Ayant séjourné au Kenya, Ouganda et Malawi dans les années soixante,
Paul Theroux, plein de nostalgie, veut y retourner, mais lors d'une grande descente nord sud de toute l'Afrique de l'est, accomplie en 2001. Comme d'habitude, il voyage seul, avec les moyens de transport locaux, felouque, ferry, train, camion, etc., en vêtements usagés, rien de tape-à-l'oeil.
Dès l'Egypte
"J'étais parti des rives de la Méditerranée et, par
les Colonnes d'Hercule, peu à peu je pénétrais plus profondément en Afrique. le voyage est une transition; au mieux, c'est un départ de chez soi et une avancée. Je déteste être parachuté quelque part. J'ai besoin de relier les lieux les uns aux autres. Un des problèmes que je rencontre en voyage, c'est la facilité avec laquelle une personne peut être transportée si vite du familier à l'étrange, avec laquelle, disons, le cadre new-yorkais qui quitte son bureau se retrouve d'un coup d'ailes le lendemain en Afrique pour observer les gorilles. C'est juste un moyen de se sentir étranger. L'autre manière, la lenteur, la traversée des frontières nationales, le frôlement des barbelés, sac sur le dos et passeport à la main est le meilleur moyen de se souvenir qu'il y a une relation entre 'ici' et' là-bas', qu'un récit de voyage, c'est l'histoire de' là-bas' et retour."
Quelque part, sur une route dangereuse, dans un véhicule hors d'âge. Au sujet de voleurs de grands chemins:
"Ils ne veulent pas ta vie, ils veulent tes chaussures. (...). Bien des fois, après cela, au cours de mes errances africaines, je me suis murmuré ces mots, épitaphe du sous-développement, le désespoir en une simple phrase. A quoi leur sert ta vie? A rien. Mais tes chaussures - ah c'est une autre affaire! Elles valent quelque chose, bien plus que ta montre (ils ont le soleil) ou ton stylo (ils sont illettrés) ou ton sac (ils n'ont rien à mettre dedans). C'étaient des hommes qui avaient besoin de chaussures, parce qu'ils étaient toujours en marche."
L'un des plus beaux chapitres est le 15, le passage intéressant pages 346 et 347, où il revient à l'endroit où des années auparavant il avait enseigné. Las, tout a changé, l'école est délabrée. Une occasion de regarder cet endroit qui a influencé le cours de sa vie, et de mettre le doigt sur l'inutilité (voire pire) de l'aide extérieure) en Afrique.
Son projet était de terminer au Cap, mission accomplie. Après le Zimbabwe, le Mozambique, et l'Afrique du sud bien sûr. Une vision désenchantée de l'Afrique urbaine, avec plus d'espoir pour les campagnes.
A mon avis un des meilleurs opus de l'auteur.
Il a fortement aimé la gare de Maputo (
Gustave Eiffel y a mis sa patte) et j'avoue que...
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