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Critiques (983)
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Le chagrin du roi mort

Lecture Jeune, n°131 - septembre 2009 - Sur l'île de Petite Terre, Aleksander et Brisco sont deux frères inséparables. Leur vie paisible est rythmée par les jeux et les visites à la bibliothèque. À la mort du roi Holund, les enfants vont lui rendre un dernier hommage sur la place où son corps est exposé. Dans le froid et après une longue attente, Aleks a une vision du roi qui le met en garde contre un danger. Au même moment, Guérolf, un neveu du roi, complote pour prendre le pouvoir et, peu de temps après, Brisco est brutalement enlevé ! Les deux garçons grandissent séparément dans deux univers opposés et se retrouveront à l'âge de 18 ans, alors que la guerre fait des ravages. Mais seront-ils toujours dans le même camp ? Jean-Claude Mourlevat réussit à installer son récit dans un contexte géographique et historique impossible à identifier, générant un texte atemporel qui relève du mythe. La première moitié du roman se révèle un conte aux personnages complexes et attachants, comme la sorcière Brit ou le nain Halfred. Les deux enfants, héros malgré eux, prouveront la force des liens familiaux et fraternels qui les unissent. On retrouve d'autres thèmes forts, chers à l'auteur : le sacrifice, la guerre, la rédemption... Après le Combat d'hiver, Jean-Claude Mourlevat nous entraîne dans une nouvelle épopée en tous points époustouflante. Sébastien Féranec
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La pluie, avant qu'elle tombe

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Rosamond a orchestré sa mort en laissant à l'attention d'une jeune aveugle, Imogen, vingt photographies, qu'elle a commentées à haute voix en s'enregistrant sur cassettes. À partir de la description de ces images, la narration s'articule en vingt chapitres chronologiques. A travers le regard de Rosamond, le lecteur suit une famille sur trois générations ; dans l'Angleterre des années 40 jusqu'à nos jours. Enfant, Rosamond était profondément attachée à sa cousine Beatrix, alors adolescente, et l'a considérée jusqu'à l'âge adulte avec une adoration sans bornes. Lorsque Béatrix tombe amoureuse d'une femme et lui laisse en garde la fille qu'elle a eue d'un premier mariage, Rosamond s'attache à Théa, et lui voue un amour maternel. Au sein du couple homosexuel de Rosamond et Rebecca, qui suscite la réprobation, Théa sera choyée... Un bonheur fugitif qui s'effacera rapidement, un espoir à jamais perdu. Beatrix ne fait que reproduire le désamour de sa propre mère, et Théa fera de même avec sa fille, Imogen. À la fin du livre, le lecteur apprend la cause de la cécité de cette dernière. La boucle est bouclée. La problématique centrale du roman - peut-on échapper à la reproduction du schéma familial ? - intéressera les jeunes adultes, tout comme la question sous-jacente : l'amour peut-il aveugler à ce point les femmes qu'elles en oublient d'être mères ? le récit familial, porté par les photos, constitue un procédé habile. Il joue sur le plaisir « enfantin » éprouvé en feuilletant un album à reconstituer les histoires de sa généalogie. le livre, qui explore l'âme féminine, touchera plus directement les adolescentes. Si le ton de l'ouvrage reste pessimiste, la trame romanesque en porte la lecture. Cécile Robin-Lapeyre
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Les heures souterraines

