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David Boratav (Traducteur)
EAN : 9782351788615
Gallmeister (01/06/2023)
3.91/5   58 notes
Résumé :
Warlock, petite ville minière du Far West, dans les années 1880. Un territoire encore sauvage, où même la loi du Texas ne s'applique pas. La bande d'Abe McQuown, un éleveur sans scrupules, n'hésite pas à mener des razzias de l'autre côté de la frontière mexicaine et à faire régner la terreur en ville, allant jusqu'à s'en prendre au shérif. Un comité de citoyens excédés décide alors d'embaucher Clay Blaisedell – une fine gâchette – en tant que marshal de Warlock afin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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À Warlock, on est un paquet à refuser les emmerdes en bloc et à taper du p'tit doigt sur la table pour le faire savoir. Ouaiiis !!!
À Warlock, on est autant à se claquer du fessier lorsqu'elles se profilent à l'horizon. Ouaiiis !!!
Incarnées par McQuown et sa bande, elles n'en finissent pas de ruisseler sur les pauvres hères que nous sommes.
Qu'à cela ne tienne, quitte à lâcher un peu de flouze pour sa sécurité, autant choisir le meilleur dans sa partie, le défouraillage en règle.
♪ Le nou-veau shé-riff Blaise-dell est instamment demandé au rayon ne-tto-yage, le shé-riff Blaise-dell. ♫

Pavé qui sent bon l'alcool, la poussière et le sang, Warlock se mérite.
Adeptes de l'haltère monobras, il comblera vos attentes les plus folles.

Au-delà de cet âne mort - qui sera très loin d'être le seul - anecdotique, Warlock se veut très visuel.
Il sera incarné par Henry Fonda dans L'homme aux colts d'or (1959) d'Edward DMYTRYK, mot compte triple au scrabble, merci de plier les gaules, durant l'âge d'or du cinéma Hollywoodien.

Oeuvre d'une densité remarquable, elle hypnotise de par son scénario implacable, son ambiance électrique kouasi palpable et l'épaisseur de ses protagonistes.

Il eût été facile de développer un scénar' convenu où bien vs mal se taillaient la part du lion.
Fort heureusement, Oakley Hall ne broute pas de cette herbe frelatée.
Des personnages complexes en cascade, le récit questionne sur l'humanité et le droit à la rédemption.

Des tableaux qui s'enchainent à la vitesse d'une balle de colt walker et c'est l'Ouest légendaire qui renaît de ses cendres sur fond de récit crépusculaire, narré d'une plume experte, au phrasé particulièrement expressif.

A tous les amateurs d'action pur jus je dis "halte au feu les balles sont creuses !".
Le déroulé se veut alangui, lorsqu'il n'est pas répétitif, mais sait faire la part belle à de véritables moments d'éternité en terme d'énergie brute enfin libérée.

Tous les amoureux de western sur grand écran devraient y trouver leur compte. Les autres, itou...
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1880 dans le sud-ouest américain. le comité des citoyens de Warlock engage Clay Blaisedell pour y exercer la fonction de marshall afin de répondre aux agissements violents d'Abe McQuown, un rancher des environs. Dans la petite ville poussiéreuse, Oakley Hall convoque tout à la fois les figures historiques des frères Earp et Clanton et celles, poétiques, des tragédies antiques pour interroger la construction politique et philosophique d'une société en gestation. Au-delà de la tradition d'un western manichéen où le colt est un instrument de liberté, Warlock met en tension les notions de liberté et de sécurité, de droit et de violence. Ainsi, dans un roman fleuve aux allures de pièce de théâtre tragique, Oakley Hall met en exergue les fondements de l'identité de l'Ouest américain - et au-delà, des États-Unis - et il choisit, pour cela, un décor qui a déjà, en 1958, un statut de mythe. Solidement structuré en trois parties, divisées elles-mêmes en chapitres qui axent, chacun, l'action autour d'un personnage, le roman est censé être la relation des souvenirs de Henry Goodpasture, l'épicier de Warlock, à son petit-fils dans les années 1920. Naturellement, le caractère omniscient de la narration exclut que ce récit soit le fait exclusif de Goodpasture ; mais cette mise en abîme du roman a son importance, car elle attribue à Warlock, ville alors oubliée en 1924, des allures de mythe fondateur.

