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EAN : 9782070375240
Gallimard (24/01/1984)
3.82/5   36 notes
Résumé :
Spetsai, une île proche d'Hydra, au large du Péloponnèse, rassemble dans son port, sur ses collines et chez ses habitants les envoûtements de la Grèce.

Avant de s'y fixer pour plusieurs années, Michel Déon y a passé six mois comme à un balcon, goûtant aux heures du jour et de la nuit, découvrant les charmes, les tristesses, les gaietés, les amitiés et les allégresses d'une existence en marge du monde

. "Le Balcon de Spetsai" est le réc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le balcon de Spetsai / Michel Déon/Académie Française
Nous sommes en janvier 1960 : Michel Déon découvre la Grèce et en particulier l'île de Spetsai proche d'Hydra, au large de l'est du Péloponnèse, une île qui rassemble dans son port, sur ses collines et chez ses habitants les envoûtements de la Grèce. Avant de s'y fixer pour plusieurs années, Michel Déon y passe six mois comme à un balcon, goûtant aux heures du jour et de la nuit, découvrant les charmes, les tristesses, les gaietés, les amitiés et les allégresses d'une existence en marge du monde. le Balcon de Spetsai est le récit de la première rencontre avec une Grèce quotidienne dont la morale exquise et salutaire est inimitable.
On fait vite connaissance de ses amis dont Spiro à qui la pauvreté a donné une âme de seigneur. L'âme grecque a depuis longtemps gagné l'auteur et quelques livres de Kazantsaki ne le quittent plus.
L'arrivée de la célèbre Maïa sur son cotre vient perturber agréablement la quiétude des lieux. Front droit, lèvres fortes, pommettes saillantes, c'est une amazone pleine d'assurance qui s'introduit dans les groupe d'amis, une femme qui appartient à ce genre d'interlocuteur qui mène seul une conversation à deux !
le Grec a le sentiment inné d'être le chainon d'une race exceptionnelle forgée par des siècles d'incroyables grandeurs et des siècles d'atroces misères. Par ailleurs, l'auteur durant les six mois de son séjour est séduit dans ces années 60 par la profondeur et la vérité des sentiments du peuple grec, le don généreux de soi, et dans l'affection et l'attachement, la gravité tempérée par le sourire et la légèreté. » (Vingt ans plus tard, les choses auront changé… quand une faune étrangère, essentiellement féminine, court vêtue, apparemment affamée d'amour, a singulièrement déluré la jeunesse autochtone. Spetsai découvrit alors la prospérité et ne s'en accommoda pas toujours bien…)
C'est ensuite le voyage vers Athènes et l'extase à Épidaure : « du haut des gradins, l'homme écrase l'homme, le domine et l'étreint, ne lui laisse pour jouer qu'une demi lune de marbre à dos et à ciel ouvert…et le théâtre d'Épidaure, taillé dans un porphyre dont le couchant ravive les roses, commande à un paysage immuable qu'à vue d'oeil rien ne semble avoir déparé depuis des siècles…Il semble que la pierre vive et garde encore la tiédeur des spectateurs pressés sur les gradins, que le grand coquillage renversé comme une coquille Saint Jacques contre la colline, renverra les échos des rires qui saluaient Aristophane. »
On admire le style de Déon tout au long de ce récit de voyage qui se révèle être en fait une véritable immersion au coeur de la Grèce et de sa mythologie.
« À nos pieds, la plaine d'Argos, découpées en rectangles rouges et verts, fume au soleil…Le cadavre d'Agamemnon s'imagine sur une dalle froide qui fige la mare de sang tandis que le tonnerre roule dans les cieux et que la pluie crépite dans le silence angoissé de Mycènes pressentant toutes les calamités du monde. »
Que ce soit dans la cité antique de Mycènes entourée de ses fortifications et de ses murailles cyclopéennes vieilles de 40 siècles ou à Nauplie et Tyrinthe, l'auteur est fasciné et littéralement obnubilé par la fabuleuse Antiquité dont d'ailleurs le Grec est pétri sans le savoir. Quand devant les ruines on réalise qu'aux Thermopyles, Léonidas n'avait que 300 hommes pour arrêter l'armée de Xerxès et à Marathon, Milthiade défit à un contre deux les hordes de Darius, on ne peut qu'être transporté et rêver au courage et à la noblesse des hommes mythiques. le désastre plus tard est venu de Rome et la chute de Byzance…
