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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sorti des magasins de la médiathèque dans laquelle j'emprunte mes ouvrages, je suis assez enthousiaste de ma petite trouvaille qui se révèle être une vraie merveille ! Assoiffée de connaissance en ce qui concerne Rudyard Kipling (un auteur que je connais si mal alors qu'il mérite bien plus que cela), j'ai décidé de lire un petit peu les différents genres auxquels il s'est intéressé, que ce soit, les contes, romans, pièces de théâtre ou encore, comme ici, oeuvres poétiques.

Bien évidemment, le problème auquel je suis confronté ici est celui de la traduction car bien que cet ouvrage soit bilingue (publié en anglais sur la page de gauche et en français sur celle de droite), je ne maîtrise cependant (et malheureusement) pas assez l'anglais pour avoir lu ces poèmes dans leur langue originale.
Comme le dit Dominique Petitfaux, le traducteur des poèmes de Kipling pour cette édition : "toute traduction est forcément une trahison, surtout quand il s'agit de poésie [...] mais bon, cela ne fait rien, je n'ai pas pu passer à côté de la tentation, même si certains jeux de mots me sont peut-être passé à côté. Ce que j'ai découvert dans ce recueil nous parle d'Orient (n'oublions pas que l'auteur était originaire d'Inde), de l'Angleterre également (son pays d'adoption)de guerre mais aussi des femmes. Rudyard Kipling me semble être un très grand patriote, tout en n'oubliant cependant pas où sont ses véritables racines.

Il nous transmet dans cet ouvrage des leçons de morale qui ne peuvent pas nous laisser indifférents, et cela magnifiquement mis en musique à travers ces vers doux qui nous laissent parfois songeurs.
Enfin, le tout étant mis en images par Hugo Pratt, je ne peux que vous recommander, si vous en avez l'occasion, de découvrir ce petit bijou de la littérature !
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Cette édition bilingue comprend, hormis quelques exceptions datées, des poèmes inclus dans le recueil intitulé : Barrack-Room Ballads (« Chansons de la chambrée ») et publié en 1892, lorsque Kipling avait 27 ans et était donc encore très éloigné de son militantisme politique tardif. Cependant, même les vers postérieurs donnent de l'auteur une image beaucoup moins caricaturale que celle que ses détracteurs ne livrent du chantre de l'impérialisme victorien, raciste et conservateur. Ici les poèmes réussissent à refléter les sentiments multiples et ambivalents des simples soldats des troupes coloniales britanniques. le patriotisme est de mise, naturellement, surtout dans le premier poème, « Le drapeau anglais » (1891), mais aussi les frustrations du retour à la vie civile, exprimées par « Le troufion Tommy Atkins », la désertion, le deuil pour les camarades tombés au combat et celui de leurs veuves, la vie dans la caserne et les marches d'un campement à l'autre, les désirs sexuels réprimés et autres considérations « militaresques » sur la gent féminine, le respect pour l'ennemi qui se bat avec bravoure, le désoeuvrement même, et surtout, encore et encore, l'appel de et l'admiration pour l'Orient, de Suez à Kaboul, de Mandalay en Birmanie à Simla, la ville symbole de l'Inde britannique. Il est évident que cette attraction représentait du vécu pour l'auteur, ce qui, sous sa plume précocement talentueuse, lui a permis d'éviter l'orientalisme. Kipling ose aussi des critiques politiques très sévères contre le gouvernement, en particulier dans « Mésopotamie » (1917).
Néanmoins, la fiction que le poète disparaisse sous les traits du troufion est rendue magnifiquement par la langue : un anglais à la fois oralisé par des distorsions phonétiques de l'orthographe (élision des H partout, des d'et autres lettres finales, erreurs volontaires de conjugaison etc.), et par l'usage de tournures argotiques et surtout d'un jargon militaire qui est désormais assez opaque dans l'anglais standard. Pour cette raison, la traduction française en regard, et en particulier cette traduction par Dominique Petitfaux qui assume le choix de privilégier le sens sur le style, est une aide précieuse, même si ce choix se paie par un texte beaucoup plus lourd, artificiel et empâté que l'original – le contraire exact de l'oralité et surtout de la poésie.

