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EAN : 9782848051352
111 pages
Sabine Wespieser (07/02/2013)
3.9/5   21 notes
Résumé :
« Victor, le 26 septembre 1989, à sept heures du matin, les portes de la prison de Poissy s’ouvraient pour toi, et la rue te rendait une liberté tardive… Quelques semaines après, le mur de Berlin tombait… Ah, les beaux jours de cet automne-là ! Car il faut bien que les portes s’ouvrent, que les murs s’écroulent, quand ils empêchent les hommes de vivre… »
Michèle Lesbre a rencontré Victor Dojlida à sa sortie de prison et l’a côtoyé jusqu’à sa mort en 1997. Bou... >Voir plus
Que lire après Victor Dojlida, une vie dans l'ombreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Le deuxième texte que je lis de Michèle Lesbre, après un souvenir attendri de "Ecoute la pluie"...

Ce deuxième récit parle de la destinée réelle et insensée ,injuste d'un Homme vrai, et fidèle à ses idéaux jusqu'au bout, Victor Dojlida. Nom que je ne connaissais pas le moins du monde jusqu'à une flânerie impromptue à la FNAC, place d'italie ( Paris), après quelques corvées...
J'ai été happée par le 4ème de couverture, pour une fois fort explicite.

Un biélo-russe, né en 1926, arrive en Lorraine en 1929, avec sa famille; il a trois ans.... Il résistera pour la France, sera dénoncé, déporté à Dachau... Quand il revient "miraculeusement" de là-bas.... il trouvera toujours en fonction, le juge et le policier... qui l'ont envoyé à la mort...

Ce n'est pas supportable pour lui ...

Ce livre , même si il est court et ne dépasse pas 100 pages... est très dense... Il exprime de façon lapidaire et justifiée toutes les horreurs et concessions inacceptables du XXe siècle, mais malheureusement de l'histoire humaine, dans son entier !.

Un coup de coeur et de douleur ... que ce livre -hommage de Michèle Lesbre qui a rencontré Victor Dojlida, à sa sortie de prison en 1989, et l'a accompagné jusqu'à son décès, en 1997. Elle exprime merveilleusement sa colère, sa révolte et son admiration envers cet homme qui n'a jamais failli... a résisté jusqu'au bout. Je partage la même admiration envers cet homme, qui en dépit de tous les coups du sort et des indignités qu'on lui a fait subir, est resté DEBOUT...

Volontairement... je vous en dis peu... pour exciter votre curiosité... et que vous ayez envie... d'en savoir plus sur cet homme, et son parcours...en ayant en mémoire que l'insoumission justifiée de cet homme lui a valu 40 ans de prison !!!?

Le style des plus éloquents de Michèle Lesbre rend le parcours de ce résistant encore plus poignant et révoltant

" Quarante ans, c'est le temps qu'il faut à un homme pour atteindre cet âge charnière entre la jeunesse et l'âge mûr. C'est celui que la machine judiciaire a mis pour tenter de te détruire, de casser cette rage irréductible, cette détermination à vouloir refuser la loi qui protège les infâmes, celle qui autorise les hommes à entasser d'autres hommes dans des trains de misère pour les envoyer ensuite au fond des mines, puis dans des trains de détresse qui les conduisent à l'horreur. Cette rage-là me semblera toujours infiniment respectable, bouleversante et tragique.
Une morale..." (p. 93 / Folio, avril 2014)

Je termine cette note de lecture... par une des citations que Michèle Lesbre a choisi de mettre en exergue : "Les morts dépendent entièrement de notre fidélité..." ( V. Jankélévitch, "pardonner" ?), et je suis infiniment reconnaissante à Michèle Lesbre de m'avoir fait connaître la destinée et les engagements de cet homme "immigré"...

