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EAN : 9791034730322
96 pages
Dupuis (01/06/2018)
3.83/5   6 notes
Résumé :
Parus il y a vingt ans de cela dans l'éphémère collection "Humour Libre" de Dupuis, ces quatorze contes saumâtres, inspirés des récits mythiques ou des personnages célèbres appartenant à notre folklore, tournent en dérision les figures légendaires de notre enfance.
Ces fables délicieusement mordantes furent autrefois publiées en deux volumes, en 1997 et 1998, et réunissaient alors la fine fleur de la bande dessinée: Juillard, Zep, Boucq, Dupuy & Berberian, H... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Coup de bol, la masure abritait Bette Elaim
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Ce tome contient l'intégrale des histoires courtes initialement parues en 2 tomes, en 1997 & 1998, sous le titre de Sales petits contes, le premier consacré à ceux de Hans Christian Andersen (1805-1875), le second à ceux de Charles Perrault (1628-1703). Il commence par un texte de l'éditeur qui revient sur la genèse de la première histoire : le scénariste avait été séduit par l'idée de raconter le conte de Barbe-Bleue à la façon de Quentin Tarantino. Puis il évoque le recrutement de différents artistes pour donner vie à chacune de ces interprétations.

La princesse aux concombres, avec André Juillard. Une princesse envoie des concombres à des princes pour voir ce qu'ils en feront. L'inébranlable soldat criblé de plomb, avec François Boucq. D'une fratrie de vingt-cinq, seul un revient vivant de la bataille de Gettysburg. Saturnin est criblé de balle qu'aucun médecin ne parvient à extraire, et il a perdu une jambe. Il est déterminé à retrouver Minnie Mata, danseuse de french cancan dans les saloons. La sirène qui n'avait pas de queue, avec Claire Wendling. Il est de coutume chez les sirènes d'attirer les marins sous l'eau, de s'en choisir pour en faire son mari et de chérir son squelette blanchi. Mais Ondine Chlamydae est née sans queue, et personne ne veut d'elle. Parviendra-t-elle a attirer un marin ? le vilain petit phoque, avec Thierry Robin. Sur la banquise, une phoque femelle met bas : son nouveau-né est particulièrement laid aux yeux des autres, et il est mis à l'écart, comme un vilain petit phoque. La reine du X, avec Pierre-Yves Gabrion. À Copenhague, la fillette Judith a promis de montrer sa culotte à Milcott s'il lui prête ses patins, ce qu'elle fait. Il aimerait bien voir ses seins également. La porchère qui avait perdu son ombre, avec Denis Bodard. Il était une fois Pasolina, une jeune porchère qui se languissait d'amour pour le beau prince qui, lui, ne sortait pas de son château. Un jour l'ombre de Pasolina lui propose d'aller intercéder auprès du prince. La vie extravagante, pitoyable mais véridique d'Hans Christian Andersen, avec Clarke. La vie du conteur qui n'aimait pas les femmes.

Barbe Blues, avec Christian Rossi. Barbe-Blanche revient à fond de train dans le château qui sert de planque au gang de Barbe-Bleu. Elle ramène Louise grièvement blessée, mais est très mal reçue par Louise. le repos du samouraï, avec Michetz, le samouraï Kotaro qui n'avait vécu que pour la guerre, et dont la quête est en passe de s'achever. Tirer l'âne par la queue, avec Jean-Claude Denis. Balthazar est le fils d'une productrice de films à caractère pornographique, et elle a un service à lui demander : il lui demande une faveur en échange. Les petits chats se cachent pour mourir, avec Zep. le marquis est un monte-en-l'air qui cambriole les appartements de riches femmes ayant accueilli un chaton trop mignon. Certains l'aiment rouge, avec Philippe Dupuy & Charles Berberian. Une adolescente mineure couche avec plusieurs artistes peintres, et les fait chanter pour qu'ils la peignent. Deux citrouilles… et plus si affinités, avec Hermann. La marraine Dorothée vient aider Kho-zeth pour qu'elle puisse aller au bal du daimyo d'Orgel. Si ce n'est toi, c'est donc ton père, avec Clarke. En fait Charles Perrault a écrit les Contes de ma Mère l'Oye, pour assurer une rente à son fils Pierre.

Au départ, c'est clair. le scénariste reprend des contes d'Andersen, puis de Perrault pour les raconter à sa sauce, démarche souvent effectuée par des auteurs en mal d'inspiration, de manière plus ou moins affichée, et assez délicate à réussir, car il faut savoir s'approprier le conte et en donner une interprétation personnelle. le lecteur peut ainsi reconnaître les contes les plus connus comme La princesse au petit pois, La sirène, le vilain petit canard, Barbe-bleue, le chat botté, ou encore le petit chaperon rouge. Chacun a droit à un artiste différent qui apporte sa sensibilité graphique, et qui évite toute sensation d'uniformité d'une interprétation à l'autre. En consultant la liste de ces dessinateurs, le lecteur prend conscience qu'il s'est agi d'un projet d'importance, car il réunit de nombreux artistes phare des années 1990, d'André Juillard, à Hermann. Chaque artiste apporte une sensibilité et une ambiance différente au conte qu'il illustre, que ce soit la méticulosité de Juillard, ou des cases très humoristiques de Zep, de la sensibilité à la Modigliani de Dupuy & Berberian, ou de l'approche plus immédiate de Clarke qui se fait reprendre par le scénariste dans un cartouche de texte, la première fois pour avoir mis une carte d'Europe en lieu et place de la caricature de sept personnages historiques célèbres, la seconde fois pour avoir mis trop de nuage de poussière pour ne pas avoir à représenter une armée.

