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Martine Aubert (Traducteur)
EAN : 9782743651077
570 pages
Payot et Rivages (19/08/2020)
3.78/5   206 notes
Résumé :
Dans ce nouveau roman, Barbara Kingsolver interroge la place des femmes dans la famille et dans l'histoire à travers deux héroïnes : Willa Knox, journaliste indépendante qui doit aider son fils en pleine crise existentielle et Mary Treat, scientifique émérite largement oubliée malgré sa proximité intellectuelle avec Darwin. Ce qui lie les deux femmes : un charisme irrésistible, un intense besoin de liberté et... une maison.

D'une époque à l'autre, du... >Voir plus
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Quel plaisir de retrouver Barbara Kingsolver dans ce roman de l'automne 2020 !


Deux familles sont évoquées, à deux époques différentes , en 1870, alors que Darwin commence à proposer ses théories sur l'évolution , et de nos jours. le point commun entre ces deux époques est la maison qui abrite à 150 ans d'intervalle des individus regroupés sous le prétexte de former une famille.

En 1870, dans le New-Jersey, la petite ville de Landis, contrôlée par le fondateur homonyme , héberge Thatcher, un professeur de sciences contesté pour ses idées d'avant garde par sa hiérarchie attachée aux valeurs du créationisme. Peu soutenu par sa famille, sa femme, sa belle soeur et sa belle-mère , qu'il tente malgré tout de satisfaire dans leurs velléités futiles, alors que la maison présente des signes inquiétants de vétusté, il trouve le réconfort auprès de sa voisine, une vénérable lady qui échange une correspondance régulière avec Darwin.

De nos jours, la famille Knox, lui universitaire, elle journaliste (au chômage) se bat pour maintenir à flot une famille qui rompt avec l'image d'Epinal classique, alors que la maison menace de s'effondrer

D'une époque à l'autre, la lutte pour la survie se décline selon des prérequis différents, mais la démonstration est faite qu'il faut peu de choses pour que l'écroulement des certitudes menace la paix même des groupes. Quelque soit l'époque, la maison est la métaphore d'un monde qui s'effrite.

Les personnages sont de ceux qui deviennent immédiatement des amis que l'on se languit de retrouver lorsque la lecture doit s'interrompre. Et les 500 et quelques pages ne sont pas encore suffisamment nombreuses : c'est un crève coeur que de tourner la dernière.

