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Jean Goldzink (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080706164
280 pages
Flammarion (12/10/1993)
3.55/5   40 notes
Résumé :
Les amours de Lucidor et d'Angélique sont compliquées de stratagèmes, de pièges, d'hésitations. Chacun travaille à rendre l'autre jaloux, pour voir s'il est aimé. C'est une comédie où l'on pleure avant de sourire.
On ne sait où l'auteur a pris l'idée de ses combinaisons incompréhensibles, extravagantes et cruelles. De combien de personnes faut-il faire le malheur, pour s'assurer de la fidélité, de la sincérité de celle qu'on aime ? Marivaux, ici, est, comme ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Lucidor est malade, Lucidor est riche. Angélique est pauvre, Angélique le soigne. Et surtout Angélique l'aime.

Mais l'aime-t-elle pour lui-même ou pour sa fortune? Rongé de soupçons et de fatigues, Lucidor imagine une mise à l'épreuve des sentiments d'Angélique.

Cruelle et dévastatrice, comme toujours chez Marivaux.

Courtisée à la fois par un faux ami de Lucidor qui n'est qu'un valet effronté, et par un lourdaud de village sincère mais peu appétissant, Angélique est perdue, d'autant que le seul qui l'intéresse, Lucidor, semble lui battre froid et vouloir la jeter dans les bras de cet impudent "ami" qui n'est que son domestique.

Désespérée, elle songe à épouser le benêt paysan de service..

Lucidor, enfin, consent à faire cesser ce jeu cruel et avoue la mystification et son amour. l

Mais la fin n'est pas si "happy end" que cela: Angélique est anéantie par tant de cruauté: elle ne pousse ni cri de joie, ni soupir d'amour. Son silence final est éloquent...

La pièce en un acte est un vrai régal. Tout Marivaux y est: vif et contrasté, cruel et sensible!

Pour décor, le charme un peu dépaysant d'une campagne, avec la proximité de Paris qui bruisse en arrière-plan; pour personnages secondaires, un notable de village tout gauche et guindé et un valet parisien alerte et roué, une soubrette à la langue bien pendue, une mère ..."maquerelle", aveugle et sourde aux souffrances de sa fille, et puis surtout les deux protagonistes, Lucidor et Angélique.

J'ai vu jouer le premier par un jeune acteur qui, à chaque scène, semblait plus pâle, plus essoufflé, plus maladif et presque mourant, ce qui donnait à sa cruelle manipulation un air d'urgence et une âpreté très inquiétants.

Quant à Angélique, elle est une de ces héroïnes tendres, sincères, sans afféterie -ce n'est pas une parisienne - que Marivaux affectionne. On pense à l'héroïne de "La vie de Marianne", son roman "féministe" .

Cette "épreuve" est pour Angélique comme un baptême du feu: elle y découvre en même temps la méchanceté, la forfanterie et la balourdise des (trois ) hommes qui la courtisent et des trois "classes" qu'ils représentent.

Elle n'est pas loin de préférer le calme de la simplicité campagnarde aux avanies et tromperies spirituelles d'une société parisienne en mal de divertissement, d'une société corrompue, où maîtres et valets, complices en malignité, restent au fond d'impitoyables adversaires de classe.

Son silence final en dit long sur la perte de ses illusions...et sur son amertume.

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Un nouveau marivaudage de Marivaux, où, pour être sûr d'être aimé, il faut dissimuler et tromper l'être aimé. Les amants qui étaient heureux sans s'avouer leurs sentiments se font souffrir en se rendant jaloux et en se manipulant les uns les autres. Ce n'est donc pas une comédie qui fait sourire, Angélique pleure et Lucidor se désespère. L'accent paysan du fermier n'apporte guère non plus de comique. Louisette aimait Frontin, mais se range à l'argent et épouse un sac d'or, la mère est prête à donner sa fille à n'importe qui tant qu'il est prêt à lui donner une fortune.
Ce n'est donc pas la meilleure pièce de Marivaux, sans doute parce qu'elle est trop rapide pour qu'on s'attache aux personnages et à leurs émotions.
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Les acteurs de bonne foi

Merlin veut écrire sa pièce en vers acréontiques, mais qui laisse place à l'improvisation: “Oui. Je n'ai fourni que ce que nous autres beaux esprits appelons le canevas ; la simple nature fournira les dialogues, et cette nature-là sera bouffonne.”
Et Merlin parle, “Du passable, Monsieur ? Non, il n'est pas de mon ressort ; les génies comme le mien ne connaissent pas le médiocre ; tout ce qu'ils font est charmant ou détestable ; j'excelle ou je tombe, il n'y a jamais de milieu. “
Nous entendons alors Marivaux,
même dans une pièce mineure,
le génie évite le médiocre...