En commençant le premier conte du tome, le lecteur a vite fait de reconnaître celui qui est pastiché : la princesse au petit pois, et le prince qui critiquait partout chaque princesse qu'il pouvait rencontrer. Il voit bien que le scénariste a renversé le schéma : ce n'est pas le prince qui est à la recherche de la femme idéale, mais l'inverse car la princesse a pris l'initiative. Ce n'est pas un petit pois qui est au centre du conte, mais des concombres. En fait le petit pois n'est même pas mentionné, même si l'artiste l'évoque dans la troisième case de la première page, avec la princesse couchée dans son lit sur une pile de matelas. La quatrième case évoque ses douze frères efféminés, et le dessinateur en représente 8 dans une case occupant un sixième de la page, et se livrant à des activités comme le bilboquet, la flute traversière, le luth, la peinture, la danse, la coiffure, sans ménager sa peine pour obtenir une image claire et facilement lisible malgré la densité d'informations très élevée. le lecteur s'investit donc un peu plus dans sa lecture, et observe la princesse en pleine session d'entraînement à la lutte dans la case suivante, projetant un de ses frères, cul par-dessus tête, qui va se manger un pilier de pierre dans l'entrejambe. À la suite d'un accident de carrosse, la princesse se retrouve à demander l'hospitalité dans une masure où elle est reçue par Bette Elaim, spécialiste de l'analyse sémantique des contes. Il s'agit d'une référence transparente à l'ouvrage Psychanalyse des contes de fées (1976) de Bruno Bettelheim (190-1990). Avec la narration visuelle très soignée, Yann met en pratique cette approche psychanalytique du conte, transformant la princesse en un être humain qui n'attend pas d'être choisie et rendant explicite sa libido.

Le lecteur passe au deuxième conte, et reconnait sans peine le trait de François Boucq, avec des traits de contour fins et légers, et une bouille inimitable pour le pauvre Saturnin au visage littéralement grêlé de balles. Il est à nouveau question de passion amoureuse pour Saturnin, et de pragmatisme pour sa dulcinée. Les dessins charrient cette passion, et le conte est à nouveau transformé à partir du matériau original. Claire Wendling réalise ensuite des dessins fluides et ondulants, baignés de pénombre pour un conte sur une femme prenant possession de son mari. Robin se déchaîne pour un massacre de phoques, les bébés comme les parents, avec l'apparition inéluctable de Brigitte Bardot. C'est une constante dans chaque conte : des références culturelles, majoritairement anachroniques. Il peut s'agit de personnages de fiction, comme Johann et Pirlouit de Peyo, Crocodile Dundee, Pinocchio, la Castafiore, Thelma & Louise, Bonnie & Clyde, Nikita, Rip Kirby (d'Alex Raymond), Causette, Riquet à la houppe. Il s'agit également de personnes ayant existé Rika Zaraï, Louis le prince Ringuet, le commandant Cousteau et sa Calypso, Luis Mariano, Pier Paolo Pasolini et ses films (Salò ou les 120 Journées de Sodome), Chantal Goya, Quentin Tarantino, Clint Eastwood, Nagui, Roger Harth (costumier), Donald Caldwell (décorateur), Éric Rohmer, Maurice Pialat, Joseph Mankiewicz, Billy Wilder, Barbara Cartland, Modigliani, Yukio Mishima, Kazuo Koike & Goseki Kojima.

En fonction de sa sensibilité, le lecteur apprécie certains contes plus que d'autres. À chaque fois, il peut identifier le conte initial, et mesurer la reconstruction opérée par le scénariste, une réinterprétation, plutôt qu'une mise au goût du jour. À chaque fois, il est impressionné par la justesse de l'interprétation graphique, toujours en phase avec la tonalité du conte. Après la méticulosité précise de Juillard, la passion de Boucq, la fluidité de Wendling, viennent l'exagération humoristique et cruelle de Robin, l'humour faussement tout public de Gabrion, la vivacité de Bodard, etc. Parmi tous ces artistes, outre les trois premiers, le lecteur retient Rossi pour la violence de certaines cases, Michetz pour son importation japonaise en direct de sa série Kogaratsu, le luxe ostentatoire de Denis, l'entrain comique de Zep, l'esthétisme élégant de Dupuy & Berberian. Au fil des contes Yann aborde d'autres thèmes que le désir sexuel et la passion : l'ascendant qu'une personne peut prendre sur une autre, la mise à l'écart d'un individu dans une communauté à cause de sa différence, la maltraitance des plus faibles, la crédulité, la manipulation, la concupiscence, la condescendance, l'envie.

