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Céline Romand-Monnier (Traducteur)
EAN : 9782020837965
252 pages
Seuil (21/10/2005)
3.61/5   90 notes
Résumé :
Petter nous livre son journal intime. Enfant précoce à l'imagination débridée, il a toujours inventé des centaines d'histoires. Devenu adulte, il fait fortune en vendant des idées de romans à des auteurs en manque d'inspiration. Surnommé l'araignée, Petter est un homme méthodique, à tel point que même ses aventures amoureuses sont organisées pour être sans lendemains. Jusqu'au jour où il s'éprend véritablement d'une jeune femme qui lui propose un marché très particu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Petter, le héros et narrateur de ce roman, a une imagination dont la source est intarissable. Et cette source se mue en ruisseau, rivière, fleuve, mer, océan. En effet, son gagne-pain consiste à vendre les fruits de son imagination sous la forme de synopsis à toutes sortes d'écrivains.
Ce roman est donc bien un nouvel opuscule à rajouter à la rangée roman du roman de votre bibliothèque, à côté de Si par une nuit d'hiver un voyageur d'Italo Calvino ou encore Paludes et Les faux-monnayeurs de Gide.
Gaarder, connu et reconnu essentiellement pour son Monde de Sophie, ne surprend pas vraiment dans ce roman où il allie toujours narration romanesque et explications didactiques. Cette fois, il se penche sur la mise en abime du roman du roman. La lecture reste fluide et on parvient sans peine à assimiler les considérations philosophiques qui jalonnent notre lecture.
Mais il me semble qu'il relève la gageure avec moins de brio et d'étincelle que dans son oeuvre phare. Peut-être est-ce dû à la comparaison à son livre-sémaphore et qui ne pourra par la suite que nuire au reste de son oeuvre : comment réitérer l'agréable surprise et le bonheur de lire un livre comme le Monde de Sophie ? Toute lecture d'un nouveau roman de Gaarder n'est-elle pas irrémédiablement destinée à la déception ? A contrario, cette ancienne lecture m'avait tant apporté que je suis enclin à un peu de commisération.
Si maintenant on compare La fille du directeur de cirque au livre de Calvino, la lecture de Gaarder semble bien falote : le thème développé tout le long du roman correspond au plus à un petit chapitre chez Calvino. Et Calvino pousse sa réflexion et le paradoxe bien plus loin.
Si le thème développé ici est plus restreint et moins dense que chez Calvino, il a au moins une étoffe romanesque indiscutable qui le rend agréable à lire. Au difficile jeu d'équilibre entre considérations philosophiques et narration romanesque, Gaarder a très nettement penché d'un côté. A trop vouloir simplifier, ne serait-ce pas devenu simpliste ? Je n'ai pas encore statué … N'est-on pas parfois trop exigeant pour ce qu'on aime ?
Malgré tout, je reste sur une impression finale plutôt positive et recommande cette lecture sans restriction.
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Une fois de plus, Jostein Gaarder ne m'a pas déçue. L'histoire commence de façon très mystérieuse : le héros est en danger. Loin d'être un roman à suspense, La fille du directeur de cirque nous embarque dans la vie du jeune Petter, ce garçon très intelligent à l'imagination débordante dont le cerveau déverse des torrents d'histoires étonnamment bien ficelées pour un enfant de son âge. Peu à peu, Petter nous entraîne dans son monde et nous fait vivre chaque étape de sa vie. Au gré de ses contes, il vit ses premiers émois d'adolescents volage, jusqu'à la rencontre de Maria, celle qui va changer sa vie à tout jamais. Petter devient un écrivain très prolifique mais, ne souhaitant pas publier ses oeuvres, il décide d'en faire un business. Tout porte à croire que c'est ce qui va causer sa perte, mais la fin du roman comporte un rebondissement inattendu, ce que j'ai beaucoup apprécié. J'ai aimé la métaphore de l'Araignée, qui est on ne peut plus représentative du personnage de Petter qui, tout au long de sa vie, s'est appliqué à tisser une gigantesque toile dans laquelle il se retrouve finalement piégé.

