Cet auteur semble s'être donné pour objectif de définir ce qui est «
de chez nous », à savoir, peut-être, ce qui pourrait donner une définition d'une certaine identité nationale. Vaste sujet, ô combien risqué, entre tentative de faire une synthèse de tout ce qui correspond à la nation franco-française, enrichie de ses apports extérieurs historiques et contemporains, et mise en ligne plus ou moins ordonnée de divers secteurs de notre réalité par un auteur forcément partial.
Choisir c'est renoncer disait un philosophe et on peut se demander ce qui a poussé
Christian Authier à sélectionner des thèmes aussi hétéroclites que les héros de la Résistance, les officiers des dernières guerres et leur sens de l'humanisme, le football et ses vedettes, la détérioration programmée des services publics , les choix de société de divers personnages.
L'
ensemble, probablement articulé autour d'une logique qui m'échappe, forme un patchwork inattendu et touffu dont émergent certaines célébrités plus ou moins connues : Joseph Darnand, parachutiste tête brûlée héroïque, décoré pendant la 1ère guerre mondiale par Pétain puis membre des Corps Francs qui a terminé milicien et fait dire à
Bernanos : « S'il y avait eu plus de Darnand en 1940, il n'y aurait pas eu de miliciens en 1944. »
Authier récuse la place de choix accordée par
Sarkozy à Guy Môquet (résistant de 17 ans fusillé dont la lettre émouvante fut un temps lue dans les classes) et aurait préféré donner la primauté à l'un des premiers de la France
libre à être fusillés :
Honoré d'Estienne d'Orves, catholique d'extrême droite (vous imaginez, si Sarko lui avait donné la vedette à l'école?!!) ; puis des officiers monarchistes catholiques fidèles aux vertus d'honneur et d'humanisme (
Jacques Pâris de Bellardière et Hélie Denoix de Saint-Marc, rien que pour le plaisir d'écrire leurs noms!). Ici on s'attarde sur les horreurs de la guerre d'Algérie et la justification – ou la condamnation – de la torture.
Un peu plus loin place est faite à un certain Rabhi, parti d'Algérie en 1961 (avant Evian, donc) et qui a été apparemment le tout premier agro-écologiste, prêchant « La sobriété tranquille et heureuse », pratiquant élevage et agriculture bio en Ardèche, précurseur donc du fameux « retour à la terre » des années 70.
Apparaissent ensuite (dans le désordre, pardon!) les généraux putschistes d'Algérie, la résistante
Germaine Tillion morte à 102 ans qui proposa une lecture moins manichéiste des événements d'Algérie et pour cette raison fustigée par
Sartre et les germanopratins (dixit Authier qui manifestement n'aime pas les intellectuels de gauche qu'il peint comme des salonards), les grands footballeurs people millionnaires (petit couplet sur les anciens qui avaient autre chose en tête, les
Just Fontaine et autres Rocheteau), la détérioration du service public avec la bénédiction de ces gens qui nous gouvernent (délicieux petit moment sur la « Poste » et son côté humain avant qu'elle ne devienne la froide et intéressée Banque postale qualifiée (enfin son agent) de « hyène prédatrice »!)
Tout ceci ressemble plus à une suite de billets ou d'éditoriaux qu'à un essai vraiment construit et argumenté. Vérification faite, il se trouve que
Christian Authier, après des études à
Sciences Po est journaliste à Toulouse.
Nous voilà page 100 sur 170, je craque un peu sous le nombre d'apparitions du passé et le sentiment fortement exprimé – pas forcément partagé par la sexagénaire que je suis – que « c'était mieux avant ».