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EAN : 9782875601049
Onlit (06/11/2018)
3.61/5   31 notes
Résumé :
Sweetie Horn, autrice à succès, reprend conscience dans le coma. Incapable de communiquer avec le monde extérieur, elle entreprend d'écrire mentalement le récit de ses premières années. Elle se souvient, elle a 10 ans et vit en Angleterre dans la ferme familiale. Très imbue de sa petite personne, elle exige un cheval pour son anniversaire. Mais soudain, voilà que son corps décide de ne plus grandir. On la surnomme Poney. Et ça, ça lui tape sur les nerfs ! Elle fomen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Êtes-vous prêts à être bousculés, choqués, déstabilisés par une écriture défiant toutes les règles, par un brassage de mots triturés, par un refus de l'orthographe, par l'irruption de franglais et d'espagnol, par une typographie absolument débridée ?

Voyez la première page de ce roman, le ton y est donné d'emblée :

« Jejeje

Où suis-jejeje?

Mon corps semble engourdi

Maismaismais

Suis-je ?
Sweetie Horn, Anglaiz, j'écris des polars. «



Voilà : Sweetie Horn, 70 ans, est hospitalisée et dans le coma. Elle est consciente mais personne ne le remarque. Elle décide d'écrire mentalement l'histoire de sa pré-adolescence.

Et si le style, l'orthographe, la mise en page ne vous a pas encore dérangé, à présent vous voilà confronté à la vie d'une petite fille entre ses dix et douze ans, loin d'être une petite fille modèle !
Elle est amoureuse de son grand-père, grand Daddy, un amour proche de l'inceste, elle hait sa grand-mère :
« Je déteste ses poils de Dracucucula dans les oreilles. Je déteste ses dents brunies de chien bâtard. Je déteste ses moignons tordus de travailleuse trop manuelle. Tant de laideur ne mérite pas Grand-père. « 
Charmante enfant, non ?
Et ce n'est pas fini, elle a décidé de se faire offrir un cheval pour ses douze ans - « Je DOIS l'avoir. » - elle s'amuse à violemment choquer ses oncles et tantes, elle nous fait part de toutes ses réactions - « Mon front perle, mes mains moitent, mes parties génitales et inter-fessières exacerbent leurs parfums coutumiers. », que ne dit-elle pas encore sur ses premiers émois sexuels, sur sa rencontre avec un enfant cancéreux qu'elle décrit de manière atroce.

Tout cela est mordant, corrosif même !

Et pourtant, malgré ce style, malgré ce dépassement des limites de la bienséance, malgré cette petite fille dont je ne voudrais pour rien au monde, ce texte est arrivé à me fasciner et cela ne cesse de m'intriguer…
Tel est sans nul doute le pouvoir de la littérature !



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Pour les comédiennes de plus de quarante ans, point de salut si ce n'est dans l'écriture. Eh oui, à côté de la vague #metoo, à côté des revendications d'égalité salariale et de la dénonciation des violences faites aux femmes, on pourrait aussi s'indigner de la brièveté des carrières des actrices et des comédiennes. Car bien souvent passé l'âge de quarante ans, celles-ci sont reléguées au second plan quand elles ne sont pas simplement écartées des écrans et de la scène. Très symptomatique de notre société machiste et sexiste qui exige de nous toutes d'être jeune, mince et jolie, pour être reconnue.

Heureusement il nous reste, à nous femmes du monde entier, notre intelligence, notre ingéniosité et notre imagination, pour résister à ces diktats. Et de l'ingéniosité et de l'imagination, Isabelle Wéry en a à revendre, et c'est tant mieux.

J'ai aimé le ton de cette histoire. Un ton décalé et totalement surprenant mis dans la bouche d'une vieille petite Anglaise, consciente mais emprisonnée dans un corps inerte. C'est très proche de l'oralité (le bagage de l'auteure n'y est pas pour rien), ce qui en fait un récit vivant, palpitant et charnel.

