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EAN : 9782355846472
368 pages
Sonatine (30/08/2018)
3.57/5   144 notes
Résumé :
L’évidence n’est pas toujours la vérité.

Manfred Baumann est un solitaire. Timide, inadapté, secret, il passe ses soirées à boire seul, en observant Adèle Bedeau, la jolie serveuse du bar de cette petite ville alsacienne très ordinaire.
Georges Gorski est un policier qui se confond avec la grisaille de la ville. S’il a eu de l’ambition, celle-ci s’est envolée il y a bien longtemps. Peut-être le jour où il a échoué à résoudre une de ses toutes ... >Voir plus
Que lire après La disparition d'Adèle BedeauVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
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C'est un roman étrange, un peu hors du temps, que l'on verrait bien adapté au cinéma en noir et blanc… par Chabrol?

Manfred Bauman est un triste sire. Accoudé au comptoir du restaurant de la Cloche, l'esprit accaparé par une auto-analyse du moindre de ses propres gestes, et de l'effet qu'ils ne manqueront pas de produire sur les habitués, on ne peut pas dire que le personnage inspire la sympathie. Quant à cette curieuse impulsion qui le conduit à épier Adèle, la serveuse lorsqu'elle quitte son travail pour aller rejoindre un jeune homme à scooter…

Quand l'inspecteur Gorski entre en scène, c'est pour tenter de résoudre l'énigme de la disparition d'Adèle, et le projet lui tient particulièrement à coeur, dans le but à peine avoué d'exorciser un échec ancien, peut-être lié aux insuffisances d'un enquêteur débutant.

Alors Manfred, toujours dans le calcul subtil des conséquences de ses dires, avec une marge d'erreur confortable, s'enferre dans les mensonges, induits par ses précédentes allégations. Alors que la vérité l'aurait sans doute exclu de la liste des suspects, ou pas….

Je ne lis pas les préfaces, et en tout cas, pas avant d'entamer la lecture du roman proprement dit. Mais suffisamment intriguée par le ton et l'histoire, j'ai voulu en savoir plus sur cet auteur. Et là, on se demande si ce n'est pas Manfred Bauman lui-même qui a pris la plume pour nous embobiner! C'est signé des initiales de l'auteur affiché sur la couverture, mais on y découvre la vie romanesque de Raymond Brunet qui serait le véritable auteur. Quant à Chabrol…..
Tout cela pour dire que cette préface -là, il ne faut pas la manquer.

C'est avec beaucoup de talent que Graeme Macrae Burnet entraine son lecteur dans un tourbillon de miroir aux alouettes, qui empêchera ce roman de tomber dans une oubliette de la mémoire! Et incitera à découvrir les autres écrits de l'auteur
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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On entre dans le récit de Graeme Macrae Burnet en franchissant la porte du restaurant de « La Cloche » à Saint Louis, commune proche de Mulhouse.
Comme tous les soirs, les habitués refont le monde autour d'un verre, les journaux repliés devant eux. Tout semble figé par le temps.
Manfred Baumann banquier de son état tente jour après jour de se fondre dans le décor. Notre homme n'aime ni parler ni se faire remarquer, allant jusqu'à passer commande des mêmes plats du jour, semaine après semaine de peur qu'un changement suscite les questions et l'étonnement du patron.
Lorsqu' Adèle Bedeau s'approche avec son assiette, il n'ose pas la regarder franchement, préférant fantasmer en l'observant dans le miroir au-dessus du bar.
La mystérieuse disparition de la jeune serveuse chamboule ce microcosme, chacun y va de son commentaire et de ses suspicions.
L'arrivée de l'inspecteur Gorski, aussi terne que le décor, ajoute à la lourdeur du scénario de cet étrange polar.
Flic, taiseux, consciencieux, tenace, il va se livrer à un véritable duel avec Manfred Baumann qu'il soupçonne immédiatement.
Ce face à face entre ces deux hommes paumés, mal dans leurs peaux va se transformer en véritable corps à corps psychologique.

Tout l'intérêt de ce polar réside dans l'ambiance qui s'en dégage.
A défaut de multiples rebondissements, l'auteur s'attarde sur ses personnages, les dissèque avec la minutie d'un médecin légiste.

Graeme Macrae Burnet signe un polar passionnant, totalement addictif, sans cadavre, sans violence avec une atmosphère digne de Simenon.
J'ai eu du mal à lâcher cette lecture avant la dernière ligne.

