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Carole Fillière (Traducteur)
EAN : 9782373057638
448 pages
Aux forges de Vulcain (02/02/2024)
3.43/5   21 notes
Résumé :
Un tremblement de terre déclenche une épidémie d'origine inconnue qui transforme la ville de Santiago en paysage apocalyptique. Un journaliste doit entrer dans la ville pour sauver son épouse, qui vient d'apprendre qu'elle est enceinte. Mais la capitale est assiégée. Des troupes étrangères interdisent l'accès à la « Zona Cero », où règne le chaos depuis que ses habitants se sont transformés en créatures meurtrières et destructrices.

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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Le choc époustouflant d'un mal mythique et de tout l'imaginaire apocalyptique qui peut lui être associé avec les meurtrissures du Chili contemporain : un roman épique et hybride, magnifiquement politique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/05/04/note-de-lecture-zona-cero-gilberto-villarroel/

Sans préavis, un énorme tremblement de terre secoue la région de Santiago, la capitale du Chili, tandis que le tsunami qui lui est lié dévaste la côte de Valparaiso. Gabriel, journaliste aguerri par des années de couverture des zones de guerre dans le monde, échappe de justesse à la catastrophe aquatique, et tandis que les services privés ou publics s'effondrent autour de lui, parvient à joindre son épouse française, Sabine, architecte designeuse coincée au sommet de la plus haute tour de bureaux de la ville, où elle supervisait les finitions des étages supérieurs avant l'ouverture au public programmée très prochainement : pour sa sécurité, il l'adjure de rester où elle est, et promet de venir la chercher.

Pendant ce temps, le tremblement de terre d'une violence inouïe a exhumé une de ces cryptes souterraines dont l'Église catholique a depuis longtemps le secret (même si c'est le plus souvent sous forme de métaphore). Une étrange créature assoiffée de chair et de sang en émerge sous l'oeil de la dernière caméra de télévision localement active, et une violence indescriptible – pour celles et ceux qui ne seraient pas familiers du cinéma de fin du monde – se déchaîne dans Santiago.

Ayant réussi à trouver un petit avion de tourisme pour rejoindre Santiago depuis la côte dévastée, Gabriel rencontre en atterrissant Tony Díaz, militaire chevronné des forces spéciales américaines, vieux compagnon de fortune des reportages jadis les plus risqués, qui se trouve là avec sa mini-escouade de durs à cuire, chargée d'aller récupérer une mystérieuse personne très importante, réfugiée dans la cathédrale de la capitale chilienne, tandis qu'une impressionnante chape technologique, appelée « le grille-pain » par ceux qui savent, enveloppe la ville pour y interdire toute entrée ou sortie. Parvenue à sa destination provisoire, la petite troupe découvre là, barricadée face aux hordes déchaînées de créatures qui se sont multipliées comme des petits pains mais qui semblent bien redouter la lumière du soleil fatale pour elles, une petite équipe de mineurs de fond qui menait là sa grève de la faim avant les événements, ainsi que la personne recherchée, un prêtre de très haut rang qui semble en savoir long, comme d'ailleurs Tony Díaz, sur ce qui se passe en ville. Comment maintenant sauver Sabine, et leurs propres peaux, dans ce chaos apocalyptique qu'est devenue la ville ?

Gilberto Villarroel nous avait amplement montré avec son somptueux et sériel détournement romanesque de la figure historique de Lord Cochrane (« Cochrane vs. Cthulhu », « Lord Cochrane vs. l'Ordre des Catacombes », « Lord Cochrane et le Trésor de Selkirk », « Lord Cochrane et les Montagnes hallucinées »), l'authentique capitaine de vaisseau britannique des guerres napoléoniennes devenu un héros national chilien, qu'il maîtrisait comme peu d'auteurs contemporains le télescopage de l'histoire et du mythe aussi bien que l'intertextualité mobilisant des registres de littérature réputés tout à fait disjoints, du savant au populaire, de l'horreur lovecraftienne à la cape et à l'épée magnifiquement complotistes.

