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EAN : 9782070141005
416 pages
Gallimard (15/04/2014)
3.11/5   123 notes
Résumé :
Leah, Nathalie, Félix et Nathan ont grandi dans la cité de Caldwell, au nord-ouest de Londres. Ils se sont connus, aimés, ou juste frôlés, puis ils ont pris leur envol. Mais à l'approche de la quarantaine, ils vivent toujours dans ce quartier cosmopolite, où cohabitent la misère et une certaine réussite sociale.

Leah, qui semblait pleine de talent, végète dans une association caritative. Elle ne veut pas d’enfant, contrairement à son mari, alors elle ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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4 personnages au coeur d'un quartier londonien. A l'aube de la quarantaine et d'un premier bilan, qu'on fait de leurs rêves Leah, Nathalie, Félix et Nathan. Comment ont-ils basculés des années d'insouciance vers l'âge des responsabilités. Un drame va réveiller leurs interrogations.
Roman générationnel, héritage des origines, intégration, « Ceux du Nord-Ouest » traite souvent avec bonheur de sujets très actuels. le plaisir chez Z.S. vient de son évident plaisir à jouer avec les mots, on croirait entendre ces personnages nous interpeller tant l'écriture est incroyablement vivante. Une oralité aux couleurs caribéennes bien agréable.
Pourtant, j'ai plusieurs fois été gêné par ces choix de narration, Zadie Smith jongle avec les genres et m'a plusieurs désarçonné. Il m'a fallu plusieurs pages pour ne pas perdre le fil. Mis à part ce petit bémol, la belle anglaise signe un très bon roman, photographie d'une époque, d'une génération.
Un grand talent. 3.5
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« Ceux du Nord-Ouest » (2014, Gallimard, 416 p.) est un roman de la britannique Zadie Smith, d'origine jamaïcaine.
C'est la fille d'un père anglais et d'une mère jamaïcaine qui émigre en Angleterre en 1969. À l'âge de quatorze ans, elle troque son prénom de Sadie contre celui de Zadie. Puis, études au « King's College » de Cambridge, pendant lesquelles elle publie quelques nouvelles dans une anthologie. Son premier roman « White Teeth » (2000) est d'emblée un succès, traduit en « Sourires de Loup ». Il remporte, entre autres distinctions, les prestigieux prix « Whitbread » et « Guardian » du premier roman. Les droits du livres furent même achetés avant même qu'il soit terminé, à un éditeur ayant lu les cent premières pages seulement lors de la foire du livre à Francfort. Depuis il y a eu, « L'Homme à l'autographe », traduit par Jamila et Serge Chauvin, (2005, Gallimard, 496 p.), « de la beauté », traduit par Philippe Aronson (2007, Gallimard, 560 p.), « Ceux du Nord-Ouest » traduit de « NW » par Emmanuelle Aronson et Philippe Aronson (2014, Gallimard, 416 p.), puis « Swing Time », traduit par Emmanuelle et Philippe Aronson (2018, Gallimard, 480 p.) et à venir « The Fraud » (2023, Penguin Press, 464 p.).
Comme souvent, pour ne pas dire toujours, il y a plusieurs lectures dans les romans de Zadie Smith. Il y a le scénario, généralement un groupe de personnes jeunes, vivant dans la banlieue de Londres, de conditions sociales qui varient dans le temps, en bien ou en moins bien. Sur ce canevas, plus ou moins social, Zadie Smith rajoute ses thèmes, ou ses concepts littéraires. Les critiques qui en résultent, soit des lecteurs particuliers, soit de la presse littéraire ou des professionnels, reflètent également ces différences de lectures.
