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EAN : 9782709633383
409 pages
J.-C. Lattès (13/01/2010)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Le 22 juin 1940, la France signe une reddition déshonorante après avoir connu la pire défaite de son histoire. Comment et surtout pourquoi un tel désastre a-t-il été possible ? Marc Bloch a parlé de "l'étrange défaite" et toute une historiographie, même récente, présente la débâcle de 1940 comme le résultat d'une sorte de fatalité due à la démographie, aux circonstances, au destin. Dans un récit vivant, argumenté et documenté, ce livre, qui reprend l'enquête au débu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Comment la France, sortie victorieuse de la terrible Première guerre mondiale , a pu en vingt ans se désagréger jusqu'à l'inconséquence. Comment , avec ce que tous les autres pays considéraient comme la plus puissante armée du monde, a t-elle pu s'écrouler en un mois de combat en mai 1940. Ce sont à ces questions que tente de répondre " L'impardonnable défaite".
C'est un livre cruel pour un amoureux (un peu masochiste) de son pays. Certes "Qui aime bien châtie bien" , mais la lecture de ce livre est une invite constante à la hargne et à la colère contre les "élites". Loin de moi de tomber dans le populisme , genre : "tous pourris , tous des traîtres....on a été vendus...etc. ). Mais dans ce genre de livres où le pamphlet n'est jamais loin (Quétel pointe l'irénisme de quelques historiens prêts à dédouaner, tout ensemble, les politiques, les militaires et le peuple -bref , le désastre de 1940 est juste le fruit du hasard et de la malchance....) , la règle du jeu c'est de chercher des responsables et de pointer des décisions et des choix . C'est ainsi que l'histoire se fait . Notre pays , étant dans ces années cruciales , ni une dictature fasciste , ni une "démocratie populaire" , juste une République démocratique où le peuple élit ses représentants à l'Assemblée nationale, c'est la moindre des choses d'étudier leurs décisions et leurs choix. C'est aussi l'occasion pour l'historien de s'interroger sur les fonctionnements, où plutôt les dysfonctionnements, des institutions : en premier lieu l'armée , mais aussi les partis politiques.
Ce livre n'est pas le premier , loin de là , à essayer de comprendre la catastrophe de mai 40. le plus connu est bien sûr " l''étrange défaite" de Marc Bloch , mais à lire la bibliographie donnée à la fin du livre , les documents consacrés à cette période sont pléthore.
Le livre de Claude Quétel , un des plus récents, a le mérite d'appeler un chat un chat.
Il pointe d'une plume implacable les causes ,partagées certes, qui ont amené le pays à la défaite.
En vrac , la mesquinerie d'une classe politique plus occupée du jeu parlementaire que de redresser le pays, une armée , et plus particulièrement l'Etat-Major , en retard d'une guerre , des grands-patrons d'un égoïsme sidérant - Louis Renault refusant en 1939 de construire des chars à Billancourt - des partis politiques sclérosés , un peuple français majoritairement pacifiste ( mais comment le lui reprocher vu la saignée des 1 500 000 morts de 14 ) , et bien sûr, ce qui ne fera pas plaisir à la gauche, le Front Populaire et les grèves qui s'ensuivirent ; même si l'auteur ne croit pas que ces évènements à eux seuls aient pu être la cause principale de l'effondrement de 1940.
Aux yeux de Quétel peu d'hommes politiques, encore moins de militaires , ont été à la hauteur de la situation. La plupart se sont trompé sur la vraie nature du régime hitlérien, et quand il était encore temps de réagir par la force (en avril 1936 quand Hitler remilitarise la rive gauche du Rhin ) , l'impéritie du Quai d'Orsay, tout acquis aux anglais, a fait capoter une bonne occasion de donner un coup d'arrêt aux menées hitlériennes.
On aimerait donner d'autres exemples sidérants, tant ils sont nombreux, qui montrent la déliquescence du pays au moment de la déclaration de guerre. Un parmi tant d'autres et qui m'a fait rire -jaune- : Alors que les allemands sont déjà à Paris et que Gouvernement erre sur les routes en direction de Bordeaux, Pétain insiste, dans un conseil des ministres improvisé, pour que l'on développe , dans les plus bref délais bien sûr , ....les pigeons-voyageurs ! Claude Quétel rappelle que Guderian dirigeait ses panzers dans une voiture découverte hérissée d'antennes radio , avec à l'arrière des chiffreurs en ligne directe avec Berlin. Pendant ce temps là l' armée française déroulait encore les fils interminables des téléphones de campagne...comme en 14.
