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Jean Thibaudeau (Autre)
EAN : 9782020043816
140 pages
Seuil (01/04/1976)
3.61/5   154 notes
Résumé :
"L'un des convives amena vers lui les cartes éparses, débarrassant ainsi une bonne partie de la table ; mais il ne les rassembla pas en un seul paquet ni ne les battit ; il prit une carte, et la posa devant lui. Nous nôtames tous la ressemblance de son visage avec celui de la figure peinte : il nous parut qu'avec cette carte il voulait dire "je" et qu'il s'apprêtait à nous raconter son histoire."

Pour Italo Calvino, la contrainte est créatrice. Voici... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Un tirage moyen

Inspiré par ses traductions de Roland furieux et sa fréquentation de l'Oulipo, Calvino se laisse mener par le bout des tarots pour mettre cartes sur tables les récits de deux recueils, le château et La taverne (des destins croisés), composés à partir des tirages de deux jeux différents, un rare, l'autre plus commun (Tarot de Marseille).

J'avoue que je ne me suis pas vraiment intéressé aux arcanes de la mécanique du hasard, et si les historiettes sont tressées avec élégance et intelligence, elles ne m'ont pas plus passionné.
Tout ça pour ça ?

Dans son introduction de 1973, Calvino, explique publier La Taverne pour se libérer du jeu littéraire dans lequel il s'est embringué et auquel il échoue à trouver l'issue parfaite...
Il dit aussi avoir eu pour projet de joindre aux Château et Taverne un Motel (des destins croisés), et reconnaît : « Je ne suis pas allé plus loin que la formulation de l'idée telle que je viens de l'exposer. Il était temps de passer à autre chose. »

Je suis allé au bout du diptyque, je lui donne cependant raison : oui il était temps de passer à autre chose !

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L'écriture de ce livre ne fut pas facile pour Italo Calvino. Une écriture qui prend et bas la mesure de la grande iconographie universelle. Toutes les cartes sont là. Sur la table du château : « un jeu de tarots peints par Bonifacio Bembo pour les ducs de Milan vers le milieu du XVe siècle », sur la table de la taverne un jeu de tarots dit de Marseille de Nicolas Conver imprimé en 1761. Bientôt : entre les mains de chacun.
La combinaison de soi, de l'autre, et du nombre.
Les arcanes du monde à la table d'un homme. «  une iconographie imaginaire ». La narration combinatoire.
C'est une grandiose entreprise, un immense échafaudage, un montage, un démontage, un remontage des images. Car l'ordre des images contient le secret de chacun.
Les cartes se présentent et nous les disposons. Par quel chemin nous revient cette communauté d'images anciennes? Ces images que nous partageons, auxquelles nous ne cessons pas de vouloir donner un sens particulier et qui pourtant nous sont éternellement perpendiculairement, parallèlement, communes.
Italo Calvino tente, propose, échafaude sa théorie. Est il possible que toutes les histoires humaines se croisent et s'entrecroisent continuellement ? Une grande cruci-verbie de toutes nos vies à travers le temps.
Quels moyens reste-t- il à l'homme pour exprimer aux autres et ainsi pouvoir soi même comprendre les chemins de son destin, si ce n'est le jeu des cartes qu'il se doit de saisir entre ses mains? Composer un ordre serait ce tenter de trouver le sens ?
Italo Calvini cherche, explore, s'interroge, élabore. C'est comme s'il avait tenté de trouver l' « intelligence du récit ».
Multivers humains exponentiels qui ressemblent à l'odyssée d'un univers commun.
Chacun se presse d'écrire son histoire, saisit ses cartes, prestement, frénétiquement, quite à les dérober à son voisin, et plus les histoires s'écrivent, plus les scenari se multiplient, plus le jeu remplit la surface de la table, plus se dessine le plan.
Toutes les images, toutes les cartes, s'articulent entre elles et semblent avoir inconsciemment définit le centre de leur jeu : un vide règne en leur centre.
Le vide semble être la clé de voûte de l'ensemble.
Un espace autour duquel gravite le mouvement incessant du vivant.
Théorie philosophique, vision taoïste, magnifique poésie.
Qu'on y adhère ou pas, la beauté de l'architecture établie par Maître Italo Calvino est en tout cas étonnante et mystérieusement jamais déroutante.
« Dans cette sphère aride part tout discours et tout poème ; et chaque voyage à travers forêts batailles trésors banquets alcôves nous ramène ici : au centre vide de tout horizon. »

Astrid Shriqui Garain

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Des destins qui se croisent au hasard (ou pas) d'un jeu de tarot posé sur la table d'une taverne.
Un roman absolument original et surprenant complètement quillé (les lecteurs du sud de la France comprendront) dont Italo Calvino a le secret.
J'aime cet absurde à rebours et cette littérature mise à l'épreuve de l'imagination sans limite de l'écrivain.
Une lecture plaisir qui est bien plus profonde que ce qu'elle paraît de prime abord.
Voilà un auteur dont je souhaite poursuivre la découverte à travers ses romans farfelus qui respirent le génie qui s'ignore.
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Le Château des destins croisés 


Tout choix a un revers, c'est-à-dire un renoncement », observe le narrateur de « le château des destins croisés », un roman tardif d'Italo Calvino. Si cet homme a raison — et il semble sage, s'il est souvent parcouru d'étranges turbulences —, alors nous lui infligeons constamment une violence de nature métaphysique. Nous passons nos vies à étouffer les possibilités et à poignarder les alternatives, sabrant le tissu de la réalité elle-même. de métier, nous dit le narrateur, il est écrivain de fiction ; il comprend ce que signifie imposer sa volonté. On l'imagine en train de tuer des versions médiocres de ses personnages, jonchant les fourches de son récit de cadavres. Son énergie décalée, que partage le roman lui-même, est-ce un frisson de réticence ou un frisson de plaisir ?