Et j'ai aimé le côté irrévérencieux, complétement rock and roll, de cette petite vieille qui revit les sensations de son adolescence, ce désir qui lui brûle le corps, qu'elle ne comprend pas et qui la domine complétement … Juste un tout petit bémol pour la fin qui m'a laissée un goût de trop peu en bouche, comme si l'auteure était pressée de passer à autre chose. Cette histoire aurait, je pense, mérité une fin plus grandiose et plus poétique.
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Au mois de mai, les éditions ONLIT étaient à l'honneur du challenge #varionsleseditions et j'ai choisi de lire Poney flottant d'Isabelle Wéry. Un éblouissant petit OLNI.
Quand on fait la connaissance de Sweetie Horn, on comprend très vite qu'elle est dans le coma et que ses jours sont incertains. Depuis son entre-deux, elle entreprend de nous raconter son enfance... Elle nous parle de ses parents, de ses frères mais surtout de la ferme, de son Grand-Dad qu'elle idolâtre et de sa grand-mère, la Vieille, qu'elle déteste cordialement (c'est moche comme elle parle de sa grand-mère mais c'est surtout hilarant, moi ça m'a fait beaucoup rire en tout cas).
Un roman de formation sans égal, qui bouscule, qui choque, qui fait sourire, et même rire, qui bouleverse, qui secoue... En peu de pages, l'auteure parvient à nous faire passer par tout un éventail d'émotions. Je n'avais jamais lu un roman aussi dingue et aussi fort à la fois. le texte peut être cru parfois, grivois comme le dirait Sweetie elle-même, mais on ne tombe jamais dans la vulgarité parce que c'est écrit avec une telle spontanéité de ressenti et dans une langue métaphorique incroyable.
Sweetie vit dans un monde où l'onirique prend souvent le pas sur la réalité, où son Grand-Dad est un dieu vivant pour qui elle éprouve un amour fou. Dans ce récit du passage de l'enfance à l'adolescence, Sweetie a peur d'être retenue en otage dans un corps qui refuse de grandir, souffrance matérialisée par un trait immobile sur le chambranle d'une porte de la maison familiale, alors qu'elle est submergée par ses émotions et ses hormones.
Je suis admirative devant le style et la créativité de l'auteure qui s'approprie la langue, qui crée des images aussi fortes que farfelues, qui aborde des thématiques graves comme la mort et jongle entre la candeur enfantine et la lucidité froide.
Poney flottant ou l'histoire d'un Poney qui voulait devenir Cheval. Un texte original, un texte marquant, mais surtout une expérience de lecture d'une telle dinguerie ! Époustouflant ! Coup de coeur !
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Je ne sais pas depuis quand je n'avais pas lu un livre aussi frais et audacieux.
« Frais » mais surement pas dans le sens de niais et gentil parce que Poney Flottant, bien qu'inclassable, serait plutôt du genre punk et rebelle.
« Audacieux » parce que débarrasser de tous les carcans de la littérature, parce que hors des sentiers battus, parce que décomplexé, parce que rien n'y est normalisé, formaté.
Ici tout explose. La langue, la syntaxe, la grammaire. Isabelle Wéry y va franchement et ça marche.
C'est un feu d'artifice : typographie détonante, répétitions à outrance, orthographe malmenée si besoin, mots inventés.
Ne prenez pas peur. Rien n'est gratuit et tout ça est recouvert d'un humour grinçant et d'une bonne dose de poésie.
De cette cuisine littéraire étrange, il en résulte un roman parfaitement abouti.

Et l'histoire dans tout ça me direz-vous ?
Sweetie Horn, auteure à succès de 70 ans se retrouve plongée dans le coma. Sur son lit d'hôpital elle décide d'écrire mentalement sa biographie. Commence alors le récit de l'enfance de Sweetie, sale gamine amoureuse de son grand-père, qui rêve d'avoir un cheval, qui vibre pour son cousin, qui tuerait bien sa grand-mère et ses frères pour être au centre de tout. C'est Sweetie, ses pulsions et ses hormones ! C'est hilarant, un chouia dérangeant (mais juste ce qu'il faut), judicieusement décalé.

Oui ce livre est différent mais je vous promets que si vous tentez l'aventure vous allez être décoiffé et mettre un bon coup de pied dans votre train-train de lecteur.
Alors hop hop hop, faites-moi plaisir et allez acheter ce bouquin. Que la puissance de Sweetie Horn, descendante de vikings, queen de la ferme, Poney qui deviendra Chevaaaaaaaal, se répande sur Babelio et dans toutes les librairies.
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C'est plus fort que moi, lorsque je vois un roman d'un(e) auteur(e) belge francophone, il faut que je m'y arrête.
C'est le 1er livre d'Isabelle Wéry que je lis donc.

Il est assez déroutant déjà par sa "présentation" : les sensations de la narratrice sortant du coma sont décrites et écrites de manière décousue. Des mots, des morceaux de phrases non alignées. Et puis lorsqu'elle "écrit" mentalement la vie de son enfance , on retrouve une présentation habituelle sauf au niveau de la langue utilisée. L'histoire se passant en Angleterre, certains mots anglais sont "déformés", d'autres mots sont inventés, tordus, entortillés. Déroutant disais-je.