De façon presque paradoxale - on attendrait d'un western classique que tout se joue dans l'action pure -, Warlock est d'abord un roman de dialogues. C'est par eux que tout se décide, que tout s'analyse. C'est pourquoi l'on pourrait dire de Warlock qu'il est une pièce de théâtre au Far West. Autour des deux personnages principaux, que sont Johnny Gannon et Clay Blaisedell, un choeur de personnages secondaires se signale par sa diversité, sa complexité et son importance narrative. La première partie présente une situation claire, presque manichéenne. Autour d'Abe McQuown, une bande de cow-boys violents et voyous terrorisent la ville de Warlock. Avant l'arrivée de Blaisedell, ils ont abattu un shérif et en ont mis en fuite un autre. Si tous ne se valent pas - Cade est l'archétype du lâche dangereux, prêt à tuer un homme dans le dos, tandis que Curley Burne a pour lui son humour et son harmonica, qui l'humanisent -, ils sont l'élément fondateur qui justifient l'arrivée de Blaisedell. le duel entre celui-ci et trois de la bande de McQuown - dont Billy Gannon, le frère cadet de John - ainsi que l'élimination progressive des autres - Curley Burne, puis McQuown - ne sont pas l'acmé de l'action - malgré le nom d'Acme Corral où se déroule le duel qui fonde la légende de Blaisedell - mais, plutôt, l'introduction d'une problématique nouvelle : la présence de Blaisedell est-elle justifiée si le danger a disparu ? Acteurs fondamentaux de la présence de Blaisedell en ville, les citoyens du comité - représentant, en fait, les commerçants et les notables - figurent le bon peuple américain, respectables par leurs professions et leurs réussites. Parmi eux, Goodpasture ou Slavin ont une vision naïve des choses. La présence de Blaisedell est une bonne chose, puisqu'elle répond à une exigence de sécurité. Que ce dernier tue en leur nom, pourtant, questionne aussi leur propre responsabilité. Malgré sa dépravation physique, le juge Holloway représente la conscience morale de la ville. Son influence sur Blaisedell et sur Gannon sera considérable : il infléchit la position de l'un et assure celle de l'autre. Les deux personnages principaux ont tous les deux leur propre adjuvant. Carl Schroeder, shérif, est le modèle vertueux de Gannon. Son sens du devoir, porté jusqu'à l'extrême, prépare la propre conduite de Gannon. S'il meurt bêtement, au moins permet-il à Gannon de devenir lui-même shérif en assurant à quiconque en douterait de la moralité et du courage sans faille de ce dernier. Tom Morgan, lui, est l'âme damnée de Blaisedell. Seul véritable ami, joueur invétéré et patron du Glass Slipper, Morgan enrage de voir Blaisedell être transformé en symbole par Warlock. Par ses actions illégales - il abat Pat Cletus, puis McQuown, et cache ces faits, y compris à Blaisedell -, il accélère l'inéluctable, à savoir l'affrontement entre la bande de McQuown et Blaisedell, puis la déchéance de Blaisedell. S'il est détestable par bien des aspects, Morgan est pur dans sa démarche, conduite par l'amitié virile et véritable qu'il éprouve pour Blaisedell. Enfin, les deux femmes du roman, Jessie Marlow et Kate Dollar, sont deux figures fort éloignées et pourtant semblables. Jessie Marlow, surnommée l'Ange des Mineurs, subjugue les hommes par son innocence et sa détermination. Aveuglée par sa foi dans le bien fondé de ses actions, elle retient Blaisedell par l'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre, sans percevoir le danger que représente la présence de Blaisedell à Warlock. Kate Dollar, ancienne prostituée, arrive à Warlock pour venger la mort de son fiancée des mains de Blaisedell. D'abord manipulatrice, elle échoue à faire de Gannon l'instrument de sa vengeance, avant d'éprouver de réels sentiments pour lui et de pleurer sa mort annoncée. Kate est davantage l'image de la femme pleinement adaptée à son environnement, habituée qu'elle est des hommes, de leur violence, de leurs velléités sexuelles et de leur goût immodéré pour la mort.

Si l'on devait choisir un registre pour cette pièce, sans doute faudrait-il choisir la tragédie. Les deux personnages principaux le sont car, plus que tout autre, ils sont soumis au destin. Gannon, ancien cow-boy de McQuown, renonce à rejoindre la bande. Dégoûté par la violence de celle-ci - il porte ainsi la culpabilité d'un massacre de Mexicains, perpétré par les cow-boys de McQuown -, Gannon choisit d'accepter l'étoile de shérif adjoint proposée par Schroeder. Impuissant à sauver son frère Billy d'une mort certaine de la main du marshall Blaisedell, Gannon ne répond pas au code d'honneur attendu, en ne cherchant pas à venger son frère. Qualifié de traître et de lâche par ses anciens camarades du ranch, soupçonné de manigancer pour le compte de McQuown par certains habitants de Warlock, Gannon devient shérif à la faveur de la mort de Schroeder. Blaisedell, lui, arrive dans la ville auréolé d'une réputation de gâchette redoutable. Sa légende prend forme lors de l'affrontement d'Acme Corral où il met en déroute trois cow-boys de McQuown. Ses discussions avec le juge Holloway ainsi que la vérité apportée par Gannon sur la mort de Schroeder - qui n'est pas due directement à Burne - lui font entrevoir l'illégitimité de son action. Miné par le fait d'être un tueur à gages plus qu'un marshall, Blaisedell ne peut s'échapper de Warlock car il aime Jessie Marlow. Par amour, il garantit la sécurité des mineurs à la fin du roman, démontrant définitivement que sa présence n'est plus souhaitable à Warlock. L'opposition entre Gannon et Blaisedell est intéressante car, en réalité, elle traverse encore la réflexion américaine, notamment dans le cinéma. Gannon représente le recours à la loi et au droit pour régler les conflits et la vie en société. Face à lui, Blaisedell, idéalisé par une grande partie de Warlock, annonce presque le super héros : invincible au combat, il est le recours ultime d'une population désespérée. Mais sa violence ne peut pas seulement lui être reprochée : appelé par les citoyens de Warlock, il fait reposer sur ceux-ci la responsabilité des violences qu'il commet en leur nom. Gannon a pour lui la légitimité du droit, mais celle-ci ne suffit pas à endiguer la violence illégitime. Blaisedell a pour lui la sûreté de l'arme qui ne tremble pas ; mais son permis de tuer n'est pas acceptable dans une société promise à la démocratie et à la liberté. Dans cette tragédie moderne, le duel fait ainsi figure d'ordalie. Celui qui en sort vainqueur aurait les faveurs de la divinité. Seul problème à Warlock : Dieu semble avoir déserté la place.

