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EAN : 9782363081278
160 pages
Arléa (16/02/2017)
4.23/5   33 notes
Résumé :

Petit éloge de la fuite hors du monde
Essais
Rémy Oudghiri

Qui n’a pas rêvé, un jour, de tout quitter ? De renoncer au confort d’une vie réglée, d’abandonner la société des hommes, de disparaître à l’horizon du monde ? Cette tentation de la fuite peut apparaître à tous les âges de la vie, toucher tous les milieux, prendre des aspects très différents selon les individus ; force est de constater qu’elle est présente chez beaucoup d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Une surprise des plus toniques, reçue d'un ami, par la voie postale...à l'aube de ce dernier week-end... J'ai dévoré cet ouvrage au sujet palpitant .

Qui n'a pas rêvé , en effet, un jour de tout quitter ?....Analyse vivante sur ce rêve universel de "fuir le monde"... pour mieux le retrouver. Cet opuscule
tombe on ne peut mieux, dans mes cogitations du moment... Des rêves, envies, et besoins de changement de vie, de départ, de mise au repos, dans une belle nature... sereine, avec peu de mes congénères !!!!...Une phase transitoire en ce début de nouvelle année...

Pour illustrer son propos, l'auteur -essayiste que je lis pour la toute première fois s'appuie sur 10 textes littéraires, et personnalités significatives,entre Pétrarque [ "La vie solitaire"], "Les rêveries du promeneur solitaire" de Jean-Jacques Rousseau, La dernière fugue de Léon Tolstoï, des Lettres et correspondances de Flaubert, "Oviri- Ecrits d'un sauvage" de P. Gauguin , "Le pressentiment" d'Emmanuel Bove, "La Fuite de Monsieur Monde" de G. Simenon, "Ailleurs" et "Le livre des fuites- roman d'aventures" de le Clézio, sans oublier "La Barque silencieuse" de Pascal Quignard, et de nombreuses autres références qui nourrissent les réflexions et analyses de l'auteur..., dont "L'Eloge de la fuite" de Henri Laborit....

D'abondants passages passionnants sur la Lecture, le Savoir... et ce temps hors du temps , qui nous offre la liberté, et la joie d'apprendre, de s'extraire de notre quotidien et de nos congénères "immédiats"...!

"On ne compte pas ses heures quand on lit. On oublie jusqu'à la notion du temps. Les livres nous font rencontrer des auteurs morts il y a des siècles et qui cependant paraissent plus vivants que jamais. Peut-être que le bienfait principal de la fuite hors du monde consiste précisément dans cette possibilité inouïe : sortir du temps présent et accéder à une forme de petite éternité, l'éternité des livres, l'éternité du savoir universel, l'éternité à laquelle on peut prétendre de son vivant. C'est la magie de la fuite : elle introduit à un temps utopique où chaque seconde s'inscrit dans l'éternité. La fuite serait ainsi une voie d'accès privilégié au monde éternel."


"Dans un lieu isolé, il est une activité que prise particulièrement Pascal Quignard, c'est la lecture. Loin de tout, il a le temps de s'abîmer dans les livres. Lire, c'est une autre façon de se retirer du monde. Pour lire, on doit s'éloigner de sa familles, de ses amis, du groupe social auquel on appartient, de notre époque. Les livres sont contraires aux "moeurs collectives" écrit Quignard. À travers eux, on se glisse hors du temps. On s'évade. L'auteur de -Vie secrète- ne cesse d'écrire. Lire est une attente qui ne cherche pas à aboutir : une errance. La lecture est une dérive. Elle "redéboîte le puzzle" note-t-il. Se perdre dans la lecture, c'est se mettre à nu, se réinventer, jaillir à nouveau comme au premier jour. C'est, en tout cas, s'en donner la possibilité. "


Un texte lu trop rapidement: le genre d'ouvrage qu'il me faudra reprendre, relire, où piocher
selon l'humeur... pour savourer à sa juste qualité...et cerise sur le gâteau: un très bel hommage à la littérature...