Avec ce « Zona Cero », publié en 2024 et traduit la même année par Carole Fillière, toujours chez Aux Forges de Vulcain, il orchestre de main de maître la rencontre apocalyptique d'un mythe mortel né (littérairement) en Transylvanie au XIXème siècle (que vous aurez évidemment reconnu malgré la discrétion volontaire des indices semés ci-dessus), des films d'action et de sauvetage les plus emblématiques (le John Carpenter de « New York 1997 », voire le John McTiernan de « Predator » – et de « Die Hard / Piège de cristal », mais pour d'autres raisons à voir plus bas, ne sont pas si loin) et d'un zoom puissant sur les meurtrissures socio-politiques du Chili contemporain (Jean-Claude Rouquet mentionne très justement Ken Loach) héritées de l'avidité capitaliste permanente et de la longue dictature fasciste imposée par les militaires du général Pinochet de 1973 à 1988, puis à 1998 moyennant quelques maigres ajustements « démocratiques ».

Si on ajoute en prime à tout cela un sens psychogéographique affûté (la ville de Santiago et sa topographie spécifique sont ici presque autant des héros que les protagonistes officiels), un jeu hilarant avec les caractéristiques fictionnelles des immeubles à (très) grande hauteur (« Die Hard » comme « La Tour d'Abraham » de Philip Kerr sont présents en pensée à la lecture), une capacité à actualiser tous azimuts un mythe fondamentalement aristocratique et victorien pour le faire vivre à l'âge du capitalisme tardif mais toujours prédateur (dont Marion Olité nous rappelait récemment certains aspects particulièrement tranchants à propos de « Buffy contre les vampires »), Gilberto Villarroel confirme (très) haut la main sa place au sein d'une confrérie somme toute restreinte réinventant un roman épique, populaire et politique – qui n'est pas seulement italien -, aux côtés des Wu Ming, du si regretté Valerio Evangelisti et de Paco Ignacio Taibo II (on vous parlera prochainement sur ce blog, à ce propos, du « Lénine à Disneyland » de Sébastien Rutès), veine romanesque indispensable à notre époque et dont les éditions Aux Forges de Vulcain s'affirment de facto toujours davantage un notable porte-drapeau (que l'on songe ainsi, par exemple, au « Et j'abattrai l'arrogance des tyrans » de Marie-Fleur Albecker, au « Sorrowland » de Rivers Solomon, ou encore au « La fin du monde est plus compliquée que prévu » de Franck Thomas).
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Voici ma première entrée dans la littérature Chilienne.
On est sur un roman d'urban fantasy d'apocalypse. J'ai passé un bon moment à le lire, c'est loin d'être une de mes plumes préférées mais rien de complètement rédhibitoire. le côté anglicisme toutes les 30 secondes m'a quand même bien ennuyée, c'est peut-être juste moi que ça dérange mais c'est à noter tout du long du livre.
L'histoire se lit vite, on a envie de connaître la fin ce qui est indispensable pour que l'ensemble tienne la route. C'est un page-turner qui se passe sur une période très courte.
Bon les personnages qu'on croise paraissent légèrement clichés, ça se passe au Chili donc je peux comprendre qu'on tienne ce genre de propos. Après le livre donne le ton dès le début et même si ça peut faire lever un sourcil, rien de rédhibitoire là aussi.
Dans les reproches, on a aussi le grille-pain qu'on découvre dès le début de l'histoire. Pourquoi d'un seul coup partir sur un truc que je pense impossible à réaliser dans la vraie vie. C'est un raccourci un peu trop facile alors qu'on pouvait sûrement imaginer d'autres moyens pour une quarantaine surtout si on part du principe que tout est normal sortant du côté Vampire bien-sûr...
Mon avis paraît très critique mais il ne faut pas oublier que je l'ai noté 3,5/5, ce qui est très bien. J'écris juste ce qui peut m'ennuyer dans une histoire et ce que j'aurais aimé savoir. Si l'Urban Fantasy vous plaît et que vous voulez un page-turner sympa pour passer une ou deux bonne soirée, n'hésitez pas. C'est un peu comme une bonne petite série Netflix.
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Gabriel doit couvrir une compétition de surf. Alors qu'il téléphone à Sabine, sa compagne, la terre se met à trembler. Il a juste le temps de lui conseiller de reste dans le building où elle travaille, avant que les communications ne soient interrompues. Il va alors tout mettre en oeuvre pour entrer dans Santiago, coupée du monde par une mystérieuse épidémie que le tremblement de terre semble avoir libérée.
Avant même d'être une histoire de vampire, ce roman est surtout une histoire de survie, où un groupe de personnages va devoir traverser Santiago à pied pour se sortir du guêpier que la ville est devenue. Un road trip dangereux, qui tient le lecteur en haleine, tant sur ce qui attend les protagonistes à chaque coin de rue, que par l'évolution de leur relation et la tenue des promesses.