Lien : http://holophernes.over-blog..
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J'ai eu beaucoup de mal à lire cette pièce et beaucoup de mal à suivre le fil. Je n'ai donc malheureusement pas vraiment accroché et pas vraiment apprécié ce livre.
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Excellente pièce, très drôle, une justesse dans le déroule de l'histoire très agréable à suivre ; fort heureusement, tout se finit bien pour tout le monde (enfin presque...) ; je craignais qu'il en fût autrement. Je conseille !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation


Angélique.

Vous dites que je vous hais ; n’ai-je pas raison ? Quand il n’y aurait que ce portrait de Paris qui est dans votre poche.

Lucidor.

Ce portrait n’est qu’une feinte ; c’est celui d’une sœur que j’ai.

Angélique.

Je ne pouvais pas deviner.

Lucidor.

Le voici, Angélique ; et je vous le donne.

Angélique.

Qu’en ferai-je, si vous n’y êtes plus ? Un portrait ne guérit de rien.

Lucidor.

Et si je restais, si je vous demandais votre main, si nous ne nous quittions de la vie ?

Angélique.

Voilà du moins ce qu’on appelle parler, cela.

Lucidor.

Vous m’aimez donc ?

Angélique.

Ai-je jamais fait autre chose ?

Lucidor, se mettant tout à fait à genoux.

Vous me transportez, Angélique.
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Lisette.

Je n’ai vu que M. Lucidor, et ce n’est pas lui qui vous épouse.

Angélique.

Eh ! si fait ; voilà vingt fois que je te le répète. Si tu savais comme nous nous sommes parlé, comme nous nous entendions bien sans qu’il ait dit : « C’est moi ! » mais cela était si clair, si clair, si agréable, si tendre !

Lisette.

Je ne l’aurais jamais imaginé. Mais le voici encore.



Scène X
LUCIDOR, FRONTIN, LISETTE, ANGÉLIQUE.


Lucidor.

Je reviens, belle Angélique ; en allant chez votre mère, j’ai trouvé monsieur qui arrivait, et j’ai cru qu’il n’y avait rien de plus pressé que de vous l’amener ; c’est lui, c’est ce mari pour qui vous êtes si favorablement prévenue, et qui, par le rapport de nos caractères, est en effet un autre moi-même. Il m’a apporté aussi le portrait d’une jeune et jolie personne qu’on veut me faire épouser à Paris. (Il le lui présente.) Jetez les yeux dessus : comment le trouvez-vous ?

Angélique, d’un air mourant, le repousse.

Je ne m’y connais pas.

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LUCIDOR.
Non, il n'a pas encore été question du mot d'amour entre elle et moi ; je ne lui ai jamais dit que je l'aime ; mais toutes mes façons n'ont signifié que cela ; toutes les siennes n'ont été que des expressions du penchant le plus tendre et le plus ingénu.
Acte I, scène 1.
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Angélique.

C’est bien fait. Je vous dirai donc, monsieur, que je serais mortifiée s’il fallait vous aimer ; le cœur me le dit ; on sent cela. Non que vous ne soyez fort aimable, pourvu que ce ne soit pas moi qui vous aime. Je ne finirai point de vous louer quand ce sera pour une autre. Je vous prie de prendre en bonne part ce que je vous dis là ; j’y vais de tout mon cœur. Ce n’est pas moi qui ai été vous chercher, une fois ; je ne songeais pas à vous ; et si je l’avais pu, il ne m’en aurait pas plus coûté de vous crier : « Ne venez pas ! », que de vous dire : « Allez-vous-en. »

Frontin.

Comme vous me le dites ?

Angélique.

Oh ! sans doute, et le plus tôt sera le mieux. Mais que vous importe ?
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Maître Blaise.

Oui, monsieur, je serons fidèle à ça ; mais j’ons bonne espérance de n’être pas digne d’elle ; et mêmement j’avons opinion, si alle osait, qu’alle vous aimerait pus que parsonne.

Lucidor.

Moi ? maître Blaise. Vous me surprenez : je ne m’en suis pas aperçu, vous vous trompez. En tout cas, si elle ne veut pas de vous, souvenez-vous de lui faire ce petit reproche-là. Je serais bien aise de savoir ce qui en est, par pure curiosité.
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