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EAN : 9782357070868
201 pages
LA FOSSE AUX OURS EDITIONS (03/03/2016)
4.33/5   6 notes
Résumé :
"Les îles, ce sont des tableaux, des arbres, un simple square, des coins où la beauté à trouvé un refuge, mais aussi un interstice, quelques minutes secrètes dans la journée écrasante, des secondes précieuses, un trésor."
Lodoli nous entraîne dans des déambulations à travers Rome où s'enchaînent les saisons et des "îles" qui sont autant d'instantanés sur sa ville. On fait halte, on vogue, on se perd, on est enchanté.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre étant épuisé, je l'ai donc lu en VO.
Je poste donc ma critique sur la version française et sa version italienne.
Version italienne sur laquelle j'ai d'ailleurs posté les citations

Pour faire la liaison entre les deux ouvrages de Lodoli, à défaut de pont entre les îles, partons d'une île romaine microscopique, leur centre du monde 
"Nous aussi, Romains, nous avons notre petite idée sur la question, même si on a un peu honte d'en parler, tellement la chose paraît prosaïque et futile. On sait tous que le centre du monde n'est pas l'autel De Saint Pierre, ou la stèle impériale du Colisée, encore moins l'obélisque de piazza del Popolo ou bien l'eau universelle de la fontaine des Quatre-Fleuves à piazza Navona. C'est beaucoup moins que cela, deux fois rien en apparence, aucun chercheur en cosmologie ne s'est penché sur ce que nous savons être le nombril du monde, alors nous nous taisons, mais il suffit d'un regard pour se comprendre. Nous, Romains, nous n'avons jamais douté du point précis où Dieu a planté l'extrémité de son compas pour créer le monde. Courage, nous n'avons pas à en rougir. Eh bien, ce point, c'était la petite plate-forme ronde de ciment sur laquelle montait l'agent de police, le pizzarclone, pour régler la circulation sur piazza Venezia. L'homme en uniforme, symbole dérisoire de l'autorité, entamait son étrange gesticulation perché sur son plot, essayait de mettre un semblant d'ordre au tohu-bohu et se récoltait en retour les injures et la grogne. "

À l'issue de son premier volume, après ces 133 îlots de beauté et de poésie romaines, on aurait pu croire que Marco Lodoli avait fait le tour la Ville Éternelle. 
Mais il confirme que la ville offre plus à celui qui est en mesure de fouiller les détails, donne tant à celui capable de de s'esquiver, livre plus de secrets à celui qui sort de la foule, se dévoile à celui qui emprunte des chemins de traverse, gratifie celui qui vagabonde au hasard, concède ses mystères à celui qui musarde.... 

Alors Marco Lodoli, intarissable et curieux, cette fois nous emmène à la découverte de nouvelles îles au fil des saisons...faisant fi du temps.  

Ce temps qui se contracte et se dilate, qui a la capacité de se cristalliser en un instant et de s'étirer vers l'éternité, c'est un éclair et un ciel sans fond. Et si nous voulons sentir l'interaction de cette multiplicité d'intervalles étonnamment imbriqués les uns dans les autres, fugaces et denses, il n'y a qu'un endroit pour cela : Rome et ses errances... 
Par les insignifiants charmes urbains. Il faut savoir y retenir le temps et apprendre à se dépoussiérer le regard pour en éprouver l'instant profond.
Comment croire que l'on peut voir dans la vitrine d'un magasin une dizaine de mètres du mur Servien - une enceinte défensive élevée à partir du VIᵉ siècle av. J.-C. autour des sept collines de Rome pour protéger la ville antique ? 

Comment trouver la Porte Magique, témoignage ancien d'une Rome des mythes et des mystères ?
Porte énigmatique, qui ne mène nulle part, reste d'une villa où séjourna un médecin alchimiste, qui disparu laissant derrière lui des traces d'or pur et d'obscurs manuscrits contenant de nombreux symboles et formules alchimique. Convaincu que les écrits mystérieux contiennent le secret de la pierre philosophale, le propriétaire fit graver la "recette" magique sur la "Porte alchimique", également appelée "Porte du ciel" et "Porte hermétique" : des symboles planétaires, chacun associé à un métal, des pyramides, des cercles, des inscriptions en latin et en hébreu et une étoile à six branches, le sceau de Salomon.
Cette porte attend toujours qu'on la déchiffre.... Avis aux amateurs

Comment trouver l'arbre des merveilles ? 
"Cette fois, j'aimerais vous accompagner tous pour admirer l'un des spectacles naturels les plus étonnants que l'on puisse rencontrer dans le monde. J'aimerais vraiment être là pour retrouver mon émerveillement dans vos yeux, pour écouter vos commentaires étonnés, pour profiter de votre émerveillement devant un arbre sans pareil. Nous sommes dans le jardin de l'Université pontificale Saint-Thomas d'Aquin, plus connue sous le nom d'Angelicum, au sommet de la colline du Grillo. C'est un endroit extraordinairement serein, plein d'arbres fruitiers et de silence, à des années-lumière de l'agitation de la ville. Les étudiants en théologie s'y promènent pendant leurs pauses, et le jeune Karol Wojtyla avait l'habitude de venir s'y reposer, bien des années avant qu'il ne devienne pape.

