AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791032900567
240 pages
Éditions de l'Observatoire (24/01/2018)
3.83/5   9 notes
Résumé :
À la veille de la Grande Guerre, Edmond Rostand est une superstar. Il a connu une ascension fulgurante, à moins de 30 ans, après le triomphe inouï de son Cyrano de Bergerac. Propulsé au c?ur des mondanités du Paris de la Belle Époque, élevé au rang de plume nationale, représenté dans le monde entier, il jouit d'un prestige sans égal. Pourtant, il semble toujours avoir voulu fuir secrètement son rôle public, dans sa retraite basque au plus loin de Paris, dans un amou... >Voir plus
Que lire après Edmond Rostand, l'homme qui voulait bien faireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Edmond Rostand, l'homme qui voulait bien faire n'est pas simplement une biographie mais c'est aussi la déclaration d'un homme à un artiste qu'il admire. L'homme, c'est François Taillandier, ancien professeur de français, écrivain et chroniqueur pour la presse. L'artiste, c'est Edmond Rostand, l'auteur de Cyrano de Bergerac, célèbre mais à la fois méconnu. Ce livre a mûri, longtemps, l'auteur nous révèle qu'il s'était promis de l'écrire un jour, et nous avons aujourd'hui entre les mains un ouvrage passionnant qui serait susceptible de plaire à tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la pièce phare d'Edmond Rostand ou tout simplement à l'univers du théâtre. Ici, ce n'est pas simplement la vie d'un écrivain qui est présentée mais surtout celle d'un dramaturge en devenir puis auréolé de succès. Ainsi, toutes les relations avec ses pairs sont disséquées et nous offrent une belle vision de ce qu'est la vie d'un dramaturge. Bien loin du romancier parfois solitaire qui s'isole pour écrire, Edmond Rostand compose pour et avec les autres, les comédiens notamment, à commencer par Coquelin qui se voit soumettre le texte de Cyrano de Bergerac au fur et à mesure de son écriture. Edmond, l'artiste, veut bien faire. Edmond, l'homme, aussi. Il restera cependant un rêveur incompris. François Taillandier nous livre avec passion de nombreuses anecdotes sur Edmond Rostand, j'en connaissais certaines, j'en ignorais d'autres (sa relation avec Anna de Noailles, l'insuccès de sa première pièce qui deviendra une comédie musicale à New-York…) et j'ai pris plaisir à les découvrir. J'ai apprécié également le fait que le biographe n'hésite pas à égratigner gentiment le talent de son idole, notamment lorsqu'il commente avec beaucoup d'humour un poème intitulé « Les cochons roses », on est bien loin alors de la tirade du nez. C'est un livre qui rend un bel hommage au poète qu'était Edmond Rostand, et tous ceux qui ont goûté à ses vers savent que l'hommage est amplement mérité.
Je remercie Babelio et les Editions de l'Observatoire qui m'ont permis de découvrir cette biographie.

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
Commenter  J’apprécie          380
Les siècles ne tournent pas avec les années zéro. Les siècles tournent avec des événements qui marquent les esprits. le 19ème s'est terminé dans la grande sauvagerie patriotique de 14, après que les terres du nord eussent été gavées de chair humaine. Edmond Rostand n'a pas voulu connaître le siècle nouveau enfanté par ce martyre des humbles. Il est mort en 1918. Il savait que la lame de boue gorgée de sang qui avait englouti le 19ème siècle avait emporté avec elle le "raffinement extrême, le luxe verbal et prosodique" du théâtre en alexandrins. "Rostand a sombré en même temps que la Belle époque."

Cyrano de Bergerac, l'Aiglon ou chanteclerc, auront été le bouquet final d'une époque incarnée par celui qui avait été, très jeune, auréolé d'une popularité sans égal. Difficile de déchoir quand on a fait plus que tutoyer, plus qu'embrasser, quand on a incarné la gloire. Après le triomphe de Cyrano, de l'Aiglon trois ans après, Edmond Rostand avait bien perçu la gageure qui est celle de durer dans le succès. Ce n'est donc que 10 ans plus tard, après moult remaniements et atermoiements, qu'il se décide à lancer chanteclerc, dans une débauche de décors, d'acteurs emplumés, de déclamations tonitruantes. Mais le siècle est sur le point de tourner, dans l'apocalypse, emportant avec lui la Belle époque et la poésie classique.

