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EAN : 9782702900666
Le Courrier du Livre (03/10/2000)
3.69/5   8 notes
Résumé :
On a coutume de considérer la pensée française seulement sous son aspect logique, rationnel, cartésien. Cependant il en existe un autre, non moins important, qui se rattache à une Tradition Universelle ou à un inconscient collectif.
Cet aspect, jusqu'à présent, n'a pas été mis assez en valeur, bien son affleurement, par exemple, caractérise le Romantisme.
La Collection "LITTERATURE et TRADITION", se donne pour mission de publier ces textes essentiels q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Axël est un drame en prose inachevé, publié en 1890, peu de temps après le décès de l'auteur. Villiers de L'Isle-Adam l'a divulgué peu à peu au public, en faisant paraitre dans des revues, dès 1872, certaines parties. Quatre parties au final, dont la première est sécable du tout, puisqu'elle se passe dans un temps et un espace différents des autres. Dans cette première partie, Sara de Maupers, qui a été élevée dans un cloître, doit célébrer son ordination lors de la veillée de Noël, mais lorsque l'archidiacre lui pose la question fatale : « Acceptes-tu la Lumière, l'Espérance et la Vie ? » elle provoque un scandale en répondant : « Non ». Les trois autres parties se passent en Allemagne, la nuit de Pâques suivante, dans le château d'Axël d'Auërsperg. Axël est le descendant d'une longue lignée de nobles, d'apparence paisible, vivant retiré dans son château au milieu d'une forêt, se consacrant à l'étude sous la coupe du mystérieux maître Janus et dont le seul loisir est la chasse. Dans un premier temps, il semble s'être engagé dans une voie opposée à celle de Sara, c'est-à-dire toute spirituelle, loin des passions du monde. Mais derrière sa sérénité se cache un redoutable exterminateur, capable de prononcer de terrifiantes sentences : « Tu es néant et je te nie, sans craindre un seul remords. Je ne t'en veux pas, je ne te vois pas : pour moi, tu es inanimé. Tu es l'éternel phalène qui, de lui-même, est accouru se détruire à l'éternel flambeau. » Grandioses paroles, mais qui déjà, dans leur suffisance, portent le germe de sa future renonciation au monde occulte et spirituel pour un trésor terrestre. Ainsi, quand maître Janus lui demande : « Acceptes-tu la Lumière, l'Espérance et la Vie ? » Axël répond : « Non ». Sara et Axël sont donc liés : frère et soeur renonciateurs et même plus. Ce drame philosophique est superbe, la prose De Villiers est délectable, tous les sermons, les tirades et les monologues sont impressionnants, les silences encore plus, et Axël est vraiment un héros magnifique. Il faut noter l'étrange similitude qui existe entre ce drame inachevé (ou plus précisément, dont la fin n'est pas peaufinée) de Villiers de L'Isle-Adam et le conte à peine ébauché de Mallarmé : Igitur. Ce conte dont l'action se résume à la descente d'Igitur, dernier de sa race, dans le caveau familial de son château, où, après avoir jeté un coup de dés, il finit par s'allonger sur les cendres de ses ancêtres. Action assez similaire, donc, à la dernière partie d'Axël. Même ambiance gothique, même importance de la philosophie, du destin, du rêve, de la volonté, du hasard...
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L'oeuvre est singulière.

On est bien dans le théâtre symboliste, avec ses élans, ses excès, ses mystérieux mystères... Axel attend une vérité qui ne vient pas, choisit la mort, puis la vie, puis la quête d'une autre vérité, puis l'amour-la vie-la mort.

L'intrigue, qui se déroule sur plusieurs mois et plusieurs centaines de pages (c'est du théâtre au long souffle), s'embrouille rapidement. On retrouve les influences occultistes (de Schopenhauer aux Rose-Croix) et wagnériennes qui marquent certaines oeuvres de Villiers de l'Isle Adams. Ici, elles se manifestent par l'idée d'une quête de Vérité (et de soi-même, au fond), guidée par un étrange mentor et une figure féminine très symbolique, menant à un détachement progressif du monde et des biens matériels.