L'état des lieux de notre monde du troisième millénaire peut engendrer la morosité, tant il semble bien que l'on ait franchi le point de non retour, et qu'il est clair que le modèle est caduque. Mais est-il nécessaire de recourir à la littérature pour s'en persuader ?
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Quel roman ! Bien construit, riche, magnifiquement écrit, un vrai plaisir ! Les chapitres pairs sont contemporains (2016). Un narrateur à la troisième personne nous présente Willa Knox et sa famille, dont la situation n'est pas vraiment brillante. le magazine dans lequel Willa travaillait a fait faillite, et l'université de Virginie où son mari, Iano, était professeur titulaire a fermé. Willa a hérité d'une maison à Vineland, dans le New Jersey, et Iano a trouvé un poste pour une durée d'un an près de là : déménagement, nouvelle vie, perte de revenus, etc. Willa, pour des raisons que je ne dévoilerai pas, doit s'occuper de son acariâtre beau-père, de ses deux enfants adultes (un garçon et une fille en galère financière) et d'un bébé. En parallèle, les chapitres impairs nous entrainent dans la deuxième moitié du XIXe siècle (1871). Là aussi, un narrateur à la troisième personne nous fait découvrir une famille : Thatcher Greenwood, jeune professeur de sciences naturelles, Rose, sa ravissante femme, beaucoup plus conformiste qu'il ne l'imaginait, son insupportable belle-mère Aurelia, et sa sympathique jeune belle-soeur Polly. le trait d'union entre les deux familles : la maison qu'elles habitent et qui, déjà, pose divers problèmes à Thatcher. le titre anglais du roman Unsheltered (Sans-abri) est encore plus explicite que l'ironique double sens du titre français…
***
À 150 ans de distance, les parallèles entre les familles, mais aussi entre les époques sont nombreux et volontairement accentués par l'auteur : le ou les derniers mots d'un chapitre deviennent le titre du chapitre suivant, soulignant ainsi l'indissociabilité des deux époques. C'est sur Willa, comme sur Thatcher, que repose le fragile équilibre de chacune des familles. Willa se révèle une sorte de mère courage qui porte tout sur ses épaules et qui aime profondément sa famille, même son redoutable et irascible beau-père, immigré grec raciste et réactionnaire, pétri d'admiration pour un homme politique en campagne que tout le monde reconnaîtra. Iano aide sa femme, mais avec une certaine désinvolture… Willa trouvera un peu de réconfort en voyant sa fille Tig (Antigone !), qu'elle croyait immature, s'accommoder du présent et en tirer tout le parti qu'il est possible. Quant à Thatcher, déçu par le mariage, il se ressourcera auprès de sa voisine, Mary Treat, dont il découvre rapidement qu'elle est une scientifique respectée par ses pairs, mais pas par ses concitoyens, et qu'elle entretient une correspondance suivie avec les plus brillants esprits de son temps, dont Darwin… Thatcher admire Mary et partage ses idées progressistes.
***
Dans chacune des époques, Barbara Kingsolver met en lumière une figure d'autocrate, à tout le moins de populiste. En 1861, Charles K. Landis (1833-1900) achète des terres pour y fonder une communauté où l'alcool est interdit. Il y attire des viticulteurs italiens (!) qui devront fabriquer du jus de raisins et non pas du vin… le directeur de l'école où enseigne Thatcher partage ses idées réactionnaires. En 2016, un politique « grande gueule », qui a prétendu qu'il serait élu même s'il tirait sur quelqu'un en pleine ville (je cite de mémoire), n'a finalement tiré sur personne mais a été élu président des Etats-Unis… Beaucoup des thèmes abordés permettent de constater la fin du rêve américain et la difficulté pour la classe moyenne de ce pays de garder espoir en l'avenir. Il y aurait tant de choses à dire sur les prises de positions féministes, écologistes, progressistes, humanistes qu'on trouve dans ce beau et riche roman… Tant de choses à dire aussi sur le style de l'auteur, modulé selon chacune des époques : une ironie mordante et des dialogues décapants dans la partie contemporaine, des sous-entendus feutrés et des conversations emplies de non-dits dans l'autre… Faites-vous votre idée : lisez-le, vous ne devriez pas être déçu !
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Deux époques, une même inquiétude quant à la pérennité de son habitation.
2016, Willa Knox espérait juste prévoir quelques travaux pour remettre en état la maison héritée de sa tante et dans laquelle elle a élu domicile suite à un changement de poste de son mari professeur en université et une perte de son emploi de journaliste. Mais le verdict de l'entrepreneur penche plutôt vers une démolition pure et simple.
1871, Thatcher Greenwood, jeune marié, rentre chez lui après une visite chez un constructeur. La maison construite par feu son beau-père montre un toit fatigué et des fissures multiples qui menacent fortement l'édifice.
Dans la cour, un hêtre et un chêne plantés par le beau-père de Thatcher traversent les siècles et contemplent les humains se confrontant à leur époque et faisant face aux aléas, aux évolutions, aux idées, aux injustices, à l'absurdité d'une société dont les êtres subissent bien souvent les mouvements.
Nous sommes à Vineland, petite ville du New Jersey créée en1861 par un certain Landis, autocrate aux idées utopistes prétendant établir une communauté parfaite. Alors qu'il fut un temps où la ville prospérait, celle-ci fait face en 2016 aux conséquences de l'endettement des foyers et présente de nombreuses maisons tristement décorées de panneaux de mises en vente. Puisque Barbara Kingsolver s'est arrêtée ici, profitons-en pour faire une ample et belle halte auprès de Willa et Thatcher.

Chez Willa, la vie contemporaine, qui s'exalte ou s'effraie devant les délires provocateurs d'un milliardaire candidat à la présidence, bat son plein. En bruit de fond dans sa maison ronronne le compresseur d'oxygène de son beau-père Nick, diabétique et infirme, qui donne l'occasion à l'auteure d'établir une sinistre mais réelle cartographie des droits à la santé américaine et surtout de son coût écrasant. Ce même personnage concentre aussi tout le côté conservateur poussé à l'extrême avec une tendance suprémaciste : « les hommes blancs riches sont censés mener le monde. »
Hormis son mari, vivent également sous son toit le bébé vagissant de son fils ainsi que sa fille de vingt-six ans, Tig, qui lutte contre le Tout Avoir et prône la sobriété. Sous ses dreadlocks bouillonne un sens des responsabilités hors du commun qui éveille en nous, instantanément, une forte estime pour ce tout petit personnage.