Les grandes oeuvres sont des monuments qui jalonnent l'histoire de la littérature. Celles d'Edmond Rostand sont érigées à la croisée de courants littéraires. le néo classicisme et son exubérance en l'art déclamatoire, devenu désuet, est supplanté par le surréalisme, plus déconcertant. le figuratif et le démonstratif ont vécu. Place au suggestif. chanteclerc, le fier et bucolique horloger des campagnes du 19ème siècle s'efface au profit du trivial et mécanique réveil matin. le charisme n'est plus une valeur. L'algorithme ne sait pas le gérer.

Plus qu'une biographie du célèbre dramaturge, François Taillandier nous dresse un panégyrique de cet "éveilleur d'âmes" et de son oeuvre. Véritable déclaration d'amour à l'adresse de celui qu'il n'hésite pas interpeler dans de grands élans de familiarité, "mon Edmond", le plaindre parfois, "mon pauvre Edmond". Il a enchanté sa jeunesse et le fascine toujours, regrettant du même coup n'être pas né à la bonne époque, n'avoir pu devenir un grand poète lyrique. N'avoir donc pu connaître celui qui "incarnait le prestige de la littérature, magnifiait l'idée du poète." Il dégage de sa personnalité trois caractéristiques qu'il développe avec force argumentations : le conformisme, dans ses jeunes années, la gravité, et la démesure.

"Je m'étais promis d'écrire ce livre."

Le temps était donc venu de faire cette déclaration à son idole de jeunesse, parmi d'autres illustres versificateurs sans doute. N'imaginons pas de calcul avec le centenaire de la mort de Rostand, il y avait jusqu'alors comme une retenue. Dès lors, par delà le siècle, Edmond le lui commande. François Taillandier sent le moment venu de raviver une mémoire injustement élimée par les décennies oublieuses de "celui qui voulait bien faire" - sous-titre de cet ouvrage. S'interrogeant cependant toujours sur la raison de cette connivence d'outre tombe. Cet ouvrage est donc bien la confession rétrospective "d'une passion singulière, anachronique, d'un gamin de quinze ans dans la France des années soixante." Il est un non conformisme à la biographie, en ce sens qu'il dévoile l'intimité de son auteur avec son sujet. C'est l'oeuvre d'une passion. C'est ce qui le rend plus touchant que simplement historique.

Quand est venu le moment de faire parler le coeur, de dire le ressenti, la prose, plus apte à traduire les pensées, encore que, avoue son insuffisance et laisse la place à la poésie. "Le poète est un professeur d'idéal, de sens et de beauté."

Je n'arpenterai désormais plus la rue Edmond Rostand à Marseille avec le même regard. Je devrai à l'opération masse critique de m'avoir ouvert les yeux devant ce numéro 14, la maison natale du plus jeune académicien que la vieille dame du quai Conti dame ait compté sous sa coupole.

