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Julien Bétan (Traducteur)
EAN : 9782266326759
336 pages
Pocket (09/03/2023)
3.7/5   41 notes
Résumé :
Berlin. Lior Tirosh, écrivain de seconde zone, embarque pour la Palestina, fuyant une existence minée d’échecs. Il espère retrouver à Ararat City la chaleur du foyer, mais rien ne se passe comme prévu : la ville est ceinturée par un mur immense, et sa nièce, Déborah, a disparu dans les camps de réfugiés africains.
Traqué, soupçonné de meurtre, offert en pâture à un promoteur véreux, Lior est entraîné malgré lui dans les dédales d’une histoire qu’il contribue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Désormais partie intégrante des éditions Mnémos, le label Mu se propose d'explorer des territoires de l'imaginaire à la confluence des genres.
Un voyage déjà largement entamé par le passé avec le Moi, Peter Pan de Michael Roch, les Confessions d'une Séancière de Ketty Steward ou plus récemment avec Walter Kurz allait à pied d'Emmanuel Brault.
Pour cette année 2021, voici que Mu se lance dans la traduction en publiant leur premier roman étranger d'un auteur injustement méconnu dans l'Hexagone… et quel auteur !

Cet auteur, c'est l'israélien Lavie Tidhar. Né et élevé dans un kibboutz avant d'émigré en Afrique du Sud puis au Laos pour finir par s'installer à Londres, l'écrivain n'a, pour le moment, pas réussi à percer en France. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé puisqu'on se souviendra notamment de la traduction de son roman Osama — lauréat du World Fantasy Award — dans la défunte collection Éclipse de Panini.
Pour cet auteur de l'ailleurs, la fiction sert avant tout à penser le réel.
« Je pense souvent que je suis un simple écrivain de pulps touché par la folie des grandeurs » déclare-t-il ainsi dans la postface du présent ouvrage : Aucune terre n'est promise. Pourtant, Lavie Tidhar explore méticuleusement les évènements traumatiques de notre époque moderne pour nous interroger sur les possibles, du 11 Septembre à Auschwitz en passant par le conflit israélo-palestinien. Aucune Terre n'est promise s'appuie sur un détail de l'Histoire qui, comme tous les détails, aurait certainement pu changer la face du monde tel que nous le connaissons.

Palestina, ou la Palestine en Afrique
Dans son introduction, Lavie Tidhar explique au lecteur l'origine de son roman. En 1904, Nahum Wilbusch, un jeune juif russe, s'embarque pour Mombasa afin de rejoindre le major Alfred Hill Gibbons, un explorateur anglais, et Alfred Kaiser, un naturaliste suisse. Ensemble, les trois hommes découvrent la région de Nakuru, un territoire à la frontière Ougandaise qu'une partie des juifs « Territorialistes » de l'époque se propose de transformer en « Nachtasyl » (ou « asile de nuit ») capable d'accueillir les juifs d'Europe.
Après cette déplorable expédition ponctuée par une attaque nandi, Wilbusch livre son rapport au Congrès sioniste réuni suite à la proposition extraordinaire de Chamberlain. Son verdict est sans appel : impossible de transformer cette terre inhospitalière en une terre promise.
Le projet est donc définitivement abandonné.
Sauf que… voici que Lavie Tidhar imagine un monde où Wilbusch, confronté à une vision de l'avenir, valide cette proposition et engendre la création de la Palestina au coeur de l'Afrique. Dans cet univers, les juifs ne connaissent pas l'Holocauste et Hitler est assassiné en 1948. Une utopie ?
Pas vraiment puisque la Palestina occupe le territoire des nandis, une peuplade africaine de l'Est du Kenya, et qu'Ararat City devient la cible d'attaques terroristes qui réclament la fin de l'Occupation des Territoires Disputés et la fin des brimades à l'encontre des peuples africains.
Pour se prémunir des attentats, l'état juif décide la construction d'un mur censé les protéger du reste du monde.
Il semble donc que L Histoire bégaye sérieusement…