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Merci à Gwen21 d'avoir mis cette auteure dans la liste du challenge Solidiaire. J'ai aimé découvrir une plume touchante. J'avais prévu de lire "le canapé rouge". Et puis arrive une critique de Romileon sur ce livre. Une belle critique, tentante, stupéfiante. Bilan à peine lue, j'ai commandé et lu ce livre-ci.
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Outre la belle plume de Michèle Lesbre, j'ai découvert un récit atypique et passionnant.
L'auteure s'adresse à Victor Dojlida, mort peu de temps auparavant, qu'elle a rencontré, apprécié. Mort après avoir passé 40 ans dans les prisons françaises. Passé par les camps allemands. Un Résistant du FTP-MOI enfermé dans les prisons françaises ?
Un homme que l'auteure va essayer de comprendre, va essayer de nous le faire comprendre. Un homme envahi d'une colère profonde. Un Résistant qui va être arrêté (par un policier français), jugé (par un juge français) et livré à la Gestapo. Torture. Prisons. Train. Et l'horreur absolue : les camps.
1946 retour en France. Victor Dojlida découvre que policier et juge exercent toujours. Et toujours cette colère qui l'habite, qui a commencé avec "les sales Polacks", avec le travail à la mine et à l'usine du père, qui a continué avec les bombes qui explosent sur sa ville, sur sa vie , colère qui va exploser face à ces deux hommes. Roués de coups, mais laissés en vie. 40 ans à l'ombre....
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Le récit raconté par Michèle Lesbre m'a rappelé plein de souvenirs. Quand elle décrit la Lorraine des Polonais et des Italiens. J'ai revu mon Nord natal, le bassin minier, mes grands-parents qui ne parlaient que polonais. Enfin que polonais.... allemand et russe aussi.... mais pas français dans les ghettos construits pour les immigrés. Baragouinage de l'italien et de l'arabe. Mais le français ? Mes parents l'ont découvert sur les bancs de l'école en CP.
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Un très beau récit. Une vie gâchée. Gâchée par la France. Pourtant un homme qui s'est battu pour elle.
Un récit court que je vous conseille vivement.
Clairement je vais emprunter "le canapé rouge", autre chose certainement mais j'aia imé la plume de l'auteure.
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L'auteure rend hommage à Victor Dojdila, fils d'immigrés polonais qui a passé quarante ans dans les prisons françaises pour un geste malheureux qui hurlait sa colère. Tout ce que voulait Victor, c'était obtenir réparation pour les années passées à Dachau. « Nous avons été bouleversés par cette hargne qui te poussait à vouloir régler tes comptes, jusqu'au bout, jusque dans tes derniers jours. » (p. 12) Victor n'était pas un saint et ce n'est certainement pas ainsi que Michèle Lesbre veut le présenter.

À la mort de Victor, l'auteure a voulu raconter son histoire. Pour ce faire, elle s'est rendue sur les terres d'enfance de Victor, dans une Lorraine plane et lugubre. le récit de son voyage à rebours du passé s'agrémente des souvenirs qu'elle a recueillis auprès de Victor, des textes qu'elle a lus et des souvenirs qu'elle imagine. le destin de cet homme est marqué par un poids qui semble trop lourd à secouer. « Une sentence semblait déjà peser sur toi, cette sorte de discrimination qui jette les gens dans le mauvais camp, et que tout un système y maintient. » (p. 60) Mais Victor Dojlida n'a pas laissé les camps, ni les prisons le briser : si ses actes sont condamnables, sa révolte est noble et digne.

Victor Dojlida est une victime à perpétuité des camps de la mort et d'un État français complaisant avec l'ennemi. « de tes voyages dans la nuit et le brouillard, tu reviendras meurtri et rempli d'une immense colère. » (p. 85) Certes, il n'est pas mort comme des millions d'autres moins chanceux que lui, mais où est la chance quand la justice porte une robe amidonnée pour cacher un uniforme de milicien ?