La plongée dans le texte se fait en apnée. On peut y rester totalement hermétique: le style est souvent emphatique, plein d'une philosophie qui nous fait sourire aujourd'hui, écho d'un mal du siècle suranné. Et le récit (car cette pièce prend souvent des allures narratives) s'allonge parfois au-delà du raisonnable.
Mais l'aspiration à l'élévation, la souffrance face à l'impossibilité d'atteindre un idéal, le décor somptueusement sombre de la pièce (château en ruine, souterrains, etc) pour mettre en scène les tourments intérieurs, la sensibilité de l'auteur qui transparait dans certains dialogues, touchent forcément.

Axël est une pièce imparfaite, mais fascinante à certains égards. Pour Anatole France, Villiers de l'Isle Adams est "ce dormeur éveillé a emporté avec lui le secret de ses plus beaux rêves, s'il n'a pas dit tout ce qu'il avait vu dans ce songe qui fut sa vie, du moins il a laissé assez de pages pour nous donner une idée de l'originale richesse de son imagination". Axël est au nombre de ces pages curieuses, écho d'un rêve étrange sur la vie.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L'ABBESSE. Ah, si j'osais révéler... toute ma pensée ! Si j'ajoutais que son très étendu savoir, maintes fois transparu en ses précises et brèves réponses, m'a donné, trop tard, à entendre, alors que je pensais l'avoir laissée jouer à lire - que son entendement avait saisi, sans secours, jusqu'aux arcanes de toute cette érudition - cachée, là-haut, en des milliers d'ouvrages si divers !
L'ARCHIDIACRE, devenu pensif. Ténébreuse orpheline, en effet, que tant de livres devaient tenter de séduire.
L'ABBESSE. Prenez au sérieux ce que je dis : je le crois douée du don terrible, l'Intelligence.

Première partie
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Mais, sous le voile de ce dont il parle, nul ne traduit, n'évoque et n'exprime jamais que lui-même. Or, conçues par toi, imbues de ton être, pénétrées de ta voix, par ton esprit reflétées, les choses de ces paroles, à leur ressortir de ta nature et de toi préférées, ne m'arrivaient, incarnées en l'intime de ta présence, que comme autant d'effigies de toi-même - frappées en des sons neutres d'une vibration toujours étrangères à leur sens, et le démentant.
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Passant tu es passé. Te voici t'abîmant dans l'Impensable. En ton étroite suffisance ne s'affinèrent, durant tes jours, que les instincts d'une animalité réfractaire à toute sélection divine ! Rien ne t'appela, jamais, de l'Au-delà du monde ! Et tu t'es accompli. Tu tombes au profond de la Mort comme une pierre dans le vide, sans attirance et sans but. La vitesse d'une telle chute multipliée par le seul poids idéal, est à ce point... sans mesure... que cette pierre, en réalité, n'est plus nulle part. Disparais donc ! même d'entre mes deux sourcils.
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Je ne donne pas, à l'étourdie, le titre de mort à qui mérita trop peu celui de vivant. Ci-repose un brillant misérable, un tas d'assouvissements, qui n'aima ni ne pria jamais. Dès lors, apparu, disparu, rieur ou grave, que nous est-il ? Il s'est moqué de tout : Tout se moque de lui. Une dernière pelletée, et bonsoir !
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Mais, vous chancelez et je vous vois devenir, d'instants en instants, plus pâle. Tout à l'heure avec ces armes, j'ai dû vous blesser : je le regrette. Je ne voulais que vous tuer.
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Videos de Auguste de Villiers de l'Isle-Adam (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Auguste de  Villiers de l'Isle-Adam
Auguste VILLIERS DE L'ISLE ADAM – Relecture (France Culture, 1981) L'émission "Relecture", par Hubert Juin, diffusée le 1er mai 1981 sur France Culture. Présences : Patrick Besnier, Pierre Citron et Jean Claude Renault. Lecture : Jean Topart, Manuel Denis, Catherine Sellers.
Dans la catégorie : Littérature dramatiqueVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues romanes. Littéraure française>Littérature dramatique (842)
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