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EAN : 9782889550807
176 pages
Heros Limite (18/08/2023)
3.72/5   9 notes
Résumé :
Depuis 1792, le bonnet rouge est le symbole de la République française. Il rappelle celui, phrygien, des esclaves romains affranchis. Les sans-culottes ont forcé Louis XVI à le porter, Napoléon l’a interdit, la Troisième République en a coiffé Marianne, la Poste l’a collé sur un timbre, les Jeux olympiques de Paris en ont fait leur mascotte. Mais en 1792, que se passe-t-il pour rendre si populaire ce symbole de notre liberté ?

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce livre, "le bonnet rouge", restera assurément comme la surprise, le petit événement inattendu de cette dernière rentrée littéraire.
Un roman en vers, tu m'a pris pour ta grand-mère ? (1)
C'est en effet un roman en vers, écrit par Daniel de Roulet et paru, en août 2023, aux éditions "Héros-Limite".
C'est un livre à prime abord un peu déconcertant qui s'ouvre sur cette citation de Victor Hugo :
"J'ai mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire" (2)
En 1782, juché sur une charrette à tonneaux, Samuel Bouchaye avait dû fuir Genève avec son père, des outils d'horloger, un livre de Rousseau, quelques vêtements et deux mille autres révolutionnaires qui ne voulaient plus habiter une ville où les lois n'étaient plus issues de la volonté libre de ses habitants.
Son exil le mena jusqu'à Meillerie où il rencontra la belle Virginie que tout le monde appelait "Perchette".
Il sut s'en faire aimer, sans trop savoir pourquoi, lui fit un enfant sans trop savoir la retenir et dût fuir encore sans trop savoir s'il avait vraiment tué son rival.
Il devint donc militaire dans le régiment appartenant au colonel André Lullin de Châteauvieux.
Et, ceci n'est que le début de ses tribulations qui vont le mener jusqu'à coiffer le bonnet rouge de galérien du bagne de Brest, jusqu'à aller scander dans Paris ce slogan qui bientôt sera devise :
"liberté, égalité, fraternité" !
Ce roman en vers libre raconte donc l'histoire d'un presque anonyme que, j'en suis sûr, G. Lenotre aurait avec plaisir insérée dans le huitième opus de sa "Petite Histoire" ..."sous le bonnet rouge".
Car tout ici est pittoresque.
La manière bien sûr d'avoir écrit ce roman, en vers libres, dans un style lapidaire, presque télégraphique même parfois ; mais aussi les raisons de l'auteur d'avoir écrit ce roman ; tout ici est surprenant.
Au final, Daniel de Roulet nous offre un petit moment de lecture agréable, attachant et intelligent dans lequel il faut savoir se laisser emmener.
Car il faudra se laisser emporter sans compter sur aucun souffle, ni aucune envolée.
André Piron, dans son roman"Artémise, voyage et mort du jeune Alfred Simon", avait réussi à rendre ses mots aussi poétiques que précis, ses vers aussi évocateurs que de la prose.
Ici le mot reste sage.
La phrase joue la sobriété, voir la concision.
Cependant malgré son style un peu dépouillé, ce roman est plus riche qu'il n'y paraît.
Il s'y cache un peu plus qu'une courte leçon d'Histoire.
Mais ne dit-on pas que la poésie mène toujours vers la liberté ...

(1) Groland
(2) Victor Hugo
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Le fabuleux destin du bonnet de bagnard

Daniel de Roulet a voulu savoir qui était l'homme représenté sur la gravure héritée de son père. Ce qu'il a découvert fait l'objet de ce livre qui, au-delà d'une enquête d'historien, retrace l'épopée d'hommes du peuple épris de liberté à l'époque de la Révolution et à qui il redonne leur vraie place. Brillant!

