En 1935, après les succès de
Rendez vous à Samarra et Butterfield 8, John O'Hara a du rencontrer James Cain qui venait, dans le même temps de signer le facteur sonne toujours deux fois et Assurance sur la mort avec une critique aussi élogieuse :
« Es-tu capable de faire un succès avec mon style ? ».
O'Hara va donc faire Hope of heaven en 1938 et Cain Mildred Pierce en 1940 (un peu plus long de faire une chronique sociale).
Hope of heaven, mal traduit dans la version originale française de 1949 par C'était le paradis, l'est à peine mieux par
Une lueur de paradis chez
Pascuito en 2006 – pas grave, à titre posthume.
A la base, c'est un mix de roman noir et de chronique hollywoodienne des années 30 dont le style direct et sans fioriture peut difficilement justifier l'appellation de «
Balzac américain » que les critiques (américains) ont donné à O'Hara, mais qui lui convient parfaitement : comme toujours, les caractères sont très finement développés et on a vraiment la sensation d'éprouver et de suivre leurs émotions. John O'Hara en profite pour placer de façon très explicite son affinité avec les idées de gauche et, quoique non encarté, avec le Parti Communiste USA de l'époque ; il évoque aussi au détour d'une conversation les accusés de Scottsboro (1931) et nul doute qu'il a dû avoir les oreilles qui chauffent (avec Steinbeck et d'autres) dans la thèse du réactionnaire
Tom Wolfe à Yale dans les années 50.
L'écriture est très prenante, l'idée de départ qui pourrait se résumer en une demi-page révèle en fait des surprises scénaristiques (polar oblige) et des personnages comme Don Miller ou le père de Peggy dont une partie non négligeable du passé reste assez obscure mais joue un rôle central.
Peggy, cette jouvencelle qui veut vivre sans contraintes, reste le personnage le plus intéressant et sa décision finale est finement justifiée (but no spoil).
Essai transformé donc mais qui n'aura pas de suite dans les livres suivants (ou du moins ceux traduits en français) : A corps perdu et
10, rue Frederick font 500 pages et reprennent la critique sociale psychologique.
Encore un 5* pour John O'Hara car ce fut un régal et quand on aime, on ne compte pas !