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Marguerite Yourcenar (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070322565
502 pages
Gallimard (02/10/1984)
4.23/5   43 notes
Résumé :
"Les traductions de poèmes grecs anciens qu'on va lire ont été composées en grande partie pour mon plaisir, au sens le plus strict du mot, c'est-à-dire sans aucun souci de publication. Il en est de même des notices, brèves ou longues, qui les précèdent, et ont été d'abord des informations assemblées ou des évaluations tentées pour moi seule.

En traduisant ces poèmes, ou fragments de poèmes, ma démarche ne différait en rien de celle des peintres d'aut... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Marguerite Yourcenar (1903-1987) fut la première femme autorisée à siéger à l'Académie française en …1980, pas très glorieux pour nos immortels en queue de pie.

Cette anthologie de la poésie antique grecque n'est pas une anthologie ordinaire. Paradoxalement, contrairement à ce que son titre et les flagrances qui jaillissent spontanément sur cette période, pourraient laisser augurer, elle n'a absolument rien de « classique ».

Il ne s'agit pas d'une compilation des « plus beaux textes », ce qui n'enlève rien à la beauté de nombre d'entre eux. En effet, comme le rappelle MY au fil des notes de présentation de chaque auteur, la majorité des oeuvres a disparu et seules quelques pièces, voire des nano-fragments ont traversé l'histoire jusqu'à nous.

Ce n'est pourtant pas un vide grenier hétéroclite d'antiquaire qui est offert dans cette anthologie.
Tout le contraire et c'est le tour de force de l'auteure d'avoir créé ce livre. Car il s'agit d'une création dans toutes ses dimensions, une quasi alchimie archéologique.

D'abord, les textes ont été traduits par MY, et nombre d'entre eux étaient en mauvais état.
Ensuite, la fluidité de ce recueil est réelle, on se laisse porter par le courant. En tout cas c'est ainsi que je suis entré dans celui-ci. Et en dépit de toutes ces pièces mutilées qui affleurent comme ces dallages ou ces colonnes brisées, une lumière, un souffle bercent les pages.

Les textes ne sont pas exposés « en vitrine » mais in situ, ou presque ; davantage encore qu'une compilation de poésie ce livre est une allégorie de ce « miracle grec » par sa culture écrite, tout ce que MY a pu exhumer et y redonner sinon vie tout au moins souffle.

Et ce n'est pas le moindre des attraits du livre, je n'ai pas procédé à des recherches transversales, mais je n'ai aucun doute sur le fait que beaucoup de textes doivent être introuvables ailleurs, en tout cas en langue française pour le commun des mortels.

Mais on y trouvera aussi des passages plus connus de Sappho, d'Eschyle, Sophocle, Aristophane…à (re)lire encore et encore.
Les morceaux étant orchestrés selon un ordre chronologique, fatalement, en se rapprochant du terme de cette symphonie, c'est la perception de l'agonie d'une époque qui se fait de plus en prégnante.

Cette « anthologie » est par conséquent infiniment précieuse pour faire vivre cette culture, au-delà des dégâts des siècles, des vicissitudes de l'Histoire.
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Peut-être trop intellectuelle pour écrire elle-même des poèmes, qui lui demanderaient un lâcher prise auquel elle ne saurait consentir, la grande Marguerite est une merveilleuse ouvreuse de pistes poétiques.

Helléniste distinguée , vivant aux Etats Unis, elle voyage d'un continent à l'autre, d'une culture à l'autre, et nous livre ses pépites.

Ici, c'est la grande poésie grecque, qu'elle connaissait si bien, qu'elle traduit avec finesse et subtilité...

Avec "Fleuve profond, sombre rivière" elle saura donner aux négro spirituals américains une forme française pleine de rythme et de profondeur.

Découvreuse plus que poète? Non: il y a une formidable créativité poétique à l’œuvre dans ses traductions!
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Cet ouvrage est très intéressant car cela permet d'embrasser une vaste période, allant d'Homère à Justinien, soit environ douze siècles. Beaucoup de thèmes différents sont abordés, le désir, l'amour, la nature, la vieillesse, la guerre. Certains sujets abordés font écho à ce qu'on peut voir aujourd'hui dans notre actualité. Par ailleurs, les Grecs ont de l'humour, ce n'est pas seulement une civilisation poussiéreuse et éloignée de nous. On retrouve des auteurs connus comme Sophocle ou Sappho, d'autres dont on ne pensait pas qu'ils écrivaient des poèmes comme Platon et d'autres encore dont on ne soupçonnait pas l'existence comme Denys le sophiste. C'est à la fois un plaisir de rencontrer des auteurs inconnus mais aussi de (re)lire ceux qu'on connait mieux.
Marguerite Yourcenar nous donne toutes les informations possibles à propos des auteurs, ce qui nous permet de le situer correctement et de comprendre son oeuvre. Les choix de traduction sont pas mal, mais il est certain que traduire tout le temps en essayant de faire des alexandrins et des rimes oblige à s'éloigner du texte grec.
Lien : http://voulezvoustourner.blo..
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
 
À La Gloire de L'Amour
 
Malheureux sont ceux-là qui vivent sans amour.
Sans lui, peut-on jamais ou bien dire ou bien faire ?
Je vieillis. Mon esprit est lent, mon souffle court,
Mais que vienne vers moi celui que je préfère,
Et je revis. Un chant s'exhale de ma bouche !
N'oppose pas au beau désir un cœur farouche.
L'âme est d'or, et l'amour est sa pierre de touche.
 
