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EAN : 9782070287529
364 pages
Gallimard (19/09/1979)
4.07/5   50 notes
Résumé :
" C'est pour les Éditions du Scorpion que Raymond Queneau écrivit On est toujours trop bon avec les femmes qu'il signa Sally Mara.
La recette était celle qui assurait le succès des feuilletons du journal Samedi soir : des romans exotiques, actifs et un tantinet soit peu coquins. Contrairement à Boris Vian pour J'irai cracher sur vos tombes, Queneau choisit la parodie et prend ses distances avec le genre ; son Irlande en révolution est de fantaisie et ses révo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
« Je n'osais plus le questionner, mais il répondit tout de même.
– J'en ai.
– Des quoi ?
– Des complexes.
– Kéxé ?
Ainsi Monsieur Presle écrivait-il parfois le français afin de mieux m'en faire sentir les subtilités de l'orthographe. Naturellement, en anglais, je prononçai simplement la syllabe :
– Ouatt ?
Joël répondit :
– Oui, des complexes. Je me suis fait expliquer ce que c'était par un étudiant agronome qui connaît bien la question. Je ne vois pas comment je pourrais répéter à une jeune fille de ton âge des choses aussi secrètes. »

Ces choses secrètes sont inscrites dans un mystérieux livre, que Sally (19 ans) souhaite tant lire, et qui se révèlera être « le général Dourakine » de Madame la Comtesse de Ségur née Rostopchine ! Sans trop en dire, on peut supposer que la récurrence des scènes de fessées dans son oeuvre en a perturbé plus d'un, à commencer peut-être par Queneau lui-même.

Cet ensemble de trois textes – « le journal de Sally Mara », le roman « On est toujours trop bon avec les femmes » supposément écrit par elle ainsi qu'un ajout d'aphorismes et de jeux de mots « Sally plus intime » – font donc partie de la veine la plus grivoise de Queneau. Evidemment ses grandes qualités stylistiques font que ces textes se lisent avec beaucoup de plaisir et que les situations, parfois plus que scabreuses, passent comme une lettre à la Poste du XXème siècle.

On est dans une Irlande de fantaisie, avec sa consommation record de « ouisqui » et de Guinness, ses révolutionnaires puceaux et ses jeunes filles délurées, avec lesquelles, c'est bien connu, on est toujours trop bon.

Bon, franchement, le côté vraiment lourd de la chose m'a paru daté. S'il n'y avait pas le style éblouissant de Queneau, je ne serais pas allé au bout de ses élucubrations, qu'on peut difficilement aujourd'hui juger autres que sexistes et même à l'occasion homophobes. Autres temps, autres moeurs !
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De tous les livres de Raymond Queneau, j'ai une affection particulière pour ce journal intime de Sally Mara, soi-disant écrit par une jeune irlandaise qui cherche à découvrir la sexualité. Elle vit dans un monde affreusement patriarcal où les mains aux fesses sont monnaie courante ; la scène inaugurale va encore plus loin dans le harcèlement, et notre jeune vierge ne s'en émeut pas car elle n'y comprend rien. Mais ce qui pourrait rebuter le lecteur contemporain ne le dérange pas, car, comme toujours chez Queneau, les personnages n'ont pas d'existence psychologique, ils ne provoquent pas une identification, et ce qui leur arrive n'est qu'une suite de jeux de mots. le vrai personnage de tous ses livres est le langage.
Et c'est ce plaisir des mots qui me fait ouvrir le journal de Sally Mara à n'importe quelle page dès que j'ai besoin de rire un bon coup. Pour Sally, le français est une langue étrangère, comme la sexualité ; ses phrases sont ponctuées de mots inappropriés et d'allusions salaces involontaires. Elle rapporte les histoires les plus scabreuses en toute naïveté, et on croit entendre le rire de Queneau entre les lignes…
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Toujours un régal à la relecture ! le journal (très) intime de Sally est une merveille : une cousine irlandaise de Zazie, curieuse mais prudente, découvre la vie dans une famille complètement loufoque et auprès de diverses personnes prêtes à déployer tous leurs talents de pédagogues pour cette « volaille à satyre ». Bref, comment l'esprit et le reste viennent aux jeunes filles ! C'est finement observé, drôle, souvent très cru (encore plus cru avec Sally plus intime) et plutôt osé pour l'époque (1950). La langue (tous les niveaux possibles) est une merveille.

Dans On est toujours trop bon avec les femmes (1947, titre digne de la Série noire créée un an plus tard) Queneau raconte la prise d'assaut d'un bureau de poste de Dublin par des Républicains irlandais et leur cohabitation forcée avec une employée restée par hasard sur place. Parodie de roman d'aventures, voire de polar, le texte est vif et l'action enlevée. On parle beaucoup, on boit pas mal de ouisqui et on tire aussi quelques coups (de feu éventuellement). C'est drôle, très irlandais (les révolutionnaires avec leur cri de ralliement « Finnegans wake ! » rendent hommage à la gloire littéraire nationale « un gars de Dublin, un nommé
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Du Queneau pur sucre, si vous aimez vous allez vous régaler. Vous découvrirez d'abord le journal intime de Sally Mara, jeune irlandaise de 18 ans, bien de sa personne, et sacrément vivace là ou çà la démange …. C'est un festival d'intelligence, c'est foutrement vert et diablement bien écrit.