Admirez le choix de la préposition : Victor Dojlida n'a pas vécu une vie à l'ombre, mais dans l'ombre. La préposition obère la honte de la détention et présente l'homme dont on a retranché la vie derrière des grilles iniques. Je ne saurais trop vous conseiller la lecture de ce texte réédité, très court. La quatrième de couverture, comme souvent sur les livres éditions Wespieser, est trop bavarde : ne lisez que le premier paragraphe – et encore ! – et plongez dans le récit de Michèle Lesbre. D'une plume à la fois affectueuse et poétique, elle trace le portrait d'un homme dont on sent qu'il était un ami.
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L'auteure découvre l'existence de Victor Dojlida dans un article de Libération publié le jour de sa sortie de prison « Victor Dojlida, 64 ans dont 40 derrière les murs ». Intriguée, elle prend contact avec lui. Ils vont dès lors se rencontrer régulièrement : au café, le plus souvent chez elle, deux fois chez lui et ce, jusqu'à sa mort en 1997.
En 2000, elle décide d'écrire sur la vie de cet homme hors du commun, ce héros ordinaire qui jamais ne renia ses convictions.
Résistant dès 14 ans, déporté à 17 ans à Dachau, ses nombreuses années de prison sont le résultat de deux cassages de gueule : celle du flic qui l'a livré, celle du juge qui l'a condamné, les deux ayant repris le cours de leur petite vie tranquille après la guerre.
Homme entier, doté d'une force de caractère hors du commun, il ne verra jamais sa colère redescendre contre les injustices, les préjugés dont il a été victime : ce n'était qu'un Pollack donc forcément un bandit.
Je découvre avec ce court récit, trop court à mon goût car j'aurais aimé en découvrir plus à son sujet, la vie de Victor Dojlida, homme « jamais vaincu » malgré la vie passée dans l'ombre et à l'ombre..
J'ajoute juste une petite remarque tout à fait personnelle. Je n'ai pu m'empêcher de penser à un autre homme en lisant ce texte. Roger Predi était venu témoigner dans mon lycée de sa déportation au camp de Peenemünde au bord de la mer Baltique. Ils avaient le même âge : 17 ans. Victor était de Homécourt, Roger de Joeuf, deux petites villes de Lorraine distantes l'une de l'autre de 2 kilomètres. Roger a été arrêté en 1943, Victor en 1944.
Je n'ai pu m'empêcher de penser qu'ils avaient dû se connaître…. Plus j'y pense, plus je me dis.. Oui, ils se connaissaient…
Il semble que Victor rencontra en prison un autre Lorrain, en prison comme lui, qui écrira des polars sous le pseudo d'Alexandre Daumal. Dans l'un de ces romans il relate leur rencontre. Il faut que je me le procure…
Très belle plume que celle de Michèle Lesbre déjà rencontrée une fois.
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Un ouvrage entre biographie et hommage, peu classable. J'ai bien aimé l'écriture mais je reste un peu sur ma faim. D'un côté j'ai appris beaucoup de choses sur ce Victor Dolijda dont la vie fut totalement hors norme : rattrapé par la guerre, il ne passa pas son certificat d'études, entra dans la résistance (les FTP-MOI) dès qu'il put, et fut déporté à 17 ans à Dachau. A son retour, au bout de quinze mois, il voulut demander la nationalité française et constata que le policier qui l'avait arrêté était toujours en poste. Révolté et ne croyant plus en la justice, il se fait braqueur d'anciens collabos et finit par faire près de 42 ans de prison (pour avoir cassé la gueule au flic qui l'avait arrêté et au juge qui l'avait condamné et remis à la Gestapo, plus quelques braquages). Comment entendre, comment admettre que les Français qui l'ont mené droit dans l'enfer des camps, lui, mais aussi d'autres qui n'en sont pas revenus, puissent poursuivre leur carrière sans avoir le moindre compte à rendre ? D'autres ont choisi l'amertume et l'oubli, Victor, lui, ne connaît que la bagarre et la révolte. A sa sortie de prison en 1989, il est le plus ancien détenu de France ! J'ai apprécié les nombreuses références que donne Michèle Lesbre, sa documentation est intéressante. Cependant j'ai trouvé son récit un peu court, on entend à peine quelques mots de sa soeur Clara, l'auteur n'a pu communiquer avec la mère de Victor, qui ne parlait pas bien français, mais n'est pas revenu la voir avec un traducteur. La vie de Victor Dolijda, tragique, passée pour l'essentiel à l'ombre et dans l'ombre de son époque, et, en même temps, tellement au coeur de temps forts du XXème siècle, aurait peut-être méritée un récit plus long.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
C'est cela qui me semble intéressant dans les vies, les trous qu'elles comportent, les lacunes, parfois dramatiques. C'est peut-être dans ces trous que se fait le mouvement, comme percer le mur, pour cesser de se cogner la tête, disait Gilles Deleuze dans -pourparlers- (Folio, avril 2014, p.26)
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Quarante ans, c'est le temps qu'il faut à un homme pour atteindre cet âge charnière entre la jeunesse et l'âge mûr. C'est celui que la machine judiciaire a mis pour tenter de te détruire, de casser cette rage irréductible, cette détermination à vouloir refuser la loi qui protège les infâmes, celle qui autorise des hommes à entasser d'autres hommes dans des trains de misère pour les envoyer ensuite au fond des mines, puis dans des trains de détresse qui les conduisent à l'horreur. Cette rage-là me semblera toujours infiniment respectable, bouleversante et tragique.
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Le point le plus intense des vies, celui où se concentre leur énergie, est bien là où elles se heurtent au pouvoir, se débattent avec lui , tentent d'utiliser ses forces ou d'échapper à ses pièges. Les paroles brèves et stridentes qui vont et viennent entre le pouvoir et les existences les plus inessentielles, c'est là sans doute pour celles-ci le seul monument qu'on leur ait jamais accordé ; c'est ce qui leur donne, pour traverser le temps, le peu d'éclat, le bref éclair qui les porte jusqu'à nous.


Citation de Michel Foucault.
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Le long du fleuve, dans les champs, les arbres abattus ne sont plus abandonnés dans le cruel désordre où je les avais vus en février. La plupart sont maintenant alignés, entassés, et cet ordre m'évoque la morne résignation des cimetières militaires, nombreux dans la région, avec leurs croix blanches et anonymes, si sages sous le ciel approbateur. Les champs de bataille ne doivent-ils pas devenir au plus vite des champs d'honneur?
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(...) il s'agit simplement de mémoire, de celle qui nous concerne tous, que chaque individu porte en soi, et sans laquelle l'histoire de nos vies se déroulerait dans la nuit profonde.
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Vidéo de Michèle Lesbre
https://www.librairiedialogues.fr/livre/10978327-chere-brigande-lettre-a-marion-du-faouet-michele-lesbre-sabine-wespieser 5 questions posées à Michèle Lesbre qui nous parle de son livre "Chère brigande, lettre à Marion du Faouët" paru aux éditions Sabine Wespieser. Questions posées par Morgane Ollivier. Réalisation : Ronan Loup.
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