Pour une pièce de théâtre, il faut un décor. Celui de Warlock, c'est l'Ouest américain et même, pourrait-on préciser, la Frontière. Lieu de colonisation de la civilisation sur les espaces encore sauvages, la Frontière participe du mythe de l'Ouest. Y vit une population essentiellement masculine dans des petites villes entourées de ranchs immenses où pâturent d'immenses troupeaux de bétail. A côté des populations anglophones demeurent les Mexicains - la frontière avec le Mexique est toute proche - qui, déjà, sont appelés pour des emplois mal rémunérés. Y vivent aussi les Apaches, dont le souvenir des guerres indiennes demeure vivace pour les populations locales, et notamment pour le général Peach, symbole d'une autorité fédérale dépassée et impotente. La Frontière, par définition, est un espace en marge. La loi est censée s'y appliquer, mais elle dépend pour cela des hommes de bonne volonté. En réalité, la violence y est endémique. La violence physique, d'abord, exercée par les poings ou par les armes, est le premier instrument de l'affirmation de l'individu. La violence sociale, ensuite, révèle les lignes de fracture de la société. Warlock, par exemple, est une ville de mineurs car des filons d'argent ont été trouvé alentour. Pourtant, les mineurs représentent les classes sociales les plus basses, méprisées car littéralement désarmées. C'est pourtant leur présence qui fonde la légitimité de la ville, et le conflit social opposant les mineurs à leur patron, McDonald, est réellement l'acmé du roman qui scelle le destin de Johnny Gannon et de Clay Blaisedell. Cow-boys dans les ranchs, commerçants sur la main road, hommes de loi dans la prison, prostituées sur le row, mineurs dans leurs cabanes misérables forment une société hétéroclite dont les composantes ne peuvent pas se mélanger. Si la Frontière représente le mouvement des hommes, ceux-ci restent soumis à une condition sociale déterminée et indépassable. Cependant, la situation de la Frontière a vocation à se normaliser. Warlock, précisément, est encore dans l'entre-deux. Ville accomplie par son architecture et sa sociologie, elle n'en a pas les statuts juridiques, et dépend de Bright's City. Ville de mineurs, Warlock leur doit son développement, et peut-être sa mort si le filon se tarit. Clairement, la situation de Warlock démontre la fiction qu'est l'autorité politique et judiciaire. Les titres de juge ou de shérif n'ont, en réalité, aucune légitimité juridique, mais leur existence normalise la vie de la ville. Leur existence est également essentielle dans un Far West à la moralité douteuse. Mais que vaut la morale face au tumulte de la vie ? Que valent les lois lorsqu'il suffit à un homme de dégainer son colt pour faire respecter son bon droit ? Que valent les élucubrations intellectuelles d'un juge alcooliques qui dénigre aux honnêtes citoyens le droit d'engager un homme pour les protéger (surtout quand la justice légitime, qui siège à Bright's City, est moralement corrompue) ? Warlock est le laboratoire où l'on expérimente la puissance du droit, l'exercice de la liberté individuelle, le recours à la fiction civilisationnelle. Warlock se situe entre la civilisation et la sauvagerie, et chacun, se plaçant d'un côté ou de l'autre, trouve à redire (p. 484/485).

Warlock est aussi le roman de l'origine d'une nation. A lire le roman, on retrouve le questionnement de Rousseau sur l'état de nature de l'homme, et la contradiction de cette réflexion. L'homme originellement est mauvais : ainsi les hommes de McQuown, prêts à toutes les duperies pour gagner. La violence est ici le péché originel, et la popularité de Blaisedell tient précisément à ce qu'il se situe au sommet de la pyramide, indétrônable, invincible avec son colt. La tension avec Gannon provient de là : Gannon, représentant le bon droit, doit faire partir Blaisedell pour faire entrer Warlock définitivement dans la civilisation où les relations humaines sont définies d'abord par la loi. le débat, d'ailleurs, est le même entre Johnny et Billy Gannon : à la liberté individuelle absolue de Billy Gannon répond la liberté civilisée, donc limitée, de Johnny. Cependant, et pour revenir à la présence de Blaisedell, celle-ci n'est pas due à la la volonté propre de celui-ci. Ce dernier est appelé par le comité des citoyens, et son action est légitimée par un comité qui, parce qu'il veut vivre en sécurité, veut produire du droit. Avec Blaisedell, plus qu'avec Billy Gannon, la violence est légitimée parce qu'elle répond à un contexte local ; là encore, l'opposition avec Gannon provient du fait que ce dernier représente la loi des États-Unis, immense ensemble auquel, par son statut de Frontière, Warlock semble promis à se rattacher. Pourtant, on ne peut s'empêcher de se demander si la volonté populaire ne doit pas être à la source du droit. La loi du juge Holloway revêt un caractère particulièrement fictionnel lorsqu'il s'agit de défendre Tom Morgan du lynchage qui lui est promis parce qu'il a provoqué la mort d'un mineur, Brunk. Warlock est en tension entre les partisans du légalisme (Holloway), prêts à tout pour suivre le loi à la lettre, les libertariens (McQuown, p.484/485, ou Billy Gannon) qui mettent la liberté individuelle au-dessus de tout, et les opportunistes (les commerçants de Warlock comme Goodpasture) qui prennent peu à peu conscience des limites des deux systèmes : la loi ne peut pas tout à elle seule sans des hommes pour l'appliquer, et la liberté absolue peut avoir de graves conséquences (la violence, semble-t-il légitime, de Blaisedell, ouvre la porte à une violence exercée contre quiconque ne plaît plus à la majorité). Cependant, dans ce pays sans Dieu, la loi semble prendre la place de la divinité. Il faudra tout de même que les événements s'arrangent pour le mieux lorsque, l'armée intervenant pour régler le conflit des mineurs, la loi triomphe encore.

