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EAN : 9782330066505
434 pages
Actes Sud (17/08/2016)
3.43/5   14 notes
Résumé :
Mêlant histoire de France et biographie du cinéaste J.-L. Godard, l'auteur imagine la raison pour laquelle le metteur en scène a renoncé à réaliser le film intitulé Quatre-vingt-treize et demi axé sur la vie de Danton au coeur de la Révolution française.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Deux semaines pour venir à bout, sans difficulté car avec grand plaisir, de ces quelque 430 pages composant ce gros roman où l'amour et la révolution sont, en quelque sorte, les principaux acteurs - et j'aurais voulu que ça dure bien plus longtemps, croyez-moi. Thierry Froger a réalisé un travail de fiction incroyable où se croise la biographie imaginaire de Danton après la période dite de la Terreur (1792-94) et l'élaboration d'un scénario (dont on trouve de nombreux et successifs extraits tout le long du roman) pour un film commandé pour bicentenaire de la Révolution, en 1989, à Jean-Luc Godard - Godard dont on suit, parallèlement, les errements du coeur, l'auteur du livre arrivant à nous montrer le cinéaste suisse sous un visage à la fois attachant et à la fois méprisable (donc assez proche de la réalité). Comme disait Kafka (qui est cité dans ce livre) : "Le positif nous a été donné à notre naissance. À nous de faire le négatif." Et c'est bien ce qu'arrive à faire, avec brio, avec génie même, Thierry Froger ! Inspiré par le cinéma de Godard tout autant que par sa personnalité, son histoire, c'est un roman complexe qui s'offre ainsi au lecteur. Dans ces pages résonne le Bruit et la Fureur de Faulkner, Les Onze de Pierre Michon, Quatre-vingt treize de Victor Hugo et les Canti de Leopardi. On y croise Antoine de Baecque, le biographe de Godard, Marguerite Duras - qui loue sa mansarde (celle-là même où vécu Vila-Matas qui lui n'est pas cité dans ce livre) -, Gorki, Federico Fellini, et beaucoup, beaucoup, beaucoup d'autres encore. Et puis ça parle de cinéma, du vieillissement de cet art, de son éloignement, et donc ça parle aussi de littérature ; ça traite de l'échec de ne pas vouloir raconter d'histoires alors qu'on ne fait que ça ; ça parle encore des rêves de révolutions avortées, de leurs protagonistes vieillissants eux-aussi, n'arrivant plus à se lever du confortable "canapé révolutionnaire du verbe" (page 275), et Maurice Blanchot d'avoir le dernier mot en étant cité page 418 : "ce beau souvenir qu'est l'oubli" - impossible alors de ne pas penser à ces mots que l'auteur Osamu Dazai donne à dire à l'un des protagonistes de son roman Soleil Couchant : "La révolution et l'amour sont en fait les biens les meilleurs et les plus plaisants du monde et nous découvrons que c'est précisément parce que ce sont des biens précieux que les cerveaux vieux et sages ont, par mépris, écrasés sur nous les raisins acides du mensonge. Voici ce que je veux croire implicitement : l'homme est né pour l'amour et la révolution." Et si ma chronique est quelque peu incompréhensible, et bien c'est tant mieux, car je vous invite à découvrir ce qui est, probablement, l'un des romans le plus ambitieux, le plus surprenant et le plus passionnant de cette rentrée littéraire de septembre 2016 !!! (rentrée qui réserva certainement d'autres surprises j'en suis sûr)
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Un premier roman proposé en cette rentrée littéraire 2016 qui se démarque par ses trois récits entremêlés autour de la fabrication de l'Histoire : celui de la réalisation ou pas du film "quatre vingt treize et demi" de Jean-Luc Godard, celui de la vie de Dante, le révolutionnaire et ce qu'on en connaît et celui de la relation au temps et à la jeunesse.
Ce roman est impliqué,érudit et très bien mené à la plus grande satisfaction du lecteur.
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Le livre de Thierry Froget n'est pas l'exercice de style que l'on pourrait croire à la lecture de l'intitulé, bien au contraire mais celui de nous faire revivre le bicentenaire de la révolution en y adaptant quelques anicroches à l'histoire qui vont faire tousser les puristes mais aussi régaler ceux qui aiment les histoires.
Car en effet, sortir de l'impasse tranchante à laquelle était voué Danton en le laissant s'enfuir sur une île de la Loire mais étroitement surveillé tout de même et demander à Jean Luc Godard de faire une film sur le même sujet peut paraitre une prouesse mais qui ne rebute en rien l'écrivain qui signe là son premier roman.
Donc ces deux fictions se mêlent et nous transportent sans cesse dans des époques différentes mais les lieux choisis permettent de faire les liaisons.
Plaisir non feint de vivre à coté de ces deux ogres, de partager leur intimité, leurs doutes et leurs roublardises. Car c'est bien aussi de cela qu'il s'agit : comment l'histoire se fait, comment elle est traduite et comment elle arrive jusqu'à nous.
Thierry Froget signe là un roman ébouriffant, nous faisant vivre une histoire revisitée mais totalement plausible dans la délectation de suivre des êtres passionnants tels Danton, JLG et une cohorte de personnages magnifiques. C'est du grand art.

