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EAN : 9782070387496
280 pages
Gallimard (15/09/1993)
4.07/5   134 notes
Résumé :
Une petit fille, Lucie Daubigné, vit une enfance paisible et heureuse dans un village du Berry, au cœur des landes et des marais peuplés d'oiseaux, d'insectes, de crapauds et de fées invisibles. Les voix des bêtes, du vent et des légendes restées vivantes tissent le chant de la terre. Un chant plein de douceur. Mais le calme bonheur du lieu et de l'enfance est soudain brisé. Un ogre rôde dans le pays, avide de corps de petites filles. La douleur et le deuil se lèven... >Voir plus
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Sylvie Germain et moi aurions dû nous entendre. La trame de ses histoires m'interpelle toujours. le problème ne se situe donc pas dans le fond mais dans la forme. L'écriture de Sylvie Germain évolue au gré d'un rythme qui n'est pas le mien : lorsque je me serais élancée, elle se réduit dans une écriture saccadée, alors qu'elle s'étale au contraire dans les descriptions ou les énumérations de détails parasites lorsque l'instant se présente à moi de manière plus ponctuelle et anecdotique.


Autre chose : Sylvie Germain traite les sentiments d'une manière qui me dérange. Si le talent d'un écrivain se mesure en rapport avec l'extrémité des hérissements –de plaisir, de dégoût ou de colère- qu'il suscite chez son lecteur, alors Sylvie Germain est talentueuse. Dans L'enfant méduse, Sylvie Germain ressasse la misère et ne la dépasse jamais, moins par faiblesse que par fascination morbide. Elle n'est sans doute pas d'accord avec Saint Augustin (« On peut comprendre une douleur mais on ne doit en aimer aucune »). J'accorde qu'on ne pourrait pas traiter la thématique de son livre avec légèreté sans risque de passer soi-même pour quelqu'un de sordide. Mais le problème, c'est qu'il n'y a que cela : la misère, la crasse, sans espoir, comme si la situation ne pouvait jamais n'être qu'inexorable. Michel Houellebecq ne fait pas mieux dans ses Particules élémentaires mais là encore, ce n'est pas comparable car Houellebecq fait preuve d'un cynisme et d'un humour noir qui soulagent alors que Sylvie Germain ne sourit pas une fois et ne semble même pas le vouloir.

C'est normal ? C'est la définition même de la vie ? le renier serait faire preuve de naïveté ? Pas forcément : c'est le point de vue de Sylvie Germain sur la vie, et il me semble réducteur et finalement agaçant. Est-ce une manière d'attirer caresses et réconforts ? Prenons un exemple :


« Aloïse fut opérée. On l'amputa d'un sein. le cancer récidiva. On pratiqua l'ablation du second sein. Cette mutilation réitérée du corps de sa mère se répercuta en Lucie ; celle-ci fut, à mesure du déclin d'Aloïse, amputée de tous ses ressentiments restés coriaces à l'égard de sa mère. La pitié creusait, creusait toujours plus profond en Lucie […]. »


Je ne peux plus lire des textes comme ceux-ci où le pathétique renvoie l'être humain à ce qu'il a de plus désespéré en lui. Pas que je ne le supporte pas, mais je ne le comprends pas. C'est comme ces gâteaux de semoule au lait mous, gluant et flageolants, qui semblent n'attendre qu'une chose : qu'on abatte le poing sur eux pour mettre fin à leur agonie (cette image renverra en revanche à un très bon passage de L'enfant méduse car il y a aussi des morceaux fantasques qui ne prennent pas le pose dans ce livre).


Enfin, je veux signaler que mon avis sur ce livre n'engage évidement que moi : Sylvie Germain est une auteure à l'écriture très poétique, imagée et originale. Je regrette de ne pas réussir à communiquer avec elle mais pour ceux que son écriture ne rebute pas, elle est sans doute une auteure de grand talent.
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Un enchantement !

Enfance, Lumière, Vigiles, Appels et Patiences, cinq tableaux que la légende habille tour à tour en enluminure, sanguine, sépia, fusain et fresque.