Miroir littéraire de Tombstone, Arizona, où les frères Earp gagnèrent la célébrité lors de la fusillade d'O.K. Corral, Warlock est à la fois une histoire de l'Ouest américain en même temps qu'une réflexion sur les fondements juridiques et moraux d'une société nouvelle. La dynamique des personnages et des événements répond, quant à elle, au registre de la tragédie : tragédie fraternelle des Gannon où s'affrontent le sang et la loi, la communauté familiale et la communauté sociale ; tragédie de l'amitié où Morgan, tel un Jésus du Far West, rachète l'attitude et la réputation de Blaisedell ; tragédie de l'amour, impossible à la Frontière, que ce soit entre Jessie et Blaisedell ou entre Kate Dollar et Johnny Gannon. Oakley Hall, dans Warlock, pose des questions, et se garde d'y répondre. Croire que, parce que c'est un western, le roman aborde des thématiques dépassées serait absurde. Tout poussiéreux qu'il soit, le roman se fait encore l'écho, et avec une force peu commune, de nos interrogations contemporaines.
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1880. La loi n'est pas encore arrivée à Warlock, petite bourgade minière du comté de Peach. Il y a bien un shérif, et même un juge, mais la loi est encore à une heure de route de là, à Bright City dont dépend Warlock et qui fait peu de cas de ce repaire de mineurs. A Warlock, les règlements de compte vont encore bon train, et c'est au voleur de bétail le plus fort d'imposer sa justice.
C'est pourquoi le comité des citoyens, qui rassemble les principaux commerçants de la bourgade, décide d'embaucher un marshal pour ramener un ordre que les autorités du comté lui dénient. Ce sera Clay Blasedell, blond ténébreux aux pistolets à crosses en or et au passé tumultueux qui viendra dans la douleur imposer sa légitimité auprès des fauteurs de troubles, et par là aux citoyens ; une légitimité pourtant non reconnue par la loi mais dans le contexte complexe de Warlock, est-ce bien la question ? C'est que la justice et l'ordre sont des notions bien mouvantes selon les circonstances et les valeurs des hommes à qui on les confie …

Déroulé en courts scènes serrées entrecoupées du journal du commerçant Goopasture, philosophe et désabusé, « Warlock » est un western plutôt austère, malgré qu'on y défouraille à tout va – le seul piano du saloon est d'ailleurs rapidement coulé dans le mortier - mais assez bavard, et l'on s'y interroge beaucoup entre deux lampées de whisky sur le sens de ses actes, sur ce qui fait qu'une société mérite sa dignité, sur l'exercice du pouvoir.

Un peu dur à pénétrer du fait de sa densité, « Warlock » est un grand roman des frontières qui pointe sur cette période fascinante de l'histoire américaine où les Etats-Unis finissent de construire dans la violence leurs valeurs et leurs mythes aux confins obscurs de la liberté.
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Etoiles Notabénistes : *****

Warlock
Traduction : David Boratav
Collection dirigée par François Guérif

ISBN : 978743622701

Une première remarque : "Warlock" est non seulement un western mais c'est aussi un pavé. le problème, c'est que, dans certains exemplaires, chez Rivages, un paquet de pages assez conséquent se répète (à peu près à partir, grosso modo, de la page 194 jusqu'à la 225). On ne saurait donc trop vous recommander la vigilance.

Nous avions cru comprendre que ce livre renvoyait plus ou moins au célèbre règlement de comptes d'O.K. Corral, à Tombstone. En fait, s'il y a bien un truc pas très net qui se déroule à Acme Corral, dans la petite ville sans loi de Warlock, le sujet central demeure le rôle, ambigu mais nécessaire, du tueur à gages dans la société du Far-West.

Lecteurs qui vous lassez facilement et préférez l'action à l'analyse, armez-vous de patience pour affronter le premier tiers du livre qui tient plus de l'exposition que de tout autre chose. A la décharge d'Oakley Hall, les personnages importants sont nombreux et l'action, touffue. Réglons tout d'abord l'affaire de cette dernière, si vous le voulez bien.