Le scénario, tout d'abord, qui sert de cadre. C'est souvent le quatrième de couverture qui le résume le mieux. Quatre personnages, la quarantaine, comme Zadie, vivant à Caldwell, dans la banlieue de Londres, au Nord-Ouest, on s'en serait douté. Leah, Nathalie, Félix et Nathan. Leah Hanwell, irlandaise d'origine, qui était la plus douée, végète dans une association caritative. Son problème, qu'elle cache à Michel, son mari, est de ne pas vouloir d'enfant. Elle prend la pilule en cachette de son mari. Ah l'Irlande et son atavisme. Michel, le mari est un homme noir francophone, coiffeur. Il espère encore mieux vivre de l'investissement en ligne que de la coiffure. Nathalie a choisi de changer de prénom, espérant ainsi effacer son héritage familial. Elle est noire et s'appelait Keisha Blake. Son angoisse, ce serait de ressembler à sa mère ou à sa soeur, qui triment pour payer leur loyer et nourrir la famille. Ils s'évadent et se réfugient dans l'église paroissiale Mais Nathalie a réussi. Elle s'est mariée, a eu deux enfants. « Nathalie Blake et Leah Hanwell étaient persuadées que les gens voulaient les pousser à faire des enfants ». Après de brillantes études, elle est devenue avocate. Elle demeure maintenant dans un quartier huppé de Londres, mais revient souvent à Caldwell. Nathan Bodge est accro à la drogue, petit dealer de la cité. Il hante le quartier. Félix Cooper, enfin, est parti de Caldwell, mais y revient régulièrement voir son père. Il croit s'en être sorti et s'apprête à conclure l'affaire du siècle. Tous les quarte sont restés liés. Ce n'est pas facile de rompre de ces années de jeunesse. On pourrait partir sur un roman social avec une grande variété de thèmes. Ils ne manquent pas. Les riches et les pauvres ; les minorités de couleur et leur mixité dans la société ; le conflit des générations dans les familles d'immigrés ; la toxicomanie et sa déchéance ; les dérivés dans les petites arnaques, le sexe ou la pornographie ; voire même les difficultés du couple vis-à-vis d'un enfant. Moralité globale finale « On a trimé dur. On ne voulait pas faire la manche et montrer son statut social. On voulait s'en sortir. Finalement, les gens ont ce qu'ils méritent ». C'est du roman victorien à la Dickens mis au goût du jour.
Il est vrai que, en guise d'acrostiche Zadie Smith indique « NON-FICTION / Changing My Mind : Occasional Essays » (Je change d'avis : ce sont des tentatives d'essais)
Une division en quatre grandes parties (dont une fait à la fois office d'introduction et de conclusion) : apparition, convive, hôte, traversée, apparition
« Visite part une », qui fait l'introduction. Il y aura une part deux pour conclure. Tout commence par des phrases quelque peu ésotériques. « le soleil généreux s'attarde sur les antennes téléphoniques. La peinture antidhérente des portails d'école et des réverbères devient soufre. A Willesden, les gens marchent pieds nus, les rues prennent un air européen, manger dehors devient une obsession ». Puis c'est l'histoire de Leah, initialement entichée d'un escroc, qu'elle rêve de retrouver. Pour le moment, elle est en couple avec Michel, un immigré franco-algérien.
Dans « Invité », on s'intéresse à Félix, pour une fois sobre, qui rend visite à son ex-amie pour lui dire adieu et démarrer autre chose. Agressé, puis tué après une dispute avec deux hommes dans le transport en commun qui le ramène. le meurtre de Félix est diffusé aux informations, ce qui permet aux autres personnages d'apprendre sa mort.
Dans « Hôte », ensuite, on passe à Keisha. Son histoire se déroule sous forme de 185 vignettes numérotées, chacune comprenant un paragraphe ou deux plus longs suivant diverses sections de sa vie. On aura ainsi « 14. Cet obscur objet du désir », ou « 15. Evian », « 21. Jane Eyre », ou « 62. Montaigne ».
Puis, la « Traversée » avec la révélation du secret de Nathalie, sa fuite et sa rencontre avec Nathan Bogle, un ancien camarade de classe devenu trafiquant de drogue.
Retour à la « Visite » et découverte des pilules anti-contraceptives de Leah, d'où une dépression de Michel.