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Manfred Baumann est un homme d'habitudes. Directeur d'une agence bancaire à Saint-Louis dans le Haut-Rhin, il mange tous les midis à La Cloche où il se rend aussi le soir pour prendre un ou plusieurs verres au comptoir. Solitaire depuis sa plus tendre enfance, il ne parle à personne, se contentant d'observer Adèle, la jeune serveuse.
Quand elle disparait mystérieusement, Manfred est interrogé par l'inspecteur Gorski, un policier désabusé qui ne s'est jamais vraiment remis de sa première affaire d'homicide qui a vu condamner un SDF, coupable tout désigné mais innocent.
Même s'il n'a rien à se reprocher, si ce n'est d'avoir espionné Adèle, Manfred ment au policier, lui cache le peu qu'il sait et s'enferre dans ses mensonges, faisant de lui le principal suspect de Gorski.

Ambiance désuète à la Simenon pour un duel entre deux hommes qui ont finalement plus en commun qu'ils ne le pensent, deux hommes malheureux et gris dans une ville qui l'est tout autant. Car ce polar, sombre et addictif, se concentre plus sur l'atmosphère que sur l'action. On est à Saint-Louis, une petite ville sans intérêt particulier, un endroit figé dans le temps où les personnages végètent sans autre ambition que de ne pas mourir d'ennui.
Les deux personnages ont renoncé au bonheur, à la joie, à la vie. Ils se contentent de jouer leur rôle, banquier pour l'un, policier pour l'autre. Leur rencontre ne fait pas d'étincelles, c'est un face à face psychologique entre deux taiseux.
Des gens ordinaires dans des situations extraordinaires, des secrets et une certaine vision de la province pour un polar original au dénouement étonnant. A découvrir si l'on aime Maigret, Chabrol et les surprises.
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L'écrivain écossais Graeme Macrae Burnet avait montré toute l'étendue de son talent avec son premier roman traduit en France : L'Accusé du Ross-Shire. Sa capacité à plonger le lecteur dans L'Écosse profonde du XIXème siècle était proprement ahurissante. le voilà qui étonne encore davantage en nous immergeant dans… une petite ville alsacienne, Saint-Louis.

Quelle mouche a donc piqué l'auteur, vous demandez-vous ? L'idée lui est venue d'une visite dans cette commune frontalière de la Suisse, près de Mulhouse. Un endroit de passage, où il a eu l'impression que le train-train était immuable par rapport aux grandes villes alsaciennes (principalement Strasbourg, où se déroulent quelques scènes du livre).

Burnet a transposé son intrigue dans les années 80, pour en rajouter dans cette vision d'habitants figés dans leurs habitudes. C'est bien ce sentiment d'immobilisme qui transpire de chaque chapitre, avec des protagonistes englués dans leurs routines. A l'image de ce personnage de banquier qui ne déroge pas d'un poil de ce qui constitue son quotidien.

Sauf que rien n'est plus trompeur que l'image que renvoie ce type de personnes (qui trompent les autres et se trompent eux-mêmes).

C'est là tout l'intérêt et la force de ce roman noir qui fleure bon l'époque des Maigret. L'écrivain ne cache pas son amour pour Simenon. Mais on est loin d'une banale copie ! Il s'amuse à créer son récit comme une poupée gigogne, un livre dans le livre et un badinage qui fait croire que ce roman a été adapté au cinéma par Claude Chabrol. On y croirait presque et on est tout à fait dans l'ambiance.

On pourrait s'inquiéter de voir un romancier écossais décrire une Alsace qu'il ne connaît pas. Même s'il utilise Saint-Louis comme cadre figé dans le temps ; la ville l'est un peu moins que ça en réalité de nos jours ; on sent qu'il a bien mis les pieds en Alsace, à Mulhouse, à Strasbourg. Il m'a même bluffé à parler d'endroits qui existaient dans les années 80 et qui ont disparu maintenant. Un vrai travail de recherche ET de terrain. Good job, Scottish man.

L'histoire de cette disparition pourrait paraître banale, mais c'est bien la manière dont l'auteur crée l'ambiance et décrit les personnages qui donne du piment à sa recette.

Son écriture empathique et toute en subtilité rend le roman attachant, donne certaines couleurs à la grisaille et un côté singulier à l'ordinaire.

Graeme Macrae Burnet a décidément une étonnante capacité à créer une atmosphère. La disparition d'Adèle Bedeau a ce charme des romans du passé, plus vénéneux qu'il n'y parait de prime abord. Un polar atypique dans ce XXIème siècle où l'excès semble devenir la norme dans beaucoup de romans. Ici, c'est bien la finesse de l'étude de moeurs qui prime.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Un livre bien étrange, puisqu'on a l'impression de plonger dans un bon vieux Chabrol. Une intrigue qui prend son temps et avec une lenteur qui pose avec délice les personnages. C'est un livre qui se déguste, qui prend le temps de camper les personnages.

Un livre au premier abord banale, mais qui va se révéler beaucoup plus complexe et profond qu'il n'y parait.