L'auteur nous offre un roman prenant, difficile à lâcher. Si le style est simple, il prend quand même le temps d'éborgner au passage les institutions chiliennes, notamment quand nos héros arrivent dans le gratte-ciel où il retrouve une joyeuse bande de dirigeants du pays.
Zona Cero est une histoire haletante, difficile à lâcher, un excellent divertissement sans prise de tête.
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Un correspondant de guerre rentre dans son pays, le Chili et prend un travail facile : couvrir une compétition de surf pas très loin de la capitale. Tout devrait bien se passer non ? Non, car un tremblement de terre frappe soudainement le pays, il échappe à un raz-de-marée et doit rejoindre sa compagne coincée dans le plus haut gratte-ciel de Santiago… Et pour compliquer le tout, le séisme a libéré un mal ancien sous les cimetières de la ville et la capitale est devenue une zone interdite en proie à une étrange épidémie.
Avec Zona Cero, Gilberto Villaroel s'écarte du genre qui a fait son succès en France : le roman historique mâtiné de fantastique lovecraftien. L'auteur signe ici un roman de survie haletant au but simple comme un jeu vidéo : entrer dans Santiago, récupérer différents survivants, dont la compagne du journaliste, et réussir à rejoindre le point d'évacuation avant qu'il ne soit trop tard. Les antagonistes ? Des suceurs de sang dont les capacités évoluent d'un chapitre à l'autre au fur et à mesure qu'ils gagnent en expérience et les joueurs (aka le fameux correspondant de guerre et ses compagnons de route) aussi. le boss final ? Une célébrité bien connue du monde vampirique, un peu trop évident même s'il faut bien reprocher un petit quelque chose à ce livre. Et comme dans un bon film d'horreur de la fin du 20e siècle, Zona Cero ne se contente pas de proposer de l'action et des répliques percutantes. En faisant traverser la ville à son héros, Gilberto Villaroel écrit à la fois une ode d'amour à son pays natal (et nous offre une petite balade touristique au passage signalant les boissons locales ou les petites habitudes à ne pas rater), et une critique sociale sur l'état de son pays et sur les rapports de celui-ci avec les États-Unis. le racisme envers les autochtones mapuches, l'oligarchie mafieuse, les restes de la dictature de Pinochet, la face cachée de l'Église catholique, etc. Et le petit groupe de survivants, dont la composition change au fur et à mesure de la progression, reproduit ces tensions entre le journaliste qui a un regard extérieur sur l'évolution de son propre pays, les gros bras des forces spéciales américaines, les mineurs communistes en pleine grève de la faim au moment de la catastrophe, etc.
Avec ce roman, l'auteur réussit donc à nous raconter une histoire à plusieurs niveaux de lecture : une traversée dans un monde vampirique à la Je suis une légende de Richard Matheson, une allégorie sur les tensions qui traversent la société chilienne (avec certains passages explicatifs pour les non-locaux, utiles, mais qui coupent un peu le rythme, et une lettre d'amour à son pays. Si vous l'avez découvert avec les aventures de Lord Cochrane, ne soyez pas surpris. le ton de Zona Cero est très différent et le flot du récit est bien plus tumultueux tout du long du parcours. Avec une fin abrupte [qui rappelle les films de genre qui l'ont probablement inspiré], ce roman est un régal d'action pour qui aime les vampires ou les récits de survie horrifiques. Chaudement recommandé pour un bon shoot d'adrénaline !
Lien : https://www.outrelivres.fr/z..
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Zona cero de Gilberto Villarroel est un roman qui se lit 2 fois : la première fois comme une dystopie d'urban fantasy (amateur de vampires et zombies vous allez adorer ces nouveaux "suceurs de sang"!) et la deuxième fois avec une grille de lecture totalement différente, politique et engagée…
Je n'y connais pas grand-chose en politique chilienne mais ça a l'air costaud, Gilberto Villarroel en fait un portrait sans concessions, absolument tout y passe : les curés sans vertu, les hommes d'État et les industriels corrompus qui vampirisent littéralement le pays et la démocratie de façade.
Car bien sûr, les suceurs de sang sont un symbole de ces hommes sans moral qui évoluent dans la débauche de sexe et d'argent. Ce sont eux les véritables "chupacabra" de la société chilienne (créature des légendes d'Amérique latine qui attaquerait les troupeaux en les saignant).
Aux autres, il ne reste rien : leurs bras pour travailler dans les mines peut-être ? (les mines de cuivre et autres sont l'un des piliers de l'économie chilienne).