Uchronie ou collision des mondes
De ce postulat uchronique, Lavie Tidhar en tire une histoire complexe, protéiforme, fascinante. Son héros, Lior Tirosh, tente de fuir une existence qui tombe en ruines. Cet écrivain de polar/fantasy/science-fiction raté prend le premier avion depuis Berlin pour se rendre en Palestin…a !
Mais comment a-t-il pu oublier la Palestina, sa terre natale qui l'a vu grandir et qui semble encore lovée au plus profond de lui ?
En arrivant à Ararat City pourtant, Lior reconnaît son « asile de nuit », cet asile qui a sauvé les juifs de la guerre en Europe et qui a permis à la nation de prospérer. Mais voilà, les choses ont empiré depuis l'enfance de Tirosh, les attentats se sont multipliés et les nations africaines ne cessent d'attaquer l'état juif d'Afrique. Alors qu'un immense mur autour de la ville cristallise toutes les tensions, Lior se retrouve mêlé à une sale histoire de meurtre et d'enlèvement dans laquelle sa nièce Deborah risque sa vie. de là, le lecteur s'imagine déjà l'histoire policière qui en découle, l'enquête et les indices, les retournements de situation et les coups fourrés.
Sauf que…
Sauf que Lavie Tidhar n'a en réalité pas juste construit une uchronie mais… un monde parallèle au nôtre ! Petit à petit, pièce par pièce, l'écrivain nous explique que la Palestina n'est qu'une version différente de notre Palestine et qu'il en existe d'autres, beaucoup d'autres. Nous faisons ainsi la connaissance de Nour, une visiteuse qui voyage entre les mondes et qui cherche à rétablir l'équilibre dans le multivers… son monde à elle ne compte plus de Jérusalem mais une immense place vitrifiée, un « petit Holocauste » dont personne ne connaît l'origine. Puis vient l'enquêteur-spécial Bloom et son Atneuland, une Palestine pacifiée où les Juifs vivent dans le bonheur et l'harmonie avec les quelques arabes qui restent là. Un pas de côté et le lecteur peut vite se retrouver face à des Abominations, à des dinosaures, à des homo erectus, à des créatures Lovecraftiennes… Une infinité de mondes, une infinité de possibles.
Pour illustrer cette pluralité de mondes, Lavie Tidhar choisit un mode narratif pluriel en « je » (Bloom), en « tu » (Nour) et en « il » (Tirosh).
Trois points de vue narratifs pour illustrer la collision des mondes et des perspectives.
Aucune terre n'est promise n'est pas une simple enquête policière, c'est aussi une histoire de science-fiction, de fantasy, de fantastique, de fiction politique.
Un organisme hybride qui incarne la vision de son auteur qui lutte constamment pour trouver une autre voie au monde décevant qu'il connaît.
À travers son double-littéraire, l'écrivain raté Tirosh, Lavie Tidhar livre son auto-critique (et celle de l'imaginaire au passage) tout en s'interrogeant sur le pouvoir réel de la littérature face aux injustices de notre époque.
Une interrogation d'autant plus importante de la part d'un auteur juif lorsque l'on en vient à parler du fameux conflit israélo-palestinien.

Quand le réel se dissout dans l'imaginaire
Ne nous y trompons pas. Malgré ses dehors science-fictifs, ses mondes-parallèles et ses créatures parfois étranges aperçues du coin de l'oeil, Aucune terre n'est promise reste avant tout une méditation historique sur l'état d'Israël et la place des Juifs dans le monde. Lavie Tidhar constate l'échec de son peuple quelque soit la voie qu'il emprunte. Il y aura toujours un oppresseur et un oppressé. Même en troquant la Palestine pour la Palestina, L Histoire tourne en boucle, retrouve des camps de réfugiés temporaires devenus permanents, des populations déplacées et humiliées, des territoires occupées et des territoires disputés, des attentats et des forces de défense… Ce qui semble le plus étrange dans ce multivers, c'est que certains éléments historiques semblent se répéter d'une façon ou d'une autre.
C'est que L Histoire, quoique l'on fasse, finit par bégayer, s'enrayer.
De là, Tidhar poursuit son analyse de l'intrication du réel, de la dualité des choses. du juif perpétuellement incomplet, du peuple sans terre qui finit par en priver un autre et par construire des murs qui séparent les mondes comme Lior, Nour et Bloom se heurtant aux différentes réalités qu'ils finissent par confondre.
À force d'y croire, chacun voit un monde différent, personne n'est le méchant, personne ne prend ses responsabilités et les personnages d'Aucune terre n'est promise finissent par se fondre dans le monde qu'ils désirent.
Mais, s'il n'existait qu'un monde, que ferions-nous ?

