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EAN : 9782847424751
239 pages
PASSAGE (28/10/2021)
4.17/5   12 notes
Résumé :
Le destin d'une femme, amie des arts, pionnière d'un féminisme qui bouscule les conventions de son époque.

Au lendemain de la guerre de 1914, Yvonne Vierne, jeune femme intrépide, crée à Paris La Porte étroite, une petite librairie située au 10 rue Bonaparte, spécialisée dans la bibliophilie, l'art et la poésie. Elle y fait la rencontre de Henri-Pierre Roché, le futur auteur de Jules et Jim, grand ami des peintres et grand collectionneur, qui l'introd... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
[***Acquisition 27 octobre 2021 / Librairie Caractères- Issy-les-Moulineaux]

Je viens de passer un excellent moment en compagnie de « La petite libraire de la rue Bonaparte " de Françoise Pitt-Rivers, ainsi qu'avec des artistes dont j'entendais le nom pour la première fois dont Sanyu, contemporain de Foujita, « le Matisse chinois », déclencheur de cette histoire véridique et à peine croyable!
D'autres noms totalement nouveaux pour ma part, dont un élève de Picasso, Pedro PRUNA (1904-1977),un artiste russe, Serge Férat, etc.

L'auteure , le regard happé par une affiche annonçant une exposition mettant en avant un artiste franco-chinois, appartenant à l'Ecole de Paris, dans les années 30, Sanyu, au Musée Guimet…se précipitera voir l'exposition… et cela sera le déclic qui induira, des années plus tard, ce récit, mêlant un hommage vibrant à sa mère , Yvonne Vierne, jeune femme au destin atypique, qui rencontrera tous les noms qui comptent dans le monde des Arts et de la littérature au tout début du XXe siècle…

Une histoire familiale traversant deux guerres, destins individuels riches et complexes et en parallèle le monde effervescent des intellectuels et créateurs de tous les horizons, dans un Paris éternellement fédérateur , et dans une période historique particulière; celle du lendemain de la guerre de 1914...!

Je me suis précipitée sur cet ouvrage… car en tant que libraire ayant exercé en Ancien, le nom de cette librairie « La Porte étroite » avait un prestige et une renommée toujours confirmés dans les années 2000…J'étais donc intriguée et curieuse de son histoire et de sa créatrice première !.
En plus de ce personnage féminin, au caractère bien trempé, amoureuse des Lettres et des Arts… nous traversons la Petite histoire et la Grande Histoire ainsi que les changements sociétaux, se mêlant, pour le plus grand bonheur de nous, lecteurs !

« Se séparer de sa librairie, voilà le sacrifice qui va lui être imposé.
(...) C'est à celle qui l'a si bien conseillée au moment de sa création que von cède alors sa librairie. Sous la nouvelle direction de Madeleine Feuchtwanger, désormais la Librairie Yvonne Vierne va changer son nom pour celui de la Porte étroite, ce que ma mère n'a pas eu le temps de faire, faute d'avoir pu rencontrer André Gide.
De toute façon, il valait mieux pour elle ne pas parler de Gide rue de l'Université, le "Familles, je vous hais!" des -Nourritures terrestres -aurait été trop difficile à expliquer.
Rien ne s'opposait plus au mariage de mes parents, bientôt célébré à Saint-Thomas d'Aquin, en la chapelle Saint-Louis, le 21 mars, jour du printemps de l'année 1924. (p. 126)”

Un petit trésor de lecture lu dans la nuit… mêlant harmonieusement l'histoire intime d'un couple (les parents de l'auteure), un portrait d'une femme singulière en une période donnée, où les droits des femmes étaient des plus restreints, hors mariage et famille…et un balayage des plus instructifs sur L Histoire des Beaux-Arts du XXe, sans oublier les traumatismes immenses de deux guerres…sur chacun, et en particulier, sur nos personnages…

En sus de ma sympathie pour Vo, la petite libraire de la rue Bonaparte, dynamique et cultivée, et plus tard, pour son futur mari, bibliophile et grand lecteur d'André Gide, j'ai eu la belle surprise de faire la connaissance d'artistes (méconnus à mes yeux ?) : Sanyu, Pruna,élève de Picasso, et le peintre russe, Serge Férat…

Toutefois ma plus grande surprise fut la personnalité complexe et captivante de l'auteur de « Jules et Jim », qui fut un collectionneur hors pair, passionné et généreux, critique d'art averti…

