Naguib Mahfouz est le premier écrivain de langue arabe a avoir décroché le
Prix Nobel de Littérature et il reste le seul et l'unique à l'avoir obtenu.
Mais je vais me permettre de le comparer, le Nobel Egyptien, au Français d'origine algérienne qui a lui aussi obtenu le
Prix Nobel,
Albert Camus, l'éternel Etranger français.
En découvrant le premier, je me suis rappelée le deuxième car le deuxième est le premier que j'ai découvert (non, je ne vais pas vous refaire le coup de ma critique du Premier Homme d'
Albert Camus où je m'interroge sur l'identité du premier homme). Quelques similitudes entre
l'Etranger et
la Quête ont retenu mon attention :
L'Etranger de Camus se fait assassin ; Sabir, le personnage de
la Quête, en devient un, lui qui se présente au Caire comme un Etranger, alors qu'il est d'Alexandrie. Ils partagent Meursault et Sabir, le même destin, partageant la même origine : la mort de leur mère. Dans les deux
oeuvres, la mort de la mère est le point de départ de l'histoire. "Aujourd'hui, maman est morte" reste l'un des incipits les plus célèbres en France, pour le détachement de Meursault, qui le rend d'emblée étranger aux yeux et au coeur du lecteur ... Sabir, lui, s'émeut de la mort de mère et l'histoire commence avec un regard embué. Un regard embué qui troublera ses sens jusqu'à l'irréparable. Ce qui me rappelle
l'Etranger, qui tue, si je me le rappelle bien, dans un moment d'aveuglement, à cause du Soleil ? Mais le Soleil n'est pas dans les pages de
la Quête de
Naguib Mahfouz, au contraire, car il est sans cesse occulté par les nuages de la mélancolie, par la pluie ou par la nuit ce qui nous plonge dans les 1001 nuits des plaisirs coupables de Sabir. Ce qui le rend étranger, Sabir, c'est son charme de prince ou de bandit des 1001 nuits - et ce qui donne du charme à l'écriture de
Naguib Mahfouz, c'est la poésie du monde oriental (ce texte m'ayant rappelé, aussi, entre autres,
la Chouette aveugle de l'Iranien
Sadegh Hedayat) alors que ce qui rend Meursault étranger, et Camus étranger, c'est peut-être le fait qu'il soit paradoxalement plus français qu'algérien dans sa langue.