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EAN : SIE85199_6474
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.43/5   28 notes
Résumé :
M’sieur Francis nous parle d’amour : c’est sans espoir !

La brume qui enveloppe les phrases de Francis Carco n’est pas là pour masquer les choses mais bien pour les montrer dans toute leur vérité. Cette vérité, que par facilité je qualifierais de cruelle (puisque qu’humaine ?), à moins que ce soit l’inverse, prend forme dans un univers typiquement carcosien.

D’abord le décor. Un port belge difficilement identifiable où se succèdent les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je continue, apres "Le quai des brumes", a me promener dans des paysages embrumes et tristes. Ici c'est dans un port belge. Beaucoup de pluie, beaucoup de vent, beaucoup de neige. Plus de neige que de brume. Plus de blanc que de gris, mais je me trompe, car ici aussi la neige a vite fait de se salir, on y a repandu des cendres pour ne pas glisser, elle n'a plus de blanc que le nom ou le souvenir.


Ce sont surtout les personnages qui sont brumeux. Peu d'ames nobles, entourees d'un ramassis de fripouilles, dont une franchement abjecte. Contrairement au Quai des brumes, ici j'ai eu l'impression que l'auteur n'aime pas ses personnages. Ils sont durs et il est dur avec eux. Comme s'il leur disait: Vous qui entrez ici, laissez toute esperance…


L'auteur nous emmene dans les bas-fonds d'une ville portuaire. Une rue de “magasins", de fenetres rouges, ses “dames" et ses proxenetes, ses vendeurs ce drogue a la sauvette (dealers serait anachronique), son chariot friterie, son vendeur ambulant de saucisses, son bar, le Montparnasse, tenu par Feempje, un hollandais ampute d'une main qui seme la terreur avec le crochet en fer qui la remplace.
Des prostituees qui viennent d'ailleurs, poussees par la faim et exploitees par des ruffians qui leur louent des “magasins” en rue qui servent de chambres de passes et leur prennent part ou tout leur benefice. Elles s'epient, elles se jalousent pour tout et rien, elles se disputaillent.
Dans le bar, maquee avec Feempje, Flossie la soularde, un spectre maquille, forcee a un spectacle denigrant, qui finira acculee au suicide par son amant (amant vient d'aimer? alors son haissant).
Et surgi d'un ne sait ou, un petit vieux attife d'une longue pelerine (un pelerin?), au passe somptueux ou il a su aimer romantiquement et etre aime a la folie, qui s'entiche d'une prostituee enigmatique, Geisha. Il est harcele par tous. Il finira par partir.
Pour comble, une epidemie sevit dans la ville et la peur s'installe. Il y a des morts.


Quel roman! Des solitaires deambulant dans une atmosphere affligeante. C'est du noir de noir. Que peut-il se passer qui ne soit deplorable? En fin de roman, apres le drame, le petit vieux montera sur un bateau. Vers ou? Il ne le sait pas lui-meme. Mais il se peut que ce soit le meilleur destin. Un meilleur destin que tous ceux qui restent.


Un roman noir sans concessions. Je l'ai senti d'un certain age. D'une epoque, il me semble, ou la noirceur etait aureolee de romantisme. Mais il est porte par une ecriture, un style, sans aucun age. Seduisant, dans son genre. Encore aujourd'hui. Aujourd'hui comme hier.
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Dans ce livre de Carco, tout se fige, s'immobilise, se met en hibernation...
La glace bloque le port et l'épidémie envahit la ville. Les bateaux ne partent plus ni n'arrivent et les affaires des quartiers louches s'éteignent.
Le froid gagne les coeurs et la mort rôde et frappe.
L' amour n'est qu'un souvenir lointain dont ne subsiste que de vagues fragments (tel une promenade en calèche le long de la mer) ou l'absence d'une main droite stupidement perdue.
Le sordide et le dérisoire emplissent le quotidiens de personnages englués, dépassés.
Au final, tout cela semble morne et corrompu, "trop tard".
Comme peu d'autres, Carco sait faire partager et vivre au lecteur cette désolation si particulière du désastre ordinaire.
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Le quartier miséreux d'un port dans une ville du Nord, des marins en goguette, des filles derrière leurs vitrines, à s'observer et se détester d'un "magasin" à l'autre, à attendre le client en tricotant.
Neige, froid et épidémie.
Ici, pas d'espoir, d'autant plus qu'on ne sait trop quelle maladie, ravage la ville. le port est placé en quarantaine, les habitants doivent se faire vacciner, beaucoup sont fiévreux, certains meurent.