Notre petite libraire de la future « Porte étroite » rencontrera Henri-Pierre Roché . Celui-ci sera parmi les premiers clients de sa petite librairie et deviendra son ami… pour plusieurs décennies !
[Je trouve d'ailleurs dommageable qu'il ne soit resté que le créateur de « Jules et Jim », tant ses talents étaient infiniment plus larges et des plus étonnants ! Il fut aussi le traducteur de Keyserling et d'Arthur Schnitzler, etc.
Un tel coup de coeur parallèle au destin de Vo, « notre » Libraire… que j'ai poursuivi les recherches et suis impatiente de recevoir une demande à la Réserve centrale des Bibliothèques de la ville de Paris, concernant une biographie plus large de Roché, en tant que fou passionné par les Arts, cet « Enchanteur de collectionneur » ]

« Je n'avais probablement pas lu, au moment de sa parution, il y avait quarante ans de cela, l'article de Roché sur sa "brave petite collection". l'aurais-je lu que j'aurais certainement oublié le passage où, pour évoquer celles de ses oeuvres qui n'avaient pas "atteint la gloire", il les compare amoureusement à des "Belles au bois dormant". Les tableaux de mes parents, les Serge Férat, les Prunat, les Sanyu, étaient justement de ces belles endormies que personne n'était venu réveiller. » (p. 230)

Dans le sentiment ressenti qu'un livre est un vrai “Coup de Coeur”, rentrent an compte, la rencontre d'autres livres ou d'autres existences réelles avec lesquels on a envie, ensuite, de poursuivre le » Voyage”.
Ces fameux livres qui mènent à d'autres livres, à d'autres artistes. Ainsi, cet hommage vibrant de l'auteure, à sa mère, va bien au-delà… induit moult autres « richesses »…une histoire intime s'ouvrant sur le monde, les Arts, et l'histoire des avant-gardes au lendemain de la guerre de 1914 !

J'aurai encore de nombreuses notations, impressions à ajouter sur cette lecture…si prolixe ; je vais me contenter de souligner une dernière chose : cette belle lecture m'a impulsé d'autres curiosités fort attrayantes comme l'envie de lire deux autres ouvrages de Françoise Pitt-Rivers : « Balzac et l'art » (1994), ainsi que « le Destin d'Angelica Kaufmann. Une femme peintre dans l'Europe du XVIIIe siècle » (2009).

L'Art est toujours très, très présent dans les thématiques de Françoise Pitt-Rivers… mais est-ce bien surprenant, lorsqu'on découvre dans ce récit le milieu très sensible aux Beaux-arts et aux belles choses où l'auteure a vécu très intimement et durablement, dans sa jeunesse, grâce justement, à cette mère talentueuse et singulière, la fameuse « petite libraire de la rue Bonaparte »…qui restera un long moment dans ma tête et mes souvenirs!!...

Je laisserai comme « mot de la fin » la très belle citation de Marcel Proust, mise en exergue de ce texte :
« Et c'est ce qu'il y a de plus passionnant chez les êtres humains : savoir d'où nous vient ce que nous sommes »