Évoquer le style de Sylvie Germain c'est parler de poésie, de descriptions sensationnelles, de la Nature et de ses secrets, des marécage si vides et pleins à la fois...

La puissance de ce roman-fable réside dans cette souveraine beauté qui lace une violence inouïe à la candeur enfantine, qui noue la liberté à l'aliénation. L'entame de l'ouvrage est incroyablement bucolique, si bien que la botanique et le chant des marais n'a plus de secret pour Lucie, la jeune héroïne si pétillante, si joyeuse, la suite si elle reste imprégnée des rumeurs naturelles s'obscurcit si bien qu'on a l'impression de passer de la fantaisie au gothique, de la fée à la sorcière, de la lumière à l'ombre...

Il ne s'agit pourtant pas ici que d'une histoire qui tourne mal mais bien d'une encre qui coule d'une plume pour fuir les brumes de la mémoire, de la lente métamorphose d'un être...

D'une beauté infinie, l'écriture emporte le lecteur dans une palette bigarrée d'émotions

J'n'en dirai pas davantage, j'ai démarré ce livre sans en lire la quatrième de couverture, si bien qu'aucune influence de sujet ne m'a empêchée de jouir pleinement de cette savoureuse experience. Pour moi L'enfant méduse est un grand livre qui mérite de devenir un classique !

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Entre roman, conte et mythe, voici l'histoire de Lucie Daubigné, « l'enfant-méduse ». Petite-fille heureuse et enjouée, Lucie vit dans le Berry, au milieu des marais où la nature est propice à se créer un monde enchanté. Les astres, les oiseaux et les insectes sont son décor favori. Avec son ami Louis-Félix, petit « prince des étoiles », Lucie pétille d'insouciance, celle liée à l'enfance et à la confiance. Mais un jour, la noirceur envahit son monde jusque-là lumineux. Sous les traits de son frère Ferdinand, le « roi soleil » tellement chéri par sa mère Aloïse, l'ogre la prend et la dévore. Il ne la tue pas comme d'autres petites-filles, mais chaque jour pendant trois ans, il revient abuser d'elle. Lucie se tait, n'osant dévoiler son terrible secret. Son cri muet, personne ne l'entend, surtout pas sa mère. Comment d'ailleurs parler de ce crime infâme à une mère qui voit en son fils une copie de son premier mari, mort en héros à la guerre, idôlatré et aimé par-delà la mort ? Alors Lucie élude les questions, se met en retrait des autres, de ses amis, de la vie… Se perdre et se confondre parmi les insectes des marais, prendre leur pose et capter ce regard hypnotique. Se rendre hideuse en coupant ses cheveux, s'affamer pour perdre ses rondeurs d'enfant. de jolie princesse, la petite-fille veut se transformer en crapaud repoussant. A force, l'ogre ne voudra plus d'elle… En vain. Plongée dans les abîmes, Lucie perd toute insouciance et se forme au mal. Après la douleur, vient la haine et la vengeance. Lucie pourra-t-elle se sauver de l'ogre ? Et surtout, pourra-t-elle se sauver d'elle-même ?


Dans une écriture magnifique et poétique, entre conte et réalité, Sylvie Germain nous raconte une histoire, la plus terrible qui soit, l'inceste. A travers une prose magistrale, l'auteur brode un récit inspiré à la fois des contes traditionnels (thème de l'ogre), de la mythologie (le mythe de la Méduse), de l'Ancien Testament (thème de la vengeance) et du Nouveau Testament (thème de la rédemption et du pardon). Chaque chapitre appelé " Légende" est entrecoupé de poèmes en prose. Mais toute cette beauté stylistique est avant tout au service de l'histoire de Lucie, bien « réelle », qui plonge le lecteur dans des méandres de noirceur tout au long du récit.
Nous suivons la petite-fille, personnage central, de l'enfance à l'âge adulte. D'une enfance dorée à l'horreur du tabou, Lucie se transforme. Si l'acte de l'inceste est bien sûr évoqué, on suit essentiellement la transformation psychologique de la petite-fille. Lorsque le chagrin fait place à la haine puis à la vengeance, Lucie a déjà perdu son âme d'enfant. Même la mort de son bourreau ne la soulagera pas et seule la capacité de pleurer lui est restituée. Son secret, ô combien elle n'aurait pas voulu le porter ! Mais il est là, et il la ronge. Si l'ogre est mort, il reste encore les traces de ses mains, de ses baisers volés qui la marqueront au fer rouge pour le reste de ses jours.
Il faudra beaucoup de temps, beaucoup d'errances avant que Lucie puisse revenir vers cette mère qui n'a voulu rien voir. Mais, tel un poison qui coule dans ses veines, son corps d'enfant meurtri reste à jamais lié à sa vie de femme, indéniablement.