Commenter  J’apprécie          230
L'adolescent (e) magnifie l'écrivain qui le bouleverse, l'accompagne, le forme, le console, le conforte et l'aide à grandir.
L'adulte prenant quelques distances (littéraires et autres) garde cependant blotti au fond de lui cette rencontre particulière de ses quinze ans.
François Taillandier le proclame, à cet âge, il a "rencontré" et donné une place primordiale à Edmond Rostand.
Le plus objectivement possible, il raconte la vie et l'oeuvre de cet auteur qu'il a intensément côtoyé et livre une analyse de ce qu'il fut et demeure (?) en cette année 2018 qui commémorera le centième anniversaire de sa disparition.
Parlez à chacun de cet écrivain, un nom surgit : "Cyrano de Bergerac".
Le héros perdure à travers les années et les époques, un peu moins ses autres oeuvres, plus du tout son oeuvre poétique...
L'époque, voilà le fil conducteur pour comprendre l'auteur dramatique.
François Taillandier cerne Edmond Rostand.
Il le situe à son époque (origines et famille, vie, amours, goûts, héritage culturel et littéraire, académisme...).
Le style "nouille" au goût du jour se retrouve dans sa poésie quelque peu alambiquée, excessive voire ridicule, emphatique, indigeste pour les lecteurs d'aujourd'hui.
Edmond Rostand est l'époque dans laquelle il s'insère parfaitement. La lecture que nous faisons sera "sociologique" et permettra de mieux percevoir son cheminement et d'accueillir les extraits proposés.
Qu'à cela ne tienne, l'intérêt est dans l'histoire d'une période, d'un milieu social et d'un cercle littéraire particuliers.
L'homme se profile, hypocondriaque, dépressif, cyclothymique, fragile, mégalomane.
Il traîne un parfum de "Belle-Epoque" et méconnaît la réalité vraie dans toutes ses revendications sociales, artistiques,...
La guerre 14/18 brisera le monde dans lequel Edmond Rostand se maintint.
Ses vers de l'époque sont presque choquants devant la boucherie des tranchées et l'oxygène renouvelé viendra du souffle d'une autre poésie : Apollinaire (qui vivra et dira la guerre comme elle doit être racontée), Valéry... et Aragon...
"L'homme qui voulait bien faire" émeut.
Dommage qu'il ne fut pas l'homme qui fit mais... l'époque, le milieu, "l'ombre tutélaire" de Victor Hugo, l'héritage culturel du romantisme, les doutes, le repli... l'ont emprisonné.
La conclusion du livre est juste et belle.
L'homme a fait ce qu'il a pu. Avec son propre "panache".

Mes remerciements à Babelio et aux Editions de l'Observatoire pour cette lecture où l'on apprend beaucoup.
Commenter  J’apprécie          50
Son coup de génie lui a apporté la gloire en 1897 : Edmond Rostand avec son Cyrano.
Mais la Grande Guerre a tout balayé, en condamnant à l'oubli son époque, y compris les goûts littéraires. Avec cet essai biographique, j'ai découvert le destin d'un poète tourmenté par la dépression, son manque de confiance et sa propre célébrité. Mes pages préférées sont celles qui évoquent la genèse de Cyrano. le poète a eu deux indispensables collaborateurs : son épouse Rosemonde et le brillant comédien Coquelin.
Avoir placé l'oeuvre et l'artiste dans le contexte historique - voilà le véritable point fort. Taillandier donne sa vision personnelle, sans tomber dans l'admiration béate. Un regret : des allées-retours entre le fil narratif et les autres moments clé de la vie du protagoniste, comme si le biographe redoutait la monotonie en gardant la succession chronologique.

Quant à la rupture générationnelle entre les traditionnalistes et les surréalistes, Taillandier écrit : « [ …] même Anatole France, qui a pourtant dénoncé la guerre, leur paraît une vieille barbe académique ; André Breton recommandera de cracher sur son cadavre. Nul doute qu'un Rostand encore vivant eût subi quelque provocation analogue », p 205. Cela a titillé ma curiosité. Je suis tombée sur les tracts surréalistes collectifs (voir site melusine-surrealisme).

Ensuite j'ai exploré de belles images : la somptueuse résidence Arnaga au Pays Basque et les portraits de Rosemonde et de Sarah Bernhardt, vêtues de robes blanches, avec volants et dentelles, très romantique !