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Il était une fois une librairie, pas n'importe laquelle, celle de la renommée « Porte étroite ». L'emblème d'un roman réputé de nos jours, celui d'André Gide.
Cette ode à l'art, à la culture et à la littérature dans le frémissement du début d'un
XX ème siècle à Paris, est un parchemin vivifiant et palpitant.
La plume est concernée, maîtrisée à l'extrême dans cet aérien gagné d'avance. Puisqu'il s'agit de Yvonne Vierne, la propre mère de Françoise Pitt-Rivers. Cette dernière rassemble l'épars de la vie d'une belle personne éveillée, curieuse et intuitive. Dont la jeunesse affranchie et l'avant-garde naissante, rien qu'au toucher, elle pressentait déjà le perpétuel d'une oeuvre.
10, rue Bonaparte, citadelle livresque, lieu régénérant où d'aucuns croisent leurs destins. Passions siamoises, le rare est observé, frénétiquement feuilleté. Les échanges avec les passionnés sont dès les prémices, ce qui résistera au temps et aux déconvenues.
Yvonne Vierne rencontre Henri-Pierre Roché, le futur auteur du fabuleux « Jules et Jim ».
Bibliophile, perfectionniste, belle et jeune dans cet enthousiasme humble, elle est remarquée. La librairie devient un lieu où, de Cocteau, Picasso, Dufy, Radiguet… tous auront un jour certain pénétrés cet espace fascinant. Elle cueille les artistes et goûte le raisin artistique. Les amitiés spéculatives, Henri-Pierre Roché grand collectionneur, l'initie à l'Art.
Ce livre au pouvoir cinématographique est une mise en abîme d'une période où les rencontres allaient s'avérer cruciales et d'une richesse infinie. La réalité d'une contemporanéité excelle pour notre plus vif intérêt.
On est en fusion dans cette sphère intellectuelle, frémissante dont tour à tour des écrivains tels que Radiguet, Cocteau.. . au peintre Picasso, etc , tous sont acteurs de ce livre qui encense l'idiosyncrasie artistique. Ce chef-d'oeuvre parchemin, rue Bonaparte « Entre la Seine et la rue Jacob reste un havre de paix pour qui veut flâner en s'arrêtant devant les boutiques. Galeries d'estampes et de tableaux, ateliers d'encadreurs ont investi les lieux… L'existence d'une nouvelle librairie, si petite soit-elle, ne peut y passer inaperçue, surtout lorsqu'on reconnaît le frontispice d'un livre exposé en vitrine un portrait d'Apollinaire par Picasso. »
Yvonne est éveillée, libre, curieuse et belle. de fil en aiguille elle rencontre son futur mari. Les présentations à la belle-famille valent le détour pour comprendre les habitus et les préjugés de la haute-bourgeoisie. Elle doit se plier aux règles. Une femme ne doit pas travailler et tutti quanti. Que faire ? Elle est si amoureuse !
La petite librairie va se retrouver sans son héroïne. Mais Yvonne ne renonce pas à sa passion pour l'Art. Son mari, aux professions multiples et diverses mais toujours dans ce qu'il y a de plus valorisant pour une société ployé sous les diktats conventionnels est souvent à l'étranger. Yvonne voyage donc beaucoup, déménagement sur déménagement.
Yvonne revoit Roché. Ce dernier lui relate Franz et Helen Hessel, l'éduque à la peinture côté soleil.
Nous sommes en plongée dans un roman vif et éclairant qui touche au coeur. Ici, ce sont les parents de Françoise Pitt- Rivers qui encensent les lignes. Magistral et précis, ce roman est apprenant et l'évasion dans ce siècle passé est une délectation. L'intime sous un prisme culturel hors pair. Ici, c'est le parfait accord entre une trame construite avec les rappels pavloviens, et la mémoire générationnelle qui anime les pages et insuffle la vie. Françoise Pitt-Rivers rend le plus bel hommage à sa famille.
« Avant de tomber malade mon frère me disait souvent, s'attribuant, je crois, une parole de Sacha Guitry à sa cinquième femme : Tu me fermeras les yeux, tu ouvriras mes tiroirs. »
Rémanence : les Chrysanthèmes roses dans un vase blanc de Sanyu, peintre chinois, première de couverture et point final élégant, doux et magnifique de "La petite libraire de la rue Bonaparte".
Publié par les majeures éditions le Passage.
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Dans ce roman Françoise Pitt-Rivers rend hommage à sa mère, Yvonne Vierne, amoureuse d'art et de littérature qui, en 1921, ouvre une petite librairie rue Bonaparte à Paris qui sera connue plus tard sous le nom de « La porte étroite » en référence au livre du même nom d'André Gide et avec l'accord de ce dernier.

Une femme qui, par amour, n'hésitera pas à renoncer très vite à sa chère librairie afin de respecter les convenances de la famille bourgeoise de son futur époux.

L'auteure remonte le temps pour nous compter Yvonne, de sa jeunesse à ses derniers jours.
Une mère instruite, courageuse, en avance sur son temps, au goût raffiné, passionnée de décoration et qui, sur les conseils de son ami Henri-Pierre Roché, écrivain et collectionneur d'art, fera l'acquisition d'oeuvres d'artistes alors peu connus comme Férat, Prunat et surtout Sanyu, surnommé le Matisse chinois, dont la cote s'élèvera bien des années plus tard.