Antoine et Samuel sont aux premières loges lorsqu'éclate un mouvement populaire au coeur de la vieille ville de Genève. Nous sommes le 7 avril 1782 et durant les jours qui suivent une première république démocratique voit le jour. Mais cette tentative affole les cours européennes et pas moins de trois armées vont faire le siège de la ville pour faire avorter ce gouvernement de la population par la population. Piémontais, Français et Bernois réussiront à faire capituler les compatriotes de Rousseau. Mais la graine a germé.
Après une étape à Rolle où il a trouvé refuge, Samuel trouve un emploi aux carrières de Meillerie. C'est aussi là qu'il découvrira l'amour et la jalousie. À nouveau, il va devoir fuir après une violente altercation avec son rival, le fils de l'exploitant. Laissant sa Virginie enceinte, il s'enrôle dans une troupe de mercenaires, les Châteauvieux, et part pour Paris défendre le Roi de France.
Nous sommes alors en 1789 et voilà Samuel au coeur d'un dilemme dont l'histoire fait l'ironie. Payé pour tirer sur ceux qui, comme lui, défendent la démocratie contre l'absolutisme royal, il va choisir avec son régiment de ne pas combattre les révolutionnaires et part en province vers Meaux puis Reims avant de regagner son cantonnement à Nancy. Et c'est en Lorraine qu'avec ses collègues il se rebelle.
Arrêté, il échappe de peu à la peine capitale, mais pas au bagne. Avec sur la tête le bonnet rouge distinctif de ceux qui ne sont pas condamnés à perpétuité, il parvient à chasser sa mélancolie des premiers jours grâce à la lecture de la Nouvelle Héloïse - Étonnant à quel point une feuille de papier écrite remonte le moral d'un bagnard - et aux nouvelles de l'Assemblée nationale où on prend leur défense. Bientôt leur destin va basculer...
Daniel de Roulet a choisi la prose coupée, un peu comme des vers libres, pour raconter cette épopée. Un choix qui donne à ce texte une belle rythmique, un peu comme un chant à la gloire de ces hommes épris de liberté. Ce faisant, il vient aussi illustrer sa jolie formule «la Révolution met tout sens dessus dessous, y compris les mots.»
Des mots choisis pour dire une histoire oubliée ou pour la réécrire à hauteur d'homme. Car, comme il le rappelle dans son précédent livre, Portraits clandestins, dans lequel il rend hommage aux auteurs qui l'ont accompagné dans sa vie d'écrivain, son oeuvre est née «en Suisse, d'un gosse privilégié par rapport à d'autres auteurs qui naissent sur un autre continent avec une guerre aux frontières. On est déterminé, et les sujets qu'on aborde sont marqués par le contexte dans lequel on écrit.» À près de 80 ans, on imagine que le sang du Genevois n'a fait qu'un tour quand il a découvert combien l'histoire était manipulée, combien la version des puissants était privilégiée. Alors, il a voyagé, fouillé les archives et redonné à cette poignée d'hommes leur vraie place.
Un petit livre, mais ô combien nécessaire en ces temps troublés où la vérité est plus que jamais remise en question et où il est si facile de créer des fake news.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. En vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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L'écrivain genevois est un descendant, côté paternel, du marquis Jacques André Lullin de Châteauvieux. Né à Genève en 1728 et mort dans la même ville en 1816, celui-ci avait créé une compagnie de mercenaires suisses, qu'il avait mise à la disposition de la royauté lorsqu'avait éclaté la révolution en France. Mais certains de ses hommes s'étaient mutinés et pour cela avaient dû payer le prix fort. « le Bonnet rouge » fait retour sur un épisode historique méconnu, auquel Daniel de Roulet se sent quelque peu lié
A la mort de son père, il avait en effet trouvé dans son héritage un portrait de l'aïeul aristocrate. L'auteur de « Dix petits anarchistes » (Buchet-Chastel, 2018) trouvait là un sujet dans la continuité de ses préoccupations, à la jonction de l'histoire et de la politique. Au centre de son récit il installe un jeune citoyen genevois élevé par son père dans le culte de Jean-Jacques Rousseau disparu « depuis quatre printemps. » L'auteur de « La Nouvelle Héloïse », « du Contrat social » ou encore « Les Confessions », était décédé à Ermenonville en 1778. C'est donc en 1782 que s'ouvre le récit dans une ville en pleine ébullition. On s'y affronte autour d'une nouvelle constitution : « Les gens des bas quartiers,/ natifs et bourgeois,/ n'entendent plus être soumis/ aux banquiers, aux rentiers parasites,/ aux grandes familles patriciennes. » L'horloger Antoine Bouchaye et son fils Samuel, âgé de onze ans, assistent à une révolution de quatre-vingt-quatre jours inspirée par les idées rousseauistes, qui mobilise contre elle tout ce que l'Europe compte d'ennemis de la République. A commencer par le roi de France, pressé de « rétablir l'ordre des banques et des affaires. » En quelques pages, par touches précises et incisives, Daniel de Roulet restitue le contexte. Dans l'atelier du père sous les toits, Samuel faisait aux ouvriers la lecture de « La Nouvelle Héloïse. » Sa vie durant, il resterait imprégné par le romantisme et le rapport actif à la nature du grand Jean-Jacques. Les révolutionnaires genevois sont vaincus par les coalisés. Les Bouchaye prennent la route de l'exil, n'emportant que leurs outils et cet unique livre. le père et le fils se réfugient dans le canton de Vaud, y organisent une nouvelle existence tout en maintenant le lien avec leurs anciens compagnons de combat. Plus tard, Samuel traverse le lac Léman pour aller s'installer côté français à Meillerie, un village savoyard vivant « de l'extraction de la roche et de la pêche. » Des pages superbes, éminemment rousseauistes, évoquent la beauté changeante du lac comme la sensation de puissance qui se dégage du mouvement de ses flots. C'est là qu'en 1788 il s'éprend de Virginie, une jeune femme étonnamment émancipée pour l'époque, qui tous les matins part seule sur le Léman relever ses filets. Une idylle se noue, d'un romantisme passionné. En cette même année 1788 Bernardin de Saint-Pierre fait paraître son « Paul et Virginie. »
Si la fiction de Daniel de Roulet trouve son origine dans la vision du tableau reçu en héritage, s'enrichissant ensuite d'une foule de références, elle se nourrit tout autant de ses recherches historiques. Car Samuel de nouveau a dû fuir. Cette fois à cause du jeune patron de la carrière où il avait trouvé à s'employer, qui avait des vues sur Virginie. Mal lui en avait pris. Afin d'échapper aux poursuites, Samuel s'était engagé dans la compagnie de Châteauvieux. A partir de ce moment le récit colle très étroitement à la documentation. Noms des personnages, lieux, événements divers : Daniel de Roulet restitue fidèlement le parcours de ces mercenaires qui prirent une part prépondérante à l'adoption du bonnet rouge comme symbole de la Révolution en 1792. Il s'attache particulièrement à huit d'entre eux, parmi lesquels se trouve donc Samuel Bouchaye. Et leur invente une biographie. Car ceux-là vont faire parler d'eux. D'abord à Nancy, en 1790, où ces graines de républicains prennent en otage leurs officiers royalistes avant d'être impitoyablement réprimés. Pour certains le gibet, pour d'autres la roue, pour d'autres enfin les galères. Parmi ces derniers Samuel, condamné à trente ans de bagne à Brest, qui récite chaque jour aux autres forçats une page de « La Nouvelle Héloïse », le rousseauisme décidément chevillé au corps. La marque d'infamie de ces galériens condamnés à de lourdes peines, c'est le port d'un bonnet rouge.
En 1792 l'Assemblée nationale sous l'impulsion de Marat et du ministre des « Contributions publiques » Etienne Clavière, lui-même Genevois d'origine, décrète leur libération : « Ils ont ouvert la voie / à la juste colère du peuple, /(…)montré l'exemple de la révolte / contre l'oppression royale / et l'iniquité des officiers aristocrates. » Leur bonnet rouge se mue en symbole révolutionnaire. de cela Daniel de Roulet fait aujourd'hui une bouleversante matière romanesque, dans une prose versifiée qui élève leur destinée à une dimension épique. le lisant, on pense à la véhémence du poème de Brecht « Fragen eines lesenden Arbeiters » (Questions d'un ouvrier qui lit), dans lequel le grand dramaturge allemand mettait en avant le rôle cardinal des invisibles de l'Histoire, ceux d'en-bas. Aujourd'hui seulement quelques noms sur les rôles de la compagnie Châteauvieux ou dans les archives du bagne. le reste appartient à la littérature :
« Les puissants vous accablent de leur succès. A leurs esclaves, aux moins fortunés, seule la littérature rend la parole.
Ce que parvient remarquablement bien à faire Daniel de Roulet dans ce livre ardent.