Je ne peux résister à transcrire un dernier extrait concernant la démarche humaine, littéraire et la
philosophie de vie de Pascal Quignard...
"Heureux celui qui prend la fuite ! L'auteur de - Vie secrète- [Pascal Quignard] éprouve un
visible plaisir à énumérer ces "solitaires qui furent les plus heureux des êtres" : les ermites,
les errants, les "périphériques", les chamans, les "centrifuges", etc. Pascal Quignard se sent
proche de ceux que plus rien ne relie au social. Ces "rebelles, fruits sans racine, sans terreau,
sans règle, sans filiation, sans reconnaissance et d'une postérité complètement aléatoire"
[ "Les ombres errantes"] Ils ont suivi une voie déconcertante aux yeux de la société.
Mais tel est peut-être le chemin le plus excitant. Pascal Quignard recueille dans ses livres les fragments de leur existence comme autant de preuves de la possibilité du bonheur sur terre. (p. 158)
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Larguer les amarres, changer de peau, rompre avec le passé... Ou, de manière moins radicale, s'évader, fuir, qui ne l'a jamais désiré ? Une fois pour toutes ou comme simple parenthèse. « Combien sont-ils à étouffer là où ils ont eu le malheur de naître ? Combien sont-ils qui auraient pu développer leurs talents si seulement ils avaient pu s'évader hors de leur lieu de naissance et rejoindre une latitude plus favorable ? Où se situe le vrai « paradis » de chacun s'il existe ? » (p. 92). Ces quelques questions de Rémy Oudghiri, à propos de Gauguin, concentrent en termes simples l'esprit de ce petit essai embarquant son lecteur en belle compagnie ; surtout celle des écrivains, mais aussi de leurs personnages, en quête de "latitudes plus favorables". Une lâcheté, une impasse que la fuite ? Parfois, mais pas toujours. La fuite est également une mise en danger, elle émancipe et révèle autant qu'elle peut enfermer. Petit et sans prétention cet éloge est sacrément vivant et sa lecture revigorante m'a ravie. Précis de la fuite en forme de réflexion sur la création artistique et sur la quête de soi. Joies de la vie retirée hors du monde où se mêlent le réel et la fiction par l'illustration des arts et de la littérature – entre goût de la solitude, désir d'esthète ou plus simplement l'oubli des turpitudes de l'existence –, à destination de tous ceux que tuent la comédie des apparences, la vacuité de leur époque, ou pour qui la solitude est nécessaire. Que du bienfait. Le cheminement est fort bien construit, léger (il y aurait contradiction de l'auteur à faire de la pompe verbale là où finalement des pesanteurs de toutes sortes et de toutes époques sont soulignées), profond, émouvant même quand il s'agit de « la dernière fugue » du vieux Léon (Tolstoï) encore plein de projets ou de l'histoire saisissante et tragique de Christopher McCandless, mise en scène en 2007 au cinéma par Sean Penn. En somme si vous pensez que Tolstoï, Simenon, Gauguin, Le Clézio, Pétrarque, Quignard et Sean Penn ont quelque chose à dire ensemble aujourd'hui vous adorerez cette lecture.

