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EAN : 9782020914383
Points (13/04/2007)
3.94/5   52 notes
Résumé :
Frère François naît à la fin du XIIe siècle, dans une Italie divisée par les guerres, entre les murs d'une petite cité moyenâgeuse : Assise. Il grandit quelques années avant la troisième croisade, à une époque qui, écrit julien Green, hésite entre heur et malheur , comme si elle attendait la venue de quelqu'un . Il connaît l'oisiveté et les plaisirs des jeunes gens riches de son temps. Il rêve de connaître le monde, de devenir grand prince, chevalier. Mais quelqu'un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Frère François m'accompagne dans ma vie personnelle et sociale et je suis rassasiée lorsque je le fréquente particulièrement lors du carême.
Julien Green nous invite à cheminer auprès de ce saint qui reçu les stigmates. J'y ai rencontré un homme de son temps (XIIe siècle-XIIIe siècle). Sa mère l'appela Giovanni. Son père, drapier, de retour de Champagne, l'appela Francesco.
Son père est riche ; et ce premier né, il l'imagine comme son successeur. Durant sa jeunesse, le jeune homme vit en grand seigneur, vêtu des plus belles étoffes. Il fait la fête et rêve de devenir chevalier en armure. En 1200, éclate la guerre entre Assise et Pérouse, les soeurs ennemies. François est fait prisonnier et passe un an dans les geôles de Pérouse. Il y contracte la tuberculose. Il est libéré contre rançon, malade. Mais son rêve de chevalerie ne disparait pas et il part pour la quatrième croisade mais sa route se terminera à Spolète.
"Pourquoi abandonnes-tu le maître pour le serviteur et le prince pour e vassal ? Que veux-tu que je fasse, Seigneur ? Retourne dans le pays qui t'a vu naître et on te dira ce que tu dois faire."
C'est au Mont Subasio, dans une caverne qu'il s'engage dans le chemin tracé pour lui par Dieu jusqu'à cette vieille église en ruine : San Damiano. C'est ici que Dieu lui révèle sa mission. "François répare ma maison."
Rapidement, il est désigné comme le fou de Dieu. Il renonce à sa famille biologique et se dévêtit devant son père, sur la place publique. L'évêque dépose sur ses épaules sa chape pour couvrir sa nudité et l'accueille au sein de l'Eglise catholique. Vêtu pauvrement, vivant pauvrement, François entame sa vie de missionnaire dans sa région puis en Italie convertissant des hommes puis de femmes. Sa fraternité grandit à Notre-Dame-des-Anges puis essaiment dans toutes l'Italie et en Europe jusqu'en Orient.
En ces jours de désordres où l'Eglise avait le goût de la richesse, François opposait la pauvreté évangélique. L'Eglise, cette institution monolithique est malaisée à réformer. Les cardinaux voyaient d'un mauvais oeil ce Poverello. Son bonheur est celui d'aimer Dieu et de se sentir aimé de lui. Il fera une incursion en Orient. A Saint-Jean-D'acre, il rencontre le neveu de Saladin. de retour en Ombrie, il souffre des yeux. Et l'Eglise lui réclame une règle. François comprend tristement que la fraternité vit ses derniers instants ; lui qui ne voulait pas d'un ordre religieux. C'est à La Verna, quelques mois avant sa mort, que François reçoit les stigmates. Il est déjà très affaibli. C'est à la fin de sa vie qu'il entonne le Cantique des créatures. Sorte de testament.
C'est un magnifique témoignage de Julien Green.
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Cette biographie de François d'Assise n'est pas celle d'un historien. Ce n'est pas plus l'hagiographie du Saint dont chacun connaît la renommée. Frère François n'est pas tout à fait un roman non plus, trop proche de son sujet, trop attentif à ne pas trop s'éloigner de la vérité.

Frère François est un portrait sans doute, une légende plus sûrement, au sens que le mot revêtait justement au Moyen Âge de « récit destiné à la lecture ». C'est le récit de la vie que Julien Green nous offre de Giovanni (pour sa mère d'origine française) ou Francesco (pour son père italien).
