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EAN : 9782266083447
216 pages
Pocket (30/11/-1)
3.34/5   103 notes
Résumé :
Quel miracle arrachera Hélène à cette solitude qui l'étouffe dans la grande demeure de pierre où elle vit en compagnie de son père veuf ? Pris entre ses affaires et sa maîtresse, René Noris n'a guère de temps à lui consacrer. La ville jase de sa liaison avec Tamara Soulerr, mais les 15 ans d'Hélène ne s'en choquent pas. Au contraire, ce nom de Tamara l'intrigue, l'attire, lui donne à rêver.
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« L'éducation sentimentale ». Tel aurait pu être le titre de ce roman de Françoise Mallet-Joris. Education, amour, et… désillusion…

A Gers, en Belgique, Hélène est quelque peu délaissée par son père veuf, pris qu'il est entre ses affaires et sa maitresse…Hélène n'aura de cesse que de rencontrer celle-ci, Tamara Soulerr qui s'avèrera une femme dure et possessive ; une attitude qui n'empêchera pas que naisse entre les deux femmes une relation complexe et ambigüe.

Mais le livre s'appelle « le rempart des Béguines » et c'est le premier roman (sulfureux pour l'époque dans la mesure où il traite de l'homosexualité féminine) de l'écrivain Françoise Lilar (père ministre belge, mère écrivain…) qui ne put le publier à 19 ans que sous le pseudonyme Françoise Mallet-Joris.

On est à l'époque de « Un barrage contre le Pacifique » de Duras et de « Bonjour tristesse » de Sagan qui viendra quelques années plus tard, mais « le rempart des Béguines » n'aura pas le retentissement de ces deux best-sellers… Peut être la dérive (pesante à mon avis) vers le sadomasochisme peut-elle expliquer, même partiellement, ce relatif oubli dans lequel semble tombé ce brûlot des années 50 ?
Sans doute…
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Dès le premier paragraphe j'ai trouvé l'écriture remarquable. En quelques lignes, Françoise Mallet-Joris, toute jeune écrivain (pas encore 20 ans, et un recueil de poèmes déjà publié) décrit la solitude et l'ennui de sa narratrice, Hélène, adolescente de quinze ans, en se focalisant uniquement sur les sons qui s'arrêtent et le silence qui s'installe. Ensuite elle fait une peinture du milieu social dans lequel elle évolue, un milieu très aisé, très bon chic bon genre, très années cinquante aussi, dans une petite ville de province à la morale un peu étriquée et vieillotte. Au point que que la relation entre Hélène et Tamara est déjà audacieuse sur le plan social, ce qui finalement permet que personne dans l'entourage d'Hélène ne soupçonne la moindre relation homosexuelle. Ce roman, pourtant moins connu que Bonjour tristesse de Françoise Sagan, est bien plus sulfureux tout en étant ancré dans un univers social mieux dépeint, fouillé, et plus crédible. C'est sulfureux mais c'est loin d'être un roman érotique, c'est surtout l'évolution psychologique d'une adolescente, sa maturation au fil d'une première expérience amoureuse. Si les scènes de sexe sont à peine suggérées, le personnage de Tamara, adulte manipulatrice, assez instable, parfois violente, met le lecteur mal à l'aise. Hélène est une petite fille riche, assez naïve, mais elle est très attachante par son intelligence et sa capacité à analyser ce qu'elle ressent et ce qu'elle vit. Pour un premier roman c'était très osé et en même temps très travaillé et très abouti.
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Initiation saphique d'Hélène 15 ans par la maîtresse de son père veuf depuis 8 ans, Tamara profitant parfois cruellement de la candeur d'une Hélène en mal de tendresse. Personnage intéressant, cette russe Tamara, 35 ans, une vie d'aventurière, souvenirs d'amours déçues, folie sous-jacente...

J'ai bien aimé l'ambiance 'belle société années 50', aussi fouillée et peut-être plus crédible que le très beau 'Bonjour tristesse' de Sagan.
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Françoise Mallet-Joris a 21 ans lorsque parait son premier roman :"Le Rempart des Béguines". Il y est question d'homosexualité féminine. Je n'ai pas trouvé de documents concernant les réactions lors de la sortie de ce livre. Il n'est cependant pas difficile d'imaginer que des qualificatifs comme "sulfureux" ou "scandaleux" ont du être employés. Nous sommes en 1951.

Sans indication précise sur la période où l'autrice situe son histoire on peut penser qu'il s'agit de l'entre-deux-guerre.

Hélène, jeune fille de 15 ans, est la narratrice. Elle vit avec son père. Sa mère est décédée depuis plusieurs années. Julia, la bonne, s'occupe d'elle. Elle s'ennuie "j'aurai voulu alors ne pas être seule, bavarder avec quelqu'un qui s'intéressât à moi". Son père est très occupé, de plus il a une maitresse, Tamara, russe divorcée.