Un extrait : « E R ressemble à son époque en ce qu'elle a pour nous de plus désuet, avec ses canotiers et ses cannes, son style tarabiscoté, ses exaltations cocardières, ses comiques troupiers et ses cocottes célèbres. [ ] Tout un monde insouciant et luxueux, follement narcissique, se fracasse à Verdun, aux Eparges, au Chemin des Dames. » p20
Commenter  J’apprécie          70
Très bonne biographie de Rostand, où l'on comprend que la notoriété à écrasé l'homme et sa famille !
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
C’est un vrai comédien, Coquelin, Il sent ce qu’il a en lui. Il a le sentiment de n’avoir pas trouvé le rôle où s’exprimeraient toutes ses potentialités. Il comprend vite que le jeune Rostand lui donnera ce dont il rêve : du burlesque, des mots d’esprit, des rimes sonnantes, des morceaux de bravoure, mais aussi de l’émotion, à travers le pathétique de l’homme que sa laideur condamne à la solitude… Il aime ce défi enfin : émouvoir le public avec un personnage au nez grotesque – attribut qui n’est pas loin de la vieille commedia dell’arte aux mille masques. Il se sent de taille.
Edmond se met au travail.
Commenter  J’apprécie          240
Cyrano est en effet une oeuvre qui repose sur sa pointe: on s'aperçoit après coup que depuis le premier acte et à travers toutes les scènes et péripéties, elle est tout entière calculée pour tende vers ce mot ultime, qui la résume. C'était ça qu'il voulait dire, c'est là qu'il nous menait: le panache. Il y reviendra par la suite dans son discours de réception à l'Académie: Ah! le panache! Voilà un mot dont on a un peu abusé, et sur le sens duquel il faudrait bien qu'on s'entendit. Qu'est-ce que le panache? Le panache n'est pas la grandeur, mais quelque chose qui s'ajoute à la grandeur, et qui bouge au-dessus d'elle. C'est quelque chose de voltigeant, d'excessif, - et d'un peu frisé. Si je ne craignais d'avoir l'air bien pressé de travailler au Dictionnaire, je proposerais cette définition: le panache, c'est l'esprit de bravoure... Le panache, est la pudeur de l'héroïsme, comme un sourire par lequel on s'excuse d'être sublime
Commenter  J’apprécie          20

Videos de François Taillandier (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Taillandier
Maison de la poésie (4 juin 2019) - Texte et Lecture de Alban Lefranc, extrait du Dictionnaire des mots parfaits (dirigé par Belinda Cannone et Christian Doumet, éd. Thierry Marchaisse, parution mai 2019).
Le Dictionnaire des mots parfaits :
Pourquoi certains mots nous plaisent-ils tant ? S?adressant à notre sensibilité, à notre mémoire ou à notre intelligence du monde, ils nous semblent? parfaits. Bien sûr, parfait, aucun mot ne l?est ? ou alors tous le sont. Pourtant, chacun de nous transporte un lexique intime, composé de quelques vocables particulièrement aimés. Après ceux consacrés aux mots manquants et aux mots en trop, ce troisième dictionnaire iconoclaste invite une cinquantaine d?écrivains à partager leurs mots préférés. Il vient parachever une grande aventure collective où la littérature d?aujourd?hui nous ouvre ses ateliers secrets.
Auteurs : Nathalie Azoulai, Dominique Barbéris, Marcel Bénabou, Jean-Marie Blas de Roblès, François Bordes, Lucile Bordes, Geneviève Brisac, Belinda Cannone, Béatrice Commengé, Pascal Commère, Seyhmus Dagtekin, Jacques Damade, François Debluë, Frédérique Deghelt, Jean-Michel Delacomptée, Jean-Philippe Domecq, Suzanne Doppelt, Max Dorra, Christian Doumet, Renaud Ego, Pierrette Fleutiaux, Hélène Frappat, Philippe Garnier, Simonetta Greggio, Jacques Jouet, Pierre Jourde, Cécile Ladjali, Marie-Hélène Lafon, Frank Lanot, Bertrand Leclair, Alban Lefranc, Sylvie Lemonnier, Arrigo Lessana, Alain Leygonie, Jean-Pierre Martin, Nicolas Mathieu, Jérôme Meizoz, Gilles Ortlieb, Véronique Ovaldé, Guillaume Poix, Didier Pourquery, Christophe Pradeau, Henri Raynal, Philippe Renonçay, Pascale Roze, Jean-Baptiste de Seynes, François Taillandier, Yoann Thommerel, Laurence Werner David, Julie Wolkenstein, Valérie Zenatti
+ Lire la suite
autres livres classés : biographieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (30) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1720 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}