Parfois le tableau semble bien banale, mais l'auteur nous rappel que ce n'est qu'un tableau qui a besoin d'être dépoussiéré, pour enfin révéler toutes les nuances de l'arc en ciel. Sauf qu'ici l'arc en ciel est fait de nuances de gris (on se calme, rien de sexuel…)

On se laisse facilement prendre par cette lecture, dans laquelle on se perd entre réalité et fiction… Entre présent et passé mais surtout entre faits divers réels ou imaginés… Un roman, qui ne vous laissera pas indifférent…

Lien : https://julitlesmots.com/201..
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critiques presse (2)
LePoint
06 décembre 2018
Vraie fausse préface, on s'amuse de ce que cet Écossais nous berne encore, à s'inventer en romancier adulé du maître Chabrol, comme il l'avait fait l'an passé dans un autre genre, avec L'Accusé du Ross-Shire, finaliste du prix Le Point du polar européen.
Lire la critique sur le site : LePoint
Lexpress
14 septembre 2018
L'intrigue avance du même pas lent et obstiné que celui du commissaire Maigret, promène le lecteur dans les psychoses de Manfred et les rituels immuables d'un bistrot, rôde dans les bas-côtés des nantis et des ambitieux, des médiocres et des grands brûlés de l'enfance. A tout prendre, La Disparition d'Adèle Bedeau n'est pas un polar, mais la chronique implacable et entêtante d'une tragédie en marche.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
C’était la première fois que Gorski retournait à la clairière depuis des années. Il se gara, comme toujours, sur la petite aire de stationnement au bord de la D468, qui suivait plus ou moins le cours du Rhin au nord de Saint Louis. La peinture blanche du portail en bois qui donnait accès à la forêt était presque entièrement écaillée, et le montant pourri. Alors qu’il suivait le sentier en direction de la clairière, Gorski s’efforça de na pas penser à ce qui l’avait poussé à revenir. Il n’avait dit à personne où il allait et, si jamais il croisait quelqu’un, il aurait bien du mal à expliquer sa présence. Il préférait se concentrer sur le bruit agréable des feuilles dans la brise.
Après le meurtre, Gorski était revenu régulièrement à la clairière. Plus tard, ses visites s’étaient espacées. A l’issue du procès, il avait accepté les louanges de la presse pour avoir résolu l’affaire, sans rien révéler de son scepticisme concernant la culpabilité de Malou. Si ses collègues entretenaient des doutes similaires, eux aussi les gardaient pour eux. Il avait un jour avoué ses scrupules à Céline, mais elle les avait balayés d’un revers de la main. L’affaire était close, pourquoi vouloir rouvrir la plaie ? Dès le début, elle avait trouvé détestable ce qu’elle appelait son « obsession » pour cette fille morte. Elle se plaignait qu’il passait plus de temps à penser à un cadavre qu’à elle…
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Adèle portait une jupe courte noire, un chemisier blanc, et autour de la taille un petit tablier avec une poche dans laquelle elle rangeait son carnet de commandes et le chiffon qu’elle utilisait pour nettoyer les tables. C’était une jeune femme brune, plutôt carré d’épaules, avec un large postérieur et une forte poitrine. Elle avait les lèvres charnues, le teint mat et des yeux marron qu’elle gardait les plus souvent rivés au sol.
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Pour un flic, la position par défaut devait être de ne pas croire un mot de ce qu’on lui disait. Ce qui comptait n’était pas en soi le fait que quelqu’un ait menti, mais sa motivation pour ce faire. (p. 262-263)
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Bref, les gens de Saint-Louis sont exactement comme les gens d’ailleurs, que ce soit dans les petites villes tout aussi ternes ou nettement plus clinquantes.
Et comme les habitants de n’importe quel autre endroit, ceux de Saint-Louis ont une certaine fierté chauvine de leur commune, tout en étant conscient de sa médiocrité. Certains rêvent d’évasion, où vivent avec le regret de n’être pas partis quand ils en avaient l’occasion. Mais la majorité vaquent à leurs affaires sans prêter grande attention à leur environnement.
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Il devait se conduire exactement comme il l’aurait fait s’il n’était pas surveillé . Ça ne devrait pas lui poser trop de difficultés. Après tout , ne vivait -il pas déjà comme s’il était surveillé en permanence , comme s’il s’attendait à tout moment à ce qu’on lui demande de s’expliquer sur ses actes ou de répondre à d’obscures accusations ?
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Videos de Graeme Macrae Burnet (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Graeme Macrae Burnet
L'Accident de l'A35 de Graeme MacRae Burnet et Julie Sibony aux éditions Sonatine https://www.lagriffenoire.com/1015841-nouveautes-polar-l-accident-de-l-a35.html
La Disparition d'Adèle Bedeau de Graeme MACRAE BURNET et Julie SIBONY aux éditions 10-18 https://www.lagriffenoire.com/1010654-nouveautes-polar-la-disparition-d-adele-bedeau.html
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