J'ai découvert Sylvie Germain avec ce roman envoûtant. Dans la beauté des mots, l'auteur dévoile la noirceur des âmes. Entre onirisme et réalité, l'écriture est splendide. Pourtant, aborder un tel sujet n'est pas simple. Certains préféreront un récit plus "concret", plus sobre. Mais les faits, on les connaît tous, relayés tous les jours dans les sordides faits divers : il s'agit du viol d'un enfant. Comment ensuite mettre des mots sur la souffrance de l'enfant ? A travers ses phrases si particulières, Sylvie Germain a sondé l'âme de Lucie et a donné forme à sa douleur et à sa haine de la manière la plus parfaite qui soit . Moi, j'ai plongé dans son roman et je n'en suis toujours pas revenue. C'est un livre qui reste en moi, un peu comme une révélation.
Si je devais n'en retenir qu'un sur ce sujet, ce serait "L'enfant Méduse".
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L'histoire s'ouvre sur une éclipse. On pressent déjà ce qu'elle aura de symbolique lorsque le regard de Lucie s'assombrit, noirci par un terrible secret. L'ogre est sorti des rêves et s'est emparé de Lucie. L'ogre, c'est son demi-frère Ferdinand. Il a souillé l'enfance, tué l'innocence dans les yeux de la fillette qui subit en silence, se recroqueville, loin des sourires, loin des larmes même. Elle devient agressive, mue par un incommensurable désir de vengeance qui se lit dans son regard. On découvre par plusieurs points de vues, celui de la mère et du père en particulier, comment les adultes, pris dans les filets de leur propre histoire, n'auront rien perçu du terrible drame dans lequel Lucie se débat.
Je me demande encore comment j'ai pu lire cette histoire d'inceste avec autant d'avidité. C'est peut-être parce que Sylvie Germain sait déployer sa prose poétique jusque dans les méandres du tragique. On entre dans la contemplation effarée de l'horreur, comme bercés par les chants indifférents des oiseaux, charmés par le tableau bucolique des ciels de printemps juste avant l'orage. Et c'est peu à peu le choeur lancinant de la souffrance qui prend le dessus, une souffrance emmurée sous la chape de l'incompréhension et du silence. Comme à son habitude, Sylvie Germain y ajoute une pincée de fantastique, reliant la réalité tragique au mythe de Méduse, qui ne fait qu'ajouter de la puissance au récit tout en suggestions.
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Tout commence par une éclipse. La Lune oblitère le Soleil. Et dans une maison au coeur des marais, une vie bascule pour longtemps dans la nuit. Lucie Daubigné a huit ans et toute la vivacité d'une enfant libre et sans peur. Mais voilà que « les pas de l'Ogre, désormais hantent les chemins des alentours, pourtant si paisibles. » (p. 62) L'Ogre aime les petites filles, beaucoup trop. le corps de l'une d'elles crie au monstre, « son cou portait la marque d'une strangulation, son corps portait la trace d'une profanation. » (p. 59) Lucie attire le regard de l'Ogre, mais il ne la tue pas. Il revient, soir après soir, arracher au coeur de l'enfant un peu d'innocence et de pureté. « Elle attend, la petite, que surgisse cet Ogre, ce grand corps de sa haine. Elle attend comme attendent les proies qui ne peuvent s'enfuir, pétrifiées dans leur fatale faiblesse. Depuis longtemps, depuis bien trop longtemps pour son âge, elle vit raidie dans un secret plein de dégoût et de honte, et surtout de terreur. À l'aune de l'enfance le temps de l'enfance est sans limites ni mesures. » (p. 90)

