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EAN : 9782070306459
416 pages
Gallimard (31/12/1999)
4.38/5   1688 notes
Résumé :
Admirable reporter à travers le monde Joseph Kessel nous prouve ici qu'il peut l'être ici à travers l'histoire. Il nous fait visiter un continent inconnu qui ne s'appelle pas l'Asie ou l'Océanie, mais l'Allemagne nationale-socialiste. Et ce récit fantastique, c'est l'histoire, absolument authentique, du Dr Kersten.
Le Docteur Kersten, de nationalité hollandaise, s'était spécialisé avant la guerre dans le massage médical. Il avait suivi des cours à Londres et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (208) Voir plus Ajouter une critique
4,38

sur 1688 notes
Du soldat inconnu au masseur méconnu.
Pas de flammèche éternelle mais un récit de Joseph Kessel qui mérite la postérité et qui m'a fait découvrir un épisode incroyable de la seconde guerre mondiale.
En résumé, le diable a mal au ventre. A défaut de Toprec ou de suppos à la menthe poivrée, Himmler, le suppôt d'Hitler, fait appel aux doigts experts du docteur Felix Kersten pour apaiser ses terribles crampes d'estomac et malaxer sa couenne de nazi. le pauvre chou, on ne s'en rendait pas compte mais c'était stressant le boulot de Chef de la Gestapo. Et son patron à la petite moustache qui n'était pas très sensible aux risques psychosociaux de ses collaborateurs zélés lui avait refilé le sale boulot. Indifférent à la douleur des autres, le Reichsführer en fureur ne supportait pas le moindre bobo. Ce n'était pas les remords qui rongeaient ses entrailles mais sa passion fanatique pour Hitler.
Le toubib finlandais d'apparence grassouillette, qui n'avait pas le profil du héros de guerre, avait hérité par sa mère d'un pouvoir de rebouteux et il affina sa technique en maîtrisant la science du massage tibétain (sans le look de gambas en tong) auprès du docteur Kô, qui n'était ni un prof de Kung Fu ni le méchant d'un film de James Bond adepte de supplices chinois, mais un maître absolu dans l'art d'apaiser les douleurs nerveuses par ses mains.
Plutôt ulcéré à l'idée de s'occuper des ulcères du monstre, Felix Kersten va se rendre compte qu'il gagne sa confiance et qu'il peut ainsi profiter de la reconnaissance du patient impatient pour obtenir des faveurs inespérées. Une activité plus risquée que le traitement du zona de mémé mais plus salvatrice en temps de guerre.
Kersten devient donc son médecin personnel et il susurre à l'oreille du planificateur de la solution finale de sauver des vies de prisonniers, de ressortissants des pays occupés et de déportés. La magie des doigts boudinés va opérer et celui qui est considéré comme « le meurtrier du siècle » va céder à beaucoup de ses demandes et plusieurs milliers de vies furent ainsi épargnées. D'un autre côté, toute proportion gardée, je suis prêt à accepter de manger des choux de Bruxelles ou d'accompagner mon épouse à son cours de Zumba quand je me fais gratter le dos. Tout est donc possible.
Cette histoire à peine croyable est véridique (pas le cours de Zumba) et méritait la plume bourlingueuse de Joseph Kessel.
La description de la relation entre le médecin et son terrible patient est aussi trouble que captivante, oscillant entre lutte et manipulation. Himmler cherchait l'amitié de Kersten en lui cédant et le médecin gardait une certaine distance pour maintenir son emprise.
Les jeux de pouvoirs des indignitaires nazis qui jalousaient l'influence de Kersten et tentèrent par tous les moyens de le discréditer et de l'éloigner (mais cela ne servit aryen…), pimentent le récit de suspense. Kessel possède vraiment le don d'animer les manuels d'histoire. Il donne toujours l'impression à ses lecteurs de l'accompagner au coeur de l'action.
Je suis étonné que ce récit ne figure pas dans les deux tomes de la Pléiade consacrés à Kessel, tant cette histoire reflète bien son oeuvre, son goût pour les destins hors du commun, l'aventure et la liberté.
A certains charlatans des médecines douces aux intitulés ésotériques, préférez un rendez-vous littéraire avec le docteur Kersten. Il ne soigne pas mais il réconcilie avec l'espèce.
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Si il y a un auteur capable de susciter de nombreuses émotions chez moi, c'est bien Joseph Kessel ! J'ai connu l'ennui avec Une balle perdue, l'émerveillement avec le Lion et là avec Les mains du miracle j'ai eu un sacré coup de coeur. Quelle bonne idée à eu Folio de rééditer ce petit bijou il y a quelques mois, cela aurait été dommage de laisser un tel ouvrage en mode épuisé/introuvable.