Il se trouve que Warlock s'est bâtie jadis sur l'exploitation de mines d'argent. Mais, lorsque débute le roman (qui couvre 1880 et 1881), les filons et les mines arrivent au terme de leur exploitation par la Porphyrion & Western Company, dont le représentant local est un certain McDonald. Au niveau régional, on s'adresse à Mr Willingham mais celui-là n'apparaît que bien plus tard, quand l'action est enfin lancée. La population de Warlock se compose donc en grande partie de mineurs qui, tous ou presque, ont épousé des Mexicaines. Leur niveau de vie serait plutôt bon si, tout d'abord, ces messieurs ne s'empressaient, les jours de paie, d'aller dépenser tout leur argent dans les deux saloons rivaux, le "French Palace" et le "Glass Slipper" - sans parler des établissements de dernière catégorie étalés sur le Row (le quartier chaud de la ville) - et si, devant la baisse de rendement des filons, la Compagnie minière ne décidait une baisse d'un dollar sur les quatre dollars et demi que touchait par semaine le mineur moyen. Fait plus grave, car il engage la vie des mineurs, l'étayage et le boisage des tunnels, dont l'importance est bien connue des lecteurs ayant lu le "Germinal" de Zola, baissent de plus en plus en qualité. D'où inquiétante et parallèle aggravation des conditions de sécurité et incendies, çà et là, sans doute provoqués par le grisou. le jeune Fitzsimmons, qui, plus tard, se consacrera à la politique, y perdra l'usage de ses mains.

Certes, la Porphyrion & Western Company est tenue au courant par McDonald, lequel, bien que peu sympathique, ne tient pas pour autant voir périr un à un ses mineurs dans des éboulements et des incendies qu'on eût pu prévenir. Mais, son but étant de fermer les mines avec le minimum de frais - c'est-à-dire en encourageant au plus vite les mineurs qui s'entêtent à aller se faire voir ailleurs et avec un minimum d'indemnités dans les poches - rien ne bouge. Ou plutôt, tout empire. le contrecoup logique de tout cela est l'idée, de plus en plus entêtante, de créer un Syndicat qui défendrait les malheureux mineurs. L'idée est née à la pension General Peach - ainsi nommée en l'honneur de l'Administrateur de Warlock et des comtés environnants car, juridiquement parlant, Warlock, en dépit des réclamations de ses administrés imposables, n'est qu'une ville sans comté - que tient une jeune fille de bonne famille, la blonde et mince Miss Jennie Marlow, pour laquelle le Dr Wagner, qu'elle semble connaître depuis longtemps, éprouve un sentiment amoureux non équivoque mais qu'elle feint, pour des raisons qui demeureront inexpliquées, de ne pas remarquer. A noter que le meneur de la bande de mineurs, le très virulent Brunk, soigné et logé par Miss Jessie (car la pension sert aussi d'hôpital gratuit pour les blessés de la mine), n'est pas, lui non plus, sans sentir son coeur vigoureux tressaillir au passage parfumé de la jeune femme. Mais le cas est ici sans espoir : tous deux ne sont manifestement pas du même monde.

Là-dessus, arrive, comme un chien dans un jeu de quilles mais dûment commandité par le Comité de Citoyens auquel appartient d'ailleurs Miss Jessie, le séduisant Clay Blaisedell, tueur à gages de son métier, grand, bel homme, les yeux d'un extraordinaire bleu clair, le cheveu blond teinté de blanc ou de gris, le profil aigu, avec toute sa renommée d'homme courageux et de tueur impavide derrière lui, réputation concrétisée en quelque sorte par deux colts à crosse d'or que lui a offerts en hommage un écrivain de la Côte-Est. Si le Comité a loué ses services, c'est que l'on ne s'entend littéralement plus à Warlock, tant les coups de feu jaillissent de partout dans cette ville où seule la Violence fait la Loi. le samedi-soir en particulier, jour de la traditionnelle descente des cow-boys du coin dans les établissements de plaisirs, cela tourne à la cacophonie, trop souvent meurtrière pour des passants qui finissent par s'auto-imposer un couvre-feu. Bref, ça ne peut plus durer.

D'autant que, depuis des années et des années, tapi dans le ranch familial, un certain McQuown supervise tout ce désordre à son avantage. S'il est bel et bien un éleveur reconnu, il ne se gêne pas pour autant pour passer la frontière mexicaine, toute proche, et, avec sa bande de cow-boys, y rassembler et voler des troupeaux entiers du bétail des riches haciendas. Et tout ce beau monde de galoper à bride abattue dans l'autre sens, pour retrouver la sécurité du sol états-unien, poursuivi par les vaqueros exaspérés de don Ignacio, l'un des ennemis jurés de McQuown et de son père. A une certaine époque, s'ajoutaient à ce trafic des plus douteux d'innombrables empoignades pour le moins vigoureuses avec les Apaches d'Espirato. Mais celui-ci est décédé et les Apaches se sont envolés pour se nicher, semble-t-il, dans la mémoire délirante du Général Peach. Celui-ci, on s'en apercevra bien plus tard, continue, effet à les voir et à les entendre s'agiter en tout sens autour de lui et les considère comme ses premiers et seuls ennemis véritables, à abattre sur le champ, sans sommation.