L'histoire enrichissante d'une famille, d'une époque et de l'art dans laquelle nous croisons de grands noms.
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Très belle découverte que ce récit de vies qui nous offre une traversée du siècle et de l'histoire portée par des protagonistes amoureux des arts et des lettres. J'ai découvert des artistes dont je n'avais jamais entendu parler, Sanyu, peintre franco chinois, en est un, et Henri-Pierre Poché, connu pour être l'auteur de Jules et Jim mais que j'ignorais être marchand d'art.
Ce livre sincère et attachant donne envie de chercher à en apprendre davantage. Un immense merci à l'auteur qui nous fait entrer dans l'intimité de sa famille lourdement éprouvée mais riche de nombreuses rencontres.
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Françoise Pitt-Rivers raconte dans « La petite librairie de la rue bonaparte » l'histoire de sa mère, qui a créé une librairie à Paris, spécialisée dans la bibliophilie et la poésie.
Ce livre est un très bel hommage à cette femme libre, féministe, en avance sur son temps et passionnée des arts et des artistes.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
J'ai dû me tordre le cou pour revoir l'affiche tant j'avais de mal à croire à ce qu'elle m'annonçait: une exposition Sanyu au musée Guimet. Sanyu, ce peintre chinois resté très ignoré du monde de l'art, était-il enfin sur le point d'être reconnu par Paris où il avait vécu et travaillé quelque quatre-vingt ans plus tôt, et qui l'avait laissé sur le bord du chemin de la célébrité ? (...)
J'étais allée dès le lendemain à Guimet visiter l'exposition. Les salles où elle se tenait étaient presque désertes. La célébrité n'avait pas encore l'air d'être au rendez-vous pour Sanyu. Contemporain de Foujita dans le Montparnasse des années trente, ayant comme lui fait le choix de vivre en France, il était bien loin d'avoir atteint la renommée du Japonais(p. 13-14)
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Depuis deux ou trois ans Roché s'intéressait à un jeune peintre, surnommé le "Matisse chinois". Né avec le siècle dans la province du Sichuan, Sanyu-tel était son nom-était arrivé à Paris il y avait une dizaine d'années dans le but de devenir peintre. A ses yeux, comme à ceux du monde entier, Paris et spécialement Montparnasse étaient le centre du monde de l'art. Après avoir étudié la calligraphie au Japon, c'était à la Grande Chaumière qu'il s'était inscrit pour recevoir une formation à l'art occidental et il appartenait maintenant à ce groupe cosmopolite de peintres qui constituaient dans les années trente l'école de Paris, dont l'autre membre asiatique était Foujita. (p. 141)
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Je n'avais probablement pas lu, au moment de sa parution, il y avait quarante ans de cela, l'article de Roché sur sa "brave petite collection". l'aurais-je lu que j'aurais certainement oublié le passage où, pour évoquer celles de ses oeuvres qui n'avaient pas "atteint la gloire", il les compare amoureusement à des "Belles au bois dormant". Les tableaux de mes parents, les Serge Férat, les Prunat, les Sanyu, étaient justement de ces belles endormies que personne n'était venu réveiller. (p. 230)
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Et pourtant cette fin d'après-midi de printemps de l'année 2004 reste pour moi inoubliable. Quand j'y repense aujourd'hui, je suis encore étonnée de l'importance de la place du hasard dans le cours d'une vie. Hasard, destin, providence ? Qui peut le dire ?
(...)
Personne ne m'avait parlé d'une exposition Sanyu, Sanyu dont, depuis la mort de mon frère, je possédais les deux tableaux qui lui venaient de nos parents. Il faut dire qu'elle n'avait pas fait grand bruit à Paris, cette exposition. Au reste qui aurait pu m'en parler ?
Personne autour de moi ne savait qui était ce peintre . Ni les amateurs d'art, ni ceux qui ne l'étaient pas. (p. 229)
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Se séparer de sa librairie, voilà le sacrifice qui va lui être imposé.
(...) C'est à celle qui l'a si bien conseillée au moment de sa création que Von cède alors sa librairie. Sous la nouvelle direction de Madeleine Feuchtwanger, désormais la Librairie Yvonne Vierne va changer son nom pour celui de la Porte étroite, ce que ma mère n'a pas eu le temps de faire, faute d'avoir pu rencontrer André Gide.
De toute façon, il valait mieux pour elle ne pas parler de Gide rue de l'Université, le "Familles, je vous hais!" des -Nourritures terrestres -aurait été trop difficile à expliquer.
Rien ne s'opposait plus au mariage de mes parents, bientôt célébré à Saint-Thomas d'Aquin, en la chapelle Saint-Louis, le 21 mars, jour du printemps de l'année 1924. (p. 126)
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