Dans Les mains du miracle, Joseph Kessel nous plonge dans un épisode inconnu (du moins pour moi) de la seconde guerre mondiale avec cette biographie romancée du docteur Félix Kersten. Spécialiste des massages thérapeuthiques, il jouit d'une réputation honorable et d'une clientèle haut de gamme. Un jour, notre docteur va se trouver dans l'obligation de prodiguer des soins à un patient un peu particulier : Heinrich Himmler. Dans un premier temps révolté par cette obligation de soigner un homme qui ne lui provoque que dégoût, Felix Kersten, étant le seul qui arrive à soulager le redouté chef SS, va prendre peu à peu du pouvoir sur lui. Intervenant auprès du Reichsführer pour sauver des prisonniers internés dans les camps de concentration, détesté par l'entourage d'Himmler, Felix Kersten n'hésitera pas à risquer sans cesse sa vie pour en sauver des milliers d'autres...

Ce roman est court mais efficace. Kessel y accomplit la prouesse de rendre ce monstre d'Himmler presque humain. Tous les hommes ont leur talon d'Achille, y compris lui. Immobilisé la plupart du temps à cause de ses douleurs que seul le docteur Kersten arrivait à soulager, le plus cruel des soldats nazi était partagé entre son amitié pour le docteur, en qui il avait une confiance aveugle, et sa vénération pour Hitler qu'il n'aurait jamais trahi. D'un autre côté nous vivons l'histoire sous l'oeil de Kersten, qui vit sans cesse sur ses gardes et dont le seul but est d'arracher le plus de prisonniers des griffes des allemands. Ce livre est passionnant d'un bout à l'autre, plusieurs mois après en avoir achevé la lecture, j'en garde encore un souvenir précis. Bien écrit, détaillé, moi qui aime les livres historiques je peux dire qu'avec celui-ci j'ai été servie alors je le conseille à tous les lecteurs qui sont passionnés par le seconde guerre mondiale car c'est l'occasion de sortir des sentiers battus en lisant ce roman, vous ne serez pas déçus.
A lire et à découvrir!

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Félix Kersten est le personnage central de ce roman. Roman ? le docteur Kerstein a existé. « Ce gros homme, ce médecin débonnaire dont l'aspect tenait d'un bourgmestre des Flandres et d'un bouddha d'Occident, avait dominé Himmler au point de sauver des centaines de milliers de vies humaines ! Mais pourquoi ? Mais comment ? Par quel incroyable prodige ? Une curiosité sans bornes avait remplacé mon peu de foi »

Ainsi Joseph Kessel nous donne les raisons qui l'ont poussé à écrire ce roman-vérité. Nous imaginons aisément que les conversations privées, ce huis-clos entre Himmler, chef de la gestapo, et le docteur Kerstein, ont été imaginées par l'auteur. Kessel le romancier s'est chargé de cette partie de l'histoire. mais les mains de ce médecin ont bel et bien fait des miracles. Des milliers de juifs de nationalités diverses ont échappé au pire. La traque a reculé. « Himmler c'était un état dans l'état. Celui de la délation, de l'inquisition, de la géhenne, de la mort infiniment multipliée » écrira Kessel. Cette partie historique c'est Kessel le journaliste qui l'a développée.

Le docteur Kerstein avait le don de comprendre l'origine des douleurs d'un malade en palpant avec ses doigts. Ensuite il soulageait avec ses massages.
Himmler souffrait de douleurs intenses à l'estomac. Il suppliait Kerstein de le soulager. Il l'à bien entendu mais en imposant ses conditions.

De 1939 à 1945 ce médecin hors norme, au destin exceptionnel, a réussi a dompter la folie criminelle d'un monstre en le manipulant de différentes façons.
« L'écriture n'est pas affaire de confort, de silence, ni de crayons bien taillés : c'est un flot intérieur prêt à déferler » écrit Kessel dans les colonnes d'un quotidien. Ce livre est conforme à cette idée. La tension monte au fil des pages. Les prises de risques sont de plus en plus grands. Un grain de sable suffirait à gripper la stratégie mise en place par le docteur Kerstein, vénéré par Himmler, haï par ses proches collaborateurs. Les enjeux sont inestimables, les risques sont incroyables.

