Le Fils naturel - Le Père de famille - Est-il bon ? Est-il méchant ?

Je connaissais les écrits théoriques sur le théâtre de Denis Diderot avec "Entretiens sur le Fils naturel" et "Paradoxe sur le comédien". Mais je n'avais jamais eu le plaisir de lire ses pièces. Les éditions GF Flammarion m'ont donné enfin la possibilité de le faire. Vu le faible engouement éditorial pour le théâtre de Diderot, je ne m'attendais ni au sublime ni au chef-d'oeuvre. le problème n'est pas tant le talent littéraire, que les choix dramaturgiques de Diderot, en complète contradiction avec le reste de son oeuvre. S'il y a un « paradoxe sur le comédien », il y aurait aussi un paradoxe sur le philosophe des Lumières. Dans les trois pièces réunies dans cet ouvrage, Diderot nous inflige une leçon morale de respect des traditions, de pleurnicherie pudibonde et mielleuse. Où est donc l'esprit vif et impertinent de l'auteur de Jacques le Fataliste ? le seul véritable esprit « lumineux » qu'il nous reste, est cette volonté de nouveauté, la recherche de nouvelles voies, Diderot mettant alors en pratique ses écrits théoriques sur le théâtre. Il ne pouvait, en effet, se satisfaire d'imiter les anciens, comme le fit avec succès Voltaire, et tenta vainement de déjouer les attentes de la société de son époque, en insistant sur les aspects visuels de l'art théâtral, comme la mise en scène de tableaux et la pantomime. Mais on sait bien que le grossissement par le jeu des acteurs ne réussit que dans la comédie, puisqu'il permet de mettre en lumière les ridicules d'une situation ou d'une personne. le drame a besoin, au contraire, de retenue, d'intériorité et de simplicité pour atteindre son objectif, émouvoir le spectateur.

"Le Fils naturel" : Bon petit drame bourgeois qui pose des bases intéressantes au sujet d'une réflexion sur la vertu, les méchants et les bons. Un peu trop pathétique à mon goût cependant, mais toute la trame méta-dramaturgique (quasi extra-théâtrale) qui entoure la pièce est assez curieuse et originale pour être saluée.