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Lise Chapuis (Traducteur)
EAN : 9782070338078
272 pages
Gallimard (25/05/2006)
3.65/5   23 notes
Résumé :
"... Bien que je n'aie pas encore réussi à comprendre quel est le lien qui unit la vie que nous vivons et les livres que nous écrivons, je ne peux pas nier que le Jeu de !'envers ait une résonance autobiographique. Théâtre, Paradis céleste et Voix sont au contraire des histoires qui me furent racontées par d'autres. Ce qui m'appartient, c'est la façon de les raconter, qui fait que ces récits sont ces récits-là précisément et pas d'autres. Enfin, les autres récits so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
N°1661- Août 2022

Le jeu de l'envers - Antonio TabucchiChristian Bourgois éditeur.
Traduit de l'italien par Lise Chapuis.

Il s'agit de onze nouvelles dont la première d'entre elles donne son titre au recueil.
L'auteur dans une note préliminaire confesse son interrogation à propos de la naissance des livres qu'il écrit où l'imaginaire, l'autobiographie et les histoires racontées par d'autres se conjuguent pour donner un texte dont l'originalité résulte de sa façon personnelle de l'écrire. Il précise aussi que si les choses ainsi décrites par ses soins portent indubitablement sa marque, c'est à dire sa culture, ses connaissances, son talent, elles pourraient parfaitement être différentes, c'est à dire être à l'envers de ce qu'on lit, comme sont le verlans, les anagrammes ou des palindromes par rapport aux mots, l'envers de la médaille par rapport à l'avers, les jeux de mots si prisés des enfants, en un mot une autre facette des choses, Cette prise de conscience fut pour lui une découverte troublante, une peur aussi en ce sens qu'il ne s'expliquait pas comment pouvait exister une histoire racontée par lui avec un épilogue prévu à l'avance et que le résultat de cette dernière puisse être différent une fois le travail achevé. Un texte original est le reflet de l'âme de celui qui l'écrit au moment où il le fait, mais pourrait parfaitement être différent à un autre moment et ce malgré toutes les esquisses et les corrections inévitables. C'est le privilège de l'auteur que de s'inventer volontairement une autre vie que la sienne et de la faire exister le temps d'un récit. Il m‘a toujours semblé en effet que l'écriture est une subtile alchimie qui permet de modifier les choses en fonction du moment de leur création, mais aussi que les décors, les circonstances, les personnages, peuvent également entraîner l'écrivain sur un terrain inconnu de lui au départ mais qui l'étonnent, s'imposent finalement à lui sans qu'il y puisse rien et génèrent une peur sourde et révélatrice qu'il veut pourtant combattre parce qu'elle vit dans les mots ainsi confiés à la feuille blanche. Que cette première nouvelle ait, comme il le dit lui-même, des résonances autobiographiques n'est pas étonnant, ce pourrait-il d'ailleurs qu'il en fût autrement puisqu'elle vaut sûrement pour tout ce qu'il a écrit (Ce texte paraît être écrit en 1978 alors que son auteur a trente cinq ans). Qu'il le précise et l'illustre à propos de ce texte dit assez l' importance pour lui et cette prise de conscience qu'il lie d'ailleurs à la mort de son amie, marque un jalon dans sa créativité. Qu'il ait été passionné par l'oeuvre de Fernando Pessoa qui créa et fit vivre de nombreux hétéronymes, me paraît aller dans le même sens.
Les autres nouvelles de ce recueil sont l'illustration de ce concept comme le sont d'ailleurs toutes les oeuvres d'art qui ne sont pas seulement de simples représentations mais le reflet de l'âme de leur auteur à un moment précis. Elles sont soit le fruit de l'inspiration personnelle, ce qui est aussi un sujet d‘étude intéressant, soit l'écho de ce qu'il a entendu ou lu mais cette certitude que l'épilogue qu'il choisit d'écrire puisse être fondamentalement différent de celui qu'il imaginait au départ est également à mes yeux un sujet de réflexion.
Tabucchi est un écrivain intéressant notamment dans son parcours. Italien d'origine, on l'imagine jovial mais il a adopté le Portugal comme seconde patrie et sans doute aussi l'âme portugaise caractérisée par la saudade, cette mélancolie liée à ce pays et à ses habitants. de ses nouvelles, et particulièrement celle intitulée « Petit Gatsby », il ressort une sorte d'ambiance un peu amère, emprunte de tristesse et de solitude, comme sa vie sans doute.
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Recueil de nouvelles,paru en 1981.
Celle qui donne son titre le doit à un jeu d'enfant qui consiste à renverser les mots et à les prononcer à l'envers.
A partir de tableaux,l'auteur met en avant la confrontation entre icône et parole, image et page écrite, ayant pour conséquence de préciser un dialogue simulant entre chose vue et narration.
L'imagination va au-delà de l'image. le renversement narratif devient une façon de voir la vie avec une mémoire qui devient agissante et un souvenir qui peut être altéré d'une façon différente de penser et de sentir.
Le fil conducteur est l'idée qu'une chose qui était "ainsi" était aussi son contraire dans un autre contexte.
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Il s'agit d'un recueil de nouvelles, le premier ouvrage que je lis de cet auteur, dont je découvre par conséquent le style. Je trouve que c'est intéressant, par moments un peu inégal à cause du style justement de l'auteur, parfois tellement logorrhéique qu'on oublie où il veut en venir. J'ai eu l'impression que par moments, la parole engendrait la parole, par exemple dans les nouvelles comme "Lettera da Casablanca", et une autre encore. Mais c'est parfois sublime, comme dans "Vagabondaggio", où la poéticité nous transporte.