Je réserve une note conclusive aux illustrations de ce livre, par le grand Hugo Pratt, le père de Corto Maltese. Les aquarelles de Pratt, qui illustrent presque chaque poème, sur une ou deux pages de grand format sur papier épais et rugueux, avec leurs couleurs chaudes et une extrême économie de traits, sont, à mon avis, au moins aussi attrayantes que les écrits. Elles s'en émancipent quelquefois, tout en offrant une compréhension complémentaire des paysages et des personnages. J'ai appris par la très bonne Introduction que le dessinateur a passé son enfance en Éthiopie, et son auteur, Franco Buffoni, émet l'hypothèse que : « dans la transposition esthétique de cette nouvelle série d'"illustrations" ; l'Afrique devient l'Inde et il n'est pas impossible que Corto Maltese, dont les traits sont durs et osseux, marqués par le soleil, mais tendres, comme assoiffés de douceur, se métamorphose en Tommy Atkins. Et elle se transforme dans la tradition sans avant ni après de l'aventurier de tout temps, capable d'évoluer tel un Candide voltairien ou un Don Juan byronien, multiforme mais solidement ancré au principe vital de l'aventure et de la découverte, dans une perpétuelle remise en question. » (p. 6).
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Au-delà de l'auteur du Livre de la jungle et autres romans, Kipling demeure le poète de l'épopée anglaise qui mêle ses troupes aux horizons lointains.
Chantre du soldat oublié ou honni, Kipling inscrit les vies anonymes dans un mouvement vertigineux qui engloutit désirs et détails quotidiens. Dans un Orient de crasse et de rêve, les tensions et les amours s'emparent des êtres et des paysages.
C'est cette atmosphère solaire et irréelle qui est rendue dans les nombreux dessins qu'Hugo Pratt réalisa pour illustrer certains des poèmes du recueil : une ballade des horizons salés à feuilleter dans les brumes des ports et des cafés ouverts sur le rêve...
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
"Et ici à Londres, je comprends ce que dit tout vieux soldat :
Une fois qu'on a entendu l'appel de l'orient, on ne fait plus attention à rien d'autre."
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Papillons

Les yeux en l'air, au-dessus des endroits dangereux,
Les enfants suivent les papillons,
Et, à la sueur de leurs visages renversés,
Tranchent avec un filet les cieux vides.

C'est ainsi qu'ils tombent au milieu des ronces,
Et piquent leurs orteils sur les cimes des orties,
Jusqu'à ce qu'après mille égratignures et brouilles,
Ils s'essuient le front et la chasse s'arrête.

Alors pour les calmer vient leur père
Et arrête l'émeute de douleur et de chagrin,
Disant : " Petits, allez chercher
dans mon jardin une feuille de chou.

" Vous y trouverez des verticilles et des caillots d'
œufs gris ternes qui, correctement nourris,
Tournez, par le ver, à beaucoup de
papillons glorieux ressuscités d'entre les morts." . . .

« Le ciel est beau, la Terre est laide »,
dit le prédicateur en trois dimensions ;
Il ne faut donc pas chercher où gisent l'escargot et la limace
Pour la naissance de Psyché. . . . Et c'est notre mort !
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Une légende de vérité

Il était une fois, racontent les anciennes légendes,
La Vérité, s'élevant du fond de son puits,
Regarda le monde, mais, entendant comment il mentait,
Retourna dans sa retraite horrifiée.
Elle demeurait là, si consciente de sa valeur, que
ni la question de Pilate ne l'incitait,
ni Galilée, à genoux pour nier
les lois qui maintiennent notre planète « sous le ciel ».
Pendant ce temps, sa sœur plus aimable, que les hommes appellent
Fiction, faisait tout son ouvrage et plus que tout,
Avec tant de zèle, de dévouement, de tact et de soin,
Que personne ne remarquait que la Vérité était ailleurs.

Puis vint une guerre où, bombardée, gazée et minée,
la Vérité se leva une fois de plus, forcément, pour rencontrer l'humanité,
et à travers la poussière, l'éclat et l'épave des choses,
J'ai vu un fantôme aux ailes déséquilibrées,
titubant et tâtonnant, hébété, échevelé, muet,
mais sémaphorisant des actes plus terribles à venir.

Truth l'a salué et lui a dit de se lever ; l'ombre tremblante
s'accrochait à ses genoux et balbutiait : « Sœur, au secours !
Je suis… j'étais… ton adjoint, et les hommes
m'ont supplié d'avoir ma langue ou ma plume utile
pour passer sous silence leurs actes doux, et j'ai obéi,
et eux, et tes demandes ont été satisfaites.
Mais ceci... " Elle montra la plaine brûlante,
où des hommes comme des dieux et des diables travaillaient ensemble -
" Cela me dépasse ! Reprenez votre travail. "

Tablettes et stylo transférés, elle s'est enfuie au loin,
Et la Vérité a assumé le récit de la Guerre...
Elle a vu, elle a entendu, elle a lu, elle a essayé de raconter
Des faits au-delà des précédents et des parallèles -
Inaptes à faire allusion ou à respirer, encore moins à écrire,
Mais qui se produisent à chaque minute, jour et nuit.
Elle en réclamait des preuves. Il est venu. Les dossiers s'agrandissent.
Elle leur a d'abord marqué : « Revenez. Cela ne peut pas être vrai.
Puis, sous le froid mot officiel :
"Ce n'est pas vraiment la moitié de ce qui s'est passé."