Le roman est construit comme des poupées russes : à l'intérieur du récit de Petter s'imbriquent les récits qu'il invente et qu'il raconte autour de lui. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ces petits entractes présentés sous forme de fables. Chacune comporte une petite morale et nous fait réfléchir sur de nombreux aspects de l'être humain. le conte de Panina Manina, la fille du directeur de cirque, revient à quelques reprises, dans des versions différentes, et on comprend vite à quel point c'est l'histoire la plus importante du roman. le style de l'auteur est fluide, tantôt divertissant, tantôt plus sérieux, tendant à interpeller le lecteur. Les personnages sont réalistes et attachants, et la psychologie du héros, quoique parfois subtile, est très bien détaillée. Jostein Gaarder est ici fidèle à lui-même. Bien que ce roman ne soit pas exactement de la même trempe que le monde de Sophie et le mystère de la patience, il nécessite tout de même une lecture à tête reposée et un état d'esprit particulier. En somme, même s'il ne fait pas partie de mes coups de coeur, j'ai aimé La fille du directeur de cirque et je vous le recommande sans hésiter !
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La fille du directeur de cirque a disparu. Kidnappée. Prétendue noyée.
La fille du directeur de cirque, elle a trois ans. N'a plus de maman. Très vite, du père non plus il ne restera rien. Les souvenirs s'estompent. Trompent.
Parce qu'on ne sait plus parfois. Ce qui est souvenir et ce qui est souvenir d'une chose imaginée.

C'est l'une des premières histoires que raconte Petter. Il est un très jeune garçon, la première fois, peut-être quatre ans.
Parce qu'à quatre ans, Petter sait lire et écrire.
Il sait des histoires.
Tellement d'histoires qui vont et viennent dans sa tête, en ébullition constante.
Petter est précoce. HPI. Neuro-atypique. Surdoué.
Dites-le comme vous voulez.

Petter grandit avec un père qu'il voit peu, d'abord une fois par semaine. Puis une fois par mois. Avec une mère comme une princesse ou une sorcière, en tout cas elle est là, elle prend toute la place dans le conte. Toute la place. Avant de mourir.

Parce qu'il n'a jamais voulu être écrivain, Petter les vend, ses ébauches de romans, ses esquisses de théâtre, ses tours et contours d'histoires. Il vend des idées à des auteurs en mal d'imagination. Comme ça qu'il gagne sa vie.

Qu'il la gagne et la dépense.
Il y aura beaucoup de femmes dans sa vie. Pas autant que d'histoires, mais quand même. Puis un jour, il y en aura une.
A ne plus savoir ce qui est souvenir et ce qu'on a imaginé...

J'ai laissé l'auteur me mener, me malmener aussi parfois. Non pas que je m'ennuyais, mais voilà, les choses suivaient leur cours, pas de quoi en faire toute une histoire.
La dernière partie du livre a justifié tout le reste.
Je n'ai pas été surprise, plutôt impressionnée par la construction du roman. Très très bien fait, absolument maîtrisé.
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C'est toujours tellement étrange de se trouver déçu par un auteur sur lequel on croyait pouvoir compter. Jostein Gaarder est l'un de mes conteurs préférés. Il sait tremper son verbe dans l'humour et dans la poésie, façonne des personnages affirmés au coeur d'univers sans compromis d'une inventivité folle. Les voyages auxquels il nous convie ne peuvent être vécus sans lui. Il trace ainsi des routes qu'aucuns n'avait osé imaginer avant lui.

Mais parfois la bonne idée fait plouf.

L'idée qui préside à ce livre est pourtant géniale. Gaarder nous narre les aventures de l'araignée. En fait d'animal à huit pattes, un héros dont l'arme est un imaginaire débordant, sans limites. Il invente des histoires à la pelle, des synopsis en quantité industrielle. Et pourquoi pas, dès lors, en faire profession ? L'araignée est la source intarissable d'inspiration pour les écrivains accomplis, ratés ou en devenir qui, eux, en manquent. Et il vend ses histoires qu'il n'écrira pas. Et il se créé un tissu de liens fins, subtils mais aux mailles de plus en plus serrées. Car chacun de ses clients pense être le seul à bénéficier de ce précieux coup de pouce…

Alléchant. Et pourtant… L'auteur va se sentir obligé d'entraîner son héros dans une aventure amoureuse mélodramatique fleurant bon la sexualité libérée, le post-hippie sur le retour, le tout sans engagement aucun. C'est surfait, puéril et, par moments nauséabonds. du coup ? La fin nous saute aux yeux cent pages trop tôt. Tout cela se trouve finement cousu au câble de chantier. Il n'y a plus anguille sous roche, il y a baleine sous gravillon dans ce bouquin !