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Dans ces 11 nouvelles écrites entre 1978 et1981 , on retrouve Tabucchi écrivain du voyage , homme de culture (les références abondent dans son oeuvre , Pessoa ,Fitzgerald…) et surtout ce ton très particulier teinté de mélancolie fasciné par les dissonances de nos vies , le flou de notre identité réelle . A remarquer dans cette optique là la nouvelle qui donne son titre au recueil .
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Et alors, il m'a demandé si je connaissais le bruit du temps. Non ai-je dit, je ne le connais pas. Très bien, a-t-il fait, il suffit de s'asseoir sur le lit, la nuit, quand on n'arrive pas à dormir, et de rester les yeux ouverts dans le noir, et au bout d'un petit moment on l'entend, c'est comme un mugissement dans le lointain, comme l'haleine d'un animal qui dévore les gens.
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La saudade, disait Maria do Carmo, ce n’est pas un mot, c’est une catégorie de l’esprit, il n’y a que les Portugais qui puissent la ressentir, car ils possèdent ce mot pour dire qu’ils l’ont, c’est un grand poète qui l’a dit. Et elle commençait à parler de Fernando Pessoa. Je passais la prendre chez elle, Rua das Chagas, vers six heures de l’après-midi, elle m’attendait derrière une fenêtre, et lorsqu’elle me voyait déboucher sur le Largo Camões, elle ouvrait la lourde porte cochère et nous descendions vers le port en flânant Rua dos Franqueiros et Rua dos Douradores. Faisons un itinéraire fernandin, disait-elle, ici c’étaient les lieux préférés de Bernardo Soares, aide-comptable dans la ville de Lisbonne, semi-hétéronyme par définition, c’était là qu’il faisait sa métaphysique, dans ces boutiques de barbiers. À cette heure-là, la Baixa était envahie par une foule de gens pressés et bruyants, les bureaux des compagnies de navigation et des maisons de commerce fermaient leurs guichets, aux arrêts de tram il y avait de longues queues, on entendait les boniments sonores des cireurs de chaussures et des crieurs de journaux. Nous nous faufilions au milieu de la cohue de la Rua da Prata, nous traversions la Rua da Conceição et nous descendions vers le Terreiro do Paço, blanc et mélancolique, où les premiers ferries bondés de banlieusards levaient l’ancre pour l’autre rive du Tage. Ici c’est déjà un quartier d’Alvaro de Campos, disait Maria do Carmo, en l’espace de quelques rues nous sommes passés d’un hétéronyme à l’autre.
À cette heure-là, la lumière de Lisbonne était blanche vers l’estuaire et rosée sur les collines, les édifices du XVIIIe siècle faisaient penser à un chromo et le Tage était sillonné par une myriade de bateaux. Nous nous dirigions vers les premiers quais, ces quais où Alvaro de Campos allait attendre personne, comme disait Maria do Carmo, et elle récitait quelques vers de l’Ode maritime, le passage où le petit vapeur dessine sa silhouette à l’horizon et où Campos sent une roue qui commence à tourner dans sa poitrine. Le crépuscule descendait sur la ville, les premières lumières s’allumaient, le Tage brillait de reflets changeants, il y avait une grande mélancolie dans les yeux de Maria do Carmo. Peut-être que tu es trop jeune pour comprendre, à ton âge moi je n’aurais pas compris, je n’aurais jamais pu imaginer que la vie puisse ressembler à un jeu auquel je jouais quand j’étais enfant à Buenos Aires, Pessoa est un génie parce qu’il a compris l’envers des choses, du réel et de l’imaginé, sa poésie est un juego del revés.
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Au fait est-ce que vous avez déjà vu une corrida portugaise ? ils ne tuent pas le taureau, vous savez, le torero danse autour de lui pendant une demi-heure et à la fin il fait un geste symbolique avec son bras pointé comme une épée, un troupeau de vaches avec des sonnailles entre, le taureau disparaît dans le troupeau et tout le monde rentre chez soi, olé, si vous appelez ça torear. C’est peut-être plus élégant, dis-je, pour tuer quelqu’un il n’est pas toujours nécessaire de l’assassiner, parfois un geste suffit, mais non, dit-il, le duel entre l’homme et le taureau doit être mortel, sinon ce n’est qu’une pantomime ridicule, mais les cérémonies ne sont que des stylisations, objectai-je, et celle-ci ne conserve que l’enveloppe, le geste, elle me semble plus noble, plus abstraite. Mon compagnon de voyage parut réfléchir. C’est possible, dit-il sans conviction, ah, regardez, nous sommes dans la banlieue de Lisbonne, il vaudrait mieux retourner dans notre compartiment préparer nos bagages.
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Quando Maria do Carmo Meneses de Sequeira morì, io stavo guardando Las Meninas di Velasquez al museo del Prado. Era un mezzogiorno di luglio e io non sapevo che lei stava morendo. Restai a guardare il quadro fino alle dodici e un quarto, poi uscii lentamente cercando di trasportare nella memoria l'espressione della figura di fondo, ricordo che pensai alle parole di Maria do Carmo: la chiave del quadro sta nella figura di fondo, è un gioco del rovescio; attraversai il giardino e presi l'autobus fino alla Puerta del Sol, pranzai in albergo, un gazpacho ben freddo e frutta, e andai a coricarmi per ingannare la calura meridiana nella penombra della mia camera.
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Le tableau était "Les Ménines" de Velasquez, la figure du fond sur laquelle convergeaient les lignes ,avec cette expression malicieuse et mélancolique que j'avais gardée en mémoire ; je m'acheminais vers ce point. Et à ce moment,je me retrouvai dans un autre songe.
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