L ' impardonnable défaite s'arrête à l'armistice. Voulu par une majorité de français et par la presque totalité de la classe politique. Seule une poignée d'entre-eux ont sauvé l'honneur . De Gaulle bien sûr, et les quelques politiques qui ont embarqué sur le Massalia , même si parmi ceux-ci , quelques-uns peuvent être tenu pour avoir une part de responsabilité dans les évènements. Mais Claude Quétel, afin que l'on puisse boire le calice jusqu'à la lie , nous donne à voir comment l'Angleterre a réagi à l'agression d'Hitler. Là-bas le pays ne fait qu'un . Churchill lui a pourtant promis du sang et des larmes. C'est toute la différence avec la France qui au même moment commence à battre sa coulpe , encouragée par Pétain, Laval et consorts, c'est à dire par tout ce que la classe politique compte de plus conservateurs : expions cher concitoyens toutes ces années de jouissance et de permissivité ; on connaît la chanson ! cette antienne destinée autant à fonder le nouvel état "national" , qu'à exonérer l'armée de toute responsabilité dans la défaite.
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La première Guerre mondiale fut un cataclysme imprévu pour ceux qui la firent ou la supportèrent. Personne, ou presque personne n'avait imaginé sa durée, son ampleur, l'importance des pertes humaines et matérielles. L'épuisement physique et moral qui résulta d'une lutte de quatre années, dont chacune paraissait compter pour un siècle. Chez les vainqueurs, français, britanniques, italiens, américains on comptait bien avoir fait la guerre pour la dernière fois, ce que reflétait l'expression populaire: la der des ders...la dernière guerre, l'ultime conflit avant la paix universelle. Cette grande illusion d'une paix perpétuelle s'appuyait, en 1919, sur un droit international nouveau codifié dans les Quatorze points du président des États-Unis Wilson. Cette doctrine, le maintien de la paix était lié au droit des peuples à l'autodétermination et des nationalités à l'existence, à la pratique de la démocratie politique selon les règles classiques des états vainqueurs, à l'organisation de la sécurité collective et du désarmement, et l'émancipation des peuples. Mais les vaincus pensaient autrement. L'Allemagne avait signé sous la contrainte le fameux Diktat de Versailles; elle avait dû, par une clause alors invraisemblable pour un traité de paix, reconnaître la responsabilité et sa culpabilité dans le déclenchement de la guerre. Cependant, elle ne s'avouait pas vaincue et, même désarmée, elle espérait une possible revanche. L'Europe d'après-guerre était donc animée de désirs utopiques, de rancoeurs durables, de secousses révolutionnaires. Or le monde, entre 1919 et 1939 n'avait rien de réjouissant. Les contemporains n'arrivaient pas à comprendre et à assimiler ses nouvelles politiques.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
En 1939, Gamelin déclare aux commissions de l'armée des deux chambres : " Il ne faut pas exagérer l'importance des divisions mécaniques. Elles pourraient jouer le rôle d'auxiliaires pour l'élargissement de certains trous, mais non le rôle considérable que les Allemands semblent espérer d'elles . "
Pendant ce temps , chacune des 10 Panzersdivisions (Pzd) prêtes en mai 1940 concentre 250 chars et avance à 60 km/h , éclairée par des avions d'observation Fieseler Storch, d'une grande manoeuvrabilité et capables de décoller et d'atterrir à peu près n'importe où. Le ravitaillement en carburant se fait par bidons portables de 20 litres qui vont prendre le nom de "jerrycan" (bidon de "Fritz" ) pendant la guerre du désert et que les Anglo-Saxons vont s'empresser d'imiter. Reste le principal qu'est la doctrine d'emploi. A la différence de la conception française, l'arme blindée allemande est conçue comme un bélier destiné à enfoncer le front ennemi en un point donné. Ce n'est pas un mystère. Il suffit pour le savoir de lires les publications de Guderian.
