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EAN : 9782882505286
240 pages
Noir sur blanc (23/08/2018)
3.68/5   306 notes
Résumé :
Après un braquage avec son frère qui se termine mal, Joseph Kamal est jeté en prison. Gardes et détenus rivalisent de brutalité, le jeune homme doit courber la tête et s’adapter. Il voudrait que ce cauchemar s’arrête. Une explosion nucléaire lui permet d’échapper à cet enfer. Joseph se cache dans la zone interdite. Poussé par un désir de solitude absolue, il s’installe dans une ferme désertée. Là, le temps s’arrête, il se construit une nouvelle vie avec un mouton et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (122) Voir plus Ajouter une critique
3,68

sur 306 notes
À chacun sa vision de la fin du monde, pour Joseph Kamal, il va s'en faire une longue idée non pas une fois ni deux, mais trois fois.
Roman assez étonnant où l'enfer est ici à juste titre, les autres ou à défaut des autres, soi-même...
Incarcéré, Joseph se confronte au monde carcéral dans toute sa laideur et sa basesse. Harcèlement, fouilles intempestives, injures, Joseph suffoque entre ces gens qui ne semblent nourris que par la haine.
Survient une catastrophe nucléaire où la moitié de la population française est disséminée. Joseph se retrouve seul. Seul avec lui-même.
Cette partie regorge d'une poésie toute particulière trouvant son essence dans la nature environnante. Seul bémol dans la contradiction entre ce style onirique et le langage du personnage, souvent grossier et brutal.
Passé ce bémol, Sophie Divry dessine un roman où la nature est seule maîtresse des hommes. Joseph plonge coeur ouvert dans cette solitude où il délaisse peu à peu la haine des autres pour l'amour de son environnement. Chocolat, le bélier noir ou Fine la petite chatte sont autant de réconforts pour Joseph qui aura compris que souvent, on est bien plus heureux entourés d'animaux qu'auprès des hommes.
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De l'enfer au paradis ?
Le dernier opus de Sophie Divry commence comme un roman noir : le narrateur, Joseph Kamal, est condamné à être emprisonné pour sa complicité dans un braquage, braquage au cours duquel son frère a trouvé la mort. Il va subir l'enfer carcéral : la promiscuité, la saleté, la violence, les humiliations, le sadisme des matons, la protection ambiguë des caïds…
Le style adopté par l'auteure correspond tout à fait au statut du narrateur, un jeune homme sans éducation qui s'exprime par des phrases courtes et des notations crues pour décrire l'abjection.
Et puis intervient l'impensable : une catastrophe nucléaire irradie la moitié de la France ((Joseph ignorant les détails concernant l'explosion, le lecteur n'en apprendra pas plus), la prison est évacuée et Joseph en profite pour s'évader. Il décide de vivre seul, en pleine nature, à l'écart d'un genre humain qui a révélé toute sa bassesse et pour ne pas être repris par les autorités.
La suite du roman, écrite à la troisième ou à la première personne, décrit une renaissance, la renaissance d'un homme qui redécouvre ce dont il a été privé par son incarcération, les mille merveilles de la nature : c'est un véritable chant du monde, pour reprendre le titre d'un roman de Giono, que l'auteure exprime en nous faisant partager les sensations et les sentiments de son personnage.
Mais, pour ce Robinson misanthrope, la solitude se fait parfois très pesante, la vie n'est pas toujours facile, notamment en hiver, il faut aller toujours plus loin pour trouver de quoi se nourrir : les nuages s'accumulent sur le paradis que s'est construit Joseph...
Une belle réussite romanesque et poétique.
Merci à Babelio et aux Editions Noir sur Blanc pour cette découverte.
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Joseph Kamal, marginal presque par accident, connaît après un braquage raté la violence et l'abjection en prison. Puis miraculeusement sauvé de l'enfer carcéral par une catastrophe qui tue la moitié des Français, Kamal découvre, en même temps que la liberté, la beauté de la nature, mais aussi la difficulté de vivre seul.