Dans tout cela,on assiste et découvre le quartier. « Douce puanteur de narguilé, de couscous, de kebab, gaz d'échappement d'une impasse de bus. 98, 16, 32, places debout uniquement – plus rapide pour marcher ! Évadés de St Mary's, Paddington : un futur père qui fume, une vieille dame qui se roule dans un fauteuil roulant en fumant, un sac à urine tenace, un sac de sang, qui fume. Tout le monde aime les cigarettes. Tout le monde. Papier polonais, papier turc, arabe, irlandais, français, russe, espagnol, News of the World ». On le retraversera, façon Google Map, en faisant diverses références aux rues, panneaux, bâtiments, suivant les parcs et les ponts que traversent les personnages. Un peu à la façon dont Joyce fait découvrir Dublin, lorsque Leopold Bloom se rend à l'enterrement de Paddy Dignam. Et comme dans « ulysses », il y a plusieurs rencontres pour embrayer sur les autres personnages. « « Glisser dedans » est une pensée imprécise. Suivre l'enfant somalien jusqu'à chez lui ? S'asseoir avec la vieille dame russe à l'arrêt de bus devant Poundland ? Rejoindre le gangster ukrainien à sa table dans la pâtisserie ? Un conseil local : l'arrêt de bus à l'extérieur de Kilburn's Poundland est le lieu de nombreuses conversations plus engageantes à entendre dans la ville de Londres. Vous êtes les bienvenus ». Autre clin d'oeil, discret, à Joyce lorsque Devon, le demi-frère de Félix, doit sortir de prison. Un 16 juin, jour célébré, du moins à Dublin, comme étant le « Bloomsday ».
Le style, c'est du Zadie Smith à la sauce de James Joyce. J'y reviendrai. Mais il est vrai que le lecteur soufre dans les dialogues. C'est un peu le modèle actuel d'avoir repris le style de Joyce, en supprimant les tirets de changement de personnage, ou d'avoir remplacé les guillemets par des virgules inversées (« ‘ »). C'est aussi flagrant chez Cormac McCarthy dans « Stella Maris » traduit par Paule Guivarch par exemple (2023, Editions De l'Olivier, 256 p.)
Le style varie aussi avec les narrations pour chaque personnage. Passant de la narration, puis à la troisième personne, ou aux vignettes de l'histoire de Nathalie. le moins que l'on puisse dire est que le récit est non-linéaire. Effet encore amplifié par la bascule entre la narration à la troisième et à la première personne.
Les thèmes abordés sont variés, mais celui qui revient le plus souvent, c'est celui de l'appartenance à une classe sociale. « En privé, elle pense : tu veux être riche comme eux mais tu ne peux pas te soucier de leur morale, alors que je m'intéresse plus à leur morale qu'à leur argent, et cette pensée, cette opposition, lui fait du bien ».
Ce problème de classe est typiquement londonien, malgré sa mixité et son mélange très urbain. En résumé, certainement le plus joycien des romans de Zadie Smith, mais aussi le plus cryptique.

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Il y a Leah, Nathalie, Félix et Nathan et il y a la cité de Caldwell où ils ont grandis et fréquentés le même lycée. A l'aube de la quarantaine Leah et Nathalie sont restées amies, elles affichent une certaine réussite sociale et un bonheur de façade, Félix et Nathan, eux, sont des ombres toujours dans l'attente de jours meilleurs. Ils vivent tous toujours dans ce quartier du Nord-Ouest, impossible à quitter.

Série de portraits avec jeunes adultes à l'heure des premiers bilans, méticuleuse description d'un Londres métissé très loin des guides touristiques,Zadie Smith nous invite dans la vraie vie des Londoniens et compose une formidable comédie humaine du XXIe siècle.

Très écrit, très littéraire, la romancière entraîne ses héros dans une habile déconstruction du roman générationnel. La deuxième partie du récit, fait de petits chapitres ou vignettes très courtes, nous éclaire sur l'enfance des protagonistes, nous les rend encore plus présents et vivants. Qu'est-ce qui a fait les adultes que nous sommes ? Vaste question que Zadie Smith empoigne, elle nous plonge dans une réflexion sociétale, politique et humaniste et nous livre un très grand roman sur le métissage, l'intégration et l'appartenance.