Dans sa maison bien féminine, Thatcher, professeur de biologie et physique, vit avec sa femme, sa belle-mère et sa belle-soeur bien plus aptes à discourir de robes et chapeaux que de science. Darwiniste convaincu, il est bridé par son employeur, le Professeur Cutler, hostile aux constatations scientifiques des chercheurs, fervent croyant et dont la Bible est la seule détentrice de la vérité à ses yeux. Les lois de la science se heurtent à l'étroitesse d'esprit de ce dernier.
La science est une révélation qui remet en question l'ordre établi, l'autorité en place, elle dérange. Pour fuir les idées corsetées de l'époque, il se sent davantage chez lui chez sa voisine, Mary Treat, au milieu des livres, dessins botaniques, plantes en pots et araignées bâtisseuses dans leurs bonbonnières. Son admiration pour cette femme est touchante dès qu'il s'aperçoit que c'est une extraordinaire femme de science qui correspond avec Charles Darwin et effectue des expériences sur des plantes carnivores et des tarentules.

L'auteure nous plonge avec passion dans la vie de ces deux ménages, prétexte à aborder l'opposition entre deux concepts, le conservatisme et le progressisme. La peur du changement, le renoncement aux croyances, le poids de la religion entravent les découvertes évidentes sur les origines et l'évolution des espèces. La rationalité ne fait pas la loi en 1871.
De nos jours, la course aux profits qui semble l'unique moyen de vivre laisse sur la route certaines catégories de personnes et épuise les ressources naturelles. N'y aurait-il pas une nouvelle route à prendre ? Mais l'attitude responsable vis-à-vis de la planète est loin de faire autorité en 2016.
Ces convictions, à plus d'un siècle d'intervalle, sont à contre-courant du monde dans lequel évoluent ces familles.
Certains et certaines symbolisent la soif de changement, la remise en question de la chose établie. D'autres se complaisent dans l'immobilisme, retranchés dans leur égoïsme, trop soucieux de préserver leur souveraineté et leur puissance.

Basculant régulièrement d'une époque à l'autre, l'auteure mène son sujet, ou plutôt une pluralité de sujets, lentement, tout en s'immisçant dans chaque foyer et ainsi nous faisant partager intimement leurs quotidiens respectifs. Avec Willa qui effectue des recherches dans l'idée de bénéficier d'une subvention pour réhabiliter sa maison, elle établit un pont entre les deux familles, les deux époques.
Sans prendre réellement parti, l'auteure expose les comportements, les pensées, les certitudes.
Passionnée moi-même de biologie, je me suis sentie en famille auprès de Mary Treat et de Thatcher Greenwood, en communion, lors des moments de complicité dans leurs recherches sur la faune et la flore. D'autre part, ma curiosité a été piquée à l'idée de partager le quotidien d'une famille américaine de notre siècle. Ce fut donc une lecture enrichissante, passionnante, et qui me conforte dans l'envie de découvrir tous les autres titres de cette fabuleuse auteure américaine.
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Deux familles, deux époques, un même lieu : Vineland dans le New Jersey.

Dans la première histoire, nous sommes aux prémisses de l'arrivée de Trump au pouvoir. Obama est là, et il a mis en place l'Obamacare. Mais les primaires du côté républicain laissent présager de la suite.
Willa, la véritable héroïne de cette histoire, est une femme de classe moyenne, qui voit les difficultés financières s'amonceler.
Elle est doté d'un mari – Iano, un très bel homme d'origine grec – d'un beau-père, malade, mais qui n'a pas sa langue dans sa poche, et de deux enfants aussi dissemblables que possible : Zeke, le garçon, l'aîné, emprunte beaucoup d'argent pour suivre des études prestigieuses. Il vise le secteur des finances, où il pourrait créer sa Start up afin de reconvertir l'argent de puissants investisseurs vers des microcrédits pour des créateurs d'entreprise en panne de budget, un peu partout sur la planète. Rien à voir avec Tig la rebelle, sorte de « Greta Thunberg » avant l'heure, qui a une vision très précise de la catastrophe climatique à venir, et qui a adapté son mode de vie en conséquence.

Dans l'autre moitié du roman, on suit les aventures de Thatcher Greenwood, un professeur de sciences dans la ville de Vineland en 1871, farouche partisan de Darwin et de la théorie de l'évolution. Malheureusement pour lui, dans cette ville de Vineland, totalement acquise à son bienfaiteur, le fameux Landis, il subit les foudres du Directeur du collège où il enseigne, complètement rétif à toute idée de révolution, contre laquelle il oppose la bible et ses récits.