Ça m'a bluffé même si l'obsession de JLG pour les jeunes filles est à la longue un peu rébarbative mais c'est le personnage qui veut ça et Danton en fait de même alors les héros se ressemblent un peu.

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Le livre le plus foutraque de la rentrée 2016 !

Même et surtout si vous n'aimez pas Jean-Luc Godard, ni ses films, même si Danton n'évoque pour vous que Depardieu déclamant « de l'audace… etc. » pour Wajda, sautez sur « Sauve qui peut (la révolution) ».

De cette lecture, vous ressortirez hilare, bien plus au fait des méandres de la création, de la difficulté de répondre à une commande subventionnée et de la vendre à vos mécènes. Mais ce n'est pas tout : au passage, cette uchronie vous apprendra que Danton n'est pas mort guillotiné mais qu'il s'est retiré sur une île de la Loire avec sa –très- jeune épouse, qu'après avoir tenté d'y créer une république, il fut exilé à l'île d'Elbe où l'a rejoint l'empereur Napoléon. Vous saurez aussi qu'un débat télévisé que personne n'a vu l'opposa, sous Charles IX, à … Robespierre.

Ce bonheur d'écriture mélange, toute honte bue, les tentatives de scenarii de Jean-Luc Godard, pour un film fantôme – Quatre vingt treize et demi -, ses démêlés avec ses sponsors, plus obsédé qu'il est, lui aussi, par la chair fraîche que par leur demande, sa correspondance avec son amoureuse ou avec Isabelle Huppert, l'histoire de la Révolution française revisitée par un ancien mao et actuel alcolo et les tentatives de réinsertion d'une ancienne terroriste reconvertie dans l'industrie touristique. Ouf !
Changements de styles, de narrateurs, de …typographie alternent allégrement pour composer un des livres le plus savoureux, incohérents et intelligents qu'on ait écrit sur la création, l'histoire de France et les relations entre les êtres.

« Sauve qui peut (la révolution) » est le premier roman de Thierry Froger, à lire toutes affaires cessantes.

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Le roman tresse deux histoires génialement imbriquées. Nous suivront deux personnages que tout oppose : Danton et Jean-Luc Godard ! le premier, par la grâce du romancier, a échappé en 1794 à la guillotine et se retrouve exilé sur une île de la Loire où il va installer une sorte de république locale, continuant à mettre en pratique ses idées révolutionnaires. le second se verra confier par la mission du bicentenaire de la révolution, la réalisation d'un film grand public pour célébrer l'événement. Cette proposition insolite faite à notre très hermétique cinéaste suisse ne verra pas le jour, malgré la rédaction de nombreux scripts tous plus délirants les uns que les autres. Par contre ce sera pour lui l'occasion de retrouver un ami du temps où il était maoïste, historien, mais surtout père d'une charmante jeune fille de 19 ans, Rose...
A partir de ce canevas pour le moins original, Thierry Froger saute sans arrêt de l'uchronie autour de Danton qui le mènera de la Loire à l'île d'Elbe où il croisera Napoléon Bonaparte, aux démêlés de Godard avec la commission du bicentenaire, ses scénarios improbables et son histoire d'amour avec Rose. Finement entremêlés, ces vies se répondent, font écho entre elles, un peu comme les scripts successifs de Jean-Luc Godard qui regorgent de ce qu'il vit. le temps qui passe sur les idées révolutionnaires comme sur des hommes mis à l'épreuve autant par les corps que par la vie qui file, est sans doute le thème central du livre. On sent que l'auteur connaît tout son Godard sur le bout des doigts, a lu et vu toutes ses interviews. Il nous le restitue aussi puant que drolatique, aussi touchant qu'agaçant, créant ainsi un vrai personnage romanesque. La vie supposée de Danton n'est pas en reste, croisant ainsi des faits historiques ou des anecdotes anciennes qu'il aurait connu s'il avait survécu. Et puis, aux détours de quelques pages nous rencontrons aussi de multiples célébrités de Michelet l'historien jusqu'à Isabelle Huppert ( géniale lettre à Godard) en passant par Marguerite Duras ou Fellini.
Tout cela semble bouillonnant mais tient parfaitement la route et s'accompagne d'une écriture tour à tour somptueuse, ample, baroque, tumultueuse, tendre, nostalgique, ressemblant à s'y méprendre à cette Loire, figure quasi centrale de ce roman. Je pourrai faire des pages de citations, de belles phrases, de paragraphes que l'on prend plaisir à relire ( oui la lecture est plus longue qu'à l'habitude, on s'enivre de la luminosité et de l'inventivité du texte, on musarde, on prend son temps dans sa lecture)...
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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critiques presse (1)
Telerama
19 octobre 2016
En englobant collage de textes (avec typos différentes), montage, poésie, roman, l'auteur lui rend au fond un bel hommage de connaisseur.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"Le lendemain matin, Antoine de Baecque se rendit de bonne heure sur le tournage de Nouvelle Vague. JLG lui prêta à peine attention. Il le présenta juste à son équipe en l'appelant le petit rapporteur ou l'œil de Moscou mais attention, précisa-t-il, un œil qui marche sur deux jambes. Et il partit avec Alain delon, Domiziana Giordano et quelques techniciens tourner la double scène de la noyade sur le lac.