La prison, une catastrophe nucléaire, la solitude : trois fois la fin d’un monde pour le héros de Sophie Divry. L'enfer, c'est les autres disait le célèbre borgne, l'enfer c’est l’homme détruisant la planète, l'enfer c'est être seul face à soi-même. Sans toutefois éviter l'écueil des clichés, des thématiques développées (ou pas) avec pragmatisme par Sophie Divry qui, avec Trois fois la fin du monde, illustre parfaitement la dualité de l'homme qui, cherchant à échapper à sa condition et aux autres, se trouve confronté à la solitude, donc à lui-même. Plus personne à haïr, ni à aimer... « C’est terrifiant, s’il y pense, l’idée d’être le dernier. »

Merci à NetGalley et aux Éditions Noir sur Blanc pour leur confiance.
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Retrouver Sophie Divry romancière est un plaisir car elle m'avait surpris dans La cote 400 puis amusé avec Quand le diable sortit de la salle de bain. Ensuite, dans Rouvrir le roman, elle avait développé ses idées, au plus près de son métier d'autrice. La revoilà donc avec Trois fois la fin du monde, roman d'anticipation plein d'enseignements.

Comme le titre l'indique, le monde va s'effondrer trois fois pour le héros dont le nom complet n'est pas tout de suite délivré. Par contre, sa première épreuve, la prison, est terrible et c'est bien que Sophie Divry rappelle tout ce que cette épreuve fait subir à des êtres humains, coupables ou innocents : « L'horreur de la prison s'immisce en moi. Je n'arrive pas à me rendormir. »
Il faut lire ce qui se passe derrière ces murs, ce qui va bien au-delà de la privation de liberté. Sophie Divry le fait bien et ne se prive pas de dire tout ce que son héros subit de la part de ses congénères mais, pire encore, de la part de ses geôliers.
Intitulée La catastrophe, la seconde partie m'a plongé en plein accident nucléaire dont seuls quelques immunisés ont pu survivre. Notre homme est toujours là, se défend et ne veut plus se laisser prendre car il a pu échapper à l'horreur de l'enfermement et se retrouve livré à lui-même.
Alternant descriptions et pensées de son héros, Sophie Divry nous fait partager la vie de ce Solitaire qui tente de survivre, même si cette solitude lui pèse. Nous sommes dans le Lot, sur le causse où toutes les interdictions, panneaux divers et variés, paraissent complètement ridicules.
Enfin, c'est une véritable ode à la nature, cette nature que découvre notre homme, dans cette ferme où il a élu domicile. Dès qu'il peut écouter de la musique, grâce à des piles récupérées, la vie repart avec émotions, travaux saisonniers et approvisionnement dans les maisons abandonnées. L'hiver est une rude épreuve mais quelles pages merveilleuses sur le printemps ensuite ! Magnifiquement décrit, si bien mené, c'en est juste sublime de clarté et de justesse.