Ainsi, à La légende des trois compagnons, texte des amis de François (Ange, Rufin et Léon), vient s'ajouter celle de Julien. Green, en effet, nous conte ici moins l'histoire d'un Saint, que celle d'un homme (quoique celui qu'il a « toujours le plus admiré ») ; certes Frère, mais de tous par l'amour de ses prochains auxquels il choisit de se consacrer. Et frère encore, frère peut-être avant tout, en ce qu'il nous ressemble, partage notre condition, nos ambivalences, nos errements, nos fautes même, nos faiblesses… et pourquoi pas nos qualités ?
Non pas, donc, la vie d'un homme extraordinaire ; même si, bien sûr, on mesure, lisant la vie de Fransesco, le destin exceptionnel de ce petit frère (parler de grand homme pour François serait un contre sens), de « cet enfant qui réussit presque à faire triompher l'idéal », de celui qui, parti pour restaurer un sanctuaire délabré, rendit à l'Église (qui se perdait dans ses trois fameuses concupiscences : puissance, savoir, richesse) l'éclat du juste et la noblesse du pauvre (qu'on ne confond pas avec le misérable, qui souffre de ses manques ; le pauvre est celui qui se contente de peu).

Rappeler que François est le frère de tous, n'est-il pas aussi une invitation à penser que, chacun peut l'être à son tour ? Une méditation sur le sens de nos vies pleines de futilité ? Une interrogation sur notre relation à l'autre, encombrée de préjugés ? Ne nous appartient-il pas, une fois initié, de rompre avec la facilité, l'égoïsme, le goût du confort et de la superficialité, de la richesse derrière laquelle se cache toujours la tromperie, le mensonge, l'illusion… pour mieux nous rapprocher de nos soeurs et frères ? Ce chemin ne fut, sans doute, pas moins considérable pour le fils d'un riche drapier il y a 800 ans que pour chacun de nous qui pouvons lire son histoire…
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François est riche, puisque son père est l'un des plus importants drapiers d'Assise, François est charmant, fêtard, prince de la jeunesse, François se rêve chevalier, au service de sa dame...mais Dieu a d'autres plans pour lui, et voilà François qui de son destin tout tracé embrasse la foi, embrasse Dame Pauvreté, et crée un mouvement qui bouleverse l'Europe chrétienne et tout le Moyen-Âge.
De cette biographie, j'ai aimé le style, mais aussi les efforts de l'auteur pour replacer François dans son époque. Efforts qui portent bien leurs fruits: en effet, les réactions du peuple du Moyen-Âge ferait finalement bien peu de sens à notre sensibilité moderne sans cet effort de l'auteur de jalonner la piste pour nous!
Soyons honnête: c'est plus un livre sur St François écrit par un catholique, que le travail biographique d'un historien. Cela fait cependant tout le charme et l'intérêt de la chose, et j'ai beaucoup apprécié cette lecture.
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Dans cette belle biographie François Bernardone est fils d'un marchand de tissus, il est beau, riche, aimable et de noble apparence. Il cultive une certaine superficialité. Il possede une âme rayonnante qui suscite l'amour…pourtant il deviendra Saint François ce que nous conte merveilleusement Julien Green
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Cette vie d'un saint des béatitudes n'est pas d'un hagiographe béat. Green interroge et s'interroge sur le sens de son sujet, en catholique qui ne l'a pas toujours été, ce qui oriente souvent avec bonheur son propos sur les enjeux politiques et religieux de la religiosité populaire et des hérésies.