Un livre sur la guerre et ses horreurs, sur le courage de certains mais aussi sur la lâcheté trop souvent constatée, sur la puissance du mot humanité, sur l'aveuglement qu'entraîne la confiance, sur les conséquences du fanatisme, sur l'espoir en toute circonstance, sur une lumière qui surgit alors que tout est plongé dans l'obscurité.

Un ouvrage puissant dont je n'avais jamais entendu parler lorsqu'une amie m'a dit : Tout le monde devrait lire ce livre.

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Joseph Kessel n'a pas son pareil pour nous plonger dans les affres de la Grande Histoire par des chemins insolites et tortueux.
Ici, dans ce récit, Les mains du miracle, c'est un témoignage particulier et très peu connu de la Seconde Guerre Mondiale, et sans doute ne figure-t-il pas dans les manuels scolaires. Pour ma part, je l'ai découvert par ce récit et j'en ai été ébahi...
C'est une véritable aventure humaine, comme Joseph Kessel aime nous les raconter.
Nous faisons connaissance ici avec un médecin, Felix Kersten, d'origine estonienne, de nationalité finlandaises, habitant la Hollande, tous ces détails ayant leur importance. Le docteur Kersten est spécialisé dans les massages thérapeutiques, formé auprès d'un imminent professeur asiatique, le docteur Kô initié aux sciences de guérison chinoise et tibétaine, au travers de préceptes et traditions de la plus haute sagesse. Le docteur Kô va enseigner et transmettre sa discipline à Felix Kersten, de sorte qu'au final ce dernier saura utiliser ses doigts et les paumes de ses mains au service de l'humanité...
Tout se passe dans le meilleur des mondes pour le docteur Kersten, un homme affable et gourmand, très proche des siens, tandis que les États de l'Europe se préparent déjà à la montée du nazisme chez leur voisin allemand, ou peut-être ne s'y préparent-ils peut-être pas suffisamment...
C'est dans ce contexte que "notre" docteur va recevoir une sollicitation surprenante en la personne d'un certain Heinrich Himmler, numéro deux tout juste après Hitler, dans la hiérarchie de l'organisation du nazisme déjà bien installée au pouvoir dans l'Allemagne de 1938, la réputation du médecin ayant dépassé les frontières hollandaises... L'homme est en proie à d'horribles douleurs abdominales, à l'estomac... Aucun médecin ne sait résoudre son problème...
Nous voilà entrant avec Felix Kersten dans le grand quartier des S.S., au 8 de la Prinz Albert Strasse, où se côtoient officiers S.S., hauts policiers, agents secrets, dénonciateurs, suspects convoqués pour un interrogatoire... L'antre de l'horreur...
Sous ses dalles qu'il foule pour la première fois lorsqu'il pénètre en ce lieu, il ne sait peut-être pas encore que les tortionnaires de la Gestapo procèdent dans les caves à des interrogatoires sans merci.
Voilà l'antre de la bête, la folie et l'humain réduits à la dimension bestiale, l'arrière-salle au service d'un projet d'une horreur sans nom qui aura comme dessein l'extermination du peuple juif, qui va envoyer des millions d'hommes, de femmes et d'enfants dans les camps de la mort... Cette tanière où d'ailleurs les loups entre eux se guettent, comme dans une jungle, se livrant sans arrêt à des intrigues et des contre-intrigues, recherchant chacun la prééminence sur l'autre...
La force d'un médecin est de pouvoir traiter un malade de la même manière qu'avec tout autre malade, les mêmes méthodes, le même comportement, les mêmes attitudes, tout malade quel qu'il soit à droit au même dévouement qu'un autre malade...
Et puis voilà qu'une porte s'ouvre, on l'invite à entrer dans un grand bureau, voici le tortionnaire qui souffre, ôtant ses habits, devenant nu, ce Reichsführer, ce général S.S., Heinrich Himmler, chef des S.S., maître de la Gestapo, l'homme le plus puissant du IIIème Reich après Hitler, réduit à l'état d'un patient, un homme maladif, chétif, qui souffre et attend d'être délivré de son mal et de sa douleur...
Et voilà que le médecin sous ses mains, sous ses doigts, le délivre de ses tourments !
Dès lors, Himmler éprouve reconnaissance, confiance et amitié entières pour Kersten.
Et comme ces douleurs sont récurrentes, le médecin est fortement incité à s'inscrire dans une sorte de pacte tacite avec son patient, et donc de revenir...
