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EAN : 9782260018346
306 pages
Julliard (19/08/2010)
  Existe en édition audio
3.69/5   431 notes
Résumé :
C’est en 1970 que le ciel tombe sur la tête du petit Mehdi. Ébloui par l’intelligence et la boulimie de lecture de son jeune élève, son instituteur s’est battu pour lui obtenir une bourse dans le prestigieux lycée Lyautey de Casablanca, réservé aux enfants des hauts fonctionnaires français et des familles les plus influentes du régime marocain. Pauvre, libre, heureux, Mehdi a passé ses dix premières années au pied de l’Atlas. Il n’envisageait rien d’autre que de con... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (82) Voir plus Ajouter une critique
3,69

sur 431 notes
Le petit Mehdi atterrit à la conciergerie du célèbre lycée français Lyautey de Casablanca, un peu comme un poil sur la soupe. C'est qu'il vient de loin, tout droit de son beld perdu de Béni-Mellal qui, en cette année 1969, ne connaît pas encore la télévision et à peine quelques téléphones disséminés à droite et à gauche. Ce sera donc un choc culturel à double sens. Malgré les nombreuses incongrutés, Mehdi réussira à impressionner ses professeurs élitistes et ses camarades de classe hautains. C'est qu'il est intelligent, bien sûr (n'obtient pas une bourse qui veut), avare de lecture, il connaît ses classiques sur le bout des doigts : LaFontaine, comtesse de Ségur, Jules Verne, etc. de quoi faire rougir de honte les petits Français… N'empêche, il se fait bien accepter par les autres, même inviter chez eux. C'est tout un monde qu'il découvre. Un roman d'apprentissage, autrement dit.

Toutefois, au-delà des thèmes abordés dans le roman Une année chez les Français, c'est le style de son auteur qui marque. Une pointe d'ironie, de grandes doses d'humour intelligent. Au-delà de cette galerie de personnages comiques, un brin caricaturaux (le concierge obtu, la mère dépassée, le cousin Mokhtar, etc.) il y a les situations cocasses. C'est que le petit Mehdi a le don de se mettre les pieds dans les plats. Par exemple, quand il se méprend sur le sens d'une expression qu'utilise un enseignant ou quand il s'invente une nouvelle vie pour le bénéfice de ses camarades. Ainsi, quand ces derniers le pressent de questions sur ses parents, le jeune boursier tergiverse longuement pour ne pas dévoiler leur origine pauvre :
« Mehdi sentit qu'il lui fallait dire la vérité. Toute la vérité, rien que la vérité. Il y a des moments dans la vie où l'on ne peut se dérober. Assez finassé, assez rêvé, assez menti ! Il se lança résolument.
- Mes parents, ils sont très riches, ils vont passer la semaine à New York, en Amérique […]. » (p. 68)

