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Jacques Vingtras tome 1 sur 4

Philippe Bonnefis (Autre)Dolorès Rogozinski (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253002918
348 pages
Le Livre de Poche (01/07/1972)
3.73/5   1295 notes
Résumé :
Fils d'un professeur de collège méprisé et d'une paysanne bornée, jules Vallès raconte : « Ma mère dit qu'il ne faut pas gâter les enfants et elle me fouette tous les matins. Quand elle n'a pas le temps le matin, c'est pour midi et rarement plus tard que quatre heures. » Cette enfance ratée, son engagement politique pour créer un monde meilleur, l'insurrection de la Commune, Jules Vallès les évoqua, à la fin de sa vie, dans une trilogie : L’Enfant, Le Bachelier et L... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (89) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 1295 notes
L'enfant est un roman difficile, difficile à lire car long et sombre, mais surtout difficile pour les sentiments inédits et absolus de cet enfant qui déteste la société comme elle le déteste. Julles Valles est un révolté de l'enfance et on suit son parcours de souffrance sans complaisance, ni pour lui, ni pour le lecteur. On se révolte avec lui, sans savoir si cette autobiographie représente la vérité ou une réalité transformée pour les besoins de la cause. Pour ceux qui sont originaires de la région stéphanoise, comme moi, c'est un livre fondateur, militant et reconnaissable car il porte le message d'un peuple qui voulait simplement vivre en humain. La société pour cet enfant sera ce que Folcoche, la mère de Bazin, sera plus tard, dans ces romans qui ont su montrer une autre enfance, loin des poncifs habituels.
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Eprouvante description d'une enfance et de sa misère affective. Non aimé, objet de toutes les pulsions sadiques et défouloir d'une mère bornée, il doit aussi se passer de père, le sien étant méprisé, humilié, et ne valant guère mieux, tout professeur qu'il soit, que son obtuse épouse. Que cet enfant ait pu grandir et se développer intellectuellement malgré le poids de bêtise de méchanceté et de mesquinerie posé sur sa tête pensante, c'est un premier miracle. Qu'il ait été en mesure d'en faire une oeuvre, c'est sûrement l'issue salvatrice qu'il a trouvée. Une résilience, en quelque sorte.
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Bien
J'ai bien aimé cette autobiographie, certains passages sont un peut long, mais c'était la vie d'avant. Un livre que certains parents devraient lire avec leurs enfants cela leur ferait prendre conscience de beaucoup de choses Peut être que pour l'enfant la vie était dur, mais au moins il avait une éducation et du respect car a l'heure actuelle on se demande s'il y en a encore.

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Jacques Vingtras, initiales J-V comme Jules Vallès est l'enfant d'un professeur d'abord pion mal considéré et d'un paysanne qui fait ses débuts à la ville.
Les deux parents sont convaincus que pour donner une bonne éducation à un enfant, il faut le battre.
C'est ainsi que chaque jour Jacques reçoit une volée de coups. Ses deux parents semblent au bord de la folie.
J'avais lu le roman à 16 ans au lycée et je ne m'étais pas rendu compte de la pitié que Jules Vallès savait créer chez le lecteur.
Pourtant certaines scènes sont empreintes d'humour noir, certains chapitres aussi . Quand la voisine promet à la mère de Jacques de finir de le battre et qu'elle fait semblant de donner des coups relève du tragi-comique. le chapitre sur l'argent est tout empreint d'humour noir quand la mère dit à Jacques qui revient avec son pantalon ensanglanté suite à une bagarre : " La prochaine fois, mets un vieux pantalon".
La scène à l'auberge est excellente aussi quand la mère refuse qu'ils mangent le soir et ils attendent le matin avec les intestins qui les réveillent tellement ils ont faim. Là, on est dans l'humour noir, l'humour torture.
À l'âge où je l'ai lu pour la première fois, je ne savais pas que l'enfant faisait partie d'une trilogie.
Le roman est paru en 1879. J'avais le souvenir d'une autre écriture et j'ai redécouvert un style qui ne fait pas dans la dentelle ni dans le détail quoique certains portraits donnent des traits vraiment truculent comme celui de la tante Agnès et bien d'autres.
Jules Vallès va droit au but. Il me semble fort différent des écrivains de l'époque .
Je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à "Poil de Carotte" et à Madame Lepic mais celui-là, je l'avais lu en première année du secondaire, à 13 ans. le contexte était différent mais l'enfant était bien maltraité aussi.
J'ai été un peu sévère dans les étoiles. J'aurais dû en donner quatre.
"L'enfant" fait partie des classiques dont un extrait sera lu lors de la finale de lecture à voix haute de la grande librairie ce jeudi.