Lecture Jeune, n°131 - septembre 2009 - Mathilde travaille depuis plus de huit ans dans la même entreprise, en tant qu'adjointe du directeur marketing. Elle élève seule ses trois enfants depuis la mort de son mari. Elle est heureuse et épanouie professionnellement, mais sa vie bascule lorsque son supérieur hiérarchique lui retire peu à peu toute responsabilité, dénigre son travail et la relègue dans un sombre bureau à proximité des toilettes... Mathilde est victime de harcèlement moral et démolie psychologiquement. En parallèle, un médecin urgentiste d'une quarantaine d'années, Thibault, quitte son amante, qui ne partage aucun sentiment pour lui. Il dresse un bilan sombre de sa vie, hanté par la solitude.
Après No et Moi (voir LJ n° 124) Delphine de Vigan poursuit sa critique de nos sociétés contemporaines fortement déshumanisées. Elle aborde ici la question du harcèlement moral, rarement traité dans la littérature française. le roman se déroule sur vingt-quatre heures. Mathilde et Thibault ne feront que se croiser le temps d'un trajet de métro, dans cette ville cannibale, mais leurs vies vont-elles changer ? Bien que la thématique ne concerne pas les adolescents, les bons lecteurs (lectrices certainement) seront touchés par cette description du monde du travail et par la justesse des émotions. le roman de Delphine de Vigan se lit d'une traite, porté par une écriture accessible et sincère et, en cela, en mesure de séduire un jeune public. Enfin, elle évite les clichés et un happy end qui aurait pu sonner faux. Un roman sur le monde de l'entreprise à faire découvrir aux plus jeunes. Anne Clerc
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Boule de Suif

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - 1870, les Prussiens envahissent la ville de Rouen. Un groupe de dix personnes grimpe dans une diligence en partance pour Dieppe. Plusieurs classes sociales se côtoient au cours de cette cavalcade : commerçants, grands bourgeois, religieuses, etc. Mais une prostituée, nommée Boule de suif, se distingue des autres personnages. Les voyageurs sont partis précipitamment, nul n'a pris de quoi se nourrir, exceptée Boule de suif, prévoyante, qui déjeune dans son coin. Mais sous le regard concupiscent des autres voyageurs, elle finit par partager avec générosité son repas. La nuit venue, ils font halte dans une auberge malheureusement occupée par des Prussiens. le lendemain, un des officiers ennemis ne les laissera repartir que s'il peut profiter des charmes de Boule de suif. Li-An revisite Maupassant et propose une superbe description des travers humains : individualisme, hypocrisie, mensonge... Son travail sert parfaitement le texte classique et permet d'aborder un grand auteur de manière ludique. Un humour très corrosif mis en valeur par le dessin coloré et les cases travaillées dans de multiples formats. Une adaptation réussie et un « one shot » qui vient enrichir la collection « Ex-libris ». Agnès Donon
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Le club des incorrigibles optimistes

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Paris 1980, une foule s'est rassemblée au cimetière Montparnasse pour rendre un dernier hommage à celui que l'on devine être Jean- Paul Sartre. Michel, le narrateur, y retrouve Pavel, un vieux monsieur qu'il n'a pas revu depuis quinze ans. Commence alors le récit de son adolescence parisienne, de 1959 à 1964. Très jeune, il cherche à échapper à l'atmosphère familiale contraignante. Il partage son temps entre le lycée Henri IV et le café le Balto, place Denfert-Rochereau où il devient un as du baby-foot. C'est un garçon passionné de littérature, de photographie et en admiration devant son frère aîné, Franck, et ses amis Pierre, le révolté et sa soeur Cécile. Mais sa vie bascule quand il découvre, dans l'arrière-salle du café, « le club des incorrigibles optimistes ». Ce sont des exilés des pays de l'Est qui ont fui la terreur stalinienne et les régimes communistes pour sauver leur peau, abandonnant leur famille, leurs biens et leur statut social. Chacun raconte sa vie de déclassé, contraint à la misère et aux petits boulots dans une France qui ne veut pas les intégrer. Dans ce bistrot chaleureux, tenu par un couple d'auvergnats, ils se livrent à leur passion, les échecs, tout en discutant bruyamment politique. Michel y croise Sartre et entend parler de Kessel, de Noureev. Il y découvre que, malgré leurs engueulades, ces hommes sont généreux et solidaires. Son initiation se poursuit sur fond de guerre d'Algérie, la désertion de son frère, et le divorce de ses parents, mal assortis. C'est dans ce chaos qu'il rencontre l'amour et Sacha, personnage étrange dont la mort atroce lui donne la clé de tous ces mystères.
C'est un roman-fleuve ambitieux qui rend sensible toute une époque dans son quotidien comme dans ses enjeux politiques historiques. Cette abondance de références peut constituer un obstacle à la compréhension sauf si on se laisse emporter par les récits d'amours romanesques, des parties d'échecs mémorables, des fêtes russes à tout casser. L'auteur a su maîtriser son récit, trouver le ton juste, l'humour, pour exprimer la formidable énergie et la profonde humanité qui permet de survivre aux idéaux perdus. Colette Broutin
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Toute la nuit devant nous