La réflexion oscille entre la fuite présentée comme un mouvement sans destination, bien ancré dans le réel, où rien n'est prévu, telle que l'a théorisée Deleuze ou au contraire, prenant sa source dans l'imaginaire et condition même du bonheur individuel, telle que préconisée par Henri Laborit (Eloge de la fuite, 1976). La lecture montre que si la question de la création et du bonheur sont en jeu dans la fuite pour nombre d'artistes, c'est souvent une question de survie (en tout cas l'indispensable soupape face à la pression du quotidien) dont l'issue peut être radicale, pour le vulgum pecus (« Into the wild », Sean Penn, 2007, retrace justement l'histoire de Christopher McCandless cité plus haut). Des vies trop bien réglées de personnages de fictions servent parfaitement le propos. C'est, à dix ans d'intervalle, Emmanuel Bove examinant les motivations du désir d'effacement de Charles Benesteau (Le Pressentiment, 1935) et, Simenon poussant encore plus loin l'exercice avec Norbert Monde (La fuite de Monsieur Monde, 1945). Outre le maître de Yasnaïa Poliana tirant furtivement sa porte un soir d'octobre 1910, on rencontre ici Pétrarque à Vaucluse : « il faut fuir cette comédie, fuir ces mines affairées, fuir ces êtres livrés à des pacotilles » (ne pensez-pas que la fréquentation de la pensée des Anciens soit incompatible avec celle de notre période connectée) ; Rousseau à Montmorency fuyant « pour être, pour écrire, pour rêver », l'ours totalement désenchanté de Croisset (Flaubert à Melle Leroyer de Chantepie le 18 mai 1857 : « La vie est une chose tellement hideuse que le seul moyen de la supporter, c'est de l'éviter. Et on l'évite en vivant dans l'Art, dans la recherche incessante du Vrai rendu par le Beau » p. 78) ; ou bien encore le sauvage de Polynésie (Gauguin) dont le parcours emblématique n'est qu'une vaste interrogation philosophique résumée par sa toile de 1897 « D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? ». Mais c'est finalement toujours un même repli du faux vers le vrai, une même envie de se remettre au monde (renaître) que promet le recours à la fuite. Recherché autant par Pétrarque, Rousseau que Gauguin, il perdure en mode apparemment opposé chez deux écrivains contemporains : Pascal Quignard en son refuge sédentaire des bords de l'Yonne et le nomade Le Clézio en ses fuites répétées autour du monde ? Les latitudes abordées en ces pages sont d'abord et avant tout éminemment intérieures.





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Très bon livre de réflexions sur la fuite "hors du monde".
A travers des écrivains ou personnages de fictions, de Pétrarque à Quignard, en passant par Flaubert, Gauguin, Bove..., l'auteur pose la question de la nécessité de la fuite pour "se retrouver". Fuir, quoi, comment, dans quel but ?
On y découvre toutes les variantes possibles : fuir la société du paraître, fuir un monde qui ne nous correspond pas pour en trouver un, plus conforme à notre être et à nos idées. Pour 3 jours, 3 mois ou à vie.
Selon la plupart des exemples cités, on fuit surtout pour trouver une vie plus authentique, loin de la foule, comme Pétrarque ou Gauguin. Mais est-ce toujours possible ou souhaitable ?
Laborit propose la fuite dans l'imaginaire, toujours possible et moins contraignante pour éviter une situation intenable.
A contrario, le héro de "Into the wild", aura pu bénéficier de ses quelques mois de retour "authentique" aux origines, mais au prix de sa vie.
Oudghiri, pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses. D'ailleurs, chacun n'a-t'il pas sa propre façon de fuir la société lorsqu'il le souhaite ?
Ce livre a le mérite de nous faire réflechir sur cette question.
Un des personnages de le Clezio (Mondo et autres histoires), une lycéenne, a fugué quelques jours, juste pour rester à contempler la mer. Et si une simple fugue de quelques jours pour "respirer" suffisait, pour nous permettre ensuite le retour à la société du "paraître" ?
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Si Baudelaire nous invite à "plonger dans l'inconnu pour trouver du nouveau", Rémy Oudghiri, lui, tente de cerner ce besoin de fuir hors du monde, pour finalement aboutir au constat paradoxal que : la fuite hors du monde n'est peut-être rien d'autre qu'une façon d'y entrer. Deleuze voyait la fuite comme un engagement alors que Laborit expliquait, dans son Éloge de la fuite, que l'homme contemporain a besoin d'échappatoires pour résister à la pression sociale, prônant pour cela une fuite dans l'imaginaire, que l'on soit artiste, ou pas. Ainsi ce Petit éloge de la fuite hors du monde est à la fois un essai philosophique et un essai littéraire, car il n'est meilleur outil pour s'évader qu'un (bon) livre. Oudghiri propose ainsi une ligne de fuite où l'on suit Pétrarque sur son Mont Ventoux ; Rousseau qui renait quand il fuit les hommes ; Gauguin, dont l'art surgit lors de son exil ; Tolstoï dans sa fuite ultime ; Pascal Quignard, qui lui décide de vivre dans un angle caché du monde ; Alex Supertramp, le jeune protagoniste de Into the wild (le livre de Jon Kracauer qui sera adapté au cinéma par Sean Penn), de son vrai nom Christopher McCandless, inspiré par ses lectures de Thoreau et Tolstoï, il partit en quête de lui-même et de liberté un peu comme les personnages des films Easy Rider de Denis Hopper (1969) et Zabriskie Point d'Antonioni (1970) ; et puis surtout Le Clézio, que je découvre ainsi grâce à ce livre, qui plaide pour un mode de vie qui échappe aux impératifs de l'économie moderne, un peu comme l'avait fait avant lui l'une de mes idoles de jeunesse : Hermann Hesse. Mais l'auteur de ce très bon livre ne se contente pas d'évoquer la fuite comme solution, non. Il y traite aussi ses limites, avec notamment l'échec de Des Esseintes, le protagoniste de À rebours, le fabuleux roman fin de siècle de Huysmans. En effet Des Esseintes en créant "son" monde artificiel, en se retirant du monde réel, en l'absence de dépassement de soi et d'ouverture vers autre chose, se dévitalise, comme une plante privée de soleil, et son médecin finit par lui ordonner de revenir à Paris ! ici on a le cas absolu d'une fuite sur un chemin circulaire, une fuite ne menant à rien.
Au final, c'est un essai intelligent, qui donne des pistes, des envies de lectures (le passage sur Emmanuel Bove est super et m'a donné très envie de découvrir son livre Pressentiment, qui traite de l'effacement - social - d'un homme), et qui se lit agréablement - des échappatoires de la sorte, on en redemande,, et si toutefois nous n'avons plus la forêt de Walden pour nous cacher, il reste heureusement des forêts de livres.
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Petit traité sobre, concis et intéressant ; qui donne envie de lire les livres qui y sont cités.
R.Oudghiri y analyse les différentes motivations et conséquences du retrait de la société de personnages de romans, d'artistes ou d'écrivains, sans jugement ni prosélytisme.
Je me suis surpris à catégoriser ceux dont je me sens proche (Le Clezio, Laborit, Bove, Simenon), ceux qui me laissent froid (Pétrarque, Rousseau, Quignard) et ceux qui me sont antipathiques (Flaubert, Gauguin).
L'angle du trouble mental à l'origine de la fuite hors du monde de certains artistes ou écrivain n'est pas évoqué (Flaubert, Gauguin ?), voire de la maladie neurologique (Tolstoï / Alzheimer ?).
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
La vie intense à l'écart de la société