M. Déon ne fait pas que de belles découvertes et en toute honnêteté il déplore la tristesse de Missolonghi et de Thèbes surtout quand il songe au destin funeste de Lord Byron.
La visite à Spetsai de son ami l'écrivain Jacques Chardonne est un haut moment de ce récit tout autant que celle Maïa sur son cotre, une femme hors du commun et celle du conteur Katsimbalis.
La visite du Péloponnèse rappelle à l'auteur la résistance des Lacédémoniens mourant de soif à Sphaghia face aux troupes de Démosthène et Cléon. À Mavromati, il songe face au théâtre qu'en des temps très anciens « des hommes vivaient là, priaient les dieux des temples dont les soubassements indiquent qu'ils furent grands, assistaient au spectacle face à un panorama sublime, buvaient l'eau de cette source amenée par un aqueduc dont on se sert encore. Ces hommes vivaient là parvenus à un degré de civilisation dont les survivants, 24 siècles plus tard ont perdu non seulement tout désir, mais toute idée. Car au-dessus de Mavromati n'est plus qu'un village montagnard encombré de fumier, se défaisant dans sa misère. Symbole à cette minute tragique où le ciel tombe sur la montagne et dissimule le monastère de Vourcano, de la mortalité des civilisations. Entre ce qui fut et ce qui est, un monde a disparu à jamais. »
M.Déon aborde plus loin la question du pillage des ruines notamment par des vandales anglais pour les revendre à des musées étrangers où les plaques de frise et les métopes s'entassent de façon totalement inesthétique et absurde. Il s'élève conter cette forme de piraterie dont notamment le site de Bassae a été l'objet.
Dans deux postfaces, l'une ajoutée en 1972 l'autre en 1984, Michel Déon avec nostalgie regrette le changement opéré par le tourisme de masse et le bruit des voitures et des camions qui ont envahi Spetsai…
En 1987 et 1988, Miche Déon retourne encore une fois dans ce pays qu'il aime tant, mais c'est alors une Grèce déroutante et désolante qui l'accueille, « un corps malade et pustuleux, une sorte de dégueuloir où s'entasse le rebut d'un pays qui casse à peu près tout ce qu'il touche » comme il dit. Cette île qui fut si blanche et si paisible, il ne la reconnait plus. Elle est devenue une horreur, une insulte à la beauté avec la complicité des promoteurs et des planificateurs qui construisent n'importe quoi où bon leur semble. Déon se demande si ce n'est pas la dernière fois qu'il voit Spetsai ; quoiqu'il soit toujours aussi émerveillé par la lumière de septembre, il est épouvanté par les atrocités qu'on fait subir au paysage.
La dernière partie intitulée « Spetsai revisitée » résonne comme un poignant adieu à la Grèce saccagée et l'auteur y exprime sa souffrance devant l'irrémédiable victoire du vulgaire.
Un très beau livre qui accompagné du Rendez-vous de Patmos constitue un ensemble intitulé « Pages Grecques », un récit de voyages qui m'a enthousiasmé quand je comprends que j'ai eu la chance de parcourir ce pays et surtout les iles du Dodécanèse dans les années 60 où la beauté était encore omniprésente en Grèce.
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Alors que je referme "Le balcon de Spetsai" de Michel Déon je débarque sur l'île du golfe Saronique en Grèce appelée désormais Spetses. C'est un peu fait exprès parce que cette lecture de vacances est le journal de l'académicien qu'il a tenu durant son premier séjour de six mois en 1960 sur l'île dont il fait le récit. Pas si bien que je le pensais mais d'un grand intérêt quand on est sur place car il sait parfaitement décrire les ambiances et les personnes. Mon carnet de voyage sera loin d'avoir sa qualité littéraire mais c'est le mien.