Ici, pas d'amour. Dans ce monde sinistre, poisseux, où errent quelques tristes personnages, il n'y a place que pour le désespoir, les regrets d'une vie gâchée, le lamentable constat d'un quotidien sordide ; ils sont tous en manque d'amour.... d'ailleurs savent-ils même ce qu'est l'amour ? Parfois, ils en rêvent, ils ont cru en recevoir, et même en donner. Mais là, ils n'ont rien et restent à remâcher des regrets ou à espérer vaguement en un possible et lointain futur .... mais si lointain !

Une brochette de pauvres filles, une poignée de souteneurs, quelques franches ordures et des vieillards qui remâchent leur passé tout en observant les bateaux, symboles des voyages qui emmènent vers un ailleurs ces âmes tourmentées, enracinées à leur quotidien désenchanté.

Carco n'y va pas de main morte en dépeignant ce monde sans espoir, dont Simenon s'est certainement inspiré en écrivant ses romans noirs !
"Nous sommes tous entre la vie et la mort, encastrés dans une vaste chaîne, tels un maillon".

Toi qui ouvres ce roman noir, très noir, perds tout espoir d'une vie heureuse et convaincs-toi d'une seule chose : le bonheur n'existe pas. Carco va te le prouver en te l'assénant de façon magistrale !
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François Carcopino-Tusoli, dit Francis Carco, est un écrivain, poète, journaliste et auteur de chansons français d'origine corse, né en 1886 à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) et mort en 1958 à Paris. Il était connu aussi sous le pseudonyme de Jean d'Aiguières. Après la Nouvelle-Calédonie, puis la province, Francis Carco monte à Paris en janvier 1910. Il a 23 ans et commence à fréquenter Montmartre où il croise notamment Pierre Mac Orlan, Maurice Garçon et Roland Dorgelès. Il est aussi l'ami d'Apollinaire, Max Jacob, Maurice Utrillo, Gen Paul, Modigliani et Colette. En 1914, il publie son premier roman, Jésus-la-Caille, histoire d'un proxénète homosexuel, qui est applaudi par Paul Bourget. Son oeuvre est riche d'une centaine de titres, romans, reportages, souvenirs, recueils de poésie, mais aussi pièces de théâtre comme Mon Homme qui lancera la rue de Lappe à la Bastille. Francis Carco a été élu membre de l'Académie Goncourt en 1937. Surnommé « le romancier des Apaches », il réalisa les plus forts tirages d'édition de l'entre-deux-guerres. de son ouvrage, Brumes, paru en 1935, il dira à la fin de sa vie que ce fut son meilleur roman.
Le roman se déroule dans une ville portuaire non citée - mais qu'on peut légitimement supposer être Anvers en Belgique - et plus précisément dans son quartier « rouge », fait de ruelles sombres où alternent troquets louches et vitrines où s'exposent des dames accueillantes. Dans ce petit monde clos, marins, dockers, macs, vendeurs de drogue et autres louches individus au passé trouble, sont une faune de laquelle Carco va extraire les principaux acteurs de ce roman.
Il y a tout d'abord Feempje, le Hollandais brutal, dont une main est remplacée par un crochet de métal, il tient le Montparnasse, un bar où tous se croisent. Flossie, jeune mais déjà décatie tient la place peu enviable de serveuse et de maîtresse, quasi esclave de son patron-tyran, « puisqu'il ne pouvait point chasser cette garce, il prenait plaisir à la châtier dans sa chair… » Citons aussi Geisha, la prostituée, et Adolf Soter, son fiancé Polonais ; François-le-Balafré, un mac pour Lulu-la-Parisienne. Mais qui est ce vieillard, Lionel Poop, qui erre dans le quartier régulièrement, comme attiré par Geisha et que la vieille Koetge, mère maquerelle, semble avoir bien connu autrefois ?
Comme souvent (toujours ?) chez Francis Carco, dans des décors sordides, des marginaux de la société se débattent entre un présent peu reluisant, un passé qu'ils veulent oublier et un futur qui n'existe qu'en rêve. Des semblants de vie, des apparences d'amour, tarifé ou non. L'univers de l'écrivain est sombre, pour ne pas dire noir ; il y a même des morts, certaine suspecte avec une esquisse d'enquête policière. Quant au finale, il ne pouvait que rester dans la tonalité de ce livre, pessimiste et désespéré.
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J'entends en fond sonore "Amsterdam" de Brel...............
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
... mais ces anciennes promenades qu'ils avaient faites, ensemble, au bord de la mer, l'emplissaient de nostalgie. Etait-ce le moutonnement des vagues dont quelques-unes léchaient sans bruit les sabots des chevaux, qui lui communiquaient le sentiment du peu de chose que nous sommes tous sur terre ? Etait-ce la lumière miroitante de ces journées enfuies ou la couleur du ciel, nacrée comme l'intérieur de certains coquillages dont on ne retrouve jamais plus, quant on les examine une fois chez soi, l'éclat et la fraîcheur ?