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Plongée dans la France provinciale de la fin du XIXème siècle. C'est le début de la fin de la France paysanne et l'avènement de l'industrie et de la petite bourgeoisie avec son obsession de la respectabilité et ses valeurs nauséabondes comme le mépris des plus faibles que soi, la soumission à l'autorité …

L'enfant, c'est d'abord la relation avec la mère. Dès le début, le décor est planté: l'enfant se fait fouetter par sa mère. Il accepte ce sort, trouvant des excuses à cette mère toxique et castratrice, et probablement aveuglé par l'amour qu'il lui porte, un amour inconditionnel. On est ici bien loin de la promesse de l'aube de Romain Gary.

Le père est totalement absent, soumis à l'autorité de la mère ou à celle de ses supérieurs, moqué par ses élèves et par ses collègues. Alors l'enfant va chercher ses modèles ailleurs, chez ses oncles ou dans les livres d'aventure.
L'enfant grandit tant bien que mal dans cet univers malsain, et peu à peu se tourne sur le monde qui l'entoure. C'est l'éveil d'une conscience politique, la naissance d'une aspiration à plus de justice sociale. J'aime cette époque où rien n'est encore joué, où tout est encore possible. Une époque où un vent d'insurrection souffle sur la France, sur l'Europe.

Le roman est loin d'être plombant, même si la situation n'est pas très réjouissante. Il regorge de scènes cocasses (mémorable distribution des prix, visite de la mère à Paris, démonstration de l'existence de Dieu à coup de bâtonnets de bois, …), de chutes, de collisions. Les caractères du père et de la mère sont magnifiquement croqués.

Un roman réaliste et savoureux à lire.
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Citations et extraits (133) Voir plus Ajouter une citation
J’entends les boyaux de mon père qui grognent comme un tonnerre sous une voûte : les miens hurlent ; — c’est un échange de borborygmes ; ma mère ne peut empêcher, elle aussi, des glouglous et des bâillements ; mais elle a dit, à la station, qu’il ne fallait pas dîner et l’on ne mangera pas avant demain. On ne man-ge-ra pas.
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Je souffre de me voir accablé d'éloges que je ne mérite pas, on me prend pour un fort, je ne suis qu'un simple filou. Je vole à droite, à gauche, je ramasse des rejets au coin des livres. [...]
Pour la narration française, je réussis aussi par le retapage et le ressemelage, par le mensonge et le vol.
Je dis dans ces narrations qu'il n'y a rien comme la patrie et la liberté pour élever l'âme.
Je ne sais pas ce que c'est que la liberté, moi, ni ce que c'est que la patrie. J'ai toujours été fouetté, giflé, - voilà pour la liberté ; - pour la patrie, je ne connais que notre appartement où je m'embête, et les champs où je me plais, mais où je ne vais pas.
Je me moque de la Grèce et de l'Italie, du Tibre et de l'Eurotas. J'aime mieux le ruisseau de Farreyrolles, la bouse des vaches, le crottin des chevaux et ramasser des pissenlits pour en faire de la salade.
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Ai-je été nourri par ma mère ? Est-ce une paysanne qui m’a donné son lait ? Je n’en sais rien. Quel que soit le sein que j’ai mordu, je ne me rappelle pas une caresse du temps où j’étais tout petit ; je n’ai pas été dorloté, tapoté, baisotté ; j’ai été beaucoup fouetté. Ma mère dit qu’il ne faut pas gâter les enfants, et elle me fouette tous les matins ; quand elle n’a pas le temps le matin, c’est pour midi, rarement plus tard que quatre heures. Mlle Balandreau m’y met du suif. C’est une bonne vieille fille de cinquante ans. Elle demeure au-dessous de nous. D’abord elle était contente : comme elle n’a pas d’horloge, ça lui donnait l’heure. « Vlin ! Vlan ! Zon ! Zon ! – voilà le petit Chose qu’on fouette ; il est temps de faire mon café au lait. » Mais un jour que j’avais levé mon pan, parce que ça me cuisait trop, et que je prenais l’air entre deux portes, elle m’a vu ; mon derrière lui a fait pitié.
Elle voulait d’abord le montrer à tout le monde, ameuter les voisins autour ; mais elle a pensé que ce n’était pas le moyen de le sauver, et elle a inventé autre chose. Lorsqu’elle entend ma mère me dire : « Jacques, je vais te fouetter !
– Madame Vingtras, ne vous donnez pas la peine, je vais faire ça pour
vous.
– Oh ! chère demoiselle, vous êtes trop bonne ! »
Mlle Balandreau m’emmène ; mais au lieu de me fouetter, elle frappe dans ses mains ; moi, je crie. Ma mère remercie, le soir, sa remplaçante.
« À votre service », répond la brave fille, en me glissant un bonbon en cachette.
Mon premier souvenir date donc d’une fessée. Mon second est plein d’étonnement et de larmes.
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" Mon enfant, il ne faut pas jeter le pain ; c´est dur a gagner. Nous n´en avons pas trop pour nous, mais si nous en avions beacoup, il faudrait le donner aux pauvres. Tu en manqueras peut-etre un jour, et tu verras ce qu´il vaut. Rappelle-toi ce que je te dis, mon enfant ! "
Je ne l´ai jamais oublie.
Cette observation, qui, pour la premiere fois peut-etre dans ma vie me fut faite sans colere, mais avec dignite, me penetra jusqu´qu fond de l´ame ; et j´ai eu le respect du pain depuis lors.
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Il m’a mis aux arrêts ; – il m’a enfermé lui-même dans une étude vide, a tourné la clef, et me voilà seul entre les murailles sales, devant une carte de géographie qui a la jaunisse, et un grand tableau noir où il y a des ronds blancs et la binette du censeur.
Je vais d’un pupitre à l’autre : ils sont vides – on doit nettoyer la place, et les élèves ont déménagé.
Rien, une règle, des plumes rouillées, un bout de ficelle, un petit jeu de dames, le cadavre d’un lézard, une agate perdue.
Dans une fente, un livre : j’en vois le dos, je m’écorche les ongles à essayer de le retirer. Enfin, avec l’aide de la règle, en cassant un pupitre, j’y arrive ; je tiens le volume et je regarde le titre : ROBINSON CRUSOÉ.
Il est nuit.
Je m’en aperçois tout d’un coup. Combien y a-t-il de temps que je suis dans ce livre ? – quelle heure est-il ?
Je ne sais pas, mais voyons si je puis lire encore ! Je frotte mes yeux, je tends mon regard, les lettres s’effacent, les lignes se mêlent, je saisis encore le coin d’un mot, puis plus rien.
J’ai le cou brisé, la nuque qui me fait mal, la poitrine creuse ; je suis resté penché sur les chapitres sans lever la tête, sans entendre rien, dévoré par la curiosité, collé aux flancs de Robinson, pris d’une émotion immense, remué jusqu’au fond de la cervelle et jusqu’au fond du cœur ; et en ce moment où la lune montre là-bas un bout de corne, je fais passer dans le ciel tous les oiseaux de l’île, et je vois se profiler la tête longue d’un peuplier comme le mât du navire de Crusoé ! Je peuple l’espace vide de mes pensées, tout comme il peuplait l’horizon de ses craintes ; debout contre cette fenêtre, je rêve à l’éternelle solitude et je me demande où je ferai pousser du pain…