Un livre et des chapitres courts et dense, où l'auteur ne se cache pas derrière son propos mais se risque souvent à la première personne à des interprétations qu'il donne pour ce qu'elles sont. le lecteur n'y est pas pris par surprise, ni pour une bille.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Aux moqueries et aux insultes des Assisiates succédait peu à peu un respect proche de l'admiration quand les mendiants de François demandaient humblement à manger et chantaient joyeusement les louanges du Seigneur. Cet incompréhensible bonheur, on le leur enviait et il leur faisait des adeptes. Des conversions inattendues se multipliaient parmi les riches et les savants comme parmi les moins favorisés. Ils savaient pourtant ce qui les attendait. Qui n'était au courant de la vie mortifiée des Poverelli ? Renoncer à toutes les gourmandises de la chair, aux délices du confort, à la volupté, avoir faim, avoir froid et prier, prier, prier, tel était le coût de cette béatitude. Il ne paraissait pas trop élevé. Aujourd'hui encore, on se demande par quel miracle intérieur se recrutaient ces âmes données à Dieu.
La présence de François y était pour beaucoup. Ce malade perpétuel n'en exultait pas moins et communiquait à tous cette paix du cœur unique et surtout cet amour des frères les uns pour les autres. Enfants de Dieu, ils avaient conquis la liberté de ceux que le monde ne peut plus séduire et qui jouissent de ne plus rien posséder. Quelle légèreté cela donnait, mais aussi quelles épreuves... Car enfin, le corps était toujours là avec ses convoitises maîtrisées. « L'ennemi, disait François, c'est le corps. » A cause de cela, il devait souffrir.
« Le corps, c'est le diable », disaient les prédicateurs cathares dont la pureté de mœurs étonnait saint Bernard lui-même. Et, bien avant eux, dans cet Orient mystérieux où l'ombre et la lumière se mêlaient, la chair était assimilée au mal
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... L'idée se formait lentement en moi que l'Evangile était un échec. Le Christ lui-même s'était interrogé sur la foi qu'il trouverait sur terre lors de sa seconde venue. Les âmes qu'il avait touchées et attirées à lui faisaient figure d'isolées dans l'orage déchaîné par des fous. Presque à mi-chemin entre le premier Noël et l'enfer où l'humanité se débattait, un homme avait paru sur terre, un autre Christ, le François d'Assise de mon enfance, mais lui aussi avait échoué.
Echoué ? En apparence... Sa conviction était que le salut se ferait par l'Evangile. L'Evangile, c'était l'éternité ; l'Evangile ne faisait que commencer. Qu'était-ce que vingt siècles aux yeux de Dieu ?
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Il connut cette joie folle du converti qui voit le monde s'évanouir autour de lui.
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Videos de Julien Green (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Julien Green
"[…] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux. […] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes. […] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions. […]" (Roland Jaccard.)
0:14 - Bernard Shaw 0:28 - Julien Green 0:45 - Heinrich von Kleist 1:04 - Georges Henein 1:13 - Ladislav Klima 1:31 - Michel Schneider 1:44 - Hector Berlioz 1:55 - Henry de Montherlant 2:12 - Friedrich Nietzsche 2:23 - Roland Jaccard 2:37 - Alphonse Allais 2:48 - Samuel Johnson 3:02 - Henrik Ibsen 3:17 - Gilbert Keith Chesterton 3:35 - Gustave Flaubert 3:45 - Maurice Maeterlinck 3:57 - Fiodor Dostoïevski 4:08 - Aristippe de Cyrène 4:21 - Générique
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Référence bibliographique : Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration : Marquise de Lambert : https://de.wikipedia.org/wiki/Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles#/media/Datei:Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles.jpg George Bernard Shaw : https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Bernard_Shaw#/media/Fichier:G.B._Shaw_LCCN2014683900.jpg Julien Green : https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-siecle-d-enfer-de-l-ecrivain-catholique-et-homosexuel-julien-green-8675982 Heinrich von Kleist : https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_von_Kleist#/media/Fichier:Kleist,_Heinrich_von.jpg Georges Henein : https://www.sharjahart.org/sharjah-art-foundation/events/the-egyptian-surrealists-in-global-perspective Ladislav Klima : https://www.smsticket.cz/vstupenky/13720-ladislav-klima-dios Michel Schneider : https://www.lejdd.fr/Culture/Michel-Schneider-raco
+ Lire la suite
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Chefs et penseurs religieux. Religieux (220)
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