On pouvait s'attendre à tout sauf cela. Et que dire des nombreux jeux de mots ? Ils sont rigolos, réjouissant. Très souvent pendant ma lecture, je me suis surpris en train de rire et sourire. Mais tout n'est pas que drôleries, le roman contient aussi plusieurs moments de tendresse. C'est que le protagoniste est particulièrement attachant. Quelle spontanéité, quelle fraicheur ! Il faut dire que Fouad Laroui puise dans ses souvenirs, dans son expérience personnelle, ayant été lui-même élève au fameux lycée dans sa jeunesse. Décidément, Une année chez les Français est une lecture accessible et intéressante, je la recommande vivement.
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Fouad Laouri est un auteur qui a écrit déjà des livres très remarqués comme "De quel amour blessé" qui a obtenu le prix Méditerranée des Lycées et qui évoquait un amour impossible entre un jeune Maghrébin et une jeune fille juive.
Son roman "Une année chez les Français" a été retenu dans la première sélection du prix Goncourt de 2010.
Il nous fait vivre ici l'histoire de Mehdi Khatib, largement inspirée de l' adolescence de l'auteur passée au lycée Lyautey.
Mehdi est un enfant qui vit dans un village isolé au pied de l'Atlas. Il est pauvre mais heureux; son instituteur le remarque, tant il est impressionné par la boulimie de lecture de son élève et son intelligence.
L'insituteur va lui obtenir une bourse d'interne dans le très "select" et prestigieux lycée Lyautey de Casablanca, réservé aux enfants des hauts fonctionnaires et des familles influentes du régime marocain, ainsi qu'aux enfants des Français ayant des postes importants au Maroc, d'où le titre du livre.
Mehdi va devoir laisser sa mère aimante et très imprégnée par les traditions, ainsi que son père qui rêve d'une société plus démocratique..
Voici donc Mehdi abandonné à l'entrée du lycée Lyautey, son oncle l'accompagne jusque-là et lui fourgue dans les bras une paire de dindons qu'il est censé offrir au responsable de l'établissement...
L'adaptation n'est pas facile pour Mehdi. Il doit s'insérer dans une société élitiste; Il se démarque par ses origines. Toutefois il est apprécié par ses camarades et le père de lun d'eux décide d'héberger Mehdi pendant les week ends, Mehdi étant le seul élève du lycée à ne pas rentrer chez lui pendant les vacances et les week ends.
Beaucoup d'humour dans ce livre qui évoque à merveille ce choc culturel que représente pour ce petit Marocain la découverte du mode de vie des Français.
Il va découviri un mode de vie inouï, des gens qui évoquent des sujets "sacrilèges" pour quelqu'un qui a vécu dans les traditions rurales..
Un livre passionnant, avec beaucoup d'humour et de finesse.
Fouad Laouri est un auteur qui a écrit beaucoup de nouvelles, des romans qui ont obtenu des prix (prix Grand Atlas; prix Radio Beur..)
Il a vécu au Maroc et a été au lycée Lyautey de Casablanca, il a été élève à l'Ecole des Ponts et Chaussées en France; il a étudié l'économie en Angleterre et enseigne actuellement l'économie et les sciences de l'environnement à Amsterdam.
Il écrit en français et en néerlandais.
Ma belle-fille vient de me faire découvrir cet auteur qui est un de ses cousins..
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En 1969, Mehdi, petit Marocain du village de Béni-Mellal, obtient une bourse pour étudier au lycée français de Casablanca. Dans la grande ville européanisée, le jeune garçon est perdu. Il ne se sent plus dans son pays, mais bien chez les Français et toutes les choses ordinaires lui semblent étrangères. « Il était maintenant chez les Français, entouré de leurs immeubles, de leurs bacs à sable, de leurs arbres. » (p. 36) Mehdi est l'espoir de toute famille, mais « il [est] tout petit, ce futur grand homme. » (p. 52) Son premier combat, c'est comprendre le fonctionnement de l'école et de l'internat, leurs codes et leurs rites. Pas question de rester éternellement « le petit chose, le p'tit boursier de la République. » (p. 91)