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L'avènement du nazisme a signifié pour beaucoup de pacifistes la fin de la grande illusion , la preuve qu'ils avaient échoué. Pour d'autres, proclamer à la face de l'Allemagne de Hitler sa foi en la paix absolue , c'est la provoquer. Le pacifisme des années 1920 , la paix des traités de paix, c'est désormais une forme nationale et hypocrite de bellicisme ! les seuls vrais pacifistes sont désormais ceux qui refusent de se battre quelles soient les circonstances.
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Dans son journal , à la date du 27 septembre 1931 , Goebbels note : " Briand et Laval sont aujourd'hui à Berlin. Quelle farce ! " Voilà comment, dans le même temps, les nazis, qui désormais comptent en Allemagne, apprécient la première visite officielle depuis 1878 d'une délégation gouvernementale française en la personne de son président du Conseil (Laval) et de son ministre des Affaires étrangères (Briand).

(page 57).
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L'impéritie du haut commandement français s'aggrave encore quand, le 6 janvier 1940 , Gamelin obtient de Daladier de remplacer à la tête du GQG (Grand Quartier Général) Bineau, trop ami avec le général Georges , par le général Doumenc. Il en profite pour faire déménager une grande partie du GQG à Montry, au bord de la Marne, créant ainsi un troisième centre de décision pour la seule armée de terre, auxquels s'ajoutent ceux de la Marine et de l' Air. Les liaisons deviennent alors tellement compliquées et absurdes que Gamelin doit s'en expliquer, du reste fort malhonnêtement , auprès de Georges (....)

(page 224).
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" Il passe sur tout ce pénible Conseil (Conseil du Comité de guerre du 25 mai 1940) un souffle de défaite. On sent que l'idée (de l'armistice) en est déjà acceptée par nombre de ceux qui tiennent nos destins, et qu'on ne se préoccupe que de tomber honorablement. On envisage si bien la défaite, qu'on parle déjà d'expier. Le général Weygand dit que la France devra payer cher sa "coupable imprudence". Et le gouvernement baisse la tête. "

Mémoires de Paul-Boncour ; cité par Claude Quènel.
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Videos de Claude Quétel (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claude Quétel
Storia Voce - 5 juin 2019 Une histoire incorrecte de la Révolution
Plus qu’un simple objet d’histoire, la Révolution Française est pour certains un mythe, un fantasme, une idole. Un mythe aux contours flous qu’il faut sans cesse réinventer et adapter, un mythe populaire écrit par des intellectuels, un fantasme qui ensorcelle et qui fascine. Mais la Révolution française est aussi une idole, qui semble pourtant chanceler depuis 1789 dans son sanctuaire. Elle est une idole ébréchée mais dont les débris semblent toujours replacés dans le saint des saints du temple de l’histoire. L’historiographie semble le montrer : étudier la Révolution française ne peut-être qu’un pèlerinage ou une guerre sainte. Une chose est sûre, la salle capitulaire ne se désemplit pas même si tout le monde ne semble pas avoir le droit au chapitre. Mari-Gwenn Carichon reçoit au micro de Storiavoce, l’historien Claude Quétel, qui vient de publier aux éditions Tallandier et Perrin, l’ouvrage : Crois ou meurs, une histoire incorrecte de la Révolution française.
L'invité: Claude Quétel est un historien tout d’abord spécialiste du 18ème siècle Directeur de recherche honoraire au CNRS, il est spécialiste de la folie et de la psychiatrie. On lui doit, entre autres une Histoire de la folie, de l’Antiquité à nos jours (624 pages, 12,5 euros) chez Tallandier et une Histoire des murs (320 pages, 9 euros) chez Perrin. Reconnu comme un fin connaisseur de la Seconde Guerre mondiale, il a également été directeur scientifique du mémorial de Caen avec La Seconde Guerre mondiale (Perrin, 480 pages, 24,9 euros), L’Impardonnable Défaite (Tempus, 480 pages, 11 euros). Son Crois ou meurs est le récit historique de la période la plus controversée de l’histoire de France et l’aboutissement d’un travail de plusieurs années. Il a été coédité par Perrin et Tallandier (512 pages, 21,90€).
+ Lire la suite
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