Vous l'aurez compris : de l'ambiance, il y en a à Warlock. Seulement, trop d'innocents se retrouvent coincés par des balles perdues, ces rixes infernales nuisent au commerce et à la réputation de la ville, les mineurs n'aiment pas les cow-boys qui le leur rendent bien, à ces taupes tout juste capables de ramper dans des tunnels souterrains et, la Morale dût-elle en souffrir, seuls prospèrent Tallifierro, le propriétaire du "French Palace", et Tom Morgan, l'élégant flambeur et homme d'affaires au passé des plus troubles, qui mène d'une main d'acier l'établissement rival, le "Glass Slipper."

D'ailleurs, si Blaisedell accepte le poste de marshal que lui offre le Comité des Citoyens, il serait peut-être imprudent de perdre de vue qu'il est un intime de Morgan, lequel lui aurait jadis sauvé la vie. Les deux hommes partagent donc un passé aussi brillant et héroïque que les légendes de l'Ouest mais tout aussi chaotique et dangereux. En outre, si l'on se rend compte peu à peu que Blaisedell, sauf cas de légitime défense, ne tuera jamais s'il n'est pas persuadé de la véracité de ce que l'on reproche à sa cible, on s'aperçoit que la morale n'est vraiment pas la tasse de thé de Morgan. On finit même par conclure que celui-ci pourrait, en dépit d'une amitié sincère, avoir manipulé Blaisedell en plus d'une occasion (notamment lors de l'affaire Cletus, qui fait entrer dans le jeu et à Warlock l'ancienne maîtresse de Morgan, Kate Dollar), attitude qui, si quelqu'un s'avise d'en apporter les preuves à l'intéressé, risque fort de faire s'opposer les deux hommes dans un duel fatalement meurtrier - tous deux sont d'excellents tireurs.

Cette amitié, que certains jugeront entachée d'une homosexualité larvée, en tous cas de la part de Morgan (ce qui ne l'empêche pourtant guère d'être un homme à femmes), constitue, à notre sens, le pivot central de l'action. Vient en second la relation, presque de père à fils, que Blaisedell noue avec le sherif, John Gannon, qui a choisi "le côté clair de la Force" alors que son jeune frère, Billy, pendu depuis lors pour, ironie de la chose, un crime qu'il n'avait pas commis, demeurait du "côté sombre", c'est-à-dire auprès de McQuown. La lutte des mineurs n'arrive qu'en troisième place, plus en raison du rôle primordial qu'y jouent Miss Jessie (qui deviendra la maîtresse de Blaisedell) et le Dr Wagner que parce qu'elle révèle un potentiel foyer de tension à Warlock. Pour nous éclairer sur ce que pensent de tout cela les membres masculins du Comité dont l'initiative a ouvert la porte de la bergerie à ce loup cependant pas si malhonnête que cela qu'est Blaisedell, nous avons à notre disposition maints extraits du journal de Henry Goodpasture, le propriétaire du drugstore. Aussi impartial qu'il le peut alors qu'il se situe au coeur des événements, Goodpasture nous fournit toute une foule de détails d'autant plus précieux qu'ils bénéficient, malgré tout, d'un certain recul dont ne disposent évidemment ni Morgan, ni Blaisedell, ni Miss Jessie, ni la bande de McQuown (encore moins son vieux père), ni les mineurs ...

La lettre de Goodpasture, sur laquelle se clôt l'ouvrage, lettre destinée à son petit-fils, alors à l'Université (les temps ont bien changé) et qui se passionne pour les événements s'étant déroulés à Warlock, résonne d'ailleurs comme une sorte de conclusion, à la fois réaliste et teintée de nostalgie, sur une époque maintenant disparue mais que Goodpasture, qui a pourtant vu de près ses imperfections, ne renierait pas pour un empire. On le sent fier de Warlock et de cette époque qui vivait des légendes qu'elle créait à partir de rien ou de pas grand chose et qui a réussi le tour de force de faire passer certaines personnalités, plus chanceuses ou plus audacieuses que d'autres, à L Histoire. "Warlock" recèle en outre, dans de nombreux passages du "Journal" de Goodpasture, un début de critique sans équivoque de la société américaine alors en pleine mutation mais dont nous voyons aujourd'hui l'aboutissement.

Les gens de la Frontière, cow-boys, filles de joie, truands et honnêtes commerçants, marchands ambulants, Indiens qui défendaient encore leur territoire - tous ceux-là, que penseraient-ils de l'Amérique d'aujourd'hui ? Telle est peut-être, au-delà du western, la question véritable que pose le roman d'Oakley Hall et à laquelle nous vous laissons chercher un réponse. ;o)
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« Je répète donc que cet ouvrage est un roman. le rôle de la fiction n'est pas d'exposer les faits, mais la vérité », avertit Oakley Hall dans la note préliminaire de Warlock. Et, en effet, ce que nous propose ici l'auteur, c'est bien de romancer des faits qu'il annonce comme véridiques tout en cherchant à les départir de la légende dans laquelle ils sont entrés. Ici, cela prendra donc la forme d'une variation autour du mythique règlement de comptes d'O.K. Corral.