Même si elle nous laisse un peu en suspens, Sophie Divry mène son roman avec talent, combinant habilement séquences traumatisantes, très dures, puis avec cette nature qui reprend le dessus quand l'homme disparaît. Quant au héros, personnage attachant victime de la bêtise humaine, de l'incarcération abrutissante, il se révèle un compagnon de lecture passionnant. Sa façon de récréer un petit monde autour de lui avec Fine, sa chatte, et Chocolat, son mouton, émeuvent et ouvrent en même temps les yeux sur tout ce que nous avons oublié dans notre mode de vie dit moderne.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Une attaque à main armée d'une bijouterie par deux malfrats tourne mal. Lorsque les policiers interviennent, l'un des bandits tire et il est aussitôt abattu. L'autre est arrêté. Il s'agit de Joseph, son frère, qui est conduit en prison où tout est fait pour l'humilier. Gardiens et détenus font assaut de brutalité.
Joseph était un type bien. Il avait un boulot : « J'étais le chouchou de la boîte d'intérim. » Mais il s'est senti obligé d'aider son frère pour braquer la bijouterie, celui-ci étant dans une mauvaise passe. « C'était impossible de le laisser tomber face à ses amis. Ces mecs-là, ils auraient été capables de le descendre, s'il s'était défilé. »
En prison, Joseph va devoir courber la tête et s'adapter. « Ici les gardiens sont capables de vous laisser crever, les amis de vous trahir. » Il n'en peut plus. On ne sait s'il va pouvoir supporter cet enfer. C'est une explosion nucléaire qui va le libérer : la moitié de l'Europe irradiée, la moitié de la France évacuée. Cette catastrophe lui a donc permis d'être évacué de la prison, puis de s'enfuir.
Il va se retrouver seul en zone interdite et, au début, va vivre dans une petite maison comme un rat. Il se terre la journée pour ne sortir qu'au couchant pour aller boire et chercher de l'eau au ruisseau. Il rapporte aussi quelques provisions récupérées dans les maisons vides. Sa hantise est d'être aperçu par un drone.
Mais, petit à petit, il va reprendre de l'assurance et tenter de vivre normalement, n'hésitant pas à faire pousser des légumes, tendre des pièges pour les lapins…
Les paysages décrits par Sophie Divry sont magnifiques et la nature enchanteresse. La faune et la flore sont décrites de manière extrêmement poétique.
Si Joseph est sensible à cette beauté de la nature, il éprouve néanmoins beaucoup de difficultés à vivre seul. Alors qu'au cours de son incarcération, il dit lui-même : « Combien je donnerais pour ne plus voir personne, pour ne plus les entendre, ces hommes, ces détenus… » Voilà que maintenant la solitude lui pèse atrocement.
Par chance, un mouton et un chat qu'il parviendra, grâce à la nourriture, à approcher, deviendront ses compagnons de vie jusqu'à la troisième fin du monde qui va le frapper.
Trois fois la fin du monde est un livre romanesque et poétique, une véritable ode à la nature. Il pose la question suivante : vivre avec les autres est souvent un véritable enfer mais vivre seul est-il supportable ?
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critiques presse (3)
Culturebox
08 octobre 2018
"Trois fois la fin du monde" est d'une force poétique remarquable, d'une tension permanente et d'une justesse psychologique saisissante qui rendent ce roman crépusculaire impressionnant de maîtrise.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeMonde
21 septembre 2018
Le cinquième roman de Sophie Divry (La Condition pavillonnaire, Quand le diable sortit de la salle de bain, Notabilia », 2014, 2015…) est sans doute le plus volontairement poétique, le plus stylistiquement construit de son œuvre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
21 septembre 2018
Poursuivant son exploration littéraire, Sophie Divry signe un étonnant roman sous la forme d’une parabole moderne sur la solitude et la liberté.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (146) Voir plus Ajouter une citation
[ en prison ]
Le lendemain, je me réveille et il est à peine sept heures trente. La pensée de toute cette journée devant moi me plonge dans un accablement abominable. Je suis en manque de tout : confort, nourriture, sommeil, calme, affection. La promiscuité est répugnante. Ce que je suis en train de vivre me sidère tellement, je me dis ce n'est pas possible, on va me sortir de là, c'est une blague, un cauchemar, ce scandale va cesser. Les gens du Dehors ne savent pas, l'apprendront, vont faire quelque chose. Une pareille abomination ne peut pas se passer dans mon pays. Ce genre de prison, ça ne peut exister que dans un quelconque Bélouchistan, dans un pays lointain, sans smartphones ni élections, mais pas en France, pas chez moi.
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La-Miche est un enfant du béton, il porte sur ses épaules une lourde suite de malheurs qui, régulièrement, l'accablent à en devenir fou. C'est de la misère plein la gueule, plein la gueule de rage et de pulsion meurtrière. Quand il craque, La-Miche marave quelqu'un. Le dimanche soir, c'est presque systématique, il attrape une cave par les oreilles, et comme pour se libérer d'une oppression ancienne, il bastonne le gamin. Lentement, lourdement. Le pire, c'est que ça tombe presque toujours sur le plus faible, celui qui a déjà une tête de victime. Le gosse encaisse sans rien dire, habitué à prendre sa raclée. Des lascars se joignent à La-Miche. Moi-même, ça m'arrive de frapper avec eux. Ça nous venge des murs, des gardiens, du procès qui fait peur, de toute cette chiennerie. Mais c'est toujours la même violence que nous recommençons et dans laquelle se continue la même fatalité, celle qui assigne les plus forts à l'exercice du mal et les plus faibles à endurer ce mal avec une servilité que je trouve plus répugnante encore.
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Il note la recette de lapin dans un de ses cahiers. Puis la pensée de chasser ou pas, la question du bruit de la détonation, relance son esprit dans des cercles imbriqués de peur, de crainte, de faim et de tristesse, il pense à l’avenir aussi.
Pourquoi tu te prends la tête ?…
Tant que t’es bien, là.
Il pressent qu’il finira par chasser, comme il a fini par faire du feu, quand la décision s’imposera.
Il aurait voulu qu’il neige. Pour que la neige camoufle la terre, le potager au repos. Qu’il neige pour couvrir sa pensée, que le blanc étouffe le chagrin.
Le 24 décembre, la tristesse devient plus sourde. Elle se nourrit de chaque bûche qui noircit, de chaque fumée minuscule qui s’échappe du feu. Des souvenirs d’enfance mal ensevelis sous les réveillons sinistres de la prison réveillent un Noël mal enterré.
Il regarde les flammes jaillir et mourir. Souvent ses pensées s’y consument. Mais ce soir là encore, le chagrin dure. Alors Joseph se lève, se retourne vers le froid qui attend derrière lui comme un drap tendu dans la pièce. Il fait quelques pas vers le mur et décroche le calendrier.
L’année civile sera terminée dans une semaine. Il n’a pas de calendrier pour la prochaine année. La seule solution est de recommencer avec le même.
OK., ça fait passer du vendredi 31 décembre au vendredi 1er janvier ça fait deux vendredi, mais quelle importance ?