Dans la même veine et du même auteur, suit «On est toujours trop bon avec les femmes »un western gaélique qui pourrait bien se situer en 1916 au moment de l'insurrection républicaine irlandaise. Un petit clone de Sally, du nom de Bertie, illumine de sa fraicheur et de sa fausse innocence ce viril combat qui se terminera comme on s'en doute … mal.

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journal intime de sally mara, sorte d'education sentimentale pour de vraie dans une irlande pour de faux
suivi d'un roman écrit par sally mara, roman de guerre heroico naive ou la vulve est plus forte que l epee
puis des pensees et calembours en vrac par mr oulipo

un queneau sympa, qui montre toujours autant d'art et de maniere dans la langue francaise, plus un gout ludique du lubrique
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
— Pardonnez-moi si je m’excuse, continua-t-elle. Voici donc ce que j’avais à vous expliquer de but en blanc : ce sacripant (elle désigna Joël du doigt) m’a mise dans la situation d’une femme en espérance de postérité.
— C’est très intéressant, dit maman en continuant son travail, mais qu’est-ce que vous entendez par là ?
— Faut donc vous mettre les points sur les i ?
— En gaélique on n’en met pas, remarquai-je. Par contre on en met sur les lettres b, c, d, f, g, m, p, s et t pour marquer l’aspiration.
— Vous êtes bien savante, mademoiselle, mais ça n’empêchera pas que votre frère, ici présent, m’a fait un enfant.
— Elle veut rire, dit maman que la construction de sa chaussette semblait fasciner.
— Mais, m’écria-je, comment voulez-vous avoir un enfant puisque vous n’êtes pas mariée ?
— Vous voyez, dit Joël à Mrs Killarney, c’est sans réplique.
— Elle est pas difficile pourtant à trouver la réplique.
— Et quelle est-elle ?
— C’est un fait.
— Un fait que quoi ?
— Que je suis grosse.
— Pas tellement, dis-je.
— Il y a des femmes de votre âge qui sont bien plus grosses que vous, ajouta Mary.
— En tout cas, dit Mrs Killarney, moi je sais bien qui m’a obésée.
— Qui donc ? murmura maman en levant enfin les yeux vers elle.
— Je vous le répète : ce jeune homme a mis un polichinelle dans mon tiroir.
— Je n’en crois rien, ce jeu n’est plus de son âge, fit remarquer maman.
Alors, Mrs Killarney proféra une horreur terrible que j’ose à peine transcrire dans ce journal, mais enfin il le faut, puisque je me suis juré de dire toujours la vérité toute crue.
— Je suis enceinte.
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Nous avons ensuite échangé quelques propos sur des frivolités féminines : ainsi Arcadia a de violentes coliques la veille de ses règles, quant à Pelagia elle soufre plutôt de la constipation. Ensuite nous avons parlé de l’immortalité de l’âme et de la sculpture antique. Nous avons terminé en nous promettant bien d’aller un jour à Paris pour visiter les Galeries Lafayette et un cabaret de nuit avec des tziganes où des messieurs à monocle et plastron blanc se débauchent.
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Nous nous sommes mariés ce matin et nous nous sommes embarqués à la nuit. Il pleuvait. Le vent soufflait. La passerelle était mal éclairée. Barnabé marchait devant. C'était laborieux ; j'avais tout le temps la trouille de tomber à la flotte. Finalement, je n'avançais même plus. Alors Barnabé m'a crié :

- Sally ! Tiens bon la rampe !

J'ai avancé la main dans l'obscurité, mais je n'ai trouvé qu'un cordage humide et froid. Je compris que ma vie conjugale venait de commencer.
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"Nous nous sommes mariés ce matin et nous nous sommes embarqués à la nuit. Il pleuvait. Le vent soufflait. La passerelle était mal éclairée. Barnabé marchait devant. C'était laborieux ; j'avais tout le temps la trouille de tomber à la flotte. Finalement, je n'avançais même plus. Alors Barnabé m'a crié :
- Sally ! Tiens bon la rampe !
J'ai avancé la main dans l'obscurité, mais je n'ai trouvé qu'un cordage humide et froid. Je compris que ma vie conjugale venait de commencer."
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Je vois. Il a des vues sur toi. Pauvre péronnelle. Cette grosse andouille dépendue de la Saint-Patrick, ce couillon de quinquagénaire fessu en pince sûrement pour la volaille à satyre que tu as. Ma nièce, méfie-toi, ma nièce.
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Vidéo de Raymond Queneau
Jacques Jouet & Laurence Kiefé -traduire Harry Mathews - "Les derniers seront les premiers" - à l'occasion de la parution de "Les derniers seront les premiers", d'Harry Mathews aux éditions P.O.L traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laurence Kiefé et Jacques Jouet , à Paris le 6 février 2024 et où il est question, notamment, de Harry Mathews, de traduction à deux, de contraintes et de haïkus, de Georges Perec et de l'Oulipo, de Raymond Roussel et de Raymond Queneau.
"On peut dire de la plupart des poèmes rassemblés ici qu'ils ont des origines biographiques, imaginaires ou d'ordre procédural. Une fois établies ces catégories simples, il est indispensable de ne pas tarder à les bousculer voire à les détruire. En fait, presque tous ces poèmes entrent dans plus d'une catégorie et parfois dans les trois." Harry Mathews

-"Collected Poems 1946-2016", de Harry Mathews est publié en anglais chez Sand Paper press -"The Solitary Twin", de Harry Mathews est publié en anglais chez New directions -"Case of the Persevering Maltese", de Harry Mathews est publié en anglais chez Dalkey Archive press
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