Warlock est une petite ville perdue du far west, proche de la frontière mexicaine. Une ville qui vit essentiellement des mines d'or et d'argent exploitées par une compagnie californienne et qui tente de survivre aux expéditions régulières des cowboys frustes qui y viennent se défouler, tirant dans la rue et, à l'occasion, descendant un barbier ou le shérif. Abandonnée par la capitale du comté qui, à une journée de cheval, se désintéresse d'elle, Warlock subit une véritable hémorragie de représentants de la loi. Ceux qui ne se font pas tuer, donc, finissent toujours par prendre la fuite, et la population vit avec la peur au ventre.
C'est pour cela qu'un comité d'éminents citoyens décide d'embaucher elle-même un marshal pour faire respecter l'ordre. L'élu sera Clay Blaisedell, célèbre pour ses qualités de tireur et de tueur, doté de ses deux pistolets aux crosses d'or. Au même moment, d'autres personnages arrivent en ville : John Gannon, ancien cowboy de la bande de McQuown qui terrorise Warlock, revient après avoir coupé les ponts pendant plusieurs mois ; Tom Morgan, ami de Blaisedell à la réputation sulfureuse, ouvre un bar et une table de jeu ; Kate Dollar, ancienne prostituée qui a connu Morgan et Blaisedell dans une autre vie et qui semble avoir des comptes à régler, s'installe elle aussi à Warlock.

Tous les éléments du western classique sont donc en place : une bande de brigands vicieux, un shérif lâche, un marshal à la gâchette facile, un juge alcoolique, une femme manipulatrice, un joueur dont on ne sait s'il est du côté des bons ou des méchants et une population versatile. de fait, écrit en 1958, Warlock est un classique du western littéraire et cinématographique puisqu'il a été adapté dès 1959 (L'homme aux colts d'or pour le titre français) par Edward Dmytryk, avec, entre autres, Henry Fonda et Richard Widmark.
Mais à ces figures classiques du western, Hall ajoute des éléments qui accentuent le côté roman noir social de son livre, en faisant en particulier intervenir les mineurs de Warlock. Exploités, soumis à des conditions de travail dangereuses, ils tentent de s'organiser en syndicat et se trouvent confrontés aux régulateurs payés par leur patron pour briser la grève. Ils vont bien entendu tenter de tirer leur épingle du jeu en utilisant eux-aussi le shérif et Blaisedell.

Le foisonnement de personnages et d'intrigues qui s'entremêlent autour de Blaisedell, Morgan et John Gannon donne au roman d'Oakley Hall une dimension épique peu commune et, plus prosaïquement, une dimension imposante à l'ouvrage qui atteint les 700 pages et pourrait offrir la matière à au moins trois livres différents. Cela donne un roman d'aventures, certes, mais aussi un roman noir social et un huis-clos tragique de haute-volée. Car les personnages de Hall sont clairement des héros de tragédie confrontés à des choix douloureux et, surtout, écartelés entre ce qu'ils sont, ce qu'ils voudraient être et ce que l'on attend d'eux.

On ne peut que se féliciter du fait que les éditions Passage du Nord-Ouest puis Rivages se soient enfin décidées à traduire et publier ce roman qui, sous le couvert d'une écriture classique de roman d'aventures, nous offre à voir la chair de la légende de l'Ouest, crasseuse et sanglante mais véritablement humaine. Sans doute aussi les passionnés y verront un ancêtre, plus austère peut-être d'apparence, mais tout aussi iconoclaste dans le fond au Deadwood de Pete Dexter, à L'homme aux pistolets de James Carlos Blake, à l'Incident à Twenty-Mile de Trevanian ou, pourquoi pas ?, au Méridien de sang de Cormac McCarthy.