A 150 ans d'écart, Thatcher et Willa habitent la même ville. Et peut-être même la même maison. C'est du moins ce que va découvrir Willa en faisant des recherches, avec un espoir très mince de trouver une qualité historique à son habitation, ce qui pourrait peut-être l'aider à payer des travaux faramineux nécessaires pour rendre la maison habitable.

L'histoire démarre sur les chapeaux de roue : on y voit Willa, devenue depuis peu grand-mère puisque Zeke vient d'avoir un bébé, se préparer à aller voir son petit-fils du côté de Boston, avec pour trophée un berceau qui a vu naître toute la famille. Mais Willa reçoit un coup de fil stupéfiant de Zeke, avant de se mettre en route. Il lui a apprend qu'un drame vient de se jouer : Hélène, sa compagne et mère de l'enfant, vient de se suicider.
Après un début aussi tonitruant, on aurait pu imaginer que le roman de 570 pages allait poursuivre sur ce rythme. Honnêtement il n'en est rien, et il faut avouer que dans le premier tiers l'écrivaine Barbara Kingsolver est à la peine, pour nous décrire d'une part les turpitudes de Willa, ancienne journaliste aujourd'hui au chômage, récupérant un bébé et un beau-père épuisant – il est un fervent supporter républicain, contrairement à l'ensemble de la famille – et se débattant dans des soucis financiers de plus en plus nombreux.

De l'autre côté Thatcher n'est pas plus à la fête : tout juste marié à la belle Rose, il doit subir à la maison la présence de sa belle-mère, qui trouve que sa fille n'a pas fait le bon choix en termes de mari, et sa jeune belle-soeur qui doit apprendre les bonnes moeurs pour la société de Vineland. La seule échappatoire dans sa vie consiste à s'échapper pour rendre visite à sa voisine, une éminente scientifique méconnue, Mary Treat, qui correspond très régulièrement avec Charles Darwin lui-même. Mais malgré l'amitié qui va bientôt les lier, Thatcher va devoir affronter son redoutable directeur dans une sorte de joute verbale, pour savoir qui, de Dieu ou de Darwin, peut expliquer l'origine de la création.

Willa habite-t-elle la maison de Mary Treat ? ou bien de Thatcher Greenwood ? A l'aide d'un historien en herbe elle va tomber sur un trésor : la correspondance de Mary Treat rangée dans une boite à chaussures et tous les espoirs sont alors permis pour Willa.


L'intérêt de Des vies à découvert dont le titre n'est pas très bon – je lui aurais préféré « le Rasoir d'Occam », qui aurait mieux correspondu à ce qu'elle évoque – est de montrer le parallèle entre deux époques que tout oppose apparemment.
Dans cette même ville du New jersey, l'autrice fustige l'obscurantisme déjà bien présent, et qui même progresse : du côté de Thatcher, un journaliste indépendant tente de porter le fer contre la légende que le fameux Landis tente d'imposer à tous les habitants, mais le journaliste, ami de Thatcher, va être tué d'une balle tirée dans son propre journal.
Du côté de Willa, le beau-père incarne très bien la figure de l'électeur de Trump : raciste, sexiste, pensant que tous ces maux proviennent de l'Establishment de la Maison Blanche, il n'écoute que les médias qui vont dans son sens – une forme d'obscurantisme règne aussi parmi ce type de gens. Et il y aura des pages très comiques lorsque Willa et Tig tenteront de l'inscrire à l'Obamacare, pour payer ses frais d'hospitalisation de plus en plus couteux, mais sans lui en dire un mot pour ne pas déclencher sa foudre légendaire.

On voit donc bien le point de vue de l'autrice se faire jour, épousant sans doute le propos de la jeune Tig, revenue de Cuba, et donnant des leçons à tout le monde et à sa mère en particulier sur la nécessaire prise de conscience que notre logiciel de pensée est dépassé.

Au final Tig de 2020 rejoint Mary Treat de 1870 : toutes les deux tiennent bon contre vents et marées, en avance sur nos consciences qui sont lentes à comprendre ce que nous dit la nature.

On rejoint là l'un des thèmes favoris de l'autrice de « Un été prodigue » ou de « Dans la lumière » avec ces personnages qui, à l'écoute de la nature, comprennent parfois beaucoup mieux que beaucoup de spécialistes ce qui est en train de se passer.