À l'entrée, à droite d'une statue de saint Joseph, se trouve un grand olivier, jeune et vigoureux. Mais soudain, on se rend compte que l'arbre a quelque chose d'étrange, quelque chose de plus : des branches de figuier partent du tronc. Et ce n'est pas tout, il y a aussi des branches de palmier et une frondaison de laurier. Quatre arbres en un, comme par miracle !
Qui sait, ce sont peut-être les oiseaux, ce sont peut-être les vents qui ont déposé des graines étrangères dans cet olivier, ce sont peut-être la pluie, le soleil et la chance qui les ont fait si bien pousser, toujours est-il que quatre mondes végétaux se tiennent compagnie, se nourrissant du même tronc. L'olivier méditerranéen dialogue avec le palmier oriental, la sensualité  du figuier se mêle à la spiritualité du laurier, et tout bourgeonne et se développe sous la lumière du printemps romain.C'est l'arbre des merveilles, un résumé, un condensé, un concentré botanique de lieux et d'histoires lointaines, la synthèse verdoyante de nombreuses pensées et sentiments. Il est impossible de ne pas se laisser séduire par une telle beauté. Il est difficile de partir, on a envie de s'asseoir sous cet arbre protéiforme pour recevoir une leçon d'harmonie et contenir en paix nos contradictions infinies et vitales."

" Rome est une ville qui ne fait jamais table rase: les époques, les siècles, les années, les jours s'accumulent. Possible qu'aucune minute enfuie ne se perde entièrement. de fait, nous avons la Rome antique et médiévale, le XVle siècle et la Renaissance, le XVIIe siècle et le Baroque, la Rome papale et umbertienne, la Rome fasciste et l'après-guerre, le boom économique, suivi des années de plomb, les années fric et le nouveau millénaire, hier et aujourd'hui : le minutieux catalogue a tout répertorié, le marbre et les feuilles jaunies font pareillement partie de la mémoire de la ville"

Comment, il réussit à se mettre à la place de Santa Margherita peinte par Guerchin, que personne ne voit car comme elle le dit si bien :  « Proprio accanto al Mosè di Michelangelo mi tocca stare, guarda te che sfortuna…» (Juste à côté du Moïse de Michel-Ange, me voilà coincée, regardez ma malchance...)

Comment comprendre, dans l'église San Marcello al corso, ces tombes superposées, de l'oncle cardinal et son évêque de neveu, soutenues par des livres empilés. Là où nous emportons nos livres dans sur notre île déserte, l'évêque les emmènent de vie à trépas, vers une île éternelle,.... 
L' auteur de nous guider dans « la reine des catacombes », pour y découvrir la plus ancienne représentation de la Vierge à l'Enfant, une fresque du début du Ille siècle. Elle n'a pas la grâce des madones de Raphaël ou de Bellini, mais elle est la première, et c'est assez pour nous surprendre. 

Alors après ces multiples vagabondages je vais suivre le conseil de l'auteur, non sans l'avoir remercier pour avoir partagé ses trésors, ces angles morts ou perdus, ces vedute littéraires : 
Finalement on se dit que c'est ça, Rome, une mosaïque de fragments disparates qu'il semble impossible de faire coïncider: pourtant, il suffit d'une rue pour raccommoder ce patchwork en un paysage cohérent, il suffit d'un quart d'heure dans le sens contraire du vent, pour que l'on trouve un endroit magique, paisible, d'une quiétude inespérée au milieu du vacarme que peut représenter une capitale, un simple détour, un minuscule pas de côté, un détour fortuit, un regard qui s'élève et l'on bascule sur une île insoupçonnée.... 

"Le meilleur point pour se laisser glisser dans cette paisible inertie est sans conteste le petit bar sous l'étroit portique; on peut s'asseoir à l'une des quatre tables et ouvrir un livre de poésie. La nuit qui descend estompera lentement les quelques phrases que nous sommes en train de parcourir, tandis que l'alcool d'un Campari soda brouillera les mots qui continuent à flotter dans notre tête. Fermons tranquillement le livre, étirons les jambes et restons là sans plus penser à rien. Un chien traverse la place, un enfant joue avec l'eau de la fontaine, et l'on est bien."

