Le goût du féminisme

« On ne devient pas féministe : on naît femme et le combat commence. Car le féminisme n'est que combat. » (p. 9) Avec cette affirmation liminaire, Emmanuelle de Jésus-Tritz déroule le tapis rouge aux penseuses de la cause. Elle introduit chaque extrait et dresse une courte biographie des auteur·ices. Oui, il y a quelques textes d'hommes, mais la part belle est faite à ceux des femmes, et c'est bien normal ! La parole doit être donnée et prise par celles qui sont concernées au premier chef. « Pourquoi un hasard chromosomique aboutit à un tel abîme de discriminations ? » (p. 11)

De Benoîte Gould à Virginie Despentes et d'Angela Davis à Olympe de Gouges, on retrouve les thèmes centraux du féminisme : le corps et le viol, le désir et le plaisir féminins, les règles et la grossesse, la maternité et l'avortement, la liberté d'agir et l'intersectionnalité, le capitalisme oppresseur et le patriarcat millénaire.

Ce petit ouvrage ne révolutionne pas le sujet, mais il donne des clés de réflexion, il ouvre des portes. J'ai retrouvé avec plaisir des textes que j'ai lus et grandement apprécié, comme le papier peint jaune et Les guerrillères. Ce goût du féminisme a évidemment sa place dans mes références féministes.

"Le goût du féminisme" est un petit recueil de textes qui illustrent ce combat qui traversent les générations, publié par Mercure de France. Cette anthologie a été faite par Emmanuelle de Jesus-Tritz, qui a opté pour une présentation en 3 thèmes : le corps des femmes, l'esprit des femmes, et combats !

Voici les auteur.ices qu'ont peut y lire :
Christine de Pisan, Guy de Maupassant, Doris Lessing, Germaine Greer, Annie Leclerc, Anne Sylvestre, Benoîte Groult, Gisèle Halimi, Annie Ernaux, Virginie Despentes, Élisabeth Vonarburg, François Poullain de la Barre, Gabrielle Suchon, Flora Tristan, Charlotte Perkins Gilman, Olive Schreiner, Qasim Amin, Simone de Beauvoir, Kate Millett, Goliarda Sapienza, Geneviève Fraisse, Olympe de Gouges, Charles Fourier, Julie-Victoire Daubié, Louise Michel, Voltairine de Cleyre, Marie Anne de Bovet, Hubertine Auclert, Monique Wittig, Simone Veil, Grisélidis Réal, Angela Davis.

Je ne sais pas vous, mais moi j'aime bien les recueils, ça permet d'élargir ses horizons littéraires, de découvrir de nouvelles plumes, de susciter la curiosité, de se confronter à des textes qu'on n'aurait peut-être pas osé ou vers lesquels on n'est simplement pas attiré.

Après cette lecture, j'en ressort avec l'envie de mieux connaître Gisèle Halimi, Angela Davis, Hubertine Auclert et Voltairine de Cleyre (entre autres), de lire "La nuit africaine" d'Olive Schreiner et aussi "Chroniques du pays des mères" d'Élisabeth Vonarburg, d'enfin ouvrir "Le carnet d'or" de Doris Lessing et "La cité des dames" de Christine de Pisan, je me rappelle aussi à quel point je veux lire "La séquestrée" de Charlotte Perkins Gilman, et puis tant d'autres...