Doté d'une imagination sans borne et d'un goût immodéré pour la lecture, Mehdi s'échappe en pensée vers des univers plus cléments dont il a la parfaite maîtrise. Même s'il comprend mal le second degré et l'humour de certains de ses camarades, Mehdi finit par s'intégrer, « jouant au petit Français qui comprend d'instinct ces phrases cryptiques qu'on se répétait dans des familles qui n'étaient pas la sienne. » (p. 169)
Seul et loin de sa famille, Mehdi gagne l'amitié du jeune Denis Berger et partage les fins de semaine dans la famille de son jeune camarade. Toutefois, reste ancrée en lui la peur d'être considéré comme un imposteur, comme un Marocain jouant au Français. « Craignait-on qu'il lui prit l'envie de « surprendre la ville et piller la contrée » ? Medhi le Maure. Allait-on le débusquer ? » (p. 208)
Plein d'un humour tendre, ce roman recèle quelques bons mots. Mehdi entend « Lino Ktavio » ou « nain cunable » quand on lui parle de livres précieux. Mais surtout, ce roman tente de mettre un prix sur l'ascension sociale et sur ce qu'elle demande de sacrifices et de désillusions. Au seuil de deux mondes, Mehdi manque parfois de perdre pied : « Il eut l'impression que c'était un autre monde, un monde de vacarme où tout menaçait à chaque instant de se disloquer, très loin des phrases bien faites, de la Petite musique de nuit et de l'odeur d'encaustique. » (p. 270) Alors que chaque nouvelle expérience apporte son lot de déconvenues, Mehdi ne cesse de remettre en question l'identité du monde civilisé : est-ce le monde des Français, propre et strict, ou le monde d'où il vient, tout en senteurs et en chants ?
Si la fin est un peu trop parfaite pour être honnête, le ton goguenard du roman est très agréable. Replacé dans le contexte de l'année 1969, c'est vraiment rafraîchissant de voir un jeune Marocain réciter du Verlaine. L'ambiance de l'internat, avec les indétrônables pions et le surgé, rappelle des souvenirs surannés, que l'on a vécus ou que l'on a entendus mille fois. Une lecture en teintes sépias finalement très agréable.
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Il en a de la chance, le petit Mehdi, tellement doué à l'école que son instituteur lui a obtenu une bourse pour aller au Lycée Français de Casablanca. A 10 ans, il va donc quitter sa maman, son frère et sa soeur, son bled, pour aller vivre une année en internat dans un monde qui lui est pour le moins inconnu. Mais Medhi est tellement avide de lecture et de savoir qu'il n'est pas trop affecté par la séparation : de toutes façons, il aurait atterri sur la lune que le choc culturel aurait été identique !
Là où ça se corse, c'est quand les week-ends et les vacances défilent sans que sa maman se manifeste (on devine une fêlure du coté du papa qu'il évoque avec pudeur) et qu'il doit rester seul à l'internat…
Au travers de cet itinéraire initiatique, que l'on devine sans doute autobiographique, on perçoit l'immense amour de l'auteur pour la langue française avec laquelle il joue volontiers et Mehdi qui découvre ce que sont les « pro-lait-terre » doit aussi découvrir et assumer son identité : celle d'un petit marocain élevé en français et qui comprend mal l'arabe, mais qui en plus est le premier de sa classe et fait gentiment remarquer aux pions qu'on ne dit pas la fille A Chamayrac mais la fille DE Chamayrac ; allons bon, si les arabes ne parlent pas l'arabe et se permettent de reprendre les français, où va-t-on ma bonne dame ?
Un roman drôle et tendre qui met le doigt sur le thème de la langue, du bilinguisme et de l'identité (tiens, c'est drôle, c'était aussi un thème du livre que je viens de terminer, « La bataille de Roncevaux »…)
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Maroc, 1969. Un beau matin, Mehdi est arrivé, seul et en avance de vingt-quatre heures, dans le prestigieux lycée Lyautey de Casablanca.
Un petit bonhomme au milieu de l'inconnu tenant fermement une vielle valise marron, muet d'étonnement et de crainte.