chapitre XI
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Vidéo de Jules Vallès
Deuxième épisode de notre podcast avec Sorj Chalandon.
"Notre revanche sera le rire de nos enfants." Ce sont des mots de Bobby Sands, leader des détenus républicains irlandais, mort d'une grève de la faim le 5 mai 1981. C'est aussi le titre d'un ouvrage qui réunit les articles de Sorj Chalandon sur l'Irlande du Nord publiés dans le journal Libération entre 1977 et 2006. Une plongée au coeur de l'Histoire du conflit nord-irlandais, au quotidien, au plus près des événements et des personnes. "Des reportages au coeur gros", comme l'écrit Sorj Chalandon.
C'est à l'occasion de cette parution que Sorj Chalandon nous a accordé un entretien, enregistré en janvier 2023. Il y évoque cette guerre qui ne dit pas son nom, le long chemin vers la paix, mais aussi la déflagration qu'il a vécue en 2002, lorsque la trahison de l'un de ses proches amis irlandais a été révélée. Deux romans bouleversants en sont nés : Mon traître et Retour à Killybegs. Ce sont donc trois livres que nous explorons au cours de cet épisode en compagnie de Sorj Chalandon et qui constituent son histoire irlandaise.
Voici la liste des livres évoqués au fil de ce double épisode :
- Notre revanche sera le rire de nos enfants, Sorj Chalandon, Reportages Irlande, Libération (1977-2006) (éd. Black-star(s)) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20632573-notre-revanche-sera-le-rire-de-nos-enfants-rep--sorj-chalandon-black-stars ;
- Mon traître, de Sorj Chalandon (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/1131665-mon-traitre-sorj-chalandon-le-livre-de-poche ;
- Retour à Killybegs, de Sorj Chalandon (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/2048673-retour-a-killybegs-sorj-chalandon-le-livre-de-poche ;
- le Mouchard, de Liam O'Flaherty (éd. Belfond) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/15379050-le-mouchard-liam-o-flaherty-belfond ;
- Le Petit Bonzi, de Sorj Chalandon (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/908347-le-petit-bonzi-roman-sorj-chalandon-le-livre-de-poche ;
- le Quatrième Mur, de Sorj Chalandon (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/7204331-le-quatrieme-mur-roman-sorj-chalandon-le-livre-de-poche ;
- La Légende de nos pères, de Sorj Chalandon (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/1915167-la-legende-de-nos-peres-sorj-chalandon-le-livre-de-poche ;
- Profession du père, de Sorj Chalandon (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/9969085-profession-du-pere-roman-sorj-chalandon-le-livre-de-poche ;
- Enfant de salaud, de Sorj Chalandon (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/21685376-enfant-de-salaud-sorj-chalandon-le-livre-de-poche ;
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Mon Père, Ma Mère, Mes Frères et mes soeurs
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