C'est alors qu'une autre relation va s'établir entre les deux hommes, un pacte étrange se tisse où se mêlent les confidences, les faveurs, l'éthique médicale, l'horreur, la folie totale, le désir de sauver le monde d'un apocalypse proche, où un pan de l'humanité en danger deviendra une sorte de monnaie d'échange pour les bons et loyaux services apportés par le médecin à l'égard de son malade...
Nous découvrons dans ce personnage complexe d'Himmler, et c'est là tout l'art de savoir peindre l'ombre et la nuit, et aussi ce qui s'en détache pour mieux discerner les ténèbres, une fidélité absolue et fanatique au-delà du raisonnable envers Hitler, une forteresse imprenable sur les faits, mais fragile sur le territoire des émotions... C'est sur ce terrain que Felix Kersten, en subtil connaisseur de l'âme humaine, saura avancer dans sa mission que lui confient les autorités finlandaises, mais bien au-delà dans son dessein humaniste, sauver des vies, sauver, sauver, sauver...
J'ai adoré ce récit, j'ai été emporté par sa sidération. Tout semble irréel, parce que terriblement horrible.
Joseph Kessel nous relate ici un fait véridique, prouvé plus tard par les experts et historiens, l'engagement d'un homme, ce médecin, le docteur Kessel, pour se servir de la relation de dépendance qu'il noue avec ce patient un peu atypique, relation de dépendance d'ailleurs dans les deux sens, de l'émotion de son patient aux fins de sauver, tout d'abord quelques victimes de la guerre ici et là, et puis le sauvetage sera massif, au péril de sa propre existence et celle des siens... Avec comme seules armes ses doigts et les paumes de ses mains...
Tout paraît si insensé dans ce récit ! Nous avançons dans l'intrigue qui se construit pas à pas sous nos yeux, avec pour décor lointain les bruits de la guerre, les déportations, ces silhouettes fragiles, perdues dans la nuit et le brouillard, qui ne reviendront jamais de là-bas, et ceux qui en reviendront pourront nous aider à dire plus tard de génération en génération : "plus jamais ça !"
Ce que j'ai aimé dans cette histoire, c'est ce thème vieux comme l'humanité, ce tiraillement entre l'éthique et l'horreur, peut-on, doit-on soigner un salaud, une canaille de la pire espèce, le numéro deux de la pire organisation politique qu'est connue notre humanité, au service d'une folie humaine qui portait un apocalypse à venir...?
Joseph Kessel, journaliste, romancier, s'avère ici un grand témoin de son temps... Bien sûr il y a mis son empreinte romanesque, mais ne s'éloignant jamais des faits implacables.
Lorsque je lisais ce récit incroyable, j'ai appris que Joseph Kessel venait enfin d'entrer dans la collection de la Pléiade. C'est largement mérité !
Mais qu'il est révoltant de découvrir que le docteur Kersten n'ait jamais été hissé au rang de Juste...!
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Parfois un ange s'égare parmi les humains.
« Or, il s'est trouvé un homme qui, durant les années maudites de 1940 à 1945, semaine par semaine, mois par mois, a su arracher des victimes au bourreau insensible et fanatique. Cet homme a obtenu de Himmler le tout-puissant, de Himmler l'impitoyable, que des populations entières échappent à l'épouvante de la déportation. »
Cet homme, c'est le docteur Kersten, de nationalité finlandaise après avoir vécu dans plusieurs pays d'Europe, dont le magnétisme de ses mains et ses connaissances en médecine tibétaine font des miracles, et qui va être attaché auprès du Reichsführer Himmler, deuxième personnalité la plus importante après Hitler, pour lui soulager ses atroces maux d'estomac.
Joseph Kessel après avoir recueilli le témoignage de cet incroyable docteur, écrit en 1959 « Les mains du miracle » qui retrace toute cette fabuleuse histoire.
C'est passionnant ! à découvrir !
Editions Gallimard, Folio, 400 pages.
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critiques presse (2)
LeFigaro
01 mars 2021
Après Joseph Kessel qui lui consacra un livre célèbre, François Kersaudy retrace le destin de Felix Kersten, qui usa de son influence pour sauver des milliers de vies.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
28 septembre 2018
Joseph Kessel, dans un style alerte, sûr, puissant, lumineux, fait l’éloge du don de soi, de l’intelligence qui, au cœur du pire du pire, sauve et ne se résigne pas devant la cruauté absolue.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (107) Voir plus Ajouter une citation