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Ce roman est curieux à plus d'un titre : il est écrit en vers libres, s'appuie sur des faits historiques peu connus, raconte l'origine du bonnet phrygien, et l'auteur est descendant de marquis Lullin de Châteauvieux qui a mis son régiment du même nom au service du roi de France.
Il va de la révolution génevoise à la révolution française.
L'Histoire prend vie grâce à Samuel, génevois engagé dans ce fameux régiment. Face au peuple parisien qui s'empare de la Bastille ses compagnons et lui s'interrogent sur leur place et à Nancy, en 1790, ils se soulèvent à leur tour contre les officiers qu'ils prennent en otage. La répression sera terrible. André considéré comme le meneur subira le supplice de la roue, certains seront pendus, Samuel et les autres seront condamnés à 30 ans de bagne à Brest.
1792 : retournement de situation, Défendus par Marat, ils sont libérés et considérés comme des héros !
L'auteur rend sensible ces moments historiques en alternant les récits de grande souffrance aux pensées révolutionnaires ou nostalgiques de Samuel qui n'oublie pas la femme qu'il aime, le lac Léman et le nom de tous les vents .
Très beau texte.
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De l'Histoire comme impossible réparation pour ses invisibles, de la continuité pourtant d'une révolte qui de Genève jusqu'au bagne de Brest poursuit cette compagnie de Suisse qui aurait été à l'origine de ce révolutionnaire bonnet rouge. Dans une prose versifiée, Daniel de Roulet parvient à faire entendre l'enthousiasme républicain de son jeune héros, sa belle nostalgie pour les vents du Léman, sa sauvage répression mais aussi sa symbolique récupération. le bonnet rouge décrit avec force ce mercenariat contraint, ce basculement dans la Révolution Française de ceux censés la réprimer dont nous apprendrons, à la toute fin de ce joli roman, qu'ils furent la propriété de l'aïeul de l'auteur.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
(Les premières pages du livre)
1782 – LA RÉVOLUTION CENEVOISE
Depuis quatre printemps,
le citoyen genevois Jean-Jacques Rousseau est mort
et La nouvelle constitution de sa ville
tarde à être approuvée.
Les gens des bas quartiers,
natifs et bourgeois,
n’entendent plus être soumis
Le roi Louis XVI, inquiet d'une démocratie
aux portes de son royaume, appelle
les Genevois «les Enragés».
Plus d'une fois, ils se sont fait voler leur révolution
par l'intervention de la France.
«Mais ce coup-ci, répète Antoine Bouchaye à son fils,
ils ne nous auront pas si facilement.»