Heureux celui qui prend la fuite ! L'auteur de - Vie secrète- [Pascal Quignard] éprouve un visible plaisir à énumérer ces "solitaires qui furent les plus heureux des êtres" : les ermites, les errants, les "périphériques", les chamans, les "centrifuges", etc. Pascal Quignard se sent proche de ceux que plus rien ne relie au social. Ces "rebelles, fruits sans racine, sans terreau, sans règle, sans filiation, sans reconnaissance et d'une postérité complètement aléatoire" [ "Les ombres errantes"] Ils ont suivi une voie déconcertante aux yeux de la société. Mais tel est peut-être le chemin le plus excitant. Pascal Quignard recueille dans ses livres les fragments de leur existence comme autant de preuves de la possibilité du bonheur sur terre. (p. 158)
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On ne compte pas ses heures quand on lit. On oublie jusqu'à la notion du temps. Les livres nous font rencontrer des auteurs morts il y a des siècles et qui cependant paraissent plus vivants que jamais. Peut-être que le bienfait principal de la fuite hors du monde consiste précisément dans cette possibilité inouïe : sortir du temps présent et accéder à une forme de petite éternité, l'éternité des livres, l'éternité du savoir universel, l'éternité à laquelle on peut prétendre de son vivant. C'est la magie de la fuite : elle introduit à un temps utopique où chaque seconde s'inscrit dans l'éternité. La fuite serait ainsi une voie d'accès privilégié au monde éternel.