Féministe forcément féministe, engagée, dans la vie, Zadie Smith est une grande romancière. Voilà un très bon livre ,vraiment, d'un auteur que je ne connaissais pas et pourtant assez important si j'en crois google ,une sacrée photographie de l'Angleterre, certainement plus proche de Mike Leigh que de Ken Loach, que je vous conseille de lire toutes affaires cessantes...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Pas l'ombre d'un doute : Zadie Smith est l'une des meilleures stylistes de la littérature actuelle et Ceux du nord-ouest, dernier opus en date de la susdite, et description d'un quartier londonien à travers le destin de plusieurs de ses habitants, ne fait que conforter cette opinion. Toutefois, on peut aussi de demander si ici, la structure du roman, ou son architecture, si l'on préfère, n'est pas de loin supérieure à son contenu. Autrement dit, Zadie Smith a tellement travaillé sa forme qu'elle en devient l'attraction principale du livre et que l'intrigue qu'elle développe est par ailleurs au mieux, anecdotique, au pire, superfétatoire. C'est fort dommage parce qu'il y a là, en suspens, une vraie étude sociale, dans un Londres bigarré, assez loin des stéréotypes, qui sonne juste et vrai. Mais ses personnages, dans ce faux roman choral, sont en définitive relativement antipathiques, froids et leur détresse affective peine à nous toucher. Et une fois encore, le brillant de l'écriture est contre-productif. Trop de subtilités, trop de changements de registres, trop de pessimisme psychologique. Zadie Smith semble avoir voulu théoriser la construction de son roman avant même de l'avoir écrit, avec un vernis post-moderne qui rompt avec le classicisme linéaire mais semble, en fin de parcours, artificiel voire prétentieux. Ceci étant, Zadie dans le rétro ou pas, reste un(e) auteur(e) de grande classe.
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La vie dans une cité est loin d'être le paradis, surtout dans un quartier où règne insécurité et drogue.

Natalie a tout fait pour partir du domicile familial, laissant toute la place à sa soeur qui habite dans leur ancienne chambre avec ses trois enfants. Elle a même changé de prénom, fait de brillantes études s'est mariée et demeure maintenant dans un quartier huppé de Londres, pas trop loin de la cité quand même. Leah, est restée à proximité de la cité, dans un logement social. Elle rencontre ses anciens voisins tous les jours se fera agresser dans la rue. Nathan est le sdf toxico, dealer de la cité. Pas méchant mais dans un sale état. Félix, lui c'est autre chose, il est parti mais revient voir son père. Pas facile la vie dans la cité et pourtant tous ces êtres arrivant à la quarantaine restent inexorablement attachés au quartier de leur enfance. Ils ne le savent pas encore et vont le découvrir avec nous, lecteurs, au fil des pages et de leur histoire. Les scènes de violence et de sexe sont dérangeantes, pourtant impossible de fermer et de ranger ce livre. L'endroit où nous vivons enfant est-il si important dans notre vie d'adulte ? Une vie de (mauvais) quartier croustillante et perturbante.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
04 juillet 2014
Zadie Smith revient sur les lieux de son enfance, au Nord-Ouest de Londres.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesEchos
23 avril 2014
Avec justesse et drôlerie, « Ceux du Nord-Ouest » décrit les affres paradoxales de l’ascension sociale, les hontes irrépressibles et les fidélités impossibles. Nul besoin d’avoir grandi à Kilburn pour s’y retrouver.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Je me souviens quand j'étais jeune, je supportais pas les vieux en de se plaindre constamment. Que les jeunes fassent ce qu'il ont à faire. Faut avoir confiance en eux. Faut les laisser faire leur truc !
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62. Montaigne

Dans certains pays, les vierges exhibent leur intimité
tandis que les femmes mariées la couvrent. Ailleurs, les
bordels masculins existent. Ailleurs encore, on s’enfonce
de lourdes baguettes en or dans les seins et les fesses, et
après dîner on s’essuie les mains sur ses testicules. Il est des
régions où on mange les gens. D’autres où les pères décident,
alors que les enfants sont encore dans le ventre de leur mère,
lesquels vivront et seront élevés, et lesquels tués ou aban-
donnés. Kirkwood leva la main pour interrompre ce récit.
« Naturellement, remarqua-t-il, tous ces gens trouvent leurs
habitudes normales. » Quelques étudiants rirent. Natalie
Blake et Rodney Banks s’évertuaient à mettre la main sur
l’essai en question dans l’édition bon marché qu’ils parta-
geaient (ils avaient pour habitude d’acheter un exem-
plaire de chaque manuel, puis, lorsqu’ils n’en avaient plus
besoin, de le revendre dans l’une des librairies d’occasion
du campus). Le titre ne semblait pas figurer dans la table
des matières ni dans l’index, et le fait qu’ils ne se parlaient
toujours pas rendait la coopération difficile. « Quelle est la
leçon à retenir ici pour un juriste ? » demanda Kirkwood.