Dans la soirée du 7 avril 1782,
Antoine et son fils Samuel
se trouvent en ville quand un mouvement
populaire et violent
s'en prend à la garnison.
Les soldats n'hésitent pas
à décharger leurs mousquets sur La foule,
laissant dans la rue des morts et des blessés,
Une vieille en train de fermer ses volets
est atteinte par un mauvais tir.
C'en est trop, chassons-les!

Le père et son fils de onze ans,
tout excités,
vont voir les patriciens pris en otage
hôtel des Balances, place Bel-Air.
Ils entendent dire que d’autres privilégiés
sont allés se réfugier dans leurs maisons de campagne.
Le Résident de France aurait fait ses bagages
sans demander son reste.

Le lendemain, une assemblée populaire vote
la nouvelle constitution.
Samuel n’a jamais vu son père si heureux.
Il faut dire que leur vie n’a pas été gaie.

Né à Genève au printemps 1771,
Samuel survit tout juste à sa mère.
Pendant ses trois premières années,
une nourrice lui apprend
à marcher, à manger sans baver,
à dire merci et sourire au monde,

Quand son père vient le reprendre,
il lui montre, dans le jardin d'une église,
la pierre sous laquelle repose sa mère.
«Maintenant tu es assez grand pour comprendre,
elle est morte en te mettant au monde.»
Le père emmène son fils
dans le quartier populaire de la rive droite du Rhône
où il a trouvé du travail.

Samuel grandit entre un établi d’horloger sous les toits
et des enfants de son âge qui apprennent
à compter, à écrire, grâce à un vieil homme
dont les yeux sont trop mauvais
pour manier les brucelles.

À haute voix pour tout l’atelier, Samuel lit
un livre mille fois écorné,
qui provoque chez son père
de temps en temps une larme.

Avec la révolution et le printemps,
la mélancolie du père s’en va.
Chaque soir il participe aux assemblées du quartier,
explique à son fils les principes qui permettent
aux hommes de vivre égaux dans la cité.