Fuis la foule, Pétrarque, p. 34.
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"Dans un lieu isolé, il est une activité que prise particulièrement Pascal Quignard, c'est la lecture. Loin de tout, il a le temps de s'abîmer dans les livres. Lire, c'est une autre façon de se retirer du monde. Pour lire, on doit s'éloigner de sa familles, de ses amis, du groupe social auquel on appartient, de notre époque. Les livres sont contraires aux "moeurs collectives" écrit Quignard. À travers eux, on se glisse hors du temps. On s'évade.
L'auteur de Vie secrète ne cesse d'écrire. Lire est une attente qui ne cherche pas à aboutir : une errance. La lecture est une dérive. Elle "redéboîte le puzzle" note-t-il. Se perdre dans la lecture, c'est se mettre à nu, se réinventer, jaillir à nouveau comme au premier jour. C'est, en tout cas, s'en donner la possibilité. Il peut paraître surprenant d'envisager la lecture, et en particulier la lecture régulière, dévorante, insatiable, comme un moyen de se déshabiller. Comment ces milliers de signes pourraient-ils produire autre chose qu'un trop-plein ? Comment n'entraîneraient-ils pas, dans leur prolifération, une indigestion ?
C'est que la lecture est un apprentissage infini. En lisant, on apprend plus qu'on ne connaît. Et dans cet apprentissage réside la vraie joie du lecteur. Le lecteur n'est pas un savant - être savant, c'est encore jouer un rôle. Le lecteur n'accumule pas, ne capitalise pas, ne cherche pas à optimiser son savoir, il se contente d'errer dans la dispersion infinie des ouvrages. Là où la majorité des gens n'envisage les études que comme une préparation à la vie sérieuse, Pascal Quignard y entrevoit la condition de la vraie vie. Lui n'a jamais cessé d'étudier. En un sens, il n'a jamais quitté les bancs de l'école ou de l'université : éternel étudiant qui préfère apprendre plutôt que connaître. Car on ne connait jamais vraiment. On ne peut que déambuler, libre et heureux, dans l'univers foisonnant du savoir."
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C'est que la lecture est un apprentissage infini. En lisant, on apprend plus qu'on ne connaît. Et dans cet apprentissage réside la vraie joie du lecteur. Le lecteur n'est pas un savant - être savant c'est encore jouer un rôle. Le lecteur n'accumule pas, ne capitalise pas, ne cherche pas à optimiser son savoir, il se contente d'errer dans la dispersion infinie des ouvrages. Là où la majorité des gens n'envisagent les études que comme une préparation à la vie sérieuse, Pascal Quignard y entrevoit la condition de la vraie vie. Lui n'a jamais cessé d'étudier. En un sens, il n'a jamais quitté les bancs de l'école ou de l'université : éternel étudiant qui préfère apprendre plutôt que connaître. Car on ne connaît jamais vraiment. On ne peut que déambuler, libre et heureux, dans l'univers foisonnant du savoir.

La vie intense à l'écart de la société, Pascal Quignard, p. 162.
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La foule met à rude épreuve l'individu qui veut rester maître de lui-même et souhaite mener une vie sensée et modérée. Pétrarque en décrit les vices : la foule est passionnée. Elle s'embrase facilement. Elle est fascinée par l'éclat des apparences, et non par celui de la vérité. Elle va là où la conduit ce qui brille. Elle est grégaire, conformiste, moutonnière; elle ne sait pas juger. Le mensonge a souvent raison de sa docilité. En ville, l'influence de la foule sur les esprits fait que chaque citadin ne se détermine plus par lui-même, mais en suivant le chemin au plus "bel aspect", c'est à dire celui qui a les suffrages faciles du plus grand nombre.
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Vidéo de Rémy Oudghiri
Chaque jour, nous foulons les mêmes trottoirs, passons les mêmes coins de rue, arpentons les rues machinalement sans parfois connaître l'origine de ce que nos pas piétinent chaque jour... Et si nous changions notre regard sur ce qui nous entoure pour rendre au quotidien son lot de surprises et de richesses ?
Pour en parler, Nicolas Herbeaux reçoit le sociologue Rémy Oudghiri et la spécialiste d'économie urbaine Isabelle Baraud-Serfaty.
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