Melting-pot de genres et de peuples, de réalités et d'imaginaires, Aucune terre n'est promise s'impose comme une brillante réflexion sur la condition juive à l'heure du conflit israélo-palestinien ainsi que sur ces ramifications de l'Histoire qui auraient pu tout changer. Terrassant les murs et évitant les clichés, Lavie Tidhar offre au lecteur un grand roman, l'un de ceux qui interpelle et fascine durablement.
Lien : https://justaword.fr/aucune-..
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Un livre bien attirant, une uchronie au point de départ original, partant d'un fait peu connu ; aux origines du sionisme, et à côté des sionistes proprement dits,ou « sionistes pratiques », pour lesquels l'Etat Juif ne pouvait trouver sa place qu'en Palestine, il exista un bref moment un courant dissident, celui des Territorialistes, prêts à se satisfaire de n'importe quel territoire qu'on voudrait bien leur concéder . Et Theodor Herzllui-même en vint en 1903,à proposer au congrès sioniste un projet Ouganda de colonisation alternative dans l'ouest de l'actuel Kenya. (*) Et l'auteur imagine qu'il n'y a pas eu de déclaration Balfour, et que l'Etat Juif a finalement été fondé sur les hauts plateaux de l'Est du Kenya ; il a pris le nom de Palestina, capitale Ararat.
Et dans ce monde alternatif...mais il existe en réalité de nombreux mondes alternatifs, reliés par des passages que des Voyageurs peuvent emprunter, ils tournent parfois autour de Jéusalem et d'Israël qui existe ou n'existe pas, on en visite certains (y compris, fugitivement, le nôtre, qui n'est ni le pire ni le meilleur, ni particulièrement important - bonne leçon d'humilité » d'ailleurs) , sur lesquels on aimerait en savoir plus, et on en devine bien d'autres, d'une infinie variété, où l'on rencontre même les entités de l'oeuvre de Lovecraft, et pourquoi pas, s'il existe une infinité d'univers parallèles, il peut bien en exister où les oeuvres de notre fiction s'incarnent ; mais ces univers s'interpénètrent de plus en plus, on y rencontre des objets ou des créatures qui ne devraient pas y être et viennent d'ailleurs, et...et, à partir d'un certain moment, on ne comprend plus grand chose, c'est ce qui m'a empêcher de l'apprécier autant que j'aurais voulu le faire attendu sa richesse thématique et ses possibilités (beaucoup mieux traitées au demeurant dans Les Colmateurs, de Michel Jeury, un des chefs d'oeuvre du genre, malheureusement un peu oublié.)
Mais en lisant ce livre, j'ai surtout pensé – et là, je frise le sacrilège- au Maître du Haut Château de Philip K.Dick, que beaucoup considèrent comme l'un des chefs d'oeuvre de l'uchronie, et d'ailleurs de la SF tout court, qui l'est certainement, mais auquel je n'ai hélas jamais rien compris.
A noter pour finir que l'idée d'un autre Israël, fondé en un autre pays, n'est pas absolument originale ; dans le Club des Policiers yiddish, paru aux USA en 2007 et traduit en France en 2009,Michaël Chabon imagine un foyer juif fondé en Alaska durant la Seconde Guerre Mondiale.

(*) on peut en apprendre davantage sur cet épisode dans Comment la Palestine fut perdue de Jean_-Pierre Filiu, bonne synthèse parue l mois dernier, écrit par un vrai spécialiste de la question.