Dans le très haut personnel du régime, Himmler était le seul qui disposât de Kersten comme de son médecin permanent et privé. Mais d’autres grands dignitaires se faisaient à l’occasion traiter par lui.
Le premier fut Ribbentrop. Kersten détestait le ministre des Affaires étrangères du IIIe Reich pour sa vanité, sa jactance, son arrogance et pour une bêtise qu’il estimait confondante à un poste capital. Ces sentiments, le docteur les traduisit en demandant à Ribbentrop des honoraires si considérables que le ministre arrêta sa cure.
Puis vint Rudolph Hess. À son égard, Kersten n’éprouva pas la même animosité. Le déséquilibre mental de Hess était évident. Mais à la mesure des fous et demi-fous qui dirigeaient le IIIe Reich et dont la démence avait un tour répugnant et dangereux – mégalomanie, fanatisme, sadisme, racisme – le délire de Hess semblait anodin. Il vivait dans un état d’exaltation puérile. Il adorait les romans de Jules Verne et ceux de Fenimore Cooper sur les Indiens des prairies américaines du XIXe siècle. Quand il voyait dans la rue une jeune fille au bras d’un soldat, il sanglotait d’attendrissement : « Quelle pureté et quelle virilité réunies », disait-il.
Très religieux, mystique effréné, il avait résolu, après la guerre dont il déplorait les ravages, de se retirer dans un désert pour y vivre en ascète. En attendant, il rêvait et parlait sans cesse d’accomplir un acte grandiose qui laisserait son nom dans la mémoire des hommes, un acte qui servirait l’Allemagne et le monde ; la guerre et la paix – il ne savait trop. En même temps, il était désespéré de ne pouvoir participer au combat, lui, excellent pilote, dans une escadrille. Hitler, qui l’aimait beaucoup, le lui avait défendu expressément.
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A partir de ce jour, les masseurs attachés à l'hôpital, qui traitaient les soldats blessés, commencèrent à instruire Kersten. Et un mois ne s'était pas écoulé que les soldats préféraient, à tous les professionnels, le sous-lieutenant étudiant. Et lui, il découvrait avec un étonnement presque craintif, avec un étrange bonheur, le pouvoir qu'avaient ses mains de rendre au corps souffrant des hommes la souplesse, la paix et la santé. (p.25)
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–Le Führer est décidé, après la victoire du IIIe Reich à supprimer le christianisme dans toute la grande Allemagne c’est-à-dire l’Europe, et à établir, sur ses ruines, la foi germanique. Elle conservera la notion de Dieu, mais très vague, très confuse. Et le Führer prendra la place du Christ comme sauveur de l’humanité. Ainsi des millions et des millions d’hommes invoqueront, dans leurs prières, le seul nom de Hitler et, cent ans plus tard, on ne connaîtra plus que la religion nouvelle qui durera des siècles et des siècles.
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Il s'est trouvé un homme qui durant les années maudites de 1940 à 1945, semaine par semaine, mois par mois, a su arracher des victimes au bourreau insensible et fanatique.
Cet homme a obtenu de Himmler le tout-puissant, de Himmler l'impitoyable, que des populations entières échappent à l'épouvante de la déportation.
Il a empêché que les fours crématoires reçoivent toute la ration de cadavres qui leur était promise. Et seul, désarmé, à demi captif, cet homme a forcé Himmler à ruser, à tricher avec Adolf Hitler, à duper son maître, à trahir son dieu.
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Le secret essentiel de l'art, c'était la faculté de toucher du bout des doigts l'essence de la maladie, de mesurer son intensité et savoir le centre vital d'où elle rayonnait. [..]
Pour rendre les minuscules antennes tactiles capables de sentir tous les nerfs de l'organisme et de répondre pour ainsi dire à leur appel, le praticien devait, en vérité, sortir de son propre corps et pénétrer dans celui du patient.
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Jusqu'où peut nous entrainer l'amitié avec un animal ? Surtout quand cet animal est farouche : ici, il s'agit du roi des animaux. le lion.
« le Lion », de Joseph Kessel, c'est à lire et à relire en poche chez Folio.
>Histoire de l'Europe depuis 1918>Histoire militaire 2de guerre>Résistance (Deuxième guerre mondiale : 1939-1945) (41)
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