Un jour Hélène, au lieu de téléphoner à Tamara comme le lui a demandé son père, décide par curiosité - elle ne la jamais rencontrée - de se rendre à son domicile. Dés leur première rencontre, débute entre Tamara, femme de 35 ans, et Hélène, jeune fille de 15 ans, une liaison. Leur liaison sera tumultueuse. Elle traversera des périodes de douceur, de plaisir, de rire, de pleurs, de violence, de jalousie, de sado-masochiste : "Jamais je n'ai connu un plaisir plus intense que ce jour où j'avais cru la perdre. Jamais je n'avais mieux compris l'empire qu'elle avait sur moi, et la revanche qu'elle prenait à en user."
A l'heure de leur rupture Hélène sera libre "j'étais libre enfin. Même mon vieux désir de vengeance disparaissait : il n'était qu'une dernière tentative pour ranimer le vieil antagonisme tendre que je ne devais plus connaître de longtemps... "

Très belle écriture. Pour parler des rapports sexuels entre Hélène et Tamara l'autrice n'use pas de descriptions plus ou moins érotiques. Elles sont juste suggérées.
Dés son premier roman Françoise Mallet-Joris a démontré un grand talent d'écrivain.


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Dès les premières lignes, j'ai été séduite par l'écriture de Françoise Mallet-Joris : très imagée, très riche, très descriptive. On est dans la tête d'Hélène, 15 ans, esseulée, désoeuvrée, dans une petite ville de province. le salut viendra de Tamara, 35 ans, énigmatique maîtresse de son père veuf, grâce à laquelle elle découvrira toutes les affres d'un amour dysfonctionnel, les rapports de force, le manque, la soumission, la rébellion, exacerbées d'autant que la relation est violente.

Le fait que cette éducation sentimentale se développe avec une femme a l'intérêt pour le personnage principal d'y trouver un modèle de femme, de ce qu'est être une femme, de ce que cela peut être, alors qu'elle a perdu sa mère très jeune et est en manque de repère à ce sujet. Cela me semble être un point fondamental et très intéressant du roman.
Pour le reste, il me semble que les problématiques décrites en lien avec la relation amoureuse vaut pour tout le monde, quelle que soit l'orientation sexuelle, cela sur le plan interpersonnel et intime.
La dimension sociale des relations amoureuses tient également une place forte et joue beaucoup dans le personnage de Tamara et dans la relation amoureuse de Tamara et d'Hélène.

J'ai apprécié l'évolution d'Hélène dans ce parcours du combattant. L'autrice transcrit bien les états psychologiques traversés selon moi, je trouve que c'est vraiment le point fort de l'oeuvre. J'ai beaucoup aimé la fin.

Pour qui chercherait un roman érotique, passez votre chemin, les scènes de sexe sont à peine suggérées. D'ailleurs, le point du désir et du plaisir physiques me semble avoir été sous-exploité, évacué systématiquement en une phrase ou par allusions, même si mentionné à plusieurs reprises, alors que cela fait également partie de cette éducation sentimentale.

Je suis ravie d'avoir découvert cette plume féminine franco-belge du XXème siècle grâce au challenge Solidaire 2022 dont j'ai apprécié autant le style que le sens du scénario et de la psychologie des personnages, je ne manquerai pas de me pencher sur d'autres de ses titres.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait quelque chose d’effrayant dans mon attirance pour Tamara, quelque chose de semblable à mon désir de vide en me penchant par la fenêtre, ou à celui de rencontrer en nageant dans le lac le tourbillon dangereux, « pour voir »…
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Je la regardais avec écœurement. Sur ce visage que j'avais aimé, que j'avais admiré si éperdument, qui avait été mon soleil, mon horizon, l'incarnation même de la beauté, de la cruauté, d'une volupté et d'une souffrance également délicieuses, venaient de se peindre cette humilité odieuse des mendiants et des femmes battues, cette lâcheté des êtres irresponsables, cette même faiblesse que j'avais haïe en moi, et qu'elle m'avait appris à haïr.
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J'ai toujours eu beaucoup de difficulté à m'exprimer parce que je sens les choses d'une façon embrouillée et souvent de deux façons à la fois, totalement contradictoires. (p.24)
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Ce qui m'étonnait surtout était l'innocence de mon père qui n'avait rien soupçonné de nos relations. Je n'avais aucune conscience du fait que ce genre de rapports amoureux n'étaient tout de même pas très fréquents, du moins dans nos respectables contrées où beaucoup de gens devaient en ignorer jusqu'à l'existence.
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Je me croyais vraiment consolée, je me disais même avec cynisme qu'il était regrettable que l'intérêt de Mme Lucette portât surtout sur mon ignorance, car sa beauté crémeuse, lisse, comestible, m'eût agréablement distraite du corps musclé de Tamara.
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