La main du remarquable jeune homme se leva. Même de
là où elle était assise, Natalie Blake pouvait voir les bijoux
sur ses doigts marron, et l’élégante montre au bracelet en
crocodile qui semblait plus vieille que Kirkwood. Il dit : « On
a beau s’armer de raison dans un tribunal, nous vivons dans
un monde déraisonnable. » Natalie Blake chercha à savoir
s’il s’agissait d’une réponse intéressante. Kirkwood marqua
une pause, sourit et répondit : « Vous avez une grande foi en la
raison, M. De Angelis. Mais pensez à l’exemple de la
semaine dernière. Des centaines de témoins se succèdent à
la barre : amis proches, anciens professeurs, anciennes infir-
mières, anciennes maîtresses. Tous sont formels : C’est bien
Tichborne. La propre mère de l’homme affirme : C’est mon
fils. La raison nous dit que le requérant pèse une soixantaine
de kilos de plus que l’homme qu’il prétend être. La raison
nous dit que le véritable Tichborne parle français. Et pour
tant. Et lorsque “la raison a eu gain de cause”, pourquoi les
gens sont-ils descendus dans la rue ? Ne vous fiez pas trop à
la raison. Écoutez, je crois que Montaigne est plus sceptique.
Il me semble qu’il n’essaie pas de dire que vous, juristes,
êtes raisonnables et qu’eux, le peuple, sont déraisonnables,
ou même que les lois auxquelles il se soumet le sont, mais
que, à leur décharge, ceux qui se soumettent aux lois de leur
pays font preuve de “simplicité, obéissance et exemple”.
Vous voyez, là ? À la fin de la page trois ? Tandis que ceux qui
entreprennent de les changer, c’est-à-dire les lois, sont habi-
tuellement monstrueux et malveillants. Nous nous considé-
rons comme de parfaites exceptions. » Natalie Blake était
perdue. Le jeune homme approuva en hochant lentement la
tête, comme d’égal à égal. Sa confiance paraissait injustifiée,
ne découlant pas de quelque chose qu’il ait dit ou fait. Une
feuille de papier passait de main en main dans la classe. Les
étudiants devaient inscrire leur nom complet et leur cursus.
Avant même d’écrire le sien, Natalie Blake chercha celui du
jeune homme.

pp 254-5
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Dans les familles de part le monde, en diverses langues, cette phrase finit toujours tôt ou tard par être prononcée. Je ne te reconnais plus. Elle était toujours là, tapie dans un coin retiré de la maison, attendant son heure.Empilée avec les tasses, ou coincée entre les DVD ou derrière quelque autre appareil électroménager. Je ne te reconnais plus.
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S'il se trouvait qu'un sans-abri était assis par terre devant de supermarché de Cricklewood, Keiska Blake devait attendre que Leah Hanwell ait fini de se pencher vers l'homme pour lui parler, lui demandant, non seulement s'il avait besoin de quoi que ce fût, mais lui faisant aussi la conversation. Si elle était plus revêche avec sa propre famille qu'un clochard, cela ne faisait que suggérer que la générosité n'était pas infinie et q'il fallait s'en servir de façon stratégique, là où on avait le plus besoin. (...). Ce bon sentiment universel déteint sur Keisha par association, même si personne ne confondait le volontarisme cérébral de cette dernière avec la générosité d'esprit de son amie.
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La route tourne effectivement sur elle-même. Elles se retrouvent sur un trottoir étroit qui semble être un cul-de-sac. Elles tiennent fermement les enfants, tandis que les voitures passent en trombe dans un sens et dans l'autre. Sur leur droite, un centre commercial en faillite, et un immeuble de bureaux voué à l'échec, vide, aux fenêtres presque toutes brisées. Sur leur gauche une étendue herbeuse nichée à côté d'une quatre voies. Censé être une oasis de verdure, c'est devenu une décharge sauvage.
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