Un très bon roman donc, surtout dans la deuxième moitié, avec ce personnage de Willa que j'ai trouvé très attachante, prise dans les contradictions de toute mère de famille, coincée avec un bébé qu'elle n'avait jamais imaginée devoir garder et un beau-père impossible à vivre, et deux enfants complètement opposés mais résumant bien à eux seuls l'Amérique d'aujourd'hui : des Etats-Unis où des communautés s'opposent les uns aux autres, annonçant avec intuition et pertinence l'avènement de l'ère Trump.

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Quand Willa emménage à Vineland en 2016, dans la maison héritée de sa tante, elle est légèrement déprimée, avalant des anxiolitiques périmés pour tenir le coup. Son mari Iano a perdu son emploi, ratant encore une fois, comme depuis des décennies, la titularisation qui aurait assuré à la famille la sécurité de l'emploi, l'habitation et des revenus réguliers. Ils ont tous deux la cinquantaine et espéraient pouvoir se fixer dans une région, dans une maison confortable. La mère de Willa est morte quelques semaines auparavant.

Leur chance est le nouvel emploi de Iano, dans une université, proche de cette maison. Avec eux, Tig, leur fille qui n'a ni emploi, ni les moyens de se loger et Nick le père de Iano, diabétique, en insuffisance respiratoire, bref, en fin de vie et leur vieux chien Dixie.

Zeke, leur fils, les appelle de Boston pour les prévenir que sa compagne s'est suicidée, le laissant avec leur bébé de quelques mois. Zeke et le bébé viennent vivre à Vineland.

2016, l'année où Trump séduit une partie de la population américaine. Obama est toujours Président et a mis en place l'obamacare, qui sera bien utile à Nick.

Nick, grec venu aux Etats-Unis pour travailler, ne supporte pas l'idée, maintenant qu'il est âgé et malade, de dépendre des aides sociales. Il insulte à tout va, se mettant souvent en difficultés et Willa en fait les frais puisqu'elle s'occupe de lui.

Diamétralement opposés, Zeke et Tig ne s'entendent pas et ce depuis toujours. Zeke travaille dans l'investissement, il repart à Boston sans son bébé, Tig a vécu quelques années à Cuba. C'est grâce à elle que la famille va survivre en attendant des jours meilleurs. Elle vend, troque, échange, installe un potager, apprend à sa mère à se débrouiller avec pas grand chose. Elle trouve un poste de serveuse et se fait des amis rapidement.

Willa a bien du mal à renier ses rêves, son destin, et elle va devoir se remettre en question, vivre autrement, s'adapter aux difficultés actuelles de la société et de sa famille.

L'hiver s'installe dans cette région que Willa n'apprécie pas, il pleut et neige dans la maison et la famille doit vivre et dormir dans une seule pièce.

Willa va enquêter, à la recherche d'une preuve qu'une biologiste célèbre aurait habité dans cette maison ce qui pourrait débloquer une subvention pour la rénovation. Cette maison est tout ce qu'ils ont.

Dans une autre époque, en 1871, Thatcher emménage dans la maison de Vineland, avec son épouse, sa belle-mère et sa belle-soeur. Si la propriété appartient à la famille de son épouse, son salaire de professeur de sciences assure le confort et le train de vie de ces dames. La maison est dans un état de délabrement avancé. Pour échapper à cette ambiance pesante, que ce soit chez lui ou au travail avec son supérieur, il passe tout son temps libre avec sa voisine, Mary, biologiste, scientifique encore méconnue qui entretient une correspondance avec Darwin. La situation de Thatcher va se dégrader, ne répondant pas à la servilité attendue dans son travail, à la richesse dans son foyer. le meurtre de son ami journaliste va précipiter les choses.

Le personnage central de cette histoire est la maison. Insalubre, délabrée, vouée à la démolition, elle rend la vie de ses habitants compliquée. Elle a la particularité, depuis toujours, de voir ses plafonds s'effondrer, d'élargir ses fissures. Tout est de travers, les murs, les cheminées.

Il y a autre chose qui relie les deux histoires : les derniers mots d'un chapitre sont le titre du chapitre suivant.

Lire les romans de cette auteure me donne toujours un sentiment de bien être.