Elle se fit enfin face, raconte l'histoire,
et télégraphia à sa sœur : "Viens immédiatement.
Les faits sont incontrôlables. Impossible de rattraper
Sans votre aide. Revenez pour le bien de la Vérité !
Un rang et des pouvoirs égaux si vous êtes d'accord.
Ils ont besoin nous deux, mais toi bien plus que moi !"
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Cellules

J'ai une tête comme un accordéon : j'ai une langue comme un bouton :
j'ai une bouche comme une vieille pomme de terre, et je suis plus qu'un peu malade,
mais je me suis bien amusé Garde du caporal : J'ai fait voler les cendres,
et je suis ici dans le Clink pour un verre tonitruant
et noircir l'œil du caporal.
Avec un pardessus d'occasion sous la tête,
Et une belle vue sur la cour,
c'est du pack-drill pour moi et une quinzaine de CB
Pour « ivre et résister à la Garde !
Ivre fou et résistant à la Garde -
'Strrewth, mais je les ai frappés fort !
Donc c'est pack-drill pour moi et une quinzaine de CB
Pour "ivre et résister à la Garde".

J'ai commencé le portage de la cantine, j'ai fini la bière de la cantine,
Mais une dose de gin qu'un pote a glissé, c'est cela qui m'a amené ici.
C'était ça et un double garde extérieur qui m'a frotté le nez dans la saleté ;
Mais je suis tombé avec le stock du caporal
et le meilleur de la chemise du caporal.

J'ai laissé ma casquette dans un cabaret, mes bottes sur la voie publique,
Et Dieu sait où, et je m'en fiche, ma ceinture et ma tunique sont parties ;
Ils vont arrêter ma solde, ils vont couper les rayures que je
portais , Mais j'ai laissé ma marque sur le visage du caporal, et je pense qu'il va la garder là !

Ma femme, elle pleure sur la porte de la caserne, mon enfant dans la cour de la caserne,
ce n'est pas que je m'occupe de la chambre Ord'ly - c'est
Je prêterai serment devant eux deux que je m'abstiendrai bien sûr,
Mais dès que je serai avec un maté et un gin, je sais que je le referai !
Avec un pardessus d'occasion sous la tête,
Et une belle vue sur la cour,
Oui, c'est du pack-drill pour moi et une quinzaine de CB
Pour « ivre et résister à la Garde !
Ivre fou et résistant à la Garde -
'Strrewth, mais je les ai frappés fort !
Donc c'est pack-drill pour moi et une quinzaine de CB
Pour "ivre et résister à la Garde".
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Une chanson dans la tempête

Fais en sorte que
les océans éternels combattent à tes côtés , même si ce soir
le vent contraire et les marées
font de nous leur jouet.
A force de temps, non de guerre,
au milieu du danger on se guide :
Que l'impolitesse du Destin soit accueillie, alors,
partout où elle apparaît
dans tous les temps de l'angoisse et aussi
dans celui de notre salut,
le jeu gagne toujours le joueur
et le navire bat toujours son équipage.

De la brume,
les vagues qui brillent et s'enroulent se dirigent vers l'obscurité .
Presque ces eaux sans conscience se comportent
comme si elles avaient une âme -
presque comme si elles avaient accepté de plonger
notre drapeau sous leurs eaux vertes :
alors que l'impolitesse du Destin soit accueillie
partout où elle peut être vue, etc.

Soyez bien sûr, malgré le fait que les vagues et le vent
en réserve gardent des rafales encore plus puissantes,
que ceux d'entre nous qui remplissent les gardes assignées
ne négligent pas un instant la vigilance.
Et comme notre proue flottante rejette
chaque course frustrée des vagues, elle
chante, Que la grossièreté du destin soit accueillie
partout où elle se réveille, etc.

Peu importe si le tablier est balayé
et que le bois est cassé, les boiseries -
nous pouvons profiter de toute perte à l'
exception de la perte du retour.
Donc, entre ces Diables et notre ruse,
que la courtoisie des trompettes sonne,
et la grossièreté du Destin soit accueillie,
où qu'elle soit, etc.

Assurez-vous bien, bien qu'en notre pouvoir il
ne reste rien à donner
sauf lieu et date pour trouver la fin,
et arrêtez d'essayer de vivre,
que jusqu'à ce que ceux-ci soient dissous, notre Ordre demeure,
notre Service ici nous lie.
Que l'impolitesse du Destin soit alors la bienvenue,
où qu'elle apparaisse,
dans tous les moments d'angoisse et aussi
dans nos triomphes,
le jeu bat toujours le joueur
et le navire bat toujours son équipage.
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Quel roman d'apprentissage, devenu un classique, mêle à la fois la critique du colonialisme et l'éloge de l'éducation ? Par l'auteur du « Livre de la jungle » ?...
« Kim », De Rudyard Kipling, c'est à lire en poche chez Folio.
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