Alors Lucie s'étiole, se durcit, s'enlaidit, se cabre, mais se tait. Sa haine est muette, mais envahit son regard. Ses yeux crient le dégoût et assène un verdict inéluctable. Lucie invoque les insectes, les crapauds, les fées et les saints pour obtenir vengeance. Quand Lucie parvient à vaincre l'Ogre, elle le condamne par son regard. « Et il sent, l'ogre déchu, il sent avec effroi qu'il n'en reviendra pas de ces énormes yeux d'enfant sorcière qui conjuguent la souffrance et la haine, la hideur et la beauté. Un regard de Méduse. » (p. 144) L'ogre figé pour toujours ne peut échapper à sa petite victime qui ne pleure pas. Mais alors que l'ogre endure le prix de son forfait, sa mère hurle de douleur. Car l'ogre a une mère qui ne soupçonne pas la noirceur du coeur de son enfant chéri. La mère devient folle, s'emmure dans une peine exaltée. On lui a pris son fils, son trésor. Mais cet enfant mauvais sait que « son âme est sous la loi des crimes qu'il a commis. Son âme est dans l'effroi. » (p. 175)

À haïr et à se venger comme elle le fait, Lucie ne retrouve pas le goût du bonheur. Les lambeaux de son innocence pour toujours déchirée flottent au vent de la vengeance. Lucie perd la raison et le mal s'étend et se transforme. « La blessure qui lui a été faite trois ans auparavant ne s'est jamais refermée, jamais guérie. Cette plaie de honte et de frayeur s'est enflammée, s'est boursouflée. La colère a pris le relais de la honte, la honte celui de la terreur. Alors la plaie a tout infecté et l'esprit de vengeance s'est déclenché. » (p. 188) Quand l'ogre disparaît, Lucie n'est pas sauvée. Si les larmes lui reviennent, « le goût de la joie lui demeure confisqué. Et pendant longtemps Lucie restera étrangère à la joie ; une exilée parmi les hommes qui tous, par avance, sont entachés du signe de l'ogre. » (p. 258) Lucie est un personnage de nulle part : ni enfant, ni femme, bourreau de son bourreau. Construite sur une dalle fendue, sur un mur friable, son existence est une fuite éperdue vers des contrées où la haine est justice. Sa course folle est sans aucun doute vaine, mais il lui faudra toute une vie pour le comprendre.

Sylvie Germain signe un texte poignant sur l'enfance violée. L'émotion, puissante, n'est pas jamais grossière. le récit, appelé Légende, se mêle d'images, d'instantanés arrachés à l'horreur : ce sont des enluminures, des sanguines, des sépias, des fusains et finalement une fresque. Les couleurs saturent ou palissent dans l'image à mesure que le récit dévoile ses méandres d'horreur. Il y a toujours un peu de fantastique dans les textes de Sylvie Germain, comme une frange discrète ou un liseré incertain. On n'ose jamais plonger dans ce monde-là puisqu'on sait, indéniablement, que ce qu'elle raconte sous couvert de mots d'ailleurs n'est que la vérité trop crue.

Le livre des nuits m'avait charmée, Magnus m'avait laissé une impression puissante. Avec L'enfant Méduse, Sylvie Germain m'a totalement captivée, à se demander comment il est possible de lire avec autant de jubilation un texte qui aborde un tel sujet. La plume de l'auteure allie sensibilité et poésie et un je-ne-sais-quoi du rythme des récits que les troubadours essaimaient de château en château.