Son instituteur lui a obtenu une bourse au mérite, et un oncle-colporteur l'a déposé là, sans explication.

Très intelligent et féru de littérature française, il est en complet décalage avec ce qui l'entoure, et se laisse volontiers embarquer par son imagination. Auprès des marocains, il ne comprend rien aux dialectes, avec les français, il comprend bien les mots, mais pas toujours ce qu'ils recouvrent. le vocabulaire fleuri des pions, leurs envolées lyriques ou ironiques lui sont complètement hermétiques ! Cette arrivée en pension, pour lui, c'est comme débarquer sur la lune... d'ailleurs, n'ayant pas la télé, en provenance directe de son bled de l'Atlas, il n'est même pas au courant que les hommes ont marché sur la lune il y a peu !

Le roman relate avec humour la première année d'internat du jeune boursier et son adaptation. J'ai apprécié ce décalage entre deux mondes, évoqué avec légèreté.

« Une année chez les français » est un roman sans prétention qui se lit le sourire aux lèvres, pour un agréable moment de détente.
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critiques presse (1)
Actualitte
14 juin 2011
Ce livre nous parle d’identité. Légèrement, avec beaucoup de pudeur, Fouad Laroui passe par l’anecdote pour évoquer le colonialisme et l’intégration. Il n’y a pas d’insistance ou de revendication dans cet ouvrage, juste un constat sans nostalgie.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
Le concierge, qui somnolait dans sa loge, assis derrière une sorte de comptoir surélevé, crut soudain entendre des voix. Ou plutôt une seule, fluette et un peu éraillée, à peine audible.
- Pardon...
D'où sortait cette voix ? Il balaya d'un regard encore ensommeillé les murs et le plafond de son royaume. Rien. Personne. Il n'y avait personne dans cette loge, personne d'autre que lui, Miloud, concierge à «Lyautey» depuis des lustres. Il se frotta les yeux, un peu inquiet. Un djinn au lycée français de Casablanca ? Ont-ils le droit ?
- Pardon, monsieur...
Encore ! Miloud, tout à fait réveillé, se leva pesamment de sa chaise, se pencha sur le comptoir et découvrit un enfant - neuf, dix ans ? -, un enfant minuscule qui tentait de se hausser sur la pointe des pieds pour l'apercevoir, lui, Miloud, la première ligne de défense du lycée.
On ne l'avait pas vu entrer, ce lutin. À côté de lui, posée sur le sol, une petite valise marron à la poignée blanche, un peu cabossée, attendait la suite des événements. Miloud, qui était d'une grande sagacité, en déduisit que le lutin était en fait un «interne» : la valise devait contenir le «trousseau» réglementaire : six paires de chaussettes, six caleçons, deux pantalons, six mouchoirs, quatre chemises... En ce début d'octobre, les internes avaient tout le week-end pour effectuer leur «rentrée», avant que les cours ne reprennent, lundi matin. Ce nouveau était bien pressé : on n'était que samedi, en début d'après-midi. Certains, parmi les anciens, arriveraient le dimanche soir, au dernier moment, juste avant l'appel. Les plus blasés attendraient même Y extinction des feux pour faire leur apparition, rigolards, mais munis d'un mot d'excuse, tambourinant à la porte du dortoir...
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Il découpa avec application un petit morceau de son steak et le porta à ses lèvres, avec sa couche de moutarde, en faisant bien attention à ne rien laisser tomber. Dès qu’il eut refermé la bouche, ce fut comme si quelqu’un avait craqué une allumette sur sa langue, comme si des démons se battaient dessus à coups de lance-flammes. Son nez s’emplit d’un nuage acre et il sentit, d’un seul coup, des gouttes de sueur sur son front. Certes, il avait ressenti un tel incendie sur son palais en mangeant les brochettes avec Moktar, à Settat, le samedi précédent ; mais ce qui était nouveau, c’était cette colonne de feu, qui lui remontait par le nez. Ça, c’était français."
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- Parce que tu es un pro-lé-taire ! lui assena-t-il d’une voix forte.
Mehdi eut envie de pleurer. Il ne connaissait pas le mot mais il sonnait comme une injure. Pourquoi ce barbu l’insultait-il ?
-Toi et moi, nous sommes prolétaires. Tu es marocain, je suis français, mais au fond nous sommes frères, nous partageons une même condition, un même destin : nous sommes les damnés de la Terre ! Nous voici face à face, dans cette salle de Lyautey : c’est dans l’ordre des choses. C’est ainsi, cela a toujours été ainsi : le prolétaire surveille le prolétaire, pour le plus grand profit du système. Les flics, les sans-grades, les mokhaznis, ce sont tous des prolétaires. Et ils cognent sur qui ? Sur d’autres prolétaires, leurs semblables, leurs frères ! Tous tes petits camarades sont chez eux entrain de manger de la broche, M’chiche fouette ses serfs, les rupins de mon age sont entrain de skier sur l’Oukaïmeden, comme ce facho de Dumont, le soleil brille au-dehors et nous feux, qu’est ce qu’on fait ? On s’enferme dans une salle de classe pour que je te tienne à l’œil ! C’est ça la logique du système !
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- L'arabe aussi est une très belle langue, bien sûr, avec une longue histoire et un trésor d'oeuvres de grande volée, surtout en poésie. Mais l'esprit français... Voltaire! Diderot! Valéry! Finalement, je vous envie, Saïdi, Khatibi, Lahlou... Vous aurez le meilleur des deux mondes, vous qui serez de double culture.
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Medhi (…) découpa avec application un petit morceau de son steak et le porta à ses lèvres, avec sa couche de moutarde, en faisant bien attention à ne rien laisser tomber. Dès qu’il eut refermé la bouche, ce fut comme si quelqu’un avait craqué une allumette sur sa langue, comme si des démons se battaient dessus à coups de lance-flammes. Son nez s’emplit d’un nuage acre et il sentit, d’un seul coup, des gouttes de sueur sur son front. Certes, il avait ressenti un tel incendie sur son palais en mangeant les brochettes avec Moktar, à Settat, le samedi précédent ; mais ce qui était nouveau, c’était cette colonne de feu, qui lui remontait par le nez. Ça, c’était français.
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Vidéo de Fouad Laroui
Insatiable arpenteur de la planète, assoiffé de connaissances, dévoreur impénitent de toutes formes de textes, Fouad Laroui manifeste dans chacun de ses livres son émerveillement face à la beauté de la vie. Dans ce recueil de chroniques cursives, lapidaires et lumineuses, il vante l'intelligence intarissable des êtres humains et pourfend, dans un même mouvement, leur insondable stupidité. Un régal !
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