(Blaise Cendrars )
Apprenti horloger à Saint-Pétersbourg,étudiant tous azimuts en médecine, philosophie, littérature et musique à Berne, figurant au théâtre de la Monnaie à Bruxelles, avant de transiter par le Quartier latin de Paris,de retourner à Saint-Pétersbourg,de passer un été sur le golfe de Finlande, puis de s'embarquer pour New-York où il compose -Les Pâques, son poème vraiment inaugural,il semble n'être lui-même que dans les navires ou les wagons qui le conduisent ailleurs.(p.55)
Et trahir, pour lui, c'était ne plus être à temps plein aux côtés des réprouvés, des déclassés, des criminels ; c'était subir douloureusement la chance que lui offrait son génie.
Écrire s'imposait à la fois comme un dernier recours et comme une malédiction : une façon un peu veule à ses yeux de s'en sortir contre soi, et de ne plus pouvoir se réclamer de la race des maudits. Cette contradiction devait, dès les premiers succès, le tarauder sans répit, alors même que ses textes ne circulaient encore que sous le manteau.
[Sur Genet]
Le sens émerge tamisé par les prémonitions d'un esprit lié aux plus amples secousses du monde, aux fantasmagories les plus diffuses, les plus obscures aussi.
Il n'y a pour lui de réel que rêvé, et il n'y a de rêve qu'aux rives de l'effroi, du vertige, de la dispersion, mais converti en rythmes suaves, en mascarades ou langueurs, en douces violences.
[sur Verlaine]
Tous ces allers-retours, de geôles en palaces, se résumant d'ailleurs en un seul vers : J'ai été locataire et des prisons et des grand hôtels...
Hikmet excelle ainsi à décrire le balancier qui a rythmé les contrariétés et les fastes, les certitudes et les regrets, y compris quand il s'agissait d'évoquer les partis pris qui avaient orienté et balisé son existence.
Il est contre tout ce qui limite, restreint, enferme, balise, définit, fige.
À son oreille, chaque éloge ne peut être que funèbre. Il est résolument l'homme des nuits sans fond, des fureurs muettes, des ravages absolus, minuscules ou bouffons, des révoltes murées entre mémoire et cœur.
Mémoire violente et cœur affolé.
Et si son œuvre est immense, c'est que l'effroi est immense d'avoir été non pas partie prenante mais partie jetée, à son être défendant, dans cette inconfortable aventure humaine.
[Sur Michaux]
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac
Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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