Le récit ne manque pas de rythme, il va falloir survivre dans un environnement hostile sans se faire "manger" accompagné d'une caricature de G.I. (qui n'est bien sûr là que pour sauver ce qui compte le plus : le pouvoir en première ligne) et de mineurs (qui sont sans doute les véritables héros de cette histoire). Dans cet enfer, les qualités survivalistes sont particulièrement appréciées…

Gilberto Villarroel nous dépeint avec férocité, et non sans humour, sa vision de la politique chilienne : si tout commence dans la "zona cero" à Santiago (lieu de convergence de luttes sociales et de manifestations en 2019), ce n'est donc pas pour rien ! Méfiance le mal rôde, il ne suffirait pas de vous faire mordre à votre tour…
Lien : https://www.xn--rdactrice-b4..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il était une heure du matin. C’était samedi. Après avoir rapidement zappé, Gabriel vérifia que toutes les chaînes privées étaient sans signal. Seule la télévision publique continuait à émettre.
L’image qui emplissait l’écran avait été prise depuis la terrasse de la chaîne nationale. Gabriel le savait parce qu’il s’y était rendu plusieurs fois. La caméra-robot visait la partie est de la ville. Les images que l’appareil enregistrait étaient en général utilisées pour commenter la météo au cours des matinales et des journaux télévisés.
Gabriel se concentra sur l’information qu’il pouvait extraire de cette image statique.
La plupart des lumières de Santiago étaient éteintes, mais son cœur fit un bond dans sa poitrine quand il vit, sur la ligne d’horizon, les trois gratte-ciel les plus élevés de la capitale, regroupés dans la même zone, tels les doigts de la main d’un géant coincée dans le béton : le Titanium, à gauche ; celui du Costanera Center, nommé la Gran Torre de Santiago, à droite ; et entre les deux, le plus grand de tous, le Valhalla, celui que les habitants de la ville, en raison de sa taille et de sa situation, avaient surnommé « le doigt d’honneur ».
Gabriel pensait que ce nom, comme c’est le cas en général des surnoms, n’était ni gratuit ni aussi arbitraire qu’il semblait. Le Valhalla comme la Gran Torre de Santiago étaient tous deux visibles depuis des villes éloignées, telle Recoleta, parce que leur silhouette se dressait au-dessus du mont San Cristóbal. Dans un pays dépourvu de pyramides ou de châteaux, dont la nature est le principal patrimoine, les groupes immobiliers avaient complètement gâché l’horizon et prouvé que la majesté des sommets urbains et de la cordillère des Andes ne comptait pour rien. Personne n’aurait eu l’idée en France de construire un gratte-ciel à côté de la tour Eiffel. Mais masquer la vue sur la cordillère des Andes n’était pas un crime à Santiago. Comme pour tant d’autres choses, personne n’en avait cure. Le Valhalla était un grand doigt d’honneur dressé face à la nature, un geste de mépris que l’homme le plus riche du pays, doté de l’une des plus grandes fortunes de la planète, adressait au paysage, lui qui se sentait dans son droit en modelant son environnement, en imposant ses goûts en matière d’architecture et son idée de la beauté à la moitié de la population du pays, composée par des gens qui vivaient serrés comme des sardines dans la vallée polluée que traversaient les eaux du Mapocho.
En observant attentivement les contours du Valhalla, Gabriel découvrit que les lumières du penthouse fonctionnaient toujours grâce à un groupe électrogène de secours. Un étage plus bas se trouvait la salle de réunion de l’équipe de direction du holding propriétaire du bâtiment, récemment aménagée.
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Encore cette sensation de dédoublement. Gabriel cligna des yeux et se vit debout dans une rue de Santiago, la tête dressée pour regarder les trois cent cinquante mètres qui faisaient du Valhalla le plus haut gratte-ciel de Santiago et de toute l’Amérique du Sud. Puis il vit Sabine seule dans la salle de réunion du quatre-vingt-dix-neuvième étage, alors que ses patrons s’amusaient avec des prostituées au centième étage, le dernier du bâtiment. Une fraction de seconde, il put imaginer la vue panoramique qu’elle avait de la ville.
Il contempla, depuis cette vision imaginaire, les lumières des immeubles qui clignotaient ou s’éteignaient, tandis que l’immense tour oscillait comme un bambou en pleine tempête.
