche à la tribune, et la bête obscure et noire qu'il chevauche dans son propre pays. Lorsqu'on observe ce spectacle de près pendant des années, ça devient particulièrement révoltant.
Aussi longtemps que des phares de la pensée humaine prétendront au monopole de la lumière, il ne saurait y avoir que des successions d'éclairs de lumière et de ténèbres, de foi et de désillusion, d'excès dans la croyance et dans la démystification, de fanatisme et de retrait, de croisades sanguinaires suivies d'une haine du mot même de "foi", de dévouement total puis de nausée totale, le genre d'amoralisme qui vient d'une morale trop rigide, puis à nouveau le genre de morale rigide qui procède d'une excès d'amoralisme.
Dire le fond de sa pensée sans prendre en considération la difficulté d'être un homme, notre manque de talent, nos luttes, nos illusions, nos insuffisances et nos fragilités, lâcher une vérité cruelle quand rien d'essentiel n'est en jeu relève simplement du fanatisme et de l'intolérance. Après tout, si l'humanité devait savoir toute la vérité sur elle, peut-être se désintégrerait-elle pour mourir d'horreur et de désespoir.
Je suis a priori contre tous ceux qui croient avoir absolument raison. Je suis contre tous les systèmes politiques qui croient détenir le monopole de la vérité. Je suis contre tous les monopoles idéologiques
CHIEN BLANC - film - Bande Annonce (2024), adaptation du roman "Chien blanc" (1970) de Romain Gary