Lecture Jeune, n°129 - mars 2009 - Trois nouvelles, sans lien entre elles, composent ce recueil. « le fils de l'étoile » se déroule lors d'une colonie de vacances. François se singularise des autres garçons et prend sur le narrateur, Mestrel, un ascendant d'autant plus fort que ce dernier devient le bouc émissaire de ses camarades. Ces deux solitaires connaîtront une amitié fusionnelle et le plus fort vengera le plus faible... L'atmosphère particulière repose sur la fascination et la répulsion inspirées par le personnage central. À cette dualité s'ajoute l'opposition entre les registres : réaliste et fantastique. La deuxième nouvelle décrit comment quatre adolescents décident de sacrifier leur vie pour attirer l'attention sur le désastre écologique qui menace la Terre. La préparation de leur action se déroule, implacable et bouleversante ! La troisième nouvelle a pour cadre Marseille, le football et les quartiers Nord. « le père à Francis » a essayé de sauver les « minots » de sa cité, mais aujourd'hui il est mort. Un adolescent, en prison, se souvient. Il a laissé filer la chance que lui offrait cet homme généreux. Une histoire juste, jusque dans le langage du jeune homme et la nostalgie terrible qui s'en dégage.
Trois ambiances radicalement différentes, pour un thème commun : l'adolescence, associée à la mort. Des récits d'une lecture facile, avec une chute tragique, dont le lecteur ne ressort pas indemne. À réserver à des lecteurs assez matures. Un petit chef-d'oeuvre du genre ! ? Cécile Robin-Lapeyre
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Autoportrait de l'auteur en coureur de fond

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - « On obtient souvent les choses qui ont une véritable valeur au moyen d'actes apparemment improductifs. » Un aphorisme qui pourrait résumer le rapport de Murakami à la course à pied. À ses détracteurs qui ne comprennent pas pourquoi il court 10 kilomètres tous les jours depuis 37 ans, il pourrait répondre que cela a du sens dans sa vie de romancier. L'auteur rend compte de son rapport au sport, depuis qu'il a choisi d'écrire. Les écrivains de génie ne sont pas si nombreux, et l'auteur revendique être un auteur « de fond », endurant. Il ne s'agit pas tant d'un éloge de la course à pied, que de constater qu'il est possible pour un être humain d'aller au-delà de la souffrance, de la fatigue et de ses propres limites. le style de Murakami est ici identique à celui qu'il déploie dans ses romans. Mélange de sagesse, de simplicité et d'observation du monde qui l'entoure. Cet essai se lit comme un roman, avec la course à pied comme personnage, les marathons comme une succession d'actions insensées où la machine humaine obéit ou résiste. Murakami décrit le mécanisme de ses jambes qui refusent parfois de poursuivre le chemin. Cet auteur « coureur » saura séduire les lecteurs par l'humilité et la poésie de son propos. L'occasion également de désacraliser le stéréotype de l'écrivain auprès de l'adolescent : figure romantique marquée par le génie. Car ici, il est avant tout question de persévérance, de travail et de « littérature athlétique ». Anne Clerc
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Pico Bogue, tome 2 : Situations critiques