Pour retarder la fin, j'ai relu des passages, surtout les échanges entre Willa et sa fille Tig. Devoir transformer un destin qu'on croyait tracé, s'adapter encore et toujours et lâcher prise pour espérer vivre mieux. de sublimes portraits de femmes, une écriture incisive, drôle, sensible, ironique, j'ai adoré cette lecture.
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critiques presse (1)
LaCroix
21 août 2020
Dans « Des vies à découvert », la romancière américaine Barbara Kingsolver interroge la capacité des hommes à faire face aux bouleversements du quotidien et aux incertitudes de leur époque. Entre politique et romanesque, elle dresse un portrait des États-Unis sans concession.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (81) Voir plus Ajouter une citation
- Qui ?
- Mary Treat. Je ne promets rien mais je sais qu’elle habitait sur Plum, au début. Avant d’emménager dans sa propre maison sur Park. J’ai en tête que c’était dans cette portion de rue entre Sixth et Seventh, juste après Prum Hall.
- Mary Treat ?
- La savante. Je vous ai parlé d’elle.
Willa se creusa la tête et quelques mots lui revinrent à l’esprit : Landis, Susan B. Anthony, et le type du jus de raison. « Redites-moi ça
- Une femme de science et une écrivaine, très connue à son époque. L’un des plus fervents soutiens américains à Darwin et à la théorie de l’évolution à la fin du dix-neuvième siècle
- Oui, vous l’avez en effet mentionnée. Elle entretenait une correspondance avec Darwin. Etes-vous en train de me dire qu’elle vivant dans ma maison ?
- Je dis qu’il est possible qu’elle ait vécu dans votre maison. Je suis sûr que nous pouvons déterminer son adresse exacte car nous avons tous ses papiers. Elle est morte sans héritier, il nous a donc été fait donation de tout ce qu’elle possédait.
- Si vous aviez tout, fit remarquer Willa, vous auriez des lettres de Charles Darwin.
- Oh, bien sûr. Voulez-vous les voir ?
Willa resta estomaquée tandis que Christopher Hawk disparaissait dans les hauteurs des arcanes de Vineland. Moins de cinq minutes plus tard, il était de retour avec un carton. Il s’assit à la longue table et en sortit une chemise en papier kraft format légal dont l’étiquette imprimée en caractères minuscules disait : »Lettres de Darwin à Mary Treat » Willa prit place à côté de lui et ouvrit la chemise.
« Pu …tain »
La vue de l’écriture de Darwin lui donna des frissons. Cette lettre n’était pas une copie.
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- Aucun endroit n’est parfait. Ne sois pas si susceptible
- Eh bien, ça a été une sacrée semaine, Tig. Je viens d’apprendre que notre maison est programmée pour la démolition
- Maman. Le permafrost est en train de fondre. Des millions d’hectares
Willa essaya de trouver un lien. « Et je m’inquiète seulement pour ma maison. C’est là que tu veux en venir ? »
Tig secoua la tête. « Ca fait tellement, tellement peur. Des incendies et de la pluie, voilà ce qui nous attend, maman. Des tempêtes qu’on ne pourra pas contrôler, des tas de gens sans abri, mais sans nulle part où aller. Les villes englouties sous l’eau et après ? On ne peut plus aller aux abris quand il n’y a plus d’abri.
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Le héron arpentait à présent les berges du ruisseau très près de l’endroit où ils étaient assis. Thatcher et Mary le regardaient serpenter parmi les hauts roseaux à l’affût de sa proie. Regardaient couler le ruisseau rouge, le sang de la forêt dissolvant la terre.
« Je suppose que c’est dans notre nature, dit-elle finalement. Quand les hommes craignent de perdre ce qu’ils connaissent, ils suivraient n’importe quel tyran qui leur promet de restaurer l’ordre ancien.
- Si telle est notre nature, alors la nature est pure folie. Les temps que nous vivons sont les plus dangereux que nous ayons jamais connus."
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Elle regarda Dusty, toujours complètement éveillé, et se demanda à quel stade de sa fonction de tutrice elle devrait se priver d’expressions comme « l’avoir dans le c.. ». La question s’était déjà posée à elle, quand Zeke et Tig étaient petits. Mais ses frustrations étaient tellement moins grandes à l’époque.
- Et si Tig avait raison ? demanda-t-elle
- Que le problème est vraiment celui d’un monde à court de ce dont nous avons besoin. Que le capitalisme ne peut survivre que de l’expansion permanente mais que le puits finira par s’assécher.
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Willa allait devoir doser son effort pour venir à bout de cette journée. Nick était ans doute insupportable à lui-même. Il n'était sûrement pas facile d'avoir en tête toutes ces rancunes individuelles contre tant d'objets, personnes, doctrines disparates. Il serait sûrement plus simple d'avoir une théorie de haine unificatrice qui couvrirait tous les sujets d'un seul coup.
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« On m'appelle Demon Copperhead » de Barbara Kingsolver lu par Benjamin Jungers
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