A priori, le lecteur peut ne pas être enthousiaste à l'idée de lire une resucée de contes célèbres de Hans Christian Andersen, et Charles Perrault, juste pimentée avec un peu de sous-entendus sexuels. D'un autre côté, un simple feuilletage rapide montre que ces dessinateurs de renom ne sont pas juste venus cachetonner et qu'ils se sont pleinement impliqués dans leurs pages. Rapidement, le lecteur découvre que le scénariste réalise bien plus qu'un simple toilettage de ces contes, et qu'il les réimagine avec une narration souvent plus explicite, avec deux approches en tête : celle psychanalytique de Bruno Bettelheim, et celle de la culture BD en tant qu'art, Thierry Groensteen étant cité nominativement. Bien plus qu'un simple exercice de style, une vraie oeuvre d'auteurs.
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L'ensemble de ces contes d'Andersen dans le premier tome et de Perrault dans le second quelque peu détournés est assez sympa mais pas transcendant. Il y a des hauts et des bas dans les différentes séquences qui se succèdent et qui sont l'oeuvre de dessinateurs différents. Quelques fois, c'est drôle. D'autres fois, c'est plutôt lassant.

De manière générale, je n'aime pas les albums d'auteurs en collectif car la qualité est souvent inégale. Cela se vérifie encore en l'espèce bien que le dessin reste dans un même style homogène.

J'ai bien aimé par contre "le vilain petit phoque" qui est en réalité une critique bien acerbe. Oui, l'humour est bien différent selon les nouvelles. On n'est pas là dans ce que je préfère mais cela passe encore.
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Bonjour les lecteurs ...
Le week-end, c'est BD
Voici un excellent recueil des contes de notre enfance revisités par Yann et sa bande.
C'est jubilatoire, les détails des dessins sont croustillants.
Parus pour la première fois en 1997 et 1998, sous forme de 2 volumes, les 14 contes sont enfin réunis et n'ont pas pris une ride.
Jubilatoire … laissez vous tenter
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Un détournement très drôle et satirique des contes de fées classiques, qui aborde des thèmes actuels tels que l'homosexualité et la cause animale.
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critiques presse (3)
BDGest
03 juillet 2018
Contes saumâtres est précédé d’une courte préface, le bédéphile aurait apprécié une mise en contexte plus solide, des inédits ou un cahier graphique ; ces ajouts auraient davantage justifié la réunion des deux tomes.
Lire la critique sur le site : BDGest
ActuaBD
21 juin 2018
Les Contes Saumâtres sont un plaisir de tous les instants, un recueil important qui ravira certainement les amoureux de Yann et permettra de faire découvrir à d’autres un auteur aux multiples talents.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Bedeo
14 juin 2018
Dans la pure tradition du détournement que les années 1970, que la presse satirique dans son ensemble a toujours apprécié, Contes saumâtres est une belle aventure, au sens où de nombreux styles d’auteurs et influences de raconteurs se croisent et s’amusent, pour le plus grand bonheur des lecteurs.
Lire la critique sur le site : Bedeo
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il était une fois une princesse qui était fort prude à cette époque, les soirées d'hiver étaient fort rudes et les châteaux fort mal chauffés (de surcroît son parquet grinçaient), et la princesse voulait un prince en son lit. Mais la princesse voulait un vrai prince car elle avait douze frères fort efféminés, et sentait inconsciemment qu'ils n'étaient point représentatifs de l'espèce. Hélas, la princesse était encore plus sotte que prude, et la nature l'avait dotée d'un fort tempérament que la pratique intensive de l'exercice ne parvenait nullement à étancher. En clair, elle cherchait chaussure à son pied, mais elle désirait une forte pointure. Elle voyagea dans le monde entier car les princes ne manquaient pas. Mais elle ne pouvait s'assurer qu'ils étaient de vrais princes. Toujours il y avait quelque chose qui n'était pas comme il fallait. Et elle rentré chez elle toute chagrine, à tel point qu'elle était presque plus triste que sotte.
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Rongés par une compréhensible curiosité - les soaps télévisés n'étant point encore créés afin de lénifier les rustiques populations - les porchers se cotisèrent pour faire venir l'évêque Cauchon, le grand inquisiteur. Le brave ecclésiaste avait plus d'une corde à son arc pour mettre un brin d'animation dans la France rurale. Aidé de son fidèle assistant, l'abbé Jeunesse, ils mirent la porchère à la question et employèrent de subtils tourments qi auraient fait avouer à Fernandel qu'il était huguenot et auvergnat. Bref, ça faisait des lustres qu'on ne s'était pas amusé à ce point dans Salò, depuis Intervillages 1666 où les paroissiens avaient brûlés 28 sorcières.
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Il vit en accéléré le sort qui l'attendait : mariage, naissances, criailleries de bonne femme, comptes à rendre et autres fastidieuses corvées.
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Avec cette mixture magique, ta tantouze bien aimée oubliera les charmes vénéneux de la jaquette flottante pour ceux non moins fiévreux de la position du missionnaire du samedi soir.
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Minnie Mata, surnommée La jambe la plus légère à l'ouest du Pécos, la jambe et le reste d'ailleurs.
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