Et songer à cette magnifique devise que l'on peut lire via Veneto: Roma lenta quia eterna. Et que nous pourrons ressortir chaque fois que quelqu'un nous reprochera notre indolence: Rome est lente parce qu'éternelle.... 
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Nouvelles îles : c'est en effet la suite des chroniques de Marco Lodoli dans La Repubblica , décrivant comme des îles des petits morceaux de Rome.
Il y a moins de petites statues ignorées et d'escaliers cachés que dans le premier volume de ce « Guide vagabond de Rome ». Il s'agit plus souvent de rappeler l'origine d'objets ou de d'endroits connus : la statue de l'épouse de Garibaldi sur le Janicule, la première école de Maria Montessori, la statue équestre de Marc Aurèle... Il y a surtout des évocations d'écrivains ou de peintres oubliés, et plus encore de l'ambiance de certains coins de ville : une plaque posée par un inconnu, disant qu'il s'est perdu, un arbre, quelques artisans (qui en savent plus sur la réalité de la vie économique que les experts du sujet)...
Tout semble prétexte à Lodoli pour nous donner son humeur du jour : l'effet de la chaleur, le vague à l'âme devant la vue sur la ville, une bibliothèque, une inscription en latin... le résultat est parfois simple : un peu écolo, un peu regrettant les effets du néolibéralisme, beaucoup nostalgique, mais sans rien en lui qui pèse ou qui pose. Il est tout de même très riche d'information sur des points d'histoire, et sur tout ce qui fait le fond culturel du romain instruit d'aujourd'hui.
Comme la langue de Lodoli et la traduction de Louise Boudonnat sont toujours aussi précises et poétiques, ce volume aussi est absolument indispensable pour se mettre dans l'ambiance avant un séjour à Rome, ou pour en rêver.
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Autre balade en bonne compagnie dans les petits et grand secrets de Rome ;Lors d'un récent séjour nous avons pu en tester l'intérêt . Et c'est aussi une façon d'être attentif aux détails alors que tant d'écrasantes splendeurs saturent nos regards.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
..., les Romains peuvent remercier les émigrants italiens partis des décennies plus tôt : en 1911, ils ont voulu eux aussi célébrer l'unité nationale, ils ont fait don à la ville du phare qui se découpe bien haut sur l'esplanade du Janicule.
Rome est loin de la mer, mais elle possède son phare qui certains jours de fête jette un flot de lumières tricolores : blanc-rouge-vert. Les Italiens d'Argentine confièrent la construction du phare à Manfredo Manfredi, l'architecte qui réalisa également le tombeau de Victor Emmanuel II au Panthéon , avant d'entamer la périlleuse réalisation de l'Autel de la Patrie qui domine le centre-ville.
Une colonne de vingt mètres de haut, par dix de diamètre, supporte une lanterne sur un socle d'inspiration classique. À la Belle Époque et un peu après, le monument était très en vogue, et le peuple de Rome pour railler le passant se promenant en habit du dimanche, lui lançait : "On voit qu' toi ! T'as tout l'air du phare du Janicule !"
Les couples en voiture en quête d'intimité viennent se garer le long du belvédère, possible que le phare attise les désirs de rivages lointains, la joie d'une maison à l'autre bout du monde. Et peut-être aussi que durant certaines nuits fantastiques, quand le phare est allumé, des Italiens de Buenos Aires nous aperçoivent dans leur rêverie et nous font signe de la main. p 39-40
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Les îles, ce sont des tableaux, des arbres, un simple square, des coins où la beauté à trouvé un refuge, mais aussi des interstices, quelques minutes secrètes dans la journée écrasante, des secondes précieuses, un trésor.
Notre époque urbaine aime fatalement la nuit, à onze heures du soir les ados se préparent pour sortir, on fixe un rendez-vous à deux heures du matin, voire trois, voire plus, à un moment où les aiguilles ont dégringolé du cadran. Mais moi je crois que Rome donne ce qu'elle a de meilleur à l'aube. p 7
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Pour les habitants de Nemi, Caligula semble pourtant avoir toujours été un type fréquentable : il le considèrent comme un gars du pays, un bonhomme qui comme eux devait apprécier le vin et les fraises, grande spécialité de la région. S'imaginant sans doute que Caligula n'était pas pire qu'un autre, ils installé un petit buste du monstre sur leur jolie placette, la mine toutefois pénétrée de gravitas et de dignitas antiques.
Page 95
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Bernin, pourtant, se vengea : il tourna la croupe de l'animal en direction du couvent des dominicains. L'éléphant, la queue balancée sur le côté, enverrait d'endiablées flatulences au père Paglia qui aurait ad vitam aeternam ce derrière sous le nez.
Page 125
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C'est ça, Rome, une mosaïque de fragments disparates qu'il semble impossible de faire coïncider : pourtant, il suffit d'une rue pour raccommoder ce patchwork en un paysage cohérent, il suffit d'un quart d'heure dans le sens contraire du vent.
Page 47
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Videos de Marco Lodoli (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marco Lodoli
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C'est un plaisir rare de voir réunis à Paris ces deux grands écrivains romains. Deux auteurs de la même génération, frères de canapé devant les matchs de la Lazio, qui ont traversé un pan de la littérature italienne moderne en y semant nombre de pépites. À l'image de leurs derniers romans respectifs. La plume rêveuse de Marco Lodoli – à qui l'on doit Les Prétendants ou Îles : guide vagabond de Rome – dessine, dans Les Prières, une trilogie romaine sobre et poétique qui s'attache à des gens sinon ordinaires, en tout cas “de peu”. L'aventure, chez Emanuele Trevi, est une histoire d'amitié. Avec Deux Vies, (prix Strega 2021) celles de ses inséparables amis Pia Pera et Rocco Carbone, écrivains disparus prématurément, l'auteur déjà primé pour Quelque chose d'écrit et le Peuple de bois tire un beau, profond, complexe et, finalement, si vivant portrait. Et plus encore.
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