A lire pour la forme et la plume, pour les idées qui fusent (autant de synopsis d'histoires qui ne seront jamais racontées alors ?). Se termine aussi vite qu'il se commence pour se refermer avec un soupir, un large soupir.
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Petter nous livre ses mémoires dans un journal personnel des plus intéressants. Enfant asocial, il préfère s'inventer des réalités. D'ailleurs, il possède une imagination débordante. Ainsi, devenu adulte, il devient riche, connu et respecté du monde littéraire. Extrèmement méthodique, il organise autant ses amours que ses affaires. Comme une araignée, il tisse des liens avec de nombreux auteurs en leur vendant des idées, des synopsis, des aphorismes. le temps et la taille de la toile deviendront lentement un piège se refermant sur Petter.

La fille du directeur de cirque nous offre le portrait haut en couleur de cet écrivain si curieux. Roman émaillé de multiples histoires, il vous embarquera dans le monde imaginé d'un homme. Lentement vous sentirez le piège se refermer, le destin réaliser son oeuvre. Il faudra alors suivre le bon fil pour ne pas se perdre… L'univers de Gaarder est captivant. Les personnages sont particuliers, souvent proches de la réalité, mais placés dans des situations qui poussent à la réflexion.

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
"Tu es peut-être un type observateur, mais je crois que tu te connais très mal... D'abord, tu es entré dans la pizzeria avec le Corriere della Sera sous le bras, donc tu étais vraisemblablement italien, et, dans ces contrées, peut-être même quelque chose d'aussi rare qu'un intellectuel. Ensuite, tu t'es assis et tu m'as lancé un regard, ce regard n'en disait pas long, mais il disait en tout cas que tu n'étais pas homosexuel. Tu as commandé une pizza et une bière, donc tu étais peut-être touriste quand même, mais tu maîtrisais manifestement la langue italienne. De nouveau, tu m'as regardée, mais cette fois, je crois que tu t'es contenté de regarder mes pieds et tu as remarqué que je portais des sandales blanches. J'ai trouvé que c'était un détail important, parce que ce n'est pas tous les hommes qui observent les pieds d'une femme, mais toi si, tu as laissé ton regard se poser sur mes pieds, tu as examiné mes sandales, en d'autres termes, tu étais un homme sensuel. Quand tu as ouvert ton journal, tu es tout de suite allé à la section culture, donc tu allais peut-être jusqu'à être une personne qui s'intéresse à la culture. Tu m'as lancé encore un regard, juste une seconde, mais c'était un regard ferme et appuyé. Ce dont tu ne te souviens peut-être pas, c'est que cette fois, j'ai répondu à ton regard.
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De nombreux écrivains en herbe étaient dépourvus d’une chose aussi fondamentale que l’expérience de la vie. C’est un malentendu postmoderne que de croire que l’on peut écrire d’abord et vivre ensuite. Mais beaucoup de jeunes veulent devenir des écrivains avant tout parce qu’ils ont envie de vivre comme des écrivains. Or, c’est là renverser l’ordre des choses. Il faut d’abord vivre et ensuite se demander si l’on a quelque chose à raconter, et c’est la vie même qui en décide. L’écriture est le fruit de la vie. Ce n’est pas la vie qui est le fruit de l’écriture.
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Quand le terrain avait été escarpé ou impraticable, il lui était quelquefois arrivé de me prendre par le bras, parce qu'elle n'avait aux pieds que des sandales, mais lorsque nous passâmes la porte de Pontone, elle glissa son bras dans le mien, et nous entrâmes ainsi sur la piazzeta de Pontone comme un mari et sa femme. C'était facile, c'était comme un jeu joyeux, c'était comme si nous avions trompé le monde entier. Certains ont besoin de nombreuses années pour faire connaissance, mais nous appartenions à un tout autre genre de personnes. nous avions déjà découvert de nombreux raccourcis raffinés nous menant l'un à l'autre. Et nous pouvions donc tous deux nous permettre un ou deux petits secrets.
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De nombreux écrivains en herbe étaient dépourvus d'une chose aussi fondamentale que l'expérience de la vie. C'est un malentendu postmoderne que de croire que l'on peut écrire d'abord et vivre ensuite. Mais beaucoup de jeunes veulent devenir écrivains avant tout parce qu'ils ont envie de vivre comme des écrivains. Or c'est là renverser l'ordre des choses. Il faut d'abord vivre et ensuite se demander si l'on a quelque chose à raconter, et c'est la vie même qui en décide. L'écriture est fruit de la vie. Ce n'est pas la vie qui est fruit de l'écriture.
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Il faut d'abord vivre et ensuite se demander si l'on a quelque chose à raconter, et c'est la vie même qui en décide. L'écriture est le fruit de la vie. Ce n'est pas la vie qui est le fruit de l'écriture.
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Videos de Jostein Gaarder (3) Voir plusAjouter une vidéo
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