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Culte, lumineux, perpétuel, « Aucune terre n'est promise » est la pierre angulaire d'une littérature hors pair.
« Aucune destinée n'est manifeste. »
Universel, un cri dans la nuit qui cherche sa place dans la voûte lactée.
Lior Tirosh est un emblème de haute puissance. Fil rouge de cette histoire qui se heurte aux fracas des existences. Écrivain trop méconnu, il est en errance entre les frontières qui assignent leurs violences et le panneau FIN.
Il rejoint Palestina : (une carte explicite se trouve en introduction). « Un territoire à la frontière de l'Ouganda partitionné pour devenir une nation juive. »
« Aucune terre n'est promise » voici l'adage de ce récit. Lior Tirosh est en quête existentielle. Soumis aux diktats des surveillances, des filatures, il est le bouc-émissaire des frustrations et des espoirs refoulés d'une patrie en souffrance. Palestina réfute la dualité, acclame l'identité marquée au fer rouge. La trame est souffle, désir et désespoir.
L'écriture sait le chemin, Lavie Tidhar est le double de Lior Tirosh, la mémoire de ce qui fût dans les rêves les plus utopiques. Dans ce grand livre il y a l'épars assemblé. La géopolitique, les religions, les croyances et les douleurs d'une initiation éprouvante. On ressent une filiation s'élever pour tous ces êtres apatrides et emmurés. Une compassion, l'envie d'écraser les murs et dans un même tempo accorder l'as de coeur aux fleurs sur les barbelés. Ici, il y a avant tout ce qui est notre contemporanéité. Clairvoyant, implacable, véridique, rien n'est laissé dans le hasard fictionnel. On ressent une gratitude pour ce beau texte.
« Je me souvenais des vaisseaux silencieux qui flottaient sereinement au-dessus du temple nouvellement construit sur le mont. de la tranquillité de cette vieille nouvelle terre, de la Judée, de Samara et de Gaza. Je me souvenais des collines de cyclamens et de coquelicots, effervescences roses et rouges s'étendant à perte de vue, et des villes récentes sur les rives de la Méditerranée, qui rayonnaient de lumière électrique. Mon Altneuland. Parfois, j'avais l'impression qu'il s'agissait d'un rêve, seulement d'un rêve. Il était difficile de savoir s'il avait jamais existé. »
« Aucune terre n'est promise » est une métaphore. Cosmopolite, il cède sa place à l'urgence des migrations intérieures et salvatrices. Sa force intrinsèque est un message de tolérance et d'estime pour la vie avant tout. Il interroge l'identité et délivre de par son intelligence loyale les clefs pour retrouver son appartenance à la terre-mère, fils et peuple. Ce macrocosme est de loin ce qu'il y a de plus censé et de plus mémoriel. C'est un livre doux comme de la soie dans son approche fraternelle et émouvant lorsque Lior Tirosh marche à l'aveugle sur la terre ferme. Ce livre est de loin une page d'Histoire à apprendre par coeur. Magistral. Traduit de l'anglais par Julien Bétan.Publié par les majeures Éditions Mu.
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Dans ce roman foutraque mais brillant, Lavie Thidar joue avec les différents registres de la SF pour nous proposer un livre percutant et déstabilisant.

Au début, ça commence comme une uchronie assez classique. Nous sommes en pleine Palestina, mais pas celle du moyen-Orient : celle entre Kenya et Ouganda. « Hein ? », me direz-vous. Heureusement, l'auteur a brossé une rapide intro pour expliquer son uchronie.

Début 20e siècle, le Congrès sioniste était partagé entre deux courants : l'un voulait créer un pays juif autour de Jérusalem, l'autre voulait un pays pour les juifs mais qu'importe l'endroit. Un « projet Ouganda » fut lancé, avec l'exploration d'une terre peu peuplée (il y avait des Massaïs cependant) à l'Ouest du Kenya. Dans le roman, l'auteur imagine donc que ce projet a abouti. La plupart des Juifs ont quitté l'Europe bien avant l'accession de Hitler au pouvoir, il n'y a jamais eu d'Holocauste.

On suit alors le héros qui retourne dans cette Palestina africaine après des années d'absence (il vit à Berlin). Mais petit à petit, on sent que quelque chose cloche. le héros a des souvenirs étranges, les autres personnages nous font vivre des passages incompréhensibles. Puis tout s'éclaire. Pas à la façon d'une grosse révélation facile, non, mais par petites touches. C'est bien mené.

Le roman bascule dans une autre dimension. À vrai dire, ça part clairement dans tous les sens. Je ne peux pas en dire plus sans tout spoiler. Je précise juste que le récit devient inclassable, à la fois SF et policier, politique aussi puisque Thidar nous dépeint un pays juif qui pratique une forme d'apartheid envers les locaux africains, similaire à celui vécu par les « vrais » palestiniens (ceux de la vraie vie, pas ceux du roman).