Lecture Jeune, n°131 - septembre 2009 - Pico Bogue mène une enfance tranquille aux côtés de ses parents et de sa soeur Ana-Ana. Il nous fait part, dans de petits sketches, de ses réflexions sur la vie avec une logique et un esprit en décalage avec son âge. Inévitablement drôle, souvent poétique et parfois étrange, ce petit garçon ne manquera de susciter rire et émerveillement mais aussi questionnements.
Rien qu'en regardant la couverture, on y pense immanquablement, mais à la lecture de cette bande dessinée scénarisée par la mère et dessinée par le fils, cela devient évident : il y a quelque chose de Sempé. le trait, les aquarelles fines et la poésie qui se dégage de cette épopée à travers l'enfance rendent cet album très original. Pico Bogue est immédiatement reconnaissable avec ses cheveux roux en bataille. Pour reprendre les propos de l'auteur : « Ces histoires s'adressent à tous ceux qui veulent bien rire de la vie que nous menons. Et à tous les âges... et j'espère que les petits à qui il manque encore certains mots et certaines notions harcèleront les adultes pour qu'on leur explique. » Thomas Bailly
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Mon année, Tome 1 : Printemps

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Mon année est la chronique sensible des quatre saisons d'une jeune trisomique, Capucine, et des efforts de sa famille pour l'entourer et la stimuler. Printemps, le premier tome, met en scène la petite fille de 8 ans, la veille de son anniversaire. Tout pourrait être relativement banal si ce n'est que l'enfant accumule du retard, ne pouvant désormais plus suivre une scolarité normale et que la famille semble être sur le point de se désagréger. le père de Capucine accuse difficilement le coup, d'autant plus qu'il est accaparé par son métier de restaurateur.
Le couple, la famille, le handicap sont ici traités avec justesse. La narration en voix-off se met par moments à la place de Capucine, qui s'exprime à travers des dessins et nous livre ses pensées intimes ; et le lecteur voit le monde à travers son regard et sa logique. Hypersensible, elle ressent les émotions à fleur de peau, devinant la crise qui se joue entre ses parents. Jean-David Morvan s'est documenté et il propose un portrait sans pathos et sans jugement sur le handicap tout en abordant d'autres thématiques qui lui sont directement liées : quelle place pour la vie de couple avec un enfant handicapé ? Quelle place pour la vie professionnelle ? Enfin, le dessin de Taniguchi est particulièrement adapté à cet album « franco-belge ». La colorisation à l'aquarelle et les teintes pastel confèrent toute la douceur nécessaire à l'univers de Capucine. le lecteur retrouvera également le plaisir « contemplatif » avec des cases tout en longueur qui ouvrent le regard sur la mer, la ville, comme autant de tableaux. Un sujet sensible et un dessin subtil pour une série prometteuse qui invite à la réflexion. Anne Clerc
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Fuck You New York

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Malek et son ami Ben ont toujours rêvé de vivre à New York, symbole d'une société américaine où tout est possible. À 21 ans, ils partent étudier un an aux États-Unis. Ils ont tous deux obtenu une bourse, et ce voyage est le début d'une nouvelle vie. Emplis de rêves mais aussi de doutes, ils s'envolent pour la Grosse Pomme. Tout se déroule sans encombre jusqu'aux contrôles de la douane. Malek est interrogé et cet épisode va changer le cours de sa vie : l'humiliation et la honte qu'il ressent à ce moment-là vont le plonger dans une paranoïa extrême. Il se sentira traqué, observé à chaque minute, imaginera que tous ceux qu'il rencontre travaillent pour le FBI et le prennent pour un terroriste. Sa paranoïa le conduira dans un centre psychiatrique. le récit est à la première personne et l'on suit le quotidien de Malek alors qu'il est interné et qu'il revient sur ce qui l'a amené dans ce lieu.
Dans ce premier roman, l'écriture n'est pas dénuée d'humour malgré le tragique épisode de la vie de Malek. L'ouvrage s'inscrit parfaitement dans la collection « Exprim' » par son style incisif et franc. À travers l'histoire de Malek, l'auteur montre à quel point le 11 septembre a changé la vision du monde arabe et la montée du « tout sécuritaire » aux États-Unis. Malek incarne la génération d'immigrés qui font l'objet de suspicions, victimes de l'incompréhension et de la méconnaissance de la religion musulmane et de l'islam. Il cristallise à lui seul tous les stéréotypes dont sont victimes les populations immigrées. Un roman fort, tant par son personnage principal qui sombre dans la folie, que par le propos politique sous-jacent au destin tragique de Malek. Marilyne Duval
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Le chaos en marche, tome 1 : La voix du cou..