C’est vrai, on s’en fout.
Tant que moi, je me comprends.
D’ailleurs, l’année prochaine, j’ai qu’à supprimer la journée du 24 décembre si elle m’angoisse, et passer directement à la suivante.
C’est vrai, ça, pourquoi je m’emmerde ? Je peux supprimer des journées !
Déconne pas, Jo, si tu commences comme ça, tu vas te décaler par rapport aux saisons. Quand t’en seras aux plantations ce sera le waï si t’es pas dans les clous. Les manuels de jardinage, ils donnent des dates assez précises pour planter les légumes. C’est grave important le tempo dans le jardinage.

Wesh, mais le 24 décembre je pourrais quand même le faire sauter l’an prochain.
Et le 3 juin, quand on m’a incarcéré. J’ai des cauchemars encore avec ces crevards.
Oh puis merde, je fais ce que je veux après tout.
Pour que le compte soit bon, j’ai qu’à doubler des journées. Voilà.
J’ai qu’à doubler le 1er novembre et le 15 avril, mon anniversaire. Pour la fête de Chocolat, le 1er novembre on double… Comme au casino, deux fois la mise pour la fête du Mouton. Et aussi : deux fois un 15 avril pour moi. Du coup je gagne deux jours et je peux en biffer… Avec un feutre c’est mieux – il est où ? – un qui marche –voilllllà, je peux biffer à l’avance le 3 juin, ces enculés de matons, et le 24 décembre. On passe directement du 23 au 25 et à la fin y’a quand même le compte.

C’est vrai, je m’en fous de leur fête à eux. C’est moi le patron ici. Je peux raturer des jours si je veux. D’ailleurs, je devrais me prévoir des fêtes juste pour moi, Juste pour m’ambiancer. Je commence à déprimer, faut réagir. Disons que le 8 janvier, ça sera la fête des Cailloux.
Ces putains de cailloux qui sont partout.
Bonne idée, ça. Allez, le 8, tu feras des constructions en pierre avec ses caillasses. Des sculptures géantes. Ou des concours de lancer. Le 8 janvier, journée des Cailloux. Ils le méritent bien, ils sont partout.
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La mort vint un matin.
Il a suffi d’une longue fissure, d’une explosion.
De l’air soufflant la mort par des rayons.
D’invisibles radiations et tout a commencé.
D’invisibles radiations qui très vite ont tué.
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Les étoiles se mettent à papillonner. Ca brille plus fort ici et là. Un scintillement, un éclat (…)
Avec un peu de patience, peut-être que son corps va monter, comme une goutte de rosée s ‘évapore, peut-être que les étoiles vont le prendre, le soustraire à la gravité, et qu’il pourra quitter cette terre.

(pages 93 et 94)
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