Le texte est parfois dur à suivre car 3 personnages alternent la narration, toujours en utilisant un « je », sans que l'auteur ne s'embarrasse de marquer clairement le passage de l'un à l'autre. Mais c'est aussi ça qui fait le charme de Aucune terre n'est promise. C'est un roman déstabilisant, dans cette forme d'écriture, dans ce scénario fait de boucles emmêlés, dans cette uchronie politique et percutante. Un livre court que j'ai adoré.
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Et si en 1904 à la suite de son expédition en Afrique, Nahum Wilbusch avait rendu un rapport favorable à l'établissement de Palestina, un pays juif près du lac Victoria, entre l'Ouganda et le Kenya ? La face du monde en aurait été changée, certaines tensions évitées et des millions de victimes épargnées. À moins que… Cette situation de départ est le postulat de départ d'Aucune terre n'est promise de Lavie Tidhar. Plus exactement, nous y suivons Lior Tirosh qui rentre chez lui après avoir vécu pendant des années à Berlin avec son ex-femme et son fils. Écrivain de pulps sans ambition, il ne reconnaît plus son pays natal entouré par un mur pour le protéger des terroristes nandis (la population qui vivait dans ce coin d'Afrique avant que le colon britannique ne cède la terre pour créer Palestina, toute ressemblance avec ce qui se passa dans un coin de notre Moyen-Orient…). Et à peine arrivé en ville, il se retrouve mêlé à un meurtre et doit enquêter sur la disparition de sa nièce.
Sauf que… Aucune terre n'est promise n'est pas qu'une uchronie. C'est également une histoire de voyage entre les mondes, entre les différentes possibilités de la création. Certains ressemblant fort à notre propre monde, d'autres où les Juifs se sont réinstallés dans l'Israël biblique et vivent en bonne intelligence avec les autres populations dans un monde futuriste à la Central Station, d'autres où Jérusalem a été radiée de la carte, d'autres enfin où Homo Sapiens n'est jamais devenu l'espèce dominante… Et pour compliquer le tout, Lavie Tidhar nous raconte une histoire avec trois narrateurs, en changeant de point de vue à chaque fois : à la troisième personne du singulier quand nous suivons Lior, à la deuxième pour marcher dans les pas de Nour et à la première pour nous glisser dans la peau de Bloom, l'antagoniste. le tout fait de ce roman une galerie des Glaces où chaque chapitre est un reflet déformé du suivant ou une ouverture vers un ailleurs inattendu. Sans que nous ne sachions jamais ce qui est réel ou imaginé dans l'univers du livre, quels souvenirs des personnages sont vrais ou hallucinatoires. Et pourtant, l'écriture est fluide et l'on entre avec plaisir dans ce dédale avant d'en sortir avec quelques pistes de réflexion sur notre propre monde et sur la façon dont, à notre petite échelle, nous pouvons choisir d'agir ou nous sur ce qui nous entoure.
Lien : https://www.outrelivres.fr/a..
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critiques presse (2)
Syfantasy
16 juillet 2021
Aucune Terre n’est promise recentre le conflit palestinien sur l’expropriation de la terre. Les israéliens sont avant tous des hommes qui cherchent à se construire un foyer, au détriment des premières populations, qu’ils soient musulmans ou non. Avec son uchronie partisante, Lavie Tidhar porte un regard dur et réaliste sur le conflit de notre propre monde. Il renoue avec la tradition de la SF et de l’uchronie : réveiller les consciences grâce à une histoire qui pourrait être la nôtre. Si vous recherchez de la SF politique et incisive, lisez Lavie Tidhar !
Lire la critique sur le site : Syfantasy
SciFiUniverse
16 mars 2021
Une œuvre magistrale et politique qui utilise le suspense du thriller et l’uchronie pour nous bouleverser et nous faire réfléchir. Vous y suivrez un écrivain de retour sur sa terre natale qui a bien changé, une Palestine fantasmée au cœur de l’Afrique.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Les anciennes amitiés ont toujours un goût doux-amer : le souvenir que l’on en a coagule, se transforme, le jeune devient vieux en un instant.
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Je cherche à expliquer ce qui se passe quand nous construisons des uchronies : nous rendons la métaphore littérale, en quelque sorte. Nous construisons un monde de faux-semblants afin d’étudier la manière dont le nôtre fonctionne.
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Personne n’oublie sa patrie, quel que soit le temps passé loin d’elle, à vivre ailleurs, à parler une autre langue sous des cieux différents.
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Le public est clairsemés. Les rangées de chaise ont été installées dans le fond du magasin, où sont assises, par une ou par deux, les personnes que l’on s’attend à trouver dans ce genre d’événements : les asociaux et autres marginaux, à qui la vie ne suffit pas et qui cherche une forme de complétude dans l’imaginaire, dans les livres.
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Qu’était l’Histoire […] sinon une tentative humaine d’imposer un ordre au chaos, de donner un sens à une série d’évènements en réalité absurdes ?
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Video de Lavie Tidhar (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lavie Tidhar
Interview de Lavie Tidhar au sujet d'Aucune terre n'est promise (Label Mu) à l'occasion des Imaginales 2021. Interprétariat : Lionel Davoust
Aucune terre n'est promise a reçu le Prix Planète SF des blogueurs 2021 et le Prix Actusf de l'uchronie 2021.
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