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Todd Hewitt habite Prentissville, Nouveau Monde, au bord d'un marais « pourrissant ». Orphelin, élevé par deux hommes qui le considèrent comme leur fils, il n'aime pas ce lieu étrange d'où toutes les femmes ont disparu, victimes d'un virus, et où le Bruit des pensées intérieures « que les hommes répandent hors d'eux-mêmes... même quand ils dorment... », invite chacun au mensonge. L'histoire raconte « qu'il y avait d'autres agglomérations éparpillées à Nouveau Monde, que tous les vaisseaux ont atterri à peu près en même temps, puis que la guerre a éclaté avec les spacks » qui « ont lâché les virus et toutes les autres « agglorémassions » ont été anéanties, complètement ». La ville rescapée rejette la corruption du Vieux Monde et rêve d'un nouvel Eden.
Dans ce récit où l'on devient homme à 13 ans, à la veille de sa cérémonie d'initiation, Todd « entend » le silence, un trou dans le Bruit. Et tout bascule. Les hommes de Prentissville à ses trousses, il doit fuir, avec pour viatique, le journal de sa mère et un couteau. Il se découvre une compagne inattendue, Viola, venue d'un autre monde pour conquérir le sien, à bord d'un engin spatial qui s'est abîmé dans le marais. Dans leur fuite éperdue, ils découvrent des résistants. Mais des innocents et la jeune Viola meurent. Bien que Todd soit confronté en permanence à la tentation de tuer, une sorte de faiblesse, dont ses assaillants se moquent, l'empêche de passer à l'acte. Il lui reste à tenter de devenir un homme autrement.
On entre avec effort dans ce livre dont le langage estropie le nôtre avec un malin plaisir jusqu'au moment où l'on comprend que tout est lié à la confusion qui habite Todd. Et l'on se laisse prendre au jeu de découvrir avec le héros, le sens de ce chaos, de reconstituer, en même temps que lui, le puzzle de sa vie. de ce récit, entre sciencefiction et roman d'aventures, le lecteur ressort brisé, étourdi par un monde où rôde le danger de la pensée unique, où le pouvoir dévoie les consciences. le mépris de la personne humaine éclate dans les rites de passage à l'âge adulte : dans ce monde, on devient un homme en tuant. Une suite en deux tomes est annoncée, on ne peut que l'attendre avec impatience. Nicole Wells
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Mon enfant de Berlin

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - En 1944, Claire a 27 ans et sillonne la France occupée comme ambulancière de la Croix-Rouge. À Béziers, elle risque sa vie pour sauver les blessés sous les tirs des nazis. Jolie, intrépide, Claire est courtisée. À la Libération, elle ne veut plus épouser Patrice, son fiancé qui était prisonnier en Allemagne. Fille de François Mauriac, elle ose affirmer avec franchise à sa famille sa volonté d'indépendance. Elle choisit de poursuivre sa mission auprès de la Croix-Rouge en partant pour Berlin, chargée avec son unité du rapatriement des prisonniers. C'est dans la ville en ruines que la jeune femme rencontre Wia, l'amour de sa vie. Officier russe, il s'occupe de retrouver les personnes déplacées par les troupes nazies. Dans une très belle lettre adressée à ses parents, elle déclare que rien ne la fera changer d'avis : « Nous n'avons aucun point commun, mais je pense que c'est peut-être avec lui que j'ai une toute petite chance d'être heureuse ».
Cet amour follement romanesque ne laissera pas les adolescentes indifférentes. Claire forge sa personnalité et revendique ses choix : elle ne veut plus se contenter d'être « fille de... ». Son bonheur réside dans l'acceptation de son histoire familiale et dans la volonté de prendre sa vie en main. Pionnière de l'action humanitaire où la solidarité règne en valeur absolue, elle travaille inlassablement, se bat pour la vie. Ce récit linéaire, d'une écriture vive, se lit comme un roman d'aventures. le lecteur découvrira seulement à la fin qu'il s'agit de la biographie qu'Anne Wiazemsky, « l'enfant de Berlin », a dédiée à ses parents. Cécile Robin-Lapeyre
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Mattéo, tome 1 : Première époque, 1914-1915