— Alphée de Mytilène   (Ier siècle de notre ère / Anth. Pal., XII, 18)
 
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... Et je ne reverrai jamais…


... Et je ne reverrai jamais ma douce Attys.
Mourir est moins cruel que ce sort odieux ;
Et je la vis pleurer au moment des adieux.
Elle disait : « Je pars. Partir est chose dure. »
Je lui dis : « Sois heureuse, et va, car rien ne dure.
Mais souviens-toi toujours combien je t’ai aimée.
Nous tenant par la main, dans la nuit parfumée,
Nous allions à la source ou rôdions par les landes.
J’ai tressé pour ton cou d’entêtantes guirlandes ;
La verveine, la rose et la fraîche hyacinthe
Nouaient sur ton beau sein leur odorante étreinte ;
Les baumes précieux oignaient ton corps charmant
Et jeune. Prés de moi reposant tendrement,
Tu recevais des mains des expertes servantes
Les milles objets que l’art et la mollesse inventent
Pour parer la beauté des filles d’Ionie...
Ô plaisir disparu ! Joie à jamais finie !
L’éperdu rossignol charmait les bois épais,
Et la vie était douce et notre cœur en paix... »


//Saphô / Σαπφώ (vers 630 – vers 580 av. J.C.)
/Traduit du grec par Marguerite Yourcenar.
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AUX ABEILLES

Voici du romarin, des graines de pavots,
Du trèfle, un plant de thym et des fleurs de pêcher
Et quelques raisins secs sur les pampres nouveaux.
Chères abeilles, c'est pour vous. Que vos travaux
Se poursuivent en paix sous un limpide ciel,
Que le fermier qui construisit votre rucher
Avec Pan, votre ami, savoure votre miel
Et lorsqu'il saisira, entouré de fumées,
Vos beaux rayons, que sa main sage,ô bien aimées,
Vous laisse avant l'hiver, pour prix de tant d'efforts,
Une petite part de vos propres tésors.

ZONAS DE SARDE
Extrait traduit du grec par Marguerite Yourcenar
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Hippolyte porte couronne

 Je t’apporte, Artémis, cette couronne pure,
Mon ouvrage, et pour toi j’en ai choisi les fleurs
Dans un lieu saint, inviolé, dont la verdure
Ne connaît pas ni le fer ni les broutants troupeaux,
Vitalité seulement au printemps des abeilles,
Dont une eau chaste lave l’herbe. Son repos,
Ses ombrages sont faits pour les coeurs sans bassesse,
Innocents des leçons humaines, que conseillent
Leurs bons instincts, et qui d’eux-mêmes vont sans cesse
Vers le bien. Ceux-là seuls ont le droit de toucher
A ses fruits. Les méchants n’en peuvent approcher.
Que ma pieuse main orne ses cheveux d’or
De ces rameaux, car seul j’ai ce sublime sort
De vivre près de toi, de te parler, d’entendre
Ta voix (sans que pourtant tu m’accordes de voir
Tes traits)….Qu’à ce bonheur je sache toujours tendre,
Et que je puisse, ô reine, uni à ta pensée,
Finir ma vie ainsi que je l’ai commencée... 

(p. 241 Euripide)
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Le sommeil des bacchantes (Fragment)

Un blanc sein doucement aux rayons de Lune
Luisait hors du lin clair. Danseuse aux membres las,
Une autre ayant glissé sa robe. Nue,
Sa chair resplendissait, et ses contours polis
Semblaient peints sur le fond noir de l’ombre. Près d’une
Amie et l’enlaçant, l’Autre montrait ses bras
Tendres ; une autre encore en sa grâce ingénue
Offrait à mes regards sa cuisse blonde ; un songe
La troublait, vague émoi d’amours inaccomplis
Et ces beaux corps couchés sur l’herbe, la pressant
De leurs formes faisaient couler la douce sève
Des fleurs et plier leur tige...

(p. 265 Chaerémon)
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Vidéo de Marguerite Yourcenar
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : _La poudre de sourire : le témoignage de Marie Métrailler,_ recueilli par Marie-Magdeleine Brumagne, précédé de _lettres de Marguerite Yourcenar de l'Académie française à Marie-Magdeleine Brumagne,_ Lausanne, L'Âge d'Homme, 2014, pp. 179-180, « Poche suisse ».
#MarieMétrailler #LaPoudreDeSourire #LittératureSuisse
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature hellénique. Littérature grecque>Littérature grecque : poésie (14)
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