Pendant quatre-vingt-quatre jours,
les citoyens organisent une nouvelle république
démocratique et libre
sans la moindre violence.
L'Europe entière en parle.
C’est le début d’une formidable espérance.
La révolution est donc possible.
Les aristocrates de France, d'Autriche et de Sardaigne
se sentent menacés.
Qu'adviendra-t-il de leur particule?

Les patriciens qui ont fui Genève
vont se plaindre à Versailles, à Berne
et même aux pires ennemis de la République,
les Savoyards.
Aux puissants de tout le continent
ils expliquent que la fermentation
des idées de ce Rousseau
va finir par emporter
toute la belle hiérarchie
voulue par les rois et par Dieu.
«La contamination révolutionnaire, voilà le danger.»
À ces mots, Versailles Berne et Turin
dépêchent plusieurs milliers de soldats
chargés de rétablir l'ordre des banques et des affaires.
«Mais ce coup-ci, répète Antoine Bouchaye à son fils,
ils ne nous auront pas si facilement.»

Autour de la ville rebelle,
les troupes de la contre-révolution s’amassent.
Français, Suisses et Sardes
vont donner l'assaut au bastion de la liberté.
Trois armées contre Genève,
douze mille hommes contre
quelques centaines de Genevois mal équipés.
Dans les troupes françaises
se trouve le bataillon du marquis de La Fayette.
Il a soutenu la liberté
des colonies anglaises d'Amérique,
mais veut anéantir celle des Genevois.
Dans les régiments suisses,
quelques dizaines de déserteurs
se portent au secours des assiégés.

Le temple de Genève est aménagé en hôpital,
l'Académie, en corps de garde,
la cathédrale, en dépôt de poudre.
Le blé est distribué de manière équitable.
La ville entière se prépare à repousser l’envahisseur.
Réfugiés à l'extérieur des murs, les patriciens
indiquent aux assiégeants le chemin à emprunter
pour ne pas endommager leurs domaines.

Chaque soir, Samuel et son père vont sur les remparts
voir les soldats du roi de France creuser des tranchées
pour s’approcher de leur ville et l’encercler.
Samuel s'étonne qu'on les laisse faire
quand ils se trouvent à portée de canon.
«Parce que, le père dit, ils finiront
par se ranger à nos idées de liberté.»

Les jours passent,
le dispositif militaire ennemi étrangle Genève.
Quelques bourgeois trouvent que
le bon peuple va trop loin.
De nuit, par le lac, ils s'enfuient.
Ceux qui restent se préparent
à mourir pour leurs idées.
La première révolution démocratique d'Europe
va être écrasée dans le sang.

Dans son atelier transformé en dépôt de munitions,
Antoine Bouchaye lit à ses camarades une lettre
que leur compatriote Rousseau
écrivait quatorze ans plus tôt à un ami:

«Vous êtes prêts à vous ensevelir sous les ruines
de la patrie [...] il vous reste un dernier parti à prendre
[...] c'est d'en sortir tous ensemble en plein jour, vos
femmes et vos enfants au milieu de vous.
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J'ai mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
(Victor Hugo, "Réponse à un acte d'accusation")
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Jacques, Samuel et Gédéon
se retrouvent souvent.
Les gens du quartier où ils habitent
près de la barrière du Trône les appellent
les trois Vieux Châteaux,
parce que la Révolution met tout sens dessus dessous,
y compris les mots. p. 120
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Le bonnet rouge qu'ils portaient
pour signaler qu'ils n'étaient pas
condamnés à perpétuité
comme ceux dont le bonnet était vert,
eh bien, ce bonnet devient
un emblème de la liberté.
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Depuis son arrivée au bagne,
Samuel
qui se laissait volontiers aller à la mélancolie,
change beaucoup:
souvent plein d’entrain, apprécié de tous.
Il dit que c’est depuis qu’il a reçu
l'exemplaire de La Nouvelle Héloïse
que lui avait confié André.
Puisqu’il ne peut l'emporter à l'arsenal,
il en apprend par cœur chaque jour une page, et la récite aux autres
avec des éclairs dans les yeux.
Étonnant à quel point
une feuille de papier écrite remonte
le moral d'un bagnard. p. 96
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