Lecture Jeune, n°129 - mars 2009 - Durant la guerre de 14--18, se décide le destin de Mattéo, jeune héros de cette bande dessinée. Fils d'un anarchiste espagnol et réfugié en Catalogne française, il aurait pu échapper à la mobilisation. Mais comment résister aux pressions de son entourage ? L'heure du départ approche : le jeune homme espère une victoire rapide. Mattéo pense à la jolie Juliette dont il est amoureux. Celle-ci ne lui cache pas ses préférences pour ceux qui partent au combat. Ainsi, Mattéo partage le sort de milliers de soldats fracassés dans la boue des tranchées et stupidement sacrifiés par la folie de leurs supérieurs. le dessin aquarellé, superbe, et la palette choisie permettent de saisir aussi bien les paysages et la boucherie des combats que les portraits expressifs de ceux qui sont entraînés dans l'horreur des combats. le réalisme des images renforce ce puissant plaidoyer contre la guerre. Gageons que la suite des aventures de Mattéo, déserteur malgré lui, sera aussi réussie. ? Colette Broutin
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Je mourrai pas gibier

Lecture Jeune, n°129 - mars 2009 - Mettre en image le roman de Guillaume Guéraud était un pari risqué et audacieux, mais Alfred nous propose une adaptation réussie qui permet une nouvelle lecture de l'oeuvre. le village de Mortagne, où évolue l'adolescent Martial, est scindé en deux clans : ceux qui travaillent à la scierie de M. Listrac et les autres, qui se consacrent à la vigne, au Château Clément. Martial gravite autour de ces groupes, tout comme Terence, le simple d'esprit de la bourgade. Ce dernier est attaqué de toute part. Il est victime d'insultes, jusqu'au jour où il est passé à tabac.
Alfred a choisi de dessiner avec un simple stylo bic, sur du vieux papier. le trait est vif, précis, les visages, comme taillés au couteau. La mise en scène graphique de l'auteur révèle de nouveaux aspects du texte de Guéraud. Ici, le malaise général et intrinsèque qui plane sur Mortagne marque le lecteur. Certainement plus que la tuerie finale. le ciel, terne, pèse sur la campagne, les regards sont tour à tour vides ou apeurés. Les couleurs servent admirablement le dessin d'Alfred. Une adaptation réussie qui saura toucher un nouveau public, non habitué à la lecture des romans destinés aux adolescents. ? Anne Clerc
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Les aventures prodigieuses de Tartarin de T..

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Tartarin, personnage légendaire créé par Alphonse Daudet en 1872, n'a jamais quitté sa bonne ville de Tarascon. Ses exploits se cantonnent à tirer dans des casquettes lancées en l'air avec ses amis chasseurs qu'il enchante par ses récits d'aventures. A-t-il vraiment tué une Bartavelle ? Nul ne le sait. C'est un bon vivant, vantard et gourmand, imprégné de lectures. Elles nourrissent son imaginaire et sa faconde. Mais l'arrivée d'un cirque, avec son lion en cage, le met à l'épreuve. Les habitants de la petite ville poussent Tartarin à partir en Algérie, à la chasse aux grands fauves de l'Atlas. Que d'aventures rien que pour les préparatifs ! Et la traversée de la ville de Marseille pour embarquer sur un paquebot prête bien à rire.
Le choix des couleurs et de la ligne claire crée un univers naïf, tout en rondeur. Les auteurs donnent à voir l'humour tendre de Daudet pour peindre ce petit monde clos et provincial. Les textes dialogués facilitent la compréhension et mettent à la portée des jeunes lecteurs ce récit de Daudet à la langue souvent bien désuète. C'est une adaptation réussie à conseiller à ceux qui veulent connaître ce fameux héros sans lire l'oeuvre de Daudet. Agnès Donon
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