Ceci dit, l'histoire est relativement simple : Sweetie est en passe de sortir du coma; elle s'en rend compte mais n'arrive pas à communiquer avec "l'extérieur" . Allers-retours entre le moment présent et un pan de son enfance aux alentours de ses 10 ans. C'est une enfant un peu capricieuse et qui veut absolument recevoir un poney de la part de son grand-père pour ses 12 ans. Et au même moment, elle arrête de grandir. Tout le monde la surnomme dès lors Poney . Rien d'extraordinaire si ce n'est le langage parfois cru, osé dans la bouche d'une gamine de 10 ans ainsi qu'une tendance à être obsédée par sa sexualité.

Je suis donc mitigée par rapport à cette lecture ..... déroutante...
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critiques presse (1)
LeSoir
31 décembre 2018
Une bombe poétique qui explose la langue.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Et je les entend hurler de rire ! On dirait que Maman lit un truc à Papa :

‘« Un courtisan, c’est un proche du roi, une courtisane, c’est une pute.
Un masseur, c’est un kiné, une masseuse, c’est une pute.
Un coureur, c’est un Joggeur, une coureuse, c’est une pute.
Un entraîneur, c’est un homme qui entraîne une équipe sportive, une entraîneuse, c’est une pute.
Un professionnel, c’est un sportif de haut niveau, une professionnelle, c’est une pute.
Un homme à femmes, c’est un Don Juan, une femme à hommes, c’est une pute.
Un maître… une maîtresse
(Leurs rires redoublent)
Un homme public, c’est un homme connu, une femme publique, c’est une pute
Un homme facile, c’est un homme agréable à vivre, une femme facile, c’est une pute.
Un poulet de luxe, c’est un commissaire de haut vol, une poule de luxe, c’est une pute.
Un homme qui vous escorte, c’est votre garde du corps, votre ange gardien, une femme qui vous escorte, c’est une pute
Un homme qui fait le trottoir, c’est un paveur, une femme qui fait le trottoir, c’est une pute.
Un homme qui aime faire l’amour, on dit de lui qu’il est sensuel, une femme qui aime faire l’amour, c’est une salope, voire une chienne.
Une péripatéticienne, c’est une pute, un péripatéticien, c’est un élève d’Aristote. »
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Les petits malades promenés en chaise roulante n’ont vraiment pas l’air dans leur assiette et leur teint de foie de génisse avarié me glace d’effroi. Un petit gars a l’arrêt dans le couloir me regarde. Il doit avoir mon âge… Difficile à dire car il n’a ni cheveux, ni sourcils et sa carnation est toute grise ; on dirait qu’il est déjà très âgé, sa petite bouche semble toute fripée comme celle de la Vieille. Ses joues sont complètement creusées et décharnées comme les enfants affamés d’Afrikaa.
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Quand Ayako parle, des tas de papillons sentant le cerise sortent de sa bouche et ses mots sont comme des dragées de baptême aux couleurs pastel, tout coule chez Ayako, tout se fait perles de rosée ou barbapapa, c’est selon. Tant de douceur chez une femme, je n’ai jamais connu.
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Oh nom d’un rat, qu’est-ce que j’ai détesté vieillir. Qu’est-ce que j’ai détesté ces sensations de corps qui se déglingue. Ces peaux qui t’échappent, ces os devenus friables, ces muscles qui te font mal et tu ne sais pas pourquoi, ces aigreurs d’estomac, ces mains boursouflées. Ce visage dont les contours se tordent. Ce masque que tu découvres un matin dans le reflet du miroir, ce masque d’un visage qui ne t’appartient pas et qui pourtant est le tien, ces plis, ces replis dans les plis. Avec lesquels tu dois vivre jour après jour.
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J'ai la robe.
De La Spagna.
J'arrive à la ferme.
J'ai la robe des femmes qui tortillent leurs mains comme les octopoussies leurs tentacules, j'arrive dans la ferme, je suis la femme de l'Andalouzy...
Mais les cliquetis des castagnettes et accords de cordes dans ma tête s'effilochent à la découverte des sons provenant de la cour... Je perçois des bruits mats, des bruits de chairs, des à-coups de corps en lutte, je sens de la testostérone, des combats de virils -comme il doit y en avoir dans les prisons de Jean Genie-, j'entends des mises à mort, de la sueur, de la bave et du sperme... Et ce cri?!?!?!... Ah mais oui, c'est ça... Ce ne sont que les plaintes d'un cochon mis à mort par Grand-Père et son ouvrier... Oh, ce n'est que ça!!!... Bon, je zappe. On a tous assisté à la mort d'un cochon quelque part dans notre enfance et j'éviterai le paragraphe sur les chialures de gamin qui fait connaissance avec ce que l'on nomme "angoissss existentielle", la peur de son inévitable finitude blablabla... Et je zappe également les similitudes physiologiques de l'humain et du cochon dont la peau de ce dernier fait d'excellentes greffes à celle du premier... (aussi qu'est-ce qui est humain, animal, végétal????)
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