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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Dès les premiers jours de printemps, lorsque l'odeur de l'humus, de bois mouillé et d'eau stagnante s'exhale à nouveau, les crapauds émergent de dessous les vieilles souches où ils ont dormi tout l'hiver, et regagnent par bonds les eaux de leur naissance. Les belles eaux glauques des marais, moirées de vase, festonnées de roseaux à panache violâtres, de joncs, d'iris et de myosotis, enguirlandées d'algues et de rameaux de lenticules, et brodées de renoncules blanches, de sagittaires, de nymphéas. Les eaux profondes des marais, _ profondes comme des rêves hantés de fleurs et de plantes onduleuses, d'yeux ronds et fixes scrutant les ombres aqueuses, et de mâchoires, de langues aigües, véloces, toujours à l'affût d'une proie à happer, à croquer, déchiqueter. Les eaux de rêves anciens, sombres et verdâtres, sillonnées de traits et de bulles irisées d'or, de pourpre ou de bleu vif, et qui mêlent le chaud au froid, comme des fièvres. Des eaux mortes qui grouillent d'une vie multiple et violente. Des eaux au ras desquelles veillent les yeux des grenouilles et des crapauds, globuleux et splendides.
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Et de même aime-t-elle les hiboux, les effraies, les chevêches, parce que leurs faces plates ne sont qu’immenses yeux aussi fixes que lumineux. Le jour ils gardent leurs paupières closes, se tiennent impassibles et rigides dans quelque discret trou de muraille ou dans l’ombre des branchages. Mais ils ne dorment pas ; ils aiguisent leur vue sous leurs paupières, ils filent leur propre lumière à l’insu de tous, en cercles de soie orangée autour de leurs prunelles noires. Et à la nuit tombée, ils rouvrent leurs yeux, alliage de lune rousse et de soleil radieux. Alors, comme soulevés par cette clarté superbe montée du fond de leur être, ils gonflent leurs plumes, ils déploient leurs ailes, et prennent en silence leur vol. Des yeux ailés, armés d’un bec et de serres acérés.
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Des abeilles parfois s'assoupissent au creux de cette moiteur dorée. Elles ne rapporteront pas leur butin de suc à la ruche. Couchées, légères, sur le flanc, délicieusement saoules de sucre et de labeur, elles s'endorment sur leurs lits de pistils dans un rêve de miel. Et la mort se replie dans un frisson soyeux autour de leurs corps frêles qui tomberont, plus tard, sur le bois d'une table ou sur un napperon lorsqu'on aura cueilli les roses pour les mettre en bouquets dans les vases. Leurs dépouilles glisseront sans un bruit du cœur des roses fleuries l'été et qui s’effeuillent en automne. Larmes fossiles de lumière, elles brilleront d'un éclat sourd au pied des bouquets de septembre.
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Voilà, c'est ce regard-là qu'elle jette en cette aube d'été à la face de son frère gisant au pied du mur. Ce feu d'ocelle flamboyant de violence. Ce cri de défense longtemps mûri dans la souffrance, la honte. Cette arme de vengeance forgée auprès des bêtes des marais, dans l'abandon et le silence. Cet éclat de justice, de mépris et d'orgueil aiguisé auprès des morts.
C'est ce regard-là qu'elle dresse comme un spectre, un glaive, un éclair, pour foudroyer l'ogre blond. Et lui, renversé sur la terre qui n'en finit toujours pas de tourner à contre-courant du ciel, il voit ces yeux fous. Il voit ce regard accroché entre le ciel et la terre, comme un oiseau de proie, qui s'abat droit sur lui et qui fond sur son coeur pour y planter ses crocs, ses griffes et ses dards. C'est un regard qui siffle, qui grince, et saigne, et qui verse sur lui les larmes des enfants qu'il a jetées en terre. Et il sent, l'ogre déchu, il sent avec effroi qu'il n'en reviendra pas de ces énormes yeux d'enfant sorcière qui conjuguent la souffrance et la haine, la hideur et la beauté. Un regard de Méduse.
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Elle a repoussé tous ses camarades et elle refuse l’affection des adultes. […] Elle se veut seule. Elle y est parvenue, elle a instauré le vide autour d’elle. Elle est Lucie, un point c’est tout, et elle ne tolère plus la moindre familiarité.
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Ce cycle est proposé depuis 2017 par la BIS en partenariat avec la Maison des écrivains et de la littérature (MéL). Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé. Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne".
Saison 5 : Jean Lancri, Gaëlle Obiégly, Sylvie Germain et Michel Simonot
Captation, montage et générique par Corinne Nadal
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