Le Calvino du Château des destins croisés  est familier, le réalisme magique avec une approche ludique de la relation auteur-narrateur-lecteur. Mais le livre capture également l'une de ses qualités les plus épineuses : son aura de danger. Il aime ouvrir les choses, souvent de manière inconfortable; le Château des destins croisés  rassemble des personnages qui ne peuvent communiquer que par le biais de cartes de tarot et se termine lorsque le jeu se disperse, ainsi que leurs identités. C'est de la violence formelle, l'histoire s'envole comme une main agitée, mais un analogue corporel n'est jamais loin : un homme décrit avoir été démembré, comment « des lames tranchantes. . . l'ont mis en pièces. » Et pourtant, parce qu'une grande partie de la cruauté de Calvino est abstraite, elle semble exempte de malice, ce qui la rend d'autant plus magnétique. Avant même de se désintégrer, les personnages du Château des destins croisés sont soumis à d'étranges rigueurs structurelles : tirés de la forêt, dépouillés de leurs voix, coupés de leur passé. Lorsque la brutalité se produit au niveau de la forme, clignotant dans chaque choix (ou «renonciation»), elle peut faire apparaître à quel point le récit n'est pas seulement un acte de création mais - pour l'alternative invisible et non écrite - une condamnation à mort.

On lira Calvino dans une gare où l'on arrive un soir d'hiver, tel un voyageur égaré...
Lien : http://holophernes.over-blog..
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relecture, trente et quelques années après, de ce livre pour lequel j'avais un petit souvenir tendre, en attente de plaisir renoué, avec une légère déception au premier abord – impression de schématisme, de contrainte trop apparente.
Et puis retrouver, assez vite, le goût de ces jeux, de ce ton, ou plutôt les puisque la taverne et les tarots de Marseille correspondent à un autre univers, en contrepoint entre "le château" et les élégants tarots dessinés par Bonifacio Bembo pour les ducs de Milan, et les récits de la taverne des destins croisés d'après la version la plus commune des tarots de Marseille.
La maîtrise, le tableau rigoureux dessiné par les cartes pour le château, le foisonnement plus exubérant de la taverne et la réflexion sur l'écriture.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
La ville qu'il a bâtie est taillée à facettes comme un diamant ou comme l'As de Coupe, elle est aussi ajourée qu'une râpe à fromage par les fenêtres de ses gratte-ciel, verticalement parcourue d'ascenseurs en montée-descente, ceinturée très haut de périphériques, riche en parkings, creusée par une fourmilière lumineuse de voies souterraines, c'est une ville dont les flèches dominent les nuages et qui ensevelit les ailes sombres de ses miasmes dans les viscères du sol, où ils n'offusqueront pas la vue imprenable des grandes vitres ni l'éclat des structures chromées.
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J'ai beau secouer et presser, mon âme est un encrier sec. Quel "Diable" voudra la prendre en paiement et m'assurer la réussite de mon œuvre ?
Le "Diable" devrait être la carte que dans mon métier on rencontre le plus souvent : la matière première de l'écriture n'est-elle pas toute dans la remontée au jour de griffes velues, crocs canins, cornes caprines, violences interdites qui pataugent dans le noir ?
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Il est une façon coupable d'habiter la ville: accepter les conditions de la bête féroce en lui donnant à manger ses propres enfants. Il est une façon coupable d'habiter la
solitude ; se croire tranquille parce que la bête féroce est rendue inoffensive par une épine dans le pied. Le héros de l'histoire est celui qui dans la ville pointe la ance dans la gorge du dragon, et,dans la solitude,garde avec lui le lion au mieux de ses forces, l'acceptant comme gardien et génie domestique,mais sans se cacher sa nature sauvage.
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Qui descend dans l'abîme de la Mort et monte ensuite à l'Arbre de la Vie (...) arrive dans la Cité du Possible, d'où on contemple le Tout et où se décident les Choix.
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De cette sphère aride part tout discours et tout poème; et chaque voyage à travers forêts, batailles, trésors, banquets, alcôves nous ramène ici : au centre vide de tout horizon.
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Videos de Italo Calvino (56) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Italo Calvino
Toute sa vie, il a repoussé les limites du roman avec fantaisie et malice. Voici l'histoire d'Italo Calvino, l'un des plus grands écrivains italiens du XXe siècle, né il y a un siècle.
#italocalvino #litterature #cultureprime
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