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
J'ai installé une crèche dans la vitrine de mon magasin. On peut y voir Marie et Joseph penchés sur l'Enfant Jésus, entourés des Rois mages et des bergers. Je suis surpris par le nombre de personnes qui s'arrêtent devant cette scène. Je ne crois pas que ce soit l'histoire qui les captive, ni que l'étoile de Bethléem les intéresse, ni les bergers ou les rois. Ce qui les intrigue, je crois, c'est l'enfant, une pièce assez hideuse, en plâtre rose avec des touches plus foncées pour les joues, et dont l'échelle dépasse celle des autres personnages. Ce n'est pas que nous manquons d'enfants ici : les mineurs en engendrent assez avec leurs "épouses" mexicaines, mais étant illégitimes, ces bébés-là ne sont pas des enfants à proprement parler ; roses, ils le sont encore moins puisqu'ils naissent hâlés comme tous les métis et foncent d'autant plus vite qu'ils ne connaissent ni l'eau ni le savon. Ce qui, je crois, fascine avant tout dans ce Bébé-là, c'est qu'il est entouré de Sa famille alors qu'ici, la famille n'existe pas à proprement parler, l'endroit étant tristement pauvre en femmes dignes de ce nom.
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Ses épaules penchaient en arrière et l'angle que faisait son buste avec le reste de son corps lui donnait un air enjoué ; son sombrero était accroché dans son dos comme à son habitude ; sa chemise de flanelle était à moitié déboutonnée au-dessus de sa ceinture comme s'il se moquait du froid matinal ; les jambes de son pantalon rayé étaient enfoncées dans ses bottes. Il avait tout du cow-boy. Il souriait, mais même depuis l'endroit où je me trouvais, je pouvais voir qu'il faisait un effort pour garder le sourire ; c'était épuisant de le voir ainsi. Je me forçais à me rappeler qu'il avait lâchement assassiné Carl Schroeder, que c'était un voleur de bétail, un bandit, un suppôt de McQuown. "Le fils de p... !" a alors marmonné l'un de mes compagnons, et c'était bien le résumé de ce que je ressentais pour Curley Burne à cet instant.
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Il sonda son âme et vit tous ses idéaux et aspirations se déliter, ne laissant derrière eux qu'une stérile mélancolie. Il s'était illusionné avec ses idéaux d'humanisme et de philanthropie, car la paix venait après la guerre, non par la grâce de la raison.
Il leur faudrait du feu et du sang pour que naisse enfin leur syndicat. Il en avait toujours été ainsi et les révolutions étaient menées par des hommes prêts à vaincre ou mourir, et non par les idées étriquées d'esprits mesquins. La paix venait de l'épée, le doit de l'épée, la justice et la liberté, de l'épée, et c'était aux hommes armés d'épées de mener la lutte, et nn aux impuissants qui conseillent la raison et la modération.
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[...] ...Morgan a tout perdu. Va-t-il reconstruire, ou accepter ce qui s'est passé comme preuve de ressentiment quasi unanime des habitants à son endroit et décider de quitter la vallée de l'Harmonie et du Bonheur ? Et dans ce cas, qu'adviendra-t-il de Blaisedell qui tenait, pour son compte, la banque à ses tables de faro ? Va-t-il lui aussi partir ou reprendra-t-il son poste de marshal ? Je suis persuadé que le Comité des Citoyens a l'intention de lui demander, voire de le supplier de reprendre son poste, lors de sa prochaine réunion.

Blaisedell et Morgan : Blaisedell, dit-on, aurait refusé de tirer sur ses agresseurs devant la prison parce qu'il refusait de tuer pour défendre Morgan, qui aurait lui-même tué Brunk (et peut-être un certain nombre d'autres !) A tort, selon lui. Le prestige de Blaisedell aurait cependant souffert encore plus gravement si Morgan avait été pris et pendu, c'est pourquoi je vois dans cet épisode la main de Miss Jessie. Clairement, elle s'intéresse grandement à Blaisedell et l'amitié entre Blaisedell et Morgan étant un fait établi, elle a sans doute compris que Morgan devait être sauvé à tout prix, même si l'objet de son intervention la dégoûtait.

Des rumeurs circulent selon lesquelles Blaisedell aurait, au même titre que Murch, qui nous a quittés, débuté sa carrière de tueur à gages comme pistolero en chef de la maison de jeux de Morgan à Fort-James et que, sous les ordres dudit Morgan, il aurait tué maints personnages qui tous gênaient ce dernier dans la conduite de ses affaires de cœur ou de commerce. On dit aussi que Morgan aurait jadis sauvé la vie de Blaisedell, qui aurait alors juré à Morgan une protection éternelle et de s'occuper de ses intérêts lorsque Morgan le lui demanderait. Voilà que Morgan possède des cornes, un trident et une queue fourchue, et Blaisedell une âme enfermée à clef dans une boîte à pilules.

Morgan remplace peu à peu McQuown en tant que bouc-émissaire, ce que l'on pourrait appeler une victime expiatoire. Cela fait trop longtemps que McQuown est terré à San Pablo, loin de nous, et qu'il échappe à notre entendement en n'étant plus pour nous qu'un simple nom comme Espirato. Il nous faut quelqu'un d'autre sous la main. Ainsi brûle-t-on les sorcières, comme le charbon, pour se tenir chaud. ... [...]
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Je pensais que cette affaire n'avait qu'un intérêt local. Je n'imaginais pas qu'elle se propagerait au-delà de notre territoire. J'ai été surpris d'en lire un long compte rendu dans un journal de San Antonio qu'on m'a apporté ici, et j'ai obtenu depuis un exemplaire d'un magazine appelé la Western Gazette. Ce prétendu journal est un amalgame de camelote journalistique à peine lisible, imprimée sur un papier grossier, consacrée presque en totalité à une affaire vaguement ressemblante appelée "La Bataille de l'Acme Corral". C'est une expérience étrange de lire un récit comme celui-ci, où un événement qu'on a bien connu est transformé en épisode extravagant, fumeux et improbable, où seuls les noms correspondent – et encore, sans être tous cités correctement.
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L'Homme aux colts d'or (Warlock, 1959), extrait.
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Les personnages de Lucky Luke

Je suis le personnage secondaire "réel" le plus présent dans la série et je fais ma première apparition dans l'album "Hors-la-loi". Dès ma deuxième apparition, dans "Lucky Luke contre Joss Jamon", je prends les traits d'un jeune bandit coléreux, petit, nez retroussé, taches de rousseurs et incisives en avant, je suis la parfaite caricature des jeunes adolescents.

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