Décontenancé, Antoine de Baecque décida d'aller prendre un café sur une terrasse au bord de l'eau. Il n'avait rien de mieux à faire que de profiter de cet étonnant soleil d'octobre, qui bousculait la géographie autant que les saisons en installant l'été indien au cœur de l'automne suisse. Il voulait surtout faire le point sur les premiers pars guère concluants de sa mission et mettre en place une stratégie pour que celle-ci ne fût pas un lamentable échec, comme cela se dessinait au regards des premiers contacts avec l'animal JLG, plus déroutant qu'il ne l'imaginait et qu'il avait pourtant cru apprivoiser la veille. De sa terrasse ensoleillée, il espérait d'ailleurs observer de loin la scène qu'on tournait et rêver que la distance confondît là aussi les temps en faisant barboter Delon de Plein soleil à Nouvelle Vague. Mais il ne vit rien, son poste d'observation étant trop éloigné, masqué par les mâts des bateaux rayant la perspective.
De guerre lasse, il demanda le journal et commanda un second café. La Tribune de Genève évoquait le tremblement de terre qui venait de frapper la région de San Francisco et avait causé la mort d'une soixantaine de personnes, dont une majorité dans l'écroulement de ponts. L'autre grand titre du quotidien suisse concernait les derniers soubresauts politiques en Allemagne de l'Est : dix jours après les célébrations du quantième anniversaire de a RDA, Erich Honecker quittait le pouvoir à Berlin, officiellement pour raison de santé. On devinait que les causes de ce départ étaient plutôt à chercher ailleurs, du côté du bureau politique du Parti qui aurait désavoué son dirigeant, sous la pression des dizaines de milliers d'Allemands de l'Est qui manifestaient quotidiennement quand il ne fuyaient pas le pays pour rejoindre l'Ouest via la Pologne ou la Hongrie ; ou bien encore derrière les murs épais du Kremlin où Gorbatchev semblait ne plus savoir comment contrôler ce qu0il avait lui-même, imprudemment ou non, mis en branle avec sa perestroïka. Refermant le journal, Antoine de Baecque pensa que la contiguïté de ces deux gros titres et la concomitance des deux événements devaient plaire à JLG et à son goût des rapprochements ; il l'imaginait bien trouver une formule comme : La terre tremble en Californie, le mur de Berlin se lézarde."
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Le cinéaste se demandait s'il pourrait faire un film ici car il avait l'impression que ce paysage
ne se laissait pas facilement cadrer, ce qui en augmentait la beauté tout en tenant à distance
qui voulait s'en saisir, et il y voyait ce désir d'aller toujours jusqu'au moment où l'image se
refusait, cela lui rappelait une phrase de Chardin, la peinture est une Ile dont je me rapproche peu à peu mais pour l'instant je la voie très floue, qu'il n'avait jamais aussi bien comprise qu'aujourd'hui, accompagnant une jolie jeune fille vêtue de vert et nommée Rose, à l'endroit qu'on appelait la tête de l'ile
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Videos de Thierry Froger (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thierry Froger
Thierry Froger vous présente son ouvrage "Et pourtant ils existent" aux éditions Actes Sud. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2549652/thierry-froger-et-pourtant-ils-existent
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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