Michel Déon dit que ce livre est un premier coup d'oeil jeté du balcon de Spetsai à ce monde auquel il s'est senti vite accordé, un coup d'oeil qu'il admet volontiers un peu exalté par la nouveauté de la découverte.
Les moments les plus intéressants sont ceux partagés avec les habitants, l'ami pauvre Spiro qui parle un peu le français, la cuisinière Elefteria, le petit macédonien Vangeli, la dentiste Despinis Matina. S'il assiste au mariage de Yannis ou autres cérémonies sur l'île, il se rend souvent dans le péloponnèse. Il monte à dos de mulets jusqu'au Karakas où il a l'occasion d'écouter un orchestre de bouzoukia. Il en profite pour évoquer le pillage d'antiquités sur les sites grecs des anglais qui les exposent dans les musées de Londres.

Évidemment, il parle aussi beaucoup de littérature d'abord avec la lecture des auteurs grecs qui ont une certaine résonance puisque Michel Déon est sur place : Nikos Kazantsakis, Georges Katsimbalis ou le poète Georges Séféris (qui sera le premier grec lauréat du prix Nobel de littérature trois ans plus tard).
Quand il reçoit l'écrivain français Jacques Chardonne c'est beaucoup moins intéressant. Chardonne est assez désagréable et ses critiques sont à la hauteur des privilèges d'avoir des domestiques et autres avantages. Comme Michel Déon, il ne semble pas en avoir conscience.
D'ailleurs, ils préfèrent boire du Résiné ou de l'Ouzo plutôt que de s'intéresser à l'histoire récente du pays, préférant penser que le présent se confond avec le passé, des valeurs nationalistes qui rappellent quand même celles de la dictature de Metaxás. Mais peut-être suis-je mauvaise langue.


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Là, plus qu'en aucun endroit du monde, j'ai mûri", déclare Michel Déon. Il parle de la Grèce, bien sur, et plus particulièrement des îles grecques... dont Spetsai. Grand voyageur , mais grec par le coeur, Michel Déon nous livre son expérience à travers ce premier séjour "au balcon de Spetsai", tout en mettant en garde contre l'immobilier agressif qui pourrait bien dénaturer toute chose en Grèce.
Un récit tendre et amer de la part un esthète... Un indispensable pour goûter la délicate léthargie
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le romancier Michel Déon raconte son installation pour six mois dans la petite ile grecque de Spetsai, non loin d'Hydra, au début des années 60. Au menu, paysages grandioses et personnages haut en couleurs, évoqués dans un style limpide et chaleureux. Charmé par les lieux, adopté par les iliens, l'écrivain se sent rapidement chez lui et décide de s'installer dans l'île, où il fait construire une maison pour lui et sa famille. Ce livre se lit très bien et c'est une magnifique introduction à la Grèce moderne, avec de précieux aperçus sur ses mentalités, sa culture et sa littérature. Je recommande sans restriction, notamment à ceux qui comptent visiter les iles grecques.
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Depuis ma lecture de la Bouboulina de Michel de Grèce, j'étais à l'affût d'un livre capable de me faire voyager dans ce pays magnifique. C'est chose faite avec cette jolie promenade aux côtés de Michel Déon, à la plume si poétique. Pendant 6 mois, on suit ce grand voyageur et son épouse, on sent les parfums de la flore locale, on goûte à la cuisine si différente de la notre. Il nous trace le portrait des habitants de ce coin du monde avec leurs qualités et leurs défauts. Bien sûr rien n'est jamais idyllique nulle part et on sent bien que l'auteur n'a pas apprécié certains lieux qu'il juge dénaturé de son essence. Ces passages-là m'ont paru longuets et je commençais à avoir hâte que le voyage se termine. Mais j'ai encore plus envie de voir Spetsaï maintenant.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les moeurs aussi ont quelque peu évolué avec l'apparition d'une certaine aisance.Si l'on en est pas encore aux mariages d'amour,les femmes ont conquis quelques droits. On en voit qui accompagnent leurs maris dans les tavernes le soir.
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Sur les bords de la Méditerranée, le sommeil n'est pas sacré. Il est interrompu sans regrets, repris, abandonné à l'aube. La sieste remédie à ces imperfections de la nuit.
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Ce matin, les cloches de Saint-Nicolas ont, dans un joyeux désordre, fêté la Saint-Vassili. Quand les plus turbulentes se taisent, l'air porte encore longtemps la note fuselée, étirée, de la plus grave.
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Il ne faudrait sans doute pas en conclure trop vite que la Grèce moderne a gardé le visage de la Grèce antique.
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Vidéo de Michel Déon
Des messages portés par les nuages : lettres à des amis Jean d'Ormesson Jean-Luc Barré, Martin Veber Éditions Bouquins
Recueil de lettres reflétant la grande diversité des correspondants de l'écrivain français : Marguerite Duras, Michel Déon, Raymond Aron, Jacques de Lacretelle, Jean-François Brisson, Roger Callois, Jeanne Hersch, Claude Lévi-Strauss, Simone Veil, Michel Debré, entre autres. Un dévoilement des jugements littéraires de l'auteur, de ses admirations, de son intimité et de son engagement d'écrivain. ©Electre 2021
https://www.laprocure.com/messages-portes-nuages-lettres-amis-jean-ormesson/9782221250051.html
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