– Ne sors pas ! lui ordonna Gabriel.
– Mais tout tombe des étagères ! C’est un tremblement de terre !
– Tout ira bien, affirma-t-il sur un ton calme qui n’était pas feint, mais bien le fruit d’une certitude, celle d’avoir survécu avant cela, comme des millions de Chiliens, à trois autres grands séismes en une seule génération.
Les vagues achevèrent leur danse macabre et la mer se retira sur plusieurs kilomètres de distance.
Gabriel avait quitté le sable et avançait rapidement vers le village, entre les palmiers du parc. Il croisa une mère qui portait un enfant dans ses bras et qui, avant la secousse, était assise sur un banc de bois, à profiter de la brise nocturne se frayant un chemin entre les arbres. Il prit sa main et l’obligea à avancer à ses côtés. L’enfant n’arrêtait pas de pleurer.
– L’immeuble tout entier est en train de bouger ! criait Sabine dans le portable.
– Il a été conçu pour ça. Il est antisismique.
– L’oscillation est très forte ! Je vais tomber !
– Ne t’en fais pas. Le bâtiment va résister.
– Non ! Il ne va pas tenir !
– Sabine : ne sors pas !
– J’ai peur !
– Je vais venir te chercher !
– Tu vas venir ?
– Je te le promets !
– Et tu vas faire comment ?
Gabriel n’avait pas de réponse à cela.
– Je vais me débrouiller, promit-il. Mais tu dois rester à l’intérieur !
– Gabriel ! Gab… !
La force du réseau diminuait. Celui-ci semblait sur le point de disparaître.
– Sabine ?
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Le caméraman orienta sa caméra vers l’intérieur de la tombe et, grâce au projecteur intégré à l’appareil, Albornoz vit, par-dessus l’épaule de son collègue, une chose qui lui coupa le souffle : un escalier en colimaçon, doté d’une rambarde métallique, qui descendait vers des profondeurs incommensurables.
C’était une construction aux lignes parfaites, qui n’avait rien à envier aux terrasses élégantes grâce auxquelles Benjamin Vicuña Mackenna, intendant de Santiago au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, avait transformé un mont abandonné, le Cerro de Santa Lucía, en un magnifique parc à la française doté de sa propre serre et même d’un observatoire.
– Vous aviez déjà vu cet escalier ?
– Jamais, répondit avec force le responsable. Il se trouve juste en dessous de la fosse commune, comme si on en avait muré l’entrée depuis longtemps. Il est probable que ceux qui ont creusé la fosse après l’incendie de l’église aient ignoré son existence.
– Ou qu’ils n’aient pas voulu s’en souvenir, hasarda Albornoz.
– Je n’oserais pas insinuer ça, dit le responsable, encore plus prudent.
L’Église catholique, malgré un prestige en berne dû à l’accumulation des scandales liés à la pédophilie au Chili et dans le monde entier, était encore l’une des institutions les plus puissantes du pays. Et les Jésuites, qui comptaient malgré tout dans leurs rangs de célèbres prêtres accusés d’abus sexuels, étaient connus pour leur entregent dans les médias, tout spécialement depuis qu’ils avaient créé le prix annuel de l’excellence journalistique, très prisé par les professionnels du monde de la presse. Albornoz savait qu’il s’aventurait sur un terrain glissant.
– Nous allons attendre, donc, les résultats de cette inspection… commença à dire le reporter pour gagner du temps.
Mais à cet instant précis, un cri déchirant, surgi des profondeurs en bas des escaliers, l’empêcha de terminer.
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Ils se battaient avec leurs dents, avec leurs ongles, comme des chiens !... Ceux qui mouraient étaient dévorés par les autres. Ils les mangeaient. Je vous jure sur le Christ que c'est vrai !
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La statue d’Allende regardait en direction de la place de la Constitution, celle-là même où il était apparu pour la dernière fois à l’un des balcons du palais de la Moneda, le mardi 11 septembre 1973, lorsqu’il avait été surpris par le coup d’état orchestré par le général Pinochet, qui resterait ensuite dix-sept ans au pouvoir.
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Vidéo de Gilberto Villarroel
À l'occasion du festival Hypermondes qui s'est déroulé à Mérignac les 23 et 24 Septembre 2023, Gilberto Villarroel vous présente sa saga "Lord Cochrane" aux éditions Aux forges de Vulcain.
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