Page 94
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Ces cadeaux n’entraient point dans le prix que Geisha lui avait fait dès sa première visite : ils représentaient une rémunération supplémentaire. La fille mettait le kimono et les mules pour recevoir Poop. Les châles et les étoffes étalés sur des chaises jetaient dans la boutique des taches de couleurs vives, diaprées, qui prêtaient au décor une sorte de raffinement. Poop aimait voir ses cadeaux étalés autour de lui. Il vint une fois avec une bague, une autre fois avec des pierres précieuses montées en pendentif. Geisha n’y comprenait rien. Elle n’aurait jamais cru le vieillard assez riche pour lui offrir de tels présents, mais elle les acceptait et s’en parait. Alors il se passait en Poop quelque chose d’extraordinaire. Il parlait d’amour à Geisha, lui pressait, lui baisait les mains et, fréquemment, se retirait sans l’avoir prise.
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Video de Francis Carco (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Francis Carco
Arthur Rimbaud, poète maudit par Francis Carco (1951 / France Culture). Illustration : Henri Fantin-Latour, "Un coin de table", 1872 (détail : Paul Verlaine et Arthur Rimbaud). "Jean-Arthur Rimbaud, poète maudit" : une émission de Francis Carco. Diffusion sur France Culture le 1, 8 et 15 mars 1951, et le 3, 5, 12, 19 et 26 avril 1951. Par Francis Carco. Lectures de Jacqueline Morane, Jean Topart, Yvonne Schaeffer, Lucien Paris, Paul Morin, Hubert Prélier et Claude Romain. Réalisation : Albert Riera. Musique : Henry Barraud. Arthur Rimbaud est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville et mort le 10 novembre 1891 à Marseille. Bien que brève, son œuvre poétique est caractérisée par une prodigieuse densité thématique et stylistique, faisant de lui une des figures majeures de la littérature française. Arthur Rimbaud écrit ses premiers poèmes à quinze ans. Après une brève phase d'initiation, par assimilation du style des grands poètes contemporains (Charles Baudelaire, Victor Hugo, Théodore de Banville...), développant déjà une franche originalité dans l'approche de thèmes classiques (« Le Dormeur du val », « Vénus Anadyomène »), il cherche à dépasser ces influences en développant ses propres conceptions théoriques, déclarant que le poète doit se faire « voyant », c'est-à-dire chercher et décrire l'inconnu par delà les perceptions humaines usuelles, quitte à y sacrifier sa propre intégrité mentale ou physique. Dès lors il se met à innover radicalement en matière d'audace formelle, jusqu'à aborder le genre du poème en prose, alors à ses balbutiements (parsemant ses œuvres d'apophtegmes énigmatiques, comme « changer la vie », « posséder la vérité dans une âme et un corps » ou « il faut être absolument moderne », qui seront repris comme des slogans par les poètes du XXe siècle, en particulier le mouvement surréaliste). Il entretient parallèlement une aventure amoureuse tumultueuse avec le poète Paul Verlaine, qui influence profondément son œuvre. Vers l'âge de vingt ans, il renonce subitement à la littérature (n'ayant alors publié qu'un seul ouvrage à compte d'auteur — "Une saison en enfer" — et quelques poèmes épars dans des revues confidentielles), ce qui contribue encore à son mythe. Il se consacre alors dans un premier temps à l'apprentissage de plusieurs langues, puis, mû par ses idées marginales, anti-bourgeoises et libertaires, choisit une vie aventureuse, dont les pérégrinations l'amènent jusqu'en Abyssinie, où il devient négociant (quincaillerie, bazar, vêtements, café, etc.) et explorateur. Sa tentative d'armer Ménélik avec l'aval du Consul de France s'avère désastreuse pour lui ; son unique « trafic d'armes » n'eut véritablement qu'une incidence politique symbolique, mais contribua à sa légende. De cette seconde vie, exotique, les seuls écrits connus consistent en près de 180 lettres (correspondance familiale et professionnelle) et quelques descriptions géographiques. Des poèmes comme « Le Bateau ivre », « Le Dormeur du val » ou « Voyelles » comptent parmi les plus célèbres de la poésie française. La précocité de son génie, sa carrière littéraire fulgurante, sa vie brève et aventureuse, contribuent à forger sa légende et faire de lui l'un des géants de la littérature mondiale.
1 : La naissance, le milieu familial 2 : Charleville, rencontre avec Verlaine 3 : Rimbaud, Verlaine 4 : Verlaine et Rimbaud à Bruxelles et à Londres, "Le bateau ivre" 5 : Verlaine tire sur Rimbaud, retour à Paris 6 : Verlaine, condamné et interné, "Une saison en enfer" 7 : Les trafics d'armes, les "Illuminations" 8 : Les